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Chapitre 5 : Espace des possibles au sein de chaque système éducatif : quels parcours de

1 Présentation générale des bases de données

1.1 La base de données française : les données longitudinales DEPP-EVA

1.1.1 La base DEPP-EVA : une base de données riches

Les données sur lesquelles le travail quantitatif est constitué pour la France est le panel de la Direction de l’Evaluation de la Prospective et de la Performance (DEPP) du Ministère de l’Education Nationale de 1995. Ce panel a suivi un échantillon représentatif au 1/40ème

de jeunes entrés en sixième en 1995. Ce panel renseigne les parcours scolaires en observant les individus jusqu’à leur sortie du système éducatif. Au départ, 17 830 élèves sont concernés par le panel.

Le questionnaire de recrutement de 1995 comprend alors six parties renseignées par l'intermédiaire d'un questionnaire adressé aux chefs d'établissements : informations sur le collège, identification de l'élève, situation scolaire, niveau de l'élève à l'entrée au collège, reconstitution de la scolarité à l'école élémentaire et informations sur la famille de l'élève. Par la suite a eu lieu une actualisation de la situation scolaire portant sur deux dimensions : les principaux paramètres de la situation scolaire de l’élève et les caractéristiques de l’établissement fréquenté.

A côté de cette actualisation annuelle, le panel a été complété de quatre façons :

- par une enquête auprès des familles en 1998. Cette interrogation a été adressée à l’ensemble des familles ayant un enfant observé dans le panel 1995 et a principalement concerné trois dimensions : l’enfant et sa famille (caractéristiques de la famille), l’enfant et l’école (portant surtout sur le déroulement de la scolarité à l’école primaire) et l’enfant et ses études secondaires (concernant surtout les pratiques des parents touchant à la scolarité de leur enfant)

- par une enquête sur la procédure d’orientation en fin de troisième. Envoyée au chef d’établissement, cette interrogation concerne le déroulement de la procédure d’orientation en fin de 3e

(décision de la famille, du conseil de classe), l’enquête a de plus recueilli les notes obtenues au contrôle continu du brevet dans trois disciplines : le français, les mathématiques et la première langue vivante.

- par une enquête sur les projets des individus et l’estime de soi (l’enquête Jeunes 2002). Cette enquête avait pour objectif de recueillir le point de vue des jeunes dans quatre domaines principaux : les projets professionnels, les projets éventuels d’études

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supérieures, les représentations sur la manière dont s’est déroulée leur scolarité secondaire et leur image de soi.

- par un suivi des jeunes dans l’enseignement supérieur. Dès la rentrée 2002/2003, certains jeunes de l’enquête DEPP sont entrés dans l’enseignement supérieur. Cette entrée dans le supérieur a fait l’objet d’un dispositif à part entière nommé « enquête SUP ». Les jeunes sont interrogés sur la formation suivie, leurs orientations, leurs motivations, la façon dont ils vivent leur première année d’études supérieures, les difficultés qu’ils ont pu rencontrer, ou encore leurs projets.

Qui plus est, depuis 2004-2005, l’Insee, en collaboration avec la DEPP, a interrogé les jeunes du panel 95 qui n’étaient plus suivis par la DEPP, à travers un protocole d’enquête dénommé « Entrée dans la Vie Adulte - EVA ». Pour la première vague d’enquête, la population interrogée étaient composée :

- des jeunes sortis du système éducatif avant le bac

- de quelques bacheliers 2002 ayant confirmé avoir arrêté leurs études

- des bacheliers 2002 et 2003 ayant refusé de répondre à l’enquête dans l’enseignement supérieur ou n’ayant pu être contactés

- des jeunes qui ont été perdus durant leur scolarité secondaire.

Dans ce dispositif, 5390 jeunes ont été enquêtés et 3255 jeunes ont répondu à l’enquête. De plus, la DEPP a continué à suivre les jeunes encore scolarisés dans l’enseignement secondaire (« Enquête SEC ») et ceux poursuivant leur cursus dans le supérieur (« Enquête SUP »).

Sur la collecte 2005 : 1 650 jeunes sont enquêtés par l’équipe DEPP secondaire, 8 260 par l’équipe DEPP SUP et 5 390 par l’Insee, ces jeunes sont respectivement 940, 7523 et 3253 a avoir répondu à l’enquête.

Ainsi, à partir de 2005, au fur et à mesure que les jeunes quittent l’enseignement secondaire, l’échantillon de l’enquête SEC se restreint et bascule soit vers l’enquête SUP soit vers l’enquête EVA, selon l’orientation du jeune entre poursuite d’études ou entrée dans la vie active. De même, l’échantillon de l’enquête SUP est basculé vers l’enquête EVA au fur et à mesure de la fin du cursus de formation initiale.

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1.1.2 Complexité de la base et difficultés du suivi 1.1.2.1 La coordination DEPP-EVA

La complexité des données DEPP-EVA a donné lieu à un certain nombre de difficultés pour le suivi des individus.

Il faut premièrement noter que le dispositif DEPP concerne un suivi des jeunes scolarisés tandis que le dispositif EVA vise plus largement l’entrée dans la vie adulte des individus. Il en résulte que les jeunes sortant prématurément du système ou les jeunes sortant du système éducatif avant le baccalauréat avec un diplôme de l’enseignement professionnel (ils représentent tout de même 17% des diplômés sortants de formation initiale127) peuvent ne plus faire partie de l’enquête assez rapidement. Ces derniers sont en effet susceptibles de sortir du protocole d’enquête dès 2001/2002. De la même manière, les bacheliers du professionnel s’insérant sur le marché du travail sans passer par l’enseignement supérieur peuvent également sortir de l’enquête. Le dispositif EVA vise à récupérer ces jeunes en partant de l’échantillon initial de DEPP. Il en résulte tout de même que pour les personnes récupérées, nous ne disposons pas d’informations sur leurs situations entre 2002 et 2004/2005(première année de l’enquête EVA).

Ce phénomène est particulièrement problématique pour analyser, par exemple, l’insertion des jeunes diplômés : alors qu’il est possible d’étudier l’insertion des jeunes ayant fait des études supérieures (l’enquête EVA rend compte de la situation professionnelle du jeune après sa formation), cette même opération est impossible pour les jeunes des filières professionnelles secondaires puisque nous ne disposons pas d’informations sur leur primo-insertion (ils sont sortis plus tôt du panel, alors que le dispositif EVA n’était pas encore en place).

Notons deuxièmement que, lors de la première collaboration avec l’INSEE, on observe un trou de collectes en 2005 et 2006. En effet, tandis qu’il y a à la base 17 830 élèves, 15 300

jeunes ont été enquêtés en 2005 et 14654 jeunes l’ont été en 2006. Ce trou de collectes trouve une partie de son explication dans la complexité du protocole de suivi. Tout d’abord, des problèmes de suivi ont été rencontrés à la base entre l’enquête DEPP SEC et l’enquête DEPP SUP. De plus, il faut noter que la collaboration entre la DEPP et l’INSEE a souffert d’une faiblesse de coordination dans les premières années de mise en œuvre. En effet, le suivi des jeunes basculait de la DEPP à l’Insee dès qu’il n’y avait plus de remontées d’informations par

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la DEPP, cette dernière transmettait ses listes de non-répondants avec un certain délai, parfois deux ans (ce temps posant problème notamment en cas de déménagement).

Au-delà de ce trou de collectes en 2005 de 2160 jeunes, les taux de non-réponse aux enquêtes EVA ont été relativement marqués (en 2006, sur 6385 enquêtés il y a eu 2439 non- répondants). Soulignons toutefois que le dispositif EVA, lors de la deuxième vague d’enquête, a porté à la fois sur des personnes déjà contactées en 2005 (avec ou sans succès) et sur des nouveaux « entrants », c’est-à-dire des personnes nouvellement introduites dans le champ du suivi Insee et sorties du suivi DEPP. Il y eut donc une déperdition et une récupération du passage de EVA 2005 à EVA 2006. L’INSEE a cherché à modéliser, dans le cadre d’une analyse exploratoire, le profil des non-répondants 2005 et 2006. Il en ressort en particulier que une mauvaise performance scolaire et le fait d’avoir été scolarisé en ZEP augmente le risque de ne pas répondre128, entraînant ainsi une sous-représentation de ces populations dans l’enquête.

1.1.2.2 L’attrition du panel DEPP-EVA

En dehors des problèmes de coordination entre les dispositifs DEPP et EVA, et du problème structurel de manque de données pour certaines vagues pour les jeunes issus de la formation professionnelle, le panel DEPP-EVA souffre, comme toutes les données longitudinales, des effets de l’attrition.

Globalement, le nombre de répondants passe en effet de 17 931 (réponses exploitables) au début de l’enquête DEPP à 13 990 pour l’enquête famille en 1998 puis à 13 120 pour l’enquête jeune 2002. En 2004/2005, sur 17 462 jeunes enquêtés (369 étaient hors-champs), 11 716 réponses sont exploitables (3253 font partie de EVA, 940 font parti de DEPP, 7523 font partie de l’enquête SUP) pour atteindre un nombre de répondants de 10 945 en 2007/2008. Le nombre de répondants a encore diminué en 2010 pour atteindre 8778 individus.

Le travail empirique pour ce chapitre vise notamment à exploiter la dimension longitudinale du panel et mettre en avant les trajectoires des individus.

Dans le but de rendre compte des mécanismes à l’œuvre dans l’attrition et de mieux appréhender les caractéristiques des non-répondants, nous avons estimé la probabilité d’être

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Présentation de l’attrition lors d’une réunion INSEE pour le comité d’exploitation des données DEPP-EVA, source : Insee, DEPP - enquêtes EVA 2005, 2006 - fichiers provisoires.

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non-répondant durant les vagues 2006/2007 et 2007/2008129. Nous nous sommes concentrés sur trois types de variables explicatives : les caractéristiques de l’individu (sexe, nationalité), le contexte scolaire (performance scolaire, retard scolaire, le fait de faire partie d’une Zone d’Education Prioritaire (ZEP)) et son environnement socioculturel (niveau d’éducation des parents, environnement culturel). Le tableau des résultats est présenté en annexe 2130. Il en résulte une sur-représentation des jeunes à situation scolaire difficile en 6ème parmi les non- répondants : en effet, une bonne performance scolaire diminue significativement les risques d’être non-répondants et le fait d’avoir redoublé au primaire augmente très significativement les risques de 2,3 fois d’être non-répondant. Au delà des résultats scolaires, faire partie d’une ZEP augmente significativement la probabilité de non-réponse ainsi que le fait d’avoir des parents avec de faibles niveaux d’éducation et un père né à l’étranger. Enfin, le sexe joue également et ce sont les garçons qui ont un risque accru d’être non-répondants. Comme attendu, le phénomène d’attrition de ce panel n’est donc pas aléatoire. Aussi, afin de tenir compte de cette sous-représentation de certaines catégories dans les dernières vagues, les données de ce chapitre ont fait l’objet d’une pondération à partir des variables de poids disponibles (construites à partir de l’échantillon initiale par l’INSEE) dans la base de données.

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