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Conclusion du cadre théorique : Élaboration du cadre conceptuel

Notre état de l’art nous a permis de dresser le panorama des différentes approches présentes dans la littérature afin de mobiliser les théories les plus pertinentes pour l’étude de notre objet de recherche. Outre la présentation des notions mobilisées, il s’agit également de dessiner les liens pertinents entre nos différents concepts.

De par notre objet de recherche, nous nous intéressons à la contribution des ONG à la performance globale des firmes via les collaborations qui peuvent s’opérer entre les deux acteurs. Pour ce faire nous avons étudié les concepts : de responsabilité sociale des entreprises (RSE) ; de gouvernance ; de parties prenantes ; d’organisation non

gouvernementale (ONG) ; de collaborations entre ONG et entreprises ; et de performance globale.

Nous avons tout d’abord dressé un état des lieux sur la RSE, en nous intéressant à ses fondements, son encadrement et ses impacts sur la stratégie des entreprises. Puis nous avons

abordé la notion de gouvernance en revenant sur l’approche traditionnelle des gouvernements

d’entreprise pour traiter de l’ouverture des gouvernances aux parties prenantes ainsi que la

matérialisation de cet élargissement interne. Nous avons également développé les travaux sur les entreprises réseaux et la théorie des ressources ce qui nous a permis de développer la notion de gouvernance réseau au cœur d’un écosystème où entreprises et parties prenantes cohabitent.

Nous avons par ailleurs étudié les notions de parties prenantes en revenant sur les origines du concept, sa typologie et en précisant les impacts de cette approche sur la gouvernance des

entreprises. Ce qui nous a permis en conséquence d’aborder les travaux existants sur une de

ces parties prenantes : les ONG. En effet, nous avons exposé l’approche historique de la notion pour ensuite détailler l’approche théorique des ONG ainsi que leur typologie et leurs champs d’intervention.

Nous nous sommes alors intéressés aux différentes relations entre les ONG et les entreprises en nous intéressant plus particulièrement aux rapports collaboratifs qui pouvaient exister entre les deux acteurs. A cet effet nous avons pu souligner les motivations des partenaires dans ces rapports ainsi que les conséquences stratégiques de leurs échanges. Nous avons également dressé l’éventail des différentes expressions collaboratives en abordant les collaborations mécénales, les collaborations stratégiques, les collaborations partenariales. Nous nous sommes aussi intéressés à la notion de dialogue qui se matérialisait entre les deux acteurs.

Enfin, nous avons étudié la notion de performance en démontrant tout d’abord qu’il s’agissait d’un concept multidimensionnel et central en sciences de gestion. Puis nous avons analysé la mutation du concept de performance vers une performance globale couvrant les dimensions sociales, sociétales et environnementales, qui classiquement était assimilé à la seule dimension économique et financière. Nous avons dans un deuxième temps recueilli les travaux sur la mesure de la performance en soulignant premièrement l’approche traditionnelle

en lien avec ses origines financières, et en étudiant ensuite l’approche extra-financière de la

mesure ainsi que les différents outils de mesure de la performance extra-financière existants. En résumé des synthèses développées précédemment (1.3 ; 2.3 ; 3.3 ; 4.3) nous mobilisons le cadre conceptuel suivant :

Tableau part.1.1 : Synthèse du cadre conceptuel de la recherche

Concepts Théories mobilisées pour l’étude de notre objet Conséquences sur l’objet d’étude

Responsabilité sociale

d’entreprise

La RSE peut être appréhendée à travers son caractère instrumental et partenarial (Donaldson, Preston, 1995 ; Pesqueux, 2010) c’est

-à-dire qu’elle « permet de rechercher la nature des connexions potentielles entre la gestion des relations avec les parties prenantes et la performance organisationnelle » (Mullenbach-Servayre, 2007).

De plus, la RSE peut être appréhendée dans une conception

symbiotique (Porter, Kramer, 2011) où l’entreprise crée de la valeur partagée c’est-à-dire « qui profite aussi à la société, en répondant à ses besoins et ses défis » (Porter, 2011).

Les collaborations avec les ONG opérationnalisent la RSE des firmes et leur permettent de se rapprocher de cette partie prenante. Les ONG sont des moteurs dans cette création de valeur partagée.

Gouvernance La gouvernance est une construction sociale qui permet d’abriter

les « attentes, objectifs et intérêts de multiples partenaires » (Meier, Schier, 2008). En ce sens la gouvernance est partenariale, car elle ouvre le gouvernement des firmes aux parties prenantes. Les firmes décloisonnent leurs frontières internes (Poulin et al., 1994) devenant des entreprises réseaux qui dans une recherche de ressources (Barney, 1991) et de compétences complémentaires multiplient les partenariats.

La gouvernance réseau (Dupuis, 2008) qui outre l’agrandissement du gouvernement de l’entreprise aux parties prenantes, entend l’apparition de nouveaux lieux de régulation. Ces zones interactives

sont à même de contenir ces échanges qui nourrissent un apprentissage organisationnel (Argyris, Schön, 2001 ; Kœnig, 2006) et cohabitent dans un écosystème (Uzan, 2013) socio-économique.

Les entreprises ne se suffisent pas aux attentes des actionnaires, mais elles

existent au sein d’un

écosystème dans lequel existent de nombreux acteurs dont les ONG. Les entreprises développent des collaborations au sein de cet environnement interactif pour y acquérir des ressources et des

compétences qu’elles ne

détiennent pas en interne.

Parties

prenantes Les parties prenantes soqui trouvent un intérêt à agir dans le cadre de l’entreprise (Freeman, nt des individus ou des groupes d’individus

1984). La théorie des parties prenantes est alors la capacité des sociétés à satisfaire les attentes des parties prenantes (ibid.).

Les collaborations permettent de satisfaire les attentes des parties prenantes.

ONG Les ONG sont une partie prenante des firmes qui représentent les intérêts de la société civile (Ryfman, 2014).

Au regard des typologies, les ONG présentent des caractéristiques fondamentales et exclusives, elles sont en effet une partie prenante « humaine » (Wheeler, Sillanpäa, 1997) et « externe » (Carroll,

Les ONG sont des parties

prenantes de l’entreprise.

Les relations avec les ONG peuvent varier.

Näsi, 1997). Elles présentent aussi des caractéristiques fondamentales et inclusives puisqu’elles sont une partie prenante

« éthique » (Pelle-Culpin) et « issue de la communauté » ((Henriques, Adorsky, 1999), mais ces identifications ne sont pas

antinomiques avec d’autres attributs accessoires et inclusifs. En

effet, au premier abord les ONG sont une partie prenante « secondaire » (Carroll, 1995) et « diffuse » (Pesqueux, 2002). Néanmoins dans le cadre des collaborations avec les entreprises elles peuvent devenir des parties prenantes « primaires » (Carroll, 1995) et « contractuelles » (Pesqueux, 2002) de la firme et ainsi se positionner en tant qu’acteur stratégique décisifpour l’entreprise en

étant « impliquée » (Ulrich, 1993) avec « des intérêts compatibles » (Friedman, Miles, 2002) et dans une posture « engagée » (Sobzcak, Girard, 2006).

Collaborations

ONG -

Entreprises

Les ONG et les entreprises ont des rapports variés (Mach, 2002 ; Doucin 2002 ; Binninger, Robert, 2007 ; Ryfman, 2014) : rapport

antagoniste, rapport d’ignorance, rapport collaboratif.

Les rapports collaboratifs passent par différentes formes

d’expression : le mécénat, les rapports stratégiques, les partenariats et le dialogue. Le dialogue au sens de Condomines et al., (2016) est une forme de collaboration.

Au sein de l’écosystème (Uzan, 2013) dans lequel les firmes

cohabitent avec ses parties prenantes, on y trouve les ONG qui possèdent des ressources complémentaires (Barney, 1991) pour les entreprises qui cherchent à travers des collaborations externes

(Poulin et al., 1994) un capital immatériel qu’elles ne détiennent

pas en interne.

Par les collaborations les

firmes s’ouvrent aux ONG

pour intégrer leurs attentes, mais aussi pour collaborer, car elles sont à même de leur apporter des ressources et

des compétences qu’elles ne

possèdent pas en interne et qui participent à leur apprentissage

organisationnel ainsi qu’à la

réalisation de leur démarche RSE. Cet apprentissage passe par le développement de compétences qui sont importées par les ONG et qui se développent tout au long des collaborations. Performance La performance est « la réalisation des objectifs organisationnels »

(Bourguignon, 2000).

La performance s’appréhende à travers le résultat (Bouquin, 2008),

les moyens invoqués (Baird, 1986) et le succès de l’action

(Bourguignon, 1995).

La performance est globale (Reynaud, 2003) et quadri-axiale (Uzan, 2013) : elle intègre le caractère social, sociétal, environnemental et économique.

Dans le cadre des collaborations cet apprentissage organisationnel (Argyris, Schön, 2001 ; Kœnig, 2006) qui permet aux firmes

l’acquisition de ressources complémentaires (Barney, 1991)

constitue un levier pour leur performance et leur permet de dégager des compétences fondamentales (Hamel, Prahalad, 1990 ; Cappelletti, Noguera, 2005) et de développer des savoir-faire et une agilité qui les rendent performantes.

La performance globale peut être appréhendée dans une approche intégrée à travers le Reporting Intégré (Ledouble et al., 2014) qui

permet de systématiser le lien entre l’aspect financier et extra -financier de la performance qui doit être conçue selon une dynamique symbiotique de la RSE (Porter, Kramer, 2011) dans laquelle la firme produit de la valeur partagée (Porter, 2011) au regard de son activité et des ressources qu’elle utilise (IIRC, 2013).

La performance globale renvoie à une pluralité

d’attentes qui soumet l’entreprise à être agile sur

de nombreux domaines et de manier de nombreuses compétences.

Les collaborations impactent la performance globale, car elles participent à

l’acquisition de ressources

distinctives et fondamentales

qu’elles ne possèdent pas en

interne et qui opérationnalisent les démarches responsables des firmes.

Le Reporting Intégré est un outil de mesure qui relate la performance globale de

l’entreprise. En ce sens, la relation avec l’ONG

contribue à cette

performance puisqu’elle est

Les enjeux de cette thèse de doctorat sont de comprendre l'implication des acteurs, de déterminer les modalités des collaborations mises en œuvre et de mesurer la contribution des ONG à la performance globale des entreprises dans le cadre de la RSE.

Notre revue de littérature et notre cadre conceptuel nous permettent alors de nous demander

dans quelle mesure les ONG contribuent-elles à la RSE au travers de leur performance globale ?

Nous dégageons à partir de notre problématique quatre hypothèses elles-mêmes subdivisées en sous-hypothèses :

Hypothèse 1 : Il existe différents liens entre les entreprises et les ONG.

H1-1 : Il est possible de dresser une typologie des rapports entre entreprises et ONG.

H1-2 : Il existe des zones décloisonnées qui génèrent des mutations relationnelles comme des rapports évolutifs ou des rapports cumulatifs.

H1-3 : Le dialogue est le point commun des rapports antagonistes et collaboratifs.

Cette première hypothèse nous permet tout d’abord de mettre en lumière les différents rapports existants entre les ONG et les entreprises.

La théorie des parties prenantes (Freeman, 1984) souligne que les entreprises cherchent à intégrer les attentes et les demandes de leurs parties prenantes. Les ONG que nous qualifions de parties prenantes « secondaires » (Carroll, 1995), « externes » (Carroll, Näsi, 1997) et « diffuses » (Pesqueux, 2002) qui dans le cadre de rapports avancés avec les firmes peuvent devenir des parties prenantes « primaires » (Carroll, 1995) et « contractuelles » (Pesqueux,

2002) de la firme et ainsi se positionner en tant qu’acteur stratégique décisif pour l’entreprise

en entretenant des rapports variables avec les entreprises (Mach, 2002) et en étant « impliquée » (Ulrich, 1993) avec « des intérêts compatibles » (Friedman, Miles, 2002) et dans une posture « engagée » (Sobzcak, Girard, 2006).

Pour mettre en lumière ces rapports, nous allons également recourir à une double approche

qualitative. L’analyse documentaire et statistique servira à détailler l’existence au sein d’un

échantillon d’entreprises des rapports collaboratifs et non collaboratifs. Nos entretiens

semi-directifs nous permettront de renforcer notre typologie, mais aussi d’étudier de près ces différents rapports qui se génèrent entre les entreprises et les ONG en nous intéressant aux

mutations qu’ils peuvent subir. De même, nous porterons une attention particulière à la notion

Hypothèse 2 : Les rapports entre les ONG et les entreprises sont déterminés par différents critères préalables et facteurs de contingence.

H2-1 : Des facteurs de contingence liés aux entreprises conditionnent la nature des relations avec les ONG

H2-2 : L’existence des collaborations entre entreprises et ONG est soumise à des critères

préalables

Cette deuxième hypothèse nous permet d’analyser les conditions de réalisation des

collaborations. En effet, il s’agit de démontrer que les rapports entre les deux acteurs sont

placés sous l’empire de facteurs de contingence et que les collaborations sont soumises à des

critères post-réalisation.

Notre état de l’art nous a permis de souligner l’ancrage de la RSE dans le paysage socio

-économique des firmes qui dans un souci de gouvernance partenariale que nous rapprochons à la gouvernance en réseau (Dupuis, 2008) engagent les entreprises qui s’intéressent et entrent en interaction avec les acteurs de leur écosystème (Uzan, 2013). L’analyse documentaire et statistique que nous allons mettre en place dans le cadre de notre démarche qualitative nous

permettra d’analyser les facteurs de contingence des entreprises vis-à-vis de leur posture dans

la collaboration. Puis, nos entretiens semi-directifs nous permettront de recueillir les propos des acteurs et de mettre en exergue les critères qui conditionnent la mise en œuvre d’un rapport collaboratif.

Hypothèse 3 : Les collaborations entre les ONG et les entreprises sont instrumentalisées. H3-1 : Les collaborations sont gouvernées par la satisfaction d’intérêts propres pour chacun

des acteurs

H3-2 : Il existe une zone d’équilibre qui est le point de convergence de la perception des

collaborations

Cette troisième hypothèse nous permet d’analyser les modalités des collaborations et de comprendre la motivation des acteurs dans les différents rapports qu’ils entretiennent et notamment dans leur posture collaborative.

La littérature que nous mobilisions fait état des différents rapports existants (Mach, 2002 ; Doucin, 2002 ; Binninger, Robert, 2007 ; Ryfman, 2014) et explicite les motivations de chacun dans la collaboration. Par ailleurs, dans cette recherche de ressources complémentaires

(Barney, 1991) afin de mettre en œuvre leurs politiques RSE on est amené à se demander si ces rapports sont instrumentalisés ? Nous nous interrogeons sur l’implication des partenaires

et nous nous demandons s’il existe une réelle complémentarité entre les deux acteurs ?

Par ailleurs, nous écartons la théorie du don contre-don de Mauss (1925). En effet, pour Mauss (1925), le don est une forme primitive du contrat et entraine de fait un contre-don. Par cette théorie Mauss explique que l’apport (1925) s’organise autour d’une triple obligation : donner ; recevoir ; rendre. Nous aurions pu placer l’étude des relations collaboratives sous la théorie de Mauss, mais nous avons préféré une approche plus instrumentale, car nous l’estimons plus opérationnelle.

Nos entretiens semi-directifs réalisés auprès d’acteurs variés (entreprises et ONG en posture collaborative et entreprises et ONG en posture non collaborative) nous permettront de recueillir les opinions de chacun que nous confronterons pour dégager les tendances.

Hypothèse 4 : Les rapports collaboratifs avec les ONG contribuent à la performance globale des entreprises.

H4-1 : Les rapports collaboratifs avec les ONG impactent la performance globale H4-2 : La contribution des ONG à la performance globale peut être mesurée

Cette quatrième et dernière hypothèse nous permet d’étudier les conséquences des collaborations avec les ONG sur la performance globale des firmes. Il s’agit de souligner que la posture collaborative d’une firme envers un acteur non gouvernemental joue sur la performance globale et que ces impacts peuvent être mesurés.

Pour ce faire nous mobilisions la théorie des ressources (Barney, 1991) et les approches sur l’entreprise réseau (Poulin et al., 1994) qui explicitent le comportement des entreprises qui développent des partenariats, notamment avec des acteurs externes pour développer des

compétences distinctives (Hamel, Prahalad, 1990) qu’elles ne possèdent pas en interne. Cette

acquisition d’exo-compétence, participant à l’apprentissage organisationnel des sociétés

(Argyris, Schön, 2001 ; Kœnig, 2006), influence leur performance (Cappelletti, Noguera,

2005) que nous appréhendons de manière globale (Reynaud, 2003) c’est-à-dire quadri-axiale

(Uzan, 2013) : en d’autres termes recouvrant les champs sociétaux, sociaux, environnementaux et économiques. Nous mobilisons également pour la mesure de la performance globale le concept de Reporting Intégré (IIRC, 2013) qui permet de systématiser le lien entre la performance financière et les performances extra-financières (Ledouble et al., 2014) corroborant avec la conception symbiotique de la RSE retenue au sens de Porter et

Kramer (2011) et la notion de création de valeur partagée (Porter, 2011) qui recherchent une symbiose afin de dégager « une performance multidimensionnelle pour la société en général » (Lépineux et al., 2016).

Nous allons nous servir des entretiens semi-directifs pour recueillir les avis des sociétés et des ONG sur cet aspect afin de déterminer : les impacts de ces collaborations ; le lien sur la performance, notamment sur les performances extra-financière, et plus précisément sur la performance globale ; les modes d’évaluation des acteurs pour mesurer ces impacts.

Ensuite, nous réaliserons une étude de cas afin de voir comment l’ONG participe à la

performance quadri-axiale de l’entreprise en nous appuyant sur un outil de performance globale : le Reporting Intégré.

L’ancrage théorique dressé et le cadrage conceptuel exprimé, nous allons à présent expliquer

l’itinéraire de notre recherche en détaillant nos choix méthodologiques et en précisant le cadre

PARTIE II

-

CADRE

MÉTHODOLOGIQUE DE

L’ÉTUDE EMPIRIQUE :

LE CHOIX ET