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La culture de l’information orientée entreprise

Dans le document La culture de l'information en reformation (Page 77-80)

1.1.4 « Culture de l’information » oxymore ou pléonasme ?

1.2 LE RAPPORT AUX DISCOURS : QUELLES CULTURES DE QUELLES CULTURES DE

1.2.1 Quelles cultures de l’information ?

1.2.1.2 Deuxième tendance : La dimension économique

1.2.1.2.1 La culture de l’information orientée entreprise

La culture de l‘information dans sa dimension économique et organisationnelle se rencontre de plus en fréquemment du fait de son application ou tout au moins sa liaison avec le domaine de l‘intelligence économique. Une thèse lui a été consacrée en sciences de l‘information et de la communication en 2002 par Franck Bulinge125 sous le titre : « Pour une culture de lřinformation dans les petites et moyennes organisations : un modèle incrémental dřintelligence économique ». Par conséquent, cette culture de l‘information se situe plus à mi-chemin entre la culture d‘entreprise et les stratégies d‘intelligence économique. Les instruments de la veille économique y sont donc surtout abordés.

Mais il est intéressant de constater que ces aspects orientés entreprise concernent de plus en plus le professionnel lui-même. Nous songeons ici aux démarches qui conseillent aux professionnels de veiller à l‘information qui circule sur eux et qui est accessible à partir d‘une simple requête sur leur nom via un moteur de recherche. Franck Bulinge avait établi un constat qui pourrait être élargi à l‘ensemble des individus désormais :

Pour l‘ensemble des spécialistes rencontrés, les Pme dans leur majorité, font preuve d‘un déficit culturel en terme de stratégies, d‘information et de technologies.126

Très souvent, la culture de l‘information est perçue comme absente ou déficitaire dans les organisations. Elle nécessite une prise de conscience d‘un besoin qui ne fait pas encore l‘unanimité. Néanmoins, cette culture de l‘information est proche d‘une culture organisationnelle au sens où il s‘agit de gagner en efficacité au sein des systèmes d‘information. Nous retrouvons également ici des liens avec les théories du Knowledge Management. Certains parlent même d‘une nouvelle culture de l‘information liée à l‘intelligence économique comme en témoigne le titre de cet article pour le secteur du tourisme : « Veille concurrentielle de marché : nouvelle culture de l‘information et de la communication qui s‘impose dans le secteur du tourisme. »127

125 Franck, BULINGE. Pour une culture de lřinformation dans les petites et moyennes organisations : un modèle incrémental dřintelligence économique. Thèse de doctorat en sciences de l‘information et de la communication, Toulon, 2002

126 Ibid., p.18

127 Salah CHAKOR. Veille concurrentielle de marché : nouvelle culture de l‘information et de la communication qui s‘impose dans le secteur du tourisme. AFEST, 19 décembre 2005 < http://www.afest.org/article419.html>

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77 Il existe par conséquent des variantes selon les secteurs professionnels. La santé est ainsi un secteur professionnel intéressé par la maîtrise de l‘information. Il est vrai que cet aspect est beaucoup plus évident en ce qui concerne l‘information literacy dont de nombreux articles concernent la mise en place de formation pour les professionnels de la santé et la prise en compte des besoins informationnels des patients et des usagers. Le terme de culture de l‘information est tout de même employé dans la francophonie. Lyne Bouchard, spécialiste en systèmes d‘informations liés au domaine de la santé, l‘employait à propos du réseau de santé québécois en 2001 :

Or, la culture de l‘information n‘existe pour ainsi dire pas dans le réseau. Elle commence à peine à émerger, alors qu‘elle est pourtant une condition essentielle au succès de la transformation du système de santé. 128

Mais les propos précédents soulignaient une nouvelle fois justement l‘absence de la culture de l‘information. Sans doute, ces constats oublient parfois l‘existence de pratiques informationnelles qui ne sont pas toujours jugées comme adéquates. Probablement aussi car les acteurs et promoteurs de la culture de l‘information ne sont pas toujours des spécialistes de l‘information et redécouvrent de fait des processus déjà bien connus par les professionnels de l‘information comme le soulignait Brigitte Guyot, en 1993 :

Premier paradoxe, les discours proviennent essentiellement d'un certain type d‘acteurs, ingénieurs en entreprise ou hommes de management, et très rarement des spécialistes de l'information. En œuvrant pour une véritable culture de l'information, ils reprennent ou redécouvrent parfois des méthodes et approches mises au point depuis longtemps par les spécialistes de l'information documentaire, ce qui est déjà révélateur d'un certain positionnement au sein de l'entreprise.129

Sans doute, faut-il voir aussi une démarcation, une volonté d‘une culture de l‘information jugée efficace avec des portées qui ne soient pas seulement documentaires, comme en témoigne ce commentaire à propos du référentiel en intelligence économique mis en place sous la direction d‘Alain Juillet sur le site infoguerre.com :

128 Ginette BEAULIEU « Vivement une culture de l‘information pour aider le réseau à se prendre en charge », entrevue avec Lyne Bouchard. In Le Réseau informatique, vol.13. 4. Automne 2001. Disp sur :<http://www.sogique.gouv.qc.ca/magazine/archives/vol13no4/entrevue.htm>

129 Brigitte GUYOT. Un nouvel espace d'intelligence : la veille en entreprise, communication in congrès IDT 93 (information, documentation, transfert des connaissances) Paris. Disp sur : <http://www.brigitte-guyot.com/textes_Zip/IDT93_veille.pdf>

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78 Le référentiel en intelligence économique qu‘Alain Juillet a fait réaliser cette année par un groupe d‘universitaires et d‘experts a déclenché un débat qui est sain et utile (...). Ce référentiel est une étape importante de la naissance d‘une culture de l‘information à vocation opérationnelle. 130

L‘expression de « culture de l‘information à vocation opérationnelle » peut prêter à sourire tant elle renvoie à un vocabulaire qui nous rappelle quelque peu d‘autres expressions comme

« le théâtre des opérations » fortement proches des domaines militaires. Il est vrai que l‘intelligence économique reste encore fortement marquée par ce type de vocabulaire.

Les propos suivants d‘ailleurs démontrent bien cet ancrage :

Le succès ne passe par seulement par une amélioration de l‘utilisation de l‘information dans les PME mais par un débouché stratégique des pôles de compétitivité impulsés par un Etat/stratège et par un management global de l‘information. Il ne s‘agit pas simplement d‘innover mais d‘affronter une concurrence sans état d‘âme qui s‘inscrit de plus en plus dans des jeux de puissance. 131:

Cette culture de l‘information, si tant est qu‘il s‘agit vraiment d‘une culture, s‘inscrit plutôt dans une lignée militaire voire politique et stratégique. L‘individu et le citoyen passe après des enjeux collectifs bien différents de l‘intérêt général, et lié à des intérêts économiques et étatiques qui prévalent. Nous constatons qu‘au sein des milieux dits de l‘intelligence économique, les conceptions de l‘information divergent au point que certaines font de l‘information un enjeu de guerre.

1.2.1.2.2 La culture de l’information orientée

« guerre de l’information »

Cette approche est proche de la précédente même si certains y verraient sans doute des origines historiques plus anciennes remontant à l‘art de la guerre, en passant par Clausewitz ou Machiavel voire Sun Tzu.

Ces discours entrainent de nouvelles formes de supériorités culturelles entre les nations ayant développé des armes en la matière et celles qui n‘en auraient pas. Nous ne partageons pas ce positionnement mais il a le mérite d‘envisager une culture de l‘information à un échelon qui ne soit pas individuel.

130 Christian HARBULOT. L‘enjeu durable d‘une intelligence économique. In Infoguerre. Billet publié le 01 avril 2005. Disp sur :< http://www.infoguerre.com/article.php?sid=866>

131 Ibid.

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79 Cette culture de l‘information est actuellement étudiée par Norbert Lebrument132 qui est spécialisé en intelligence économique. Toutefois, cette culture est fortement centralisée et contrôlée. Le but étant d‘en apprendre le plus sans laisser de trace.

Néanmoins de nombreux acteurs de ces domaines tentent de donner une nouvelle vision de ces métiers qui sortent de la vision espionnage sans nécessairement y parvenir d‘ailleurs :

Mon rôle consiste à dédramatiser, à ―débarbouzer‖ l‘intelligence économique pour bien montrer que ce sont des techniques, des méthodes très professionnelles. Il faut que nous évoluions vers l‘acceptation de l‘information, qui s‘oppose à la culture du secret. La pire des solutions aujourd‘hui serait de ne rien dire. Non il y a pire encore, c‘est de mentir, ça, ça ne pardonne pas. 133

La question de la fiabilité de l‘information est ainsi posée. Une dimension qui occupe plus particulièrement les acteurs du journalisme.

1.2.1.2.3 La culture de l’information orientée

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