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THÉORIQUES : LA CONSTRUCTION DU

Chapitre 2 : La caractérisation des acteurs du sujet : Définition des notions de

A) Un impact direct sur la RSE

Comme exposent les travaux (Freeman, 1984 ; Charreaux, 2004 ; Dupuis, 2008) l’opérationnalisation de la RSE se matérialise par un dialogue et une implication des parties prenantes auprès des firmes. En ce sens, les collaborations qui instituent une relation

d’échange et par conséquent des dialogues avec la sphère non gouvernementale partie

prenante de l’entreprise lui permettent de mettre en œuvre sa RSE.

Les collaborations avec la sphère non gouvernementale ont un impact sur sa responsabilité sociale, car elles lui permettent de matérialiser des politiques concrètes et cohérentes avec les réalités du terrain (Bauer, Schmitz, 2012), mais aussi de « construire des stratégies plus

institutionnelles de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) » (Benninger, Robert, 2007) lui permettant de « reconstruire le lien social, de tisser des liens de nature affective, d’être plus ‘transparente’ » (ibid.). Pour l’ORSE (2005), les partenariats entre les deux entités « s’inscrivent dans une véritable implication des entreprises qui attendent une réelle intégration de ces projets dans leur stratégie de RSE ».

Par ailleurs, les travaux soulignent que dans le cadre de la RSE l’ONG peut analyser et critiquer le reporting des performances extra-financières des entreprises et ainsi lui préconiser des démarches. De plus, l’ONG optimise la stratégie des firmes et lui permet de mettre en place des actions variées en lien avec sa RSE, car elles sont compétentes dans des domaines d’action divers comme le contrôle et l’audit des activités de la firme, la création d’indicateurs de mesure de la performance, les problématiques actuelles, les savoir-faire techniques précis, etc. Enfin, on remarque également à travers nos lectures que l’ONG permet de rapprocher l’entreprise des réalités du terrain et des problématiques posées par le développement durable. B) Les risques dans la collaboration

Les rapports collaboratifs ne sont pas sans risque pour les partenaires qui devront être vigilants sur certains aspects. Les entreprises en collaborant avec des ONG deviennent

d’autant plus visibles et donc s’exposent davantage.

Pour les ONG, Benninger et Robert (2007) expliquent qu’en collaborant avec les entreprises,

public lui accorde sa confiance et de devenir la caution morale des firmes (Doucin, 2007) et par conséquent de se faire instrumentaliser (Capron, Quairel-Lanoizelée, 2010). Delalieux (2013) explique que la professionnalisation des ONG et les participations des entreprises dans leur financement génèrent une attente des firmes qui en contrepartie de leurs contributions financières souhaitent de la part des ONG « un comportement moins conflictuel, basé sur la collaboration, plus proche de leurs attentes directes », Delalieux (ibid.) parle alors de « domestication des ONG ». L’ORSE (2005) met en avant le risque d’instrumentalisation pour l’ONG et les risques sur sa réputation si l’organisation s’associe à une structure privée qui ne serait « pas à la hauteur des attentes fixées préalablement ». L’observatoire précise également que le « partenariat n’est en aucun cas une assurance contre les campagnes des

ONG et exige même une certaine exemplarité » (ibid.).

Enfin, pour les deux acteurs il y a un risque de perte de temps et d’argent si le projet n‘aboutit pas.

Les rapports collaboratifs entre les ONG et les entreprises sont donc monnaie courante et se

développent de plus en plus. Néanmoins, bien qu’elles collaborent en vue d’un bénéfice

sociétal ou économique et bien qu’elles soient conscientes des risques, il existe encore des rapports antagonistes entre les deux organisations.

3.1.4 Un antagonisme encore existant

Bien que les ONG aujourd’hui collaborent avec les firmes, elles restent en veille sur leurs

comportements litigieux (Capron, Quairel-Lanoizelée, 2010). En effet, « oscillant entre pression et évaluation, les relations ONG-entreprises ne se limitent pas au partenariat » (Dollet, 2003). Ces rapports hostiles qui ne sont autres que l’héritage des liens entre les deux acteurs perdurent, nourris par une méfiance génétique. C’est d’ailleurs le cas pour les secteurs qualifiés de « sensibles » comme le textile, l’exploitation de ressources naturelles où « les rapports sont plus souvent tendus » (ibid.) entre les deux entités. Les ONG remettent en cause

l’intégrité des sociétés, mais ces dernières « contestent la légitimité de certaines ONG »

(ibid.) justifiant alors certains rapports d’ignorance ou d’antagonisme.

Mach (2002), distingue lui aussi dans ces travaux des rapports d’opposition aux côtés des éventuels partenariats qui peuvent se matérialiser entre les deux mondes. Il explique que les ONG peuvent à l’égard des entreprises avoir des relations de pressions, d’évaluation ou bien de partenariat. Ces relations de pression n’étant que la réminiscence des rapports classiques

- des pressions institutionnelles qui se traduisent notamment par du lobbying auprès des autorités publiques.

- des pressions informelles qui se réalisent à travers des campagnes et des manifestations où le grand public est la cible.

- des pressions ciblées qui apparaissent sous la forme de boycotts ou de campagnes

d’information directement à l’encontre des firmes.

S’agissant des évaluations, elles peuvent selon l’auteur, être directes ou indirectes. Lorsqu’elles sont directes, les ONG sont directement à l’initiative de l’évaluation ou alors y

participent aux côtés d’une agence d’évaluation. Lorsqu’elles sont indirectes, les campagnes

de pression générées par les ONG sont intégrées par les organes dans la notation sociale des firmes.

Afin de concrétiser leurs impacts, les ONG ont recours à l’action directe ou au plaidoyer (Barlet, Jarousse, 2011). L’action directe concerne les activités de l’ONG et la mise en œuvre concrète de ses actions. Le plaidoyer est défini par Zimet (2011) comme « l’ensemble des

actions (campagnes, pétitions, organisations de contre-sommets...) conduites par des organisations issues de la société civile s’efforçant, à travers des activités de lobbying, d’influencer les décideurs politiques pour leur faire adopter des positions ou des textes

favorables aux intérêts des pays en développement ou de leurs populations ».

Nous avons présenté l’état des rapports entre les ONG et les entreprises. Nous avons mis en

lumière l’évolution de leur relation qui à son origine était motivée par une méfiance commune

et une hostilité de la part des ONG. Aujourd’hui, les deux acteurs collaborent et innovent

ensemble afin d’optimiser la qualité de leur liaison. Nous allons en ce sens présenter les

différentes formes d’expression partenariale entre les deux acteurs.

3.2 La matérialisation des rapports collaboratifs : les différentes formes d’expression La littérature académique qui souligne le rapprochement entre la sphère non gouvernementale et les entreprises, dressent plusieurs formes de collaboration que nous présenterons par la suite (Dollet, 2002 ; Mach, 2002, Benninger, Robert, 2007 ; Sachet-Milliat, Dupuis, 2014 ; Ryfman, 2014). Ces différents formats collaboratifs se retrouvent également dans la littérature professionnelle (ADMICAL, 2002 ; Novethic 2002, 2006 ; IMS Entreprendre pour la Cité, 2004 ; ORSE, 2005, 2006 ; Ifri-Institut de l’entreprise, 2005 ; Groupe Initiatives, 2008 ; Rameau 2007 ; MEDEF, Rameau, 2014).

Les typologies varient selon les approches, les conceptions et la perception des rapports entre les parties prenantes vis-à-vis des firmes. Néanmoins des éléments sont récurrents dans les possibles relations collaboratives entre les entreprises et les ONG. On retient parmi les différents formats de collaborations exprimés par la littérature :

- les expressions mécénales qui se concrétisent par les différents types de mécénat qui existent entre les entreprises et la sphère non gouvernementale (3.2.1) ;

- les expressions stratégiques qui existent aux frontières marchandes des entreprises ainsi que caritatives et sociétales des ONG (3.2.2) ;

- les expressions partenariales qui se manifestent par des partenariats entre les ONG et les entreprises (3.2.3) ;

- les expressions orales qui passent par un dialogue entre les firmes et les ONG (3.2.4).

3.2.1 Les expressions mécénales

Nous ferons tout d’abord un rappel historique sur le mécénat (A), puis nous le définirons (B)

pour ensuite présenter ses différents formats et modalités d’application (C). Enfin, nous démontrerons que le mécénat est au service de la RSE (D) comme l’indiquent les principaux référentiels RSE.