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THÉORIQUES : LA CONSTRUCTION DU

Chapitre 2 : La caractérisation des acteurs du sujet : Définition des notions de

C) L’approche intégrée de la performance globale par la création de valeur et le

3) État de la pratique du RI

En janvier 2015 la Commission Finance durable de l’organisation Paris Europlace révélait les résultats d’une enquête sur les pratiques et les attentes des émetteurs et des investisseurs de la

Place de Paris en matière d’ISR et de RSE22. L’enquête souligne le retard des entreprises

françaises en matière de reporting intégré. En effet, même si ces dernières sont conscientes de

l’existence de la démarche, seules trois entreprises françaises en 2015 étaient en phase de test

(Vivendi, Engie, Danone).

Ce constat coïncide avec les résultats de la base de données de l’IIRC en matière de rapport intégré. En effet, la base de données dénombre entre 2011 et 2015, 282 rapports intégrés

publiés dans le monde, dont 130 en Europe et pour l’année 2015, 65 rapports intégrés publiés

dont 31 en Europe. Néanmoins, la commission (Paris Europlace, 2105) souligne que « concernant le rapport intégré, 2/3 des émetteurs interrogés déclarent que leur rapport

d’activité inclut déjà ou inclura prochainement le rapport de développement durable, 1/3 émettent cependant des critiques envers l’initiative sur le rapport intégré développée par

l’IIRC jugée trop lourde à mettre en place ».

De plus, bien que les chiffres concernant la diffusion des rapports intégrés soient maigres, dans leur étude Ledouble et al., (2014) soulignent « la marge de progression des entreprises engagées dans le processus de rapport intégré quant à la documentation de certains éléments constitutifs du RI et le respect des principes directeurs de l’IIRC ». En effet, les

entreprises s’engagent progressivement dans cette voie. À titre d’exemple, les auteurs qui ont

travaillé autour de l’entreprise d’Orange expliquent que bien que la firme n’affiche pas

officiellement être engagée dans une démarche de RI les publications de l’entreprise se

rapprochent de l’idéologie du R.I et « permettraient de l’initier » (ibid.).

Ainsi la performance et sa mesure sont deux notions centrales dans le paysage stratégique des entreprises. Les firmes à travers leur constante responsabilisation sont amenées à être de plus en plus performantes. L’ouverture de leur gouvernance aux parties prenantes et notamment aux ONG leur permet de mieux appréhender ces enjeux de performance globale. Afin de piloter leurs actions, elles sont conduites à évaluer les résultats afin d’ajuster leur posture et leurs démarches. Cette évaluation doit intégrer tous les champs de la performance pour être au

plus proche des attentes et des intérêts de l’ensemble des parties prenantes. Nous avons ainsi

relevé trois approches possibles dans l’appréhension de la mesure de la performance : une

22Enquête menée entre juillet et novembre 2015 auprès d’un échantillon composé de 69 répondants, dont 18 entreprises du CAC40

approche segmentée avec les outils traditionnels, une co-construite avec les conventions et une intégrée avec le Rapport Intégré et la création de valeur. Nous notons par ailleurs dans la

littérature académique une absence d’unité quant à ces différents outils de mesure. En effet,

les chercheurs ne s’harmonisent pas sur leur portée et la question de l’intégration des différentes dimensions au sein de la performance globale reste floue et remise en question (Cretté, 2015).

4.3 Synthèse des concepts mobilisés sur la performance et la mesure de la performance Nous avons pu observer à travers notre état de l’art que le concept de performance bien que

pivot en sciences de gestion renvoie à une pluralité d’approches. Nous retenons la notion de

performance au sens de Bourguignon (2000) apparaissant comme « la réalisation des objectifs organisationnels ». Nous nous situons alors dans une conception large du concept en intégrant la performance comme le résultat (Bouquin, 2008), mais aussi les moyens invoqués

(Baird, 1986) et le succès de l’action (Bourguignon, 1995).

Par ailleurs, nous faisons le choix d’une performance globale au sens de Reynaud (2003),

c’est-à-dire que nous entendons la performance globale comme une performance

quadri-axiale (Uzan, 2013) qui est la rencontre de la performance sociale, sociétale, environnementale et économique. En effet, nous plaçons nos travaux dans la perspective que les entreprises cherchent à travers leurs partenariats avec les ONG à acquérir des ressources et des compétences dont elles ne disposent pas pour alimenter la réalisation de ces différentes performances.

C’est pourquoi nous retenons la théorie des ressources (Barney, 1991), nous pensons effectivement que les ONG sont à même d’apporter des éléments stratégiques pour opérationnaliser les stratégies RSE des entreprises et leur permettre outre un apprentissage organisationnel (Argyris, Schön, 2001 ; Kœnig, 2006) et l’acquisition de ressources complémentaires de générer des compétences fondamentales (Hamel, Prahalad, 1990). En

effet, nous mobilisons les travaux sur l’entreprise réseau qui « s’organise et gère ses

opérations de manière flexible en orchestrant en synergie ses réseaux internes et externes afin

d’améliorer sa compétitivité » (Poulin et al., 1995). La performance découle alors de la capacité des entreprises « à activer les phénomènes d’apprentissage collectifs » (Cappelletti, Noguera, 2005) en collaborant avec les ONG.

Par ailleurs, nous retenons la mesure de la performance à travers une approche intégrée et notamment à travers le Reporting Intégré (Ledouble et al., 2014) qui permet de systématiser le lien entre la performance financière et les performances extra-financières (ibid.) ce qui rejoint

la conception symbiotique de la RSE retenue au sens de Porter et Kramer (2011) et la notion de création de valeur partagée (Porter, 2011) qui recherchent une symbiose afin de dégager « une performance multidimensionnelle pour la société en général » (Lépineux et al., 2016).

Après avoir exposé l’ensemble des théories avoisinant notre objet d’étude nous présentons