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Caractéristiques des trajectoires en France : quelques statistiques descriptives

Chapitre 5 : Espace des possibles au sein de chaque système éducatif : quels parcours de

2 Quelles caractéristiques des systèmes éducatifs et quelles possibilités pour les individus ? Les

2.1 Les différentes trajectoires de formation possibles dans le système éducatif français

2.1.2 Caractéristiques des trajectoires en France : quelques statistiques descriptives

L’imputation multiple nous a ainsi permis d’augmenter le nombre de séquences complètes et notamment de rendre plus représentative la présence des jeunes de la formation professionnelle. Le chronogramme suivant résume l’évolution des situations des 9550 jeunes entre l’année 1995 et l’année 2007. Nous observons tout d’abord les jeunes dans la même situation durant au minimum 4 années ce qui correspond au tronc commun durant le collège. Les jeunes commencent à entrer sur le marché du travail à partir de 2002. A la fin du chronogramme les jeunes se retrouvent globalement dans trois situations possibles : en études, en emploi ou sans emploi ni formation.

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Graphique 1: Evolution des situations des jeunes français entre 1995 et 2007

Collège Formation générale Formation technologique Formation professionnelle Enseignement supérieur Emploi NEET

Source : données DEPP-EVA (données non-pondérées)

Par la suite, la procédure de classification retenue a permis de faire émerger 5 trajectoires- types cohérentes.

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Trajectoire 1. Trajectoire technologique : secondaire II technologique suivi d’études supérieures courtes avec entrée sur le marché du travail (20%152)

Dans cette trajectoire, les jeunes préparent, après la classe de seconde générale, un baccalauréat technologique puis entrent en études supérieures pour une période courte en moyenne (type deux ans : BTS ou IUT, puis éventuellement licence). Cette trajectoire contient quasiment autant de filles que de garçons (50,3 %, 49,7%153). Du point de vue de la performance scolaire des jeunes de cette trajectoire, la part des mauvais lecteurs154 en sixième est assez faible (8%) tandis que la part des bons lecteurs est plutôt élevée (40%). Du point de vue de l’environnement familial, le niveau d’éducation des parents est moyen (59,8 % des jeunes ont au moins un des deux parents ayant comme niveau de diplôme le plus élevé un diplôme du secondaire II155). Cependant 18% des jeunes ont des parents avec de faibles niveaux d’éducation (diplôme inférieur au secondaire II comme plus haut niveau d’éducation). Concernant la dernière situation des jeunes en 2007, la grande majorité est en emploi à cette date (70%), et la part de personnes sans emploi ni formation est de 8,7%.

Trajectoire 2. Trajectoire académique : enseignement secondaire général suivi d’études supérieures longues (28,3%)

Cette trajectoire représente le parcours académique par excellence en France, les jeunes préparent un baccalauréat général puis entrent en études supérieures longues de type Université ou Grandes Ecoles (après CPGE156). Les filles sont légèrement plus nombreuses. Nous retrouvons dans cette trajectoire les meilleures lecteurs en 6ème : 72,5% des jeunes de cette trajectoire étaient de bons lecteurs en 6ème (la part des mauvais lecteurs ne représentant que 2%). Les jeunes de cette trajectoire bénéficient également d’un environnement familial plutôt privilégié, 54,6% des parents ont comme niveau d’éducation un diplôme de l’enseignement supérieur (la part des parents à faibles niveaux de diplômes étant de 8%). En

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Pourcentage avec pondération. 153

Tris croisés présentés en annexe 9. 154

Il s’agit d’une appréciation du niveau de l'élève en lecture à son entrée au collège. Cette variable est codée : mauvais lecteur (niveau de compétence très bas, bas et moyen bas), lecteur moyen (niveau de compétence moyen haut), bon lecteur (niveau de compétence haut et très haut). Nous optons pour le score en lecture pour assurer une plus grande comparabilité entre la mesure de la performance en France et celle en Suisse (qui sera le score PISA en lecture).

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Nous utilisons comme variable le niveau de diplôme le plus élevé du père ou de la mère, que nous avons recodé en trois niveaux pour les besoins de la comparaison : niveau inférieur au secondaire II, égal au secondaire II, supérieur au secondaire II (enseignement supérieur). Cette variable est renseignée par les parents eux-mêmes lors de l’enquête Famille. Notons que pour la France nous gardons le niveau de diplôme le plus élevé plutôt que le niveau d’études dans la mesure où le niveau d’études ne renseignait pas sur un niveau d’éducation atteint, par exemple, la variable est renseignée de la même manière selon que le parent ait quitté l’école en 6ème

ou en 3ème (donc à 12 ans ou 15 ans). 156

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fin de trajectoire, les personnes sont encore pour beaucoup en éducation (72,1%) et la part des jeunes sans emploi ni formation est la plus faible (4,5 %).

Trajectoire 3. Trajectoire professionnelle : enseignement secondaire professionnel puis entrée sur le marché du travail (31,8%)

Les jeunes de ce parcours se démarquent par un secondaire II professionnel (court ou long) puis par une entrée sur le marché du travail. C’est alors la seule trajectoire où les jeunes entrent massivement directement sur le marché du travail après le secondaire. Les garçons sont légèrement surreprésentés (57,7%). Les personnes de ce parcours se caractérisent par les performances scolaires les plus faibles en début de parcours: 28,5% sont de mauvais lecteurs en 6ème. Cette trajectoire se démarque également des autres par un secondaire I plus long (5 années au lieu de 4) alors même que la part des redoublements au primaire est très élevée dans ce parcours (26% d’élèves sont en retard lors de leur entrée en 6ème). Il s’avère donc qu’une

grande partie d’entre eux entre dans le secondaire II avec deux ans de retard. En considérant l’environnement familial, ces jeunes ne disposent pas d’environnement particulièrement privilégié, en effet 28,3% d’entre eux ont des parents ayant comme niveau d’éducation le plus élevé un diplôme inférieur au secondaire II (et seul 8,6% ont des parents ayant un diplôme de l’enseignement supérieur). Notons qu’en 2007, 80% de ces jeunes sont en emploi et 13,3% ne sont ni en emploi ni en formation (la part restante étant encore en formation).

Trajectoire 4. Trajectoire générale : enseignement secondaire II général suivi d’études supérieures courtes avec entrée sur le marché du travail (13,7%)

Les jeunes de ce parcours préparent un baccalauréat général puis entrent dans l’enseignement supérieur pour des études plus courtes que les jeunes de la trajectoire 2 (type études universitaires courtes ou études plus professionalisantes type IUT puis licence). Les filles sont plus nombreuses ici. Par rapport aux jeunes de la trajectoire académique, on observe une proportion un peu moins importante de bons élèves (60,4%) et une proportion plus importante d’élèves moyens. De même concernant l’environnement familial, le niveau d’éducation des parents est assez élevé : 33,4% des personnes ont au moins un parent ayant un diplôme du supérieur mais il ne l’est pas autant que dans la trajectoire académique. La plupart des jeunes de cette trajectoire sont en emploi en 2007 (75,5%) et 8,5% des jeunes sont sans emploi ni formation cette même année.

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Trajectoire 5. Trajectoire professionnelle et technologique : enseignement secondaire professionnel et technologique suivi d’études courtes puis entrée sur le marché du travail (6,3%)

Cette trajectoire représente la deuxième trajectoire professionnelle de notre échantillon. Les jeunes de cette trajectoire entrent dans un secondaire professionnel puis pour la plupart dans une filière du secondaire technologique (pour préparer le baccalauréat technologique157). Dans cette trajectoire les filles sont légèrement surreprésentées (59%). Avec la première trajectoire professionnelle, cette trajectoire a en commun de regrouper des élèves aux passés scolaires difficiles (cinq ans de collège, près de 20% ont également redoublé au primaire). Leur performance scolaire est également plutôt faible au début du secondaire I, avec un pourcentage de mauvais lecteurs de 18,4% (le pourcentage de bons lecteurs étant de 25%). Du point de vue de l’environnement familial, tout comme dans l’autre trajectoire professionnelle, le niveau d’éducation des parents est parmi les plus faibles : près de 24% des individus ont un parent ayant comme plus haut niveau de diplôme un diplôme inférieur au niveau secondaire II. Par rapport à la première trajectoire professionnelle, une partie des jeunes suit une formation du supérieur. C’est ainsi qu’en 2007, une partie est encore en formation. Notons qu’à cette date, ils sont en large majorité en emploi mais toutefois, 10% de ces jeunes sont sans emploi ni formation.

Nous constatons ainsi que les jeunes français sont nombreux à entrer dans l’enseignement supérieur. La trajectoire académique regroupe à elle seule près de 30% des personnes. Il semble par ailleurs que les différentes trajectoires en France soient assez marquées par l’origine sociale des individus et par la situation en début de parcours (performance scolaire et redoublement au primaire). Quels sont les caractéristiques des trajectoires suisses ? Sa sélection plus précoce marque-t-elle davantage les trajectoires ?

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