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a. Des histoires migratoires plus ou moins complexes

Le graphique n° 7 permet de confirmer que tous les groupes étudiés par Duramaz présentent un historique migratoire, plus ou moins complexe, dont le tableau n° 5 nous permet de mesurer la profondeur historique.

La logique des groupes contextuels semble à peu près respectée. On retiendra dans un premier temps, et pour la distinguer des autres dynamiques, l’importante mobilité de la communauté Kayapo (3,9 migration en moyenne par individu), ainsi que leur courte présence dans leur village actuel (6 ans). Néanmoins, cette forme de mobilité relève d’une problématique spécifique, et ne peut pas s’analyser sur la même base que celle des autres groupes. D’une manière générale, les migrations sont des changements de village qui impliquent tout ou partie de la communauté. Circonscrits aux limites du périmètre de la terre indigène Kayapó, les déplacements peuvent être liés à des phénomènes de natures différentes : pour rester à proximité des terres agricoles fertiles ; pour éviter les guerres entre villages ; à la suite de dissensions entre familles un nouveau village peut-être fondé, etc. (Le Tourneau, 2010). Des événements extérieurs peuvent également pousser à la création d’un nouveau village : une épidémie, la contestation des terres, etc.

Graphique 7 : Nombre moyen de migrations en 2007, par individu et par type de site

Tableau 5 : Durée moyenne depuis l'arrivée sur le site (en années) Iratapuru Chico

Mendes Ciriaco Anapu

Ouro Preto Oeste Sorriso Vivo Kayapó – de 45 ans 8,0 15,5 10,8 7,8 10,1 11,6 4,9 45 ans et + 30,1 23,1 18,7 11,7 11,4 19,3 9 Total 16,9 18,4 15,1 9,5 10,6 14,7 6

Durée moyenne entre première et dernière migration

11,7 11,7 18,2 23,3 22,6 12,1 20,7

Source : Ebimaz/Duramaz ; traitement statistique : Pascal Sébile

Les petits agriculteurs se distinguent par un nombre moyen de migrations par individu supérieur à la moyenne des autres catégories, ce qui permet de confirmer que c’est effectivement la catégorie la plus mobile, et en conséquence la plus nouvellement implantée sur le lieu étudié. Hormis les Kayapó, le site le plus récent est celui du projet de lotissement agricole durable d’Anapu, dont la

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régularisation foncière par l’Incra remonte au début 2000. Situé sur la zone Est de la Transamazonienne, l’histoire locale est marquée par les conflits avec les fazendeiros, la présence de la CPT et la figure de la religieuse américaine Dorothy Stang, assassinée en 2005.

Les migrants d’Ouro Preto présentent eux aussi un parcours très morcelé, leur arrivée dans la région correspond au programme de colonisation dirigée mené le long de BR-364. Le site étudié se trouve dans l’aire d’influence de l’ancien Projet Intégré de Colonisation (PIC) d’Ouro Preto d’Oeste ouvert par l’Incra dans les années 1970. Originaires majoritairement du Sud du Brésil, certaines familles ont effectivement réussi à y obtenir un lot mais les perspectives d’acquisition se sont rapidement réduites. Pour avoir accès à la terre, les familles venues du Sud dans les années 1980 vont alimenter

les luttes foncières dans les années 1990 au travers de leurs enfants. En effet, après de nombreuses années de travail au service des parents ou d’autres membres de la famille (métayage ou fermage divers), les enfants devenus adultes aspirent à l’acquisition de leur propre lopin de terre. Ils se tournent alors vers l’antenne MST de la région créée en 1984 pour tenter d’obtenir gain de cause

(Marchand, Kohler et Léna.,2010). De fait, les lotissements de la réforme agraire étudiés ont été régularisés par l’Incra en 1996 et 1997 après l’occupation de terres privées par des paysans sans terres.

Sur les deux sites de l’agriculture familiale, les paysans de l’ancienne génération étaient présents dans la zone avant la régularisation foncière, qui a bénéficié à l’arrivée des plus jeunes.

Le groupe des extractivistes est celui qui connaît le moins de migrations. Est-ce parce que leur mode de vie est corrélé à l’existence de certaines ressources naturelles ?

Dans le cas d’Iratapuru, l’histoire est transparente, et la durée moyenne de stabilisation sur place semble indiquer deux publics bien distincts, correspondant aux deux types de migrants que l’on retrouve sur place : la génération présente sur le site depuis trente ans est celle des fondateurs de la communauté, originaires de l’estuaire de l’Amazone qui, auparavant dispersés sur le fleuve Iratapuru, se sont regroupés au début des années quatre-vingts dans le village de São Francisco, notamment dans l’espoir d’y voir implanter une école pour leurs enfants (Le Tourneau et al., 2008). Un nouveau public de jeunes hommes est arrivé dans la communauté d’Iratapuru à l’époque où les activités de collecte de la noix du brésil, subventionnées par l’Etat d’Amapá puis par l’entreprise cosmétique Natura, reprenaient de la vigueur. En effet, l’établissement des projets de développement durable ont fait de la communauté à la fois un point de répulsion (pour les jeunes locaux) et d’attraction (jeunes hommes extérieurs peu éduqués). L’obligation d’assiduité scolaire faite aux enfants, condition pour l’obtention d’un label FSC, a occasionné une rupture dans la transmission des savoir-faire entre générations. En conséquence, les enfants, mieux éduqués et moins attachés à la castanha, quittent la communauté pour mener dans un autre contexte leur projet de vie. Le manque de main-d’œuvre a ainsi été compensé grâce à la migration de jeunes hommes qui apprennent sur le tas les activités traditionnelles, assurant ainsi la continuité de la collecte de la noix du Brésil (Kohler et al., 2009).

Dans le cas de Chico Mendes, bien qu’ils soient présents sur le site depuis un peu moins longtemps, les enquêtés comme leurs parents proviennent de la région immédiatement proche. Ce groupe est le plus anciennement implanté, et apparemment le plus stable de l’échantillon Duramaz. On est donc face à un public régional, peu mobile, originaire depuis au moins deux générations du milieu occupé actuellement, ce qui explique notamment l’intensité de leur engagement pour défendre leur patrimoine, comme l’a prouvé la lutte menée par les seringueiros dans la seconde moitié des années quatre-vingts.

Face à ces autres profils extractivistes, Ciriaco dénote un peu, et présente un profil plus proche des sites de l’agriculture familiale. Tout d’abord par son nombre moyen de migrations : 3,5, à l’intermédiaire entre les petits agriculteurs et les extractivistes. Cette entre-deux n’est-il pas à l’image du genre de vie associé au babaçu, dont la composante agricole est bien plus forte que dans les autres économies extractivistes ? Cette différence est-elle suffisante pour expliquer ce profil de migration ? En quoi le fait de pratiquer l’agriculture implique-t-il de migrer plus souvent ?

b. L’enquête Ciriaco : échantillonnage et conditions de collecte

Les données biographiques qui ont servi de base à notre réflexion ont été recueillies sur le site de la réserve extractiviste de Ciriaco. Une première mission de terrain a été effectuée entre mars et août 2007, suivie d’une campagne complémentaire de collecte de données en août 200842. Au total, 77 questionnaires ont été appliqués.

Le site « Ciriaco » est réparti entre trois villages, rassemblant environ 400 familles, dont 113 font partie du projet de développement durable. Seul le village de Ciriaco est inclus dans le périmètre officiel de la réserve extractiviste (résex), qui a été considéré comme étant le projet de développement durable en question. Les deux autres villages se trouvent à l’extérieur du périmètre, et leurs habitants ne devraient a priori pas être concernés par le projet. Certains d’entre eux ont cependant été inclus au projet de réserve extractiviste, bien qu’ils ne résident pas dans le périmètre de référence. A l’inverse, certaines familles résidant à l’intérieur du périmètre de la résex ne sont pas bénéficiaires du projet. Au total, les enquêtés se répartissent en 7 noyaux de peuplement (voir carte n° 9).

Carte 9 : Les lieux de collecte des questionnaires Ebimaz et Familia et Moradia à Ciriaco

Dans le premier village, Ciriaco, environ 90% des familles font partie du projet de développement durable. Ce village est composé des localités Centro do Emídio, Povoadinho, Centro, Vila Bigode ainsi que de quelques habitations éparses (hors povoado). Dans les deux autres villages contenant des membres de la résex (Alto Bonito et Viração), la proportion de membres demeure marginale.

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Au cours de la campagne de collecte 2008, Vanusa da Silva Lima (Miqcb/Centru) a participé à l’application des questionnaires, et nous l’en remercions ici. Nous remercions également Céline Raimbert (IHEAL-Credal) de son aide pour la saisie des questionnaires.

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Ainsi, lors de l’application des questionnaires, nous avons essentiellement cherché à respecter la répartition des membres dans chacun des trois villages, en veillant à conserver cette proportion par rapport au nombre total d’habitants. Au final, 83% des questionnaires ont été appliqués à Ciriaco, 9% à Viração et 8% à Alto Bonito. Si au final la proportion de membres et de non-membres s’avère représentative (74% des enquêtés font partie du projet), c’est parce que les non-membres ont été surreprésentés dans le village de Ciriaco, tandis que ceux-ci sont sous-représentés à Viração et Alto Bonito.

Nous n’avons pas réussi à nous procurer une liste exhaustive des résidents au sein de la résex, stipulant si ceux-ci étaient membres ou non du projet de réserve extractiviste. En revanche, une liste des familles membres du projet a pu nous être fournie. Ainsi, afin de procéder à notre échantillonnage, nous avons effectué une sélection aléatoire parmi les membres, et complété celle-ci par des résidents non-membres que le séjour de terrain nous a permis d’identifier.

SELECTION DES REPONDANTS PARTICIPANT AU PROJET DE DEVELOPPEMENT DURABLE

Après avoir déterminé que nous interrogerions 50% des familles participant au projet, nous avons calculé le nombre de familles résidant dans chaque localité. D’une part, la sélection des ménages s’est faite au hasard (les habitants présents à leur domicile lors du passage de l’enquêteur), d’autre part en fixant des rendez-vous avec les résidents rencontrés lors de diverses occasions.

SELECTION DES REPONDANTS NE PARTICIPANT PAS AU PROJET DE DEVELOPPEMENT DURABLE

Ayant perçu que la part des résidents ne participant pas au projet était significative, nous avons décidé d’augmenter notre échantillon de la même proportion. Ainsi, puisqu’il n’existe aucune statistique officielle sur les résidents non-membres, nous nous sommes fiés à une estimation faite par l’autorité de tutelle de la résex, qui évaluait ceux-ci à 20% de l’ensemble sur le site de Ciriaco. Dans ce cas précis, l’application des questionnaires s’est faite exclusivement sur rendez-vous.

REPARTITION HOMME/FEMME

Dans un premier temps, nous nous sommes appliqués à respecter la règle spécifiant d’enquêter uniquement les chefs de familles. Mais il faut retenir que durant la période des activités agricoles, qui a coïncidé avec les deux campagnes d’application des questionnaires, les hommes restent aux champs et ne rentrent au domicile familial que pour y passer le week-end. Pour contourner cette difficulté, nous avons résolu de faire répondre également les épouses responsables du domicile lorsque les époux n’étaient pas présents, tout en veillant à respecter une proportion équivalente d’hommes et de femmes. Par foyer, un seul adulte responsable a répondu au questionnaire.

Tableau 6 : Présentation de l’échantillon Ciriaco Structure par sexe des répondants en 2007

Effectifs Proportion (en %)

Hommes 36 47,4

Femmes 40 52,6

Total 76 100,0

Age moyen des répondants en 2007 (en année)

Hommes 49,9 Femmes 44,4 Total 47,0

Structure par groupe d'âge des répondants en 2007 (en %)

Effectifs Proportion (en %)

– de 45 ans 35 46,1

45 ans et + 41 54,0

Total 76 100,0

Effectifs Proportion (en %)

– de 40 ans 23 30,3

40-54 ans 32 42,1

55 ans et + 21 27,6

Total 76 100,0

Age médian à la première migration : 13 ans

Source : Duramaz, traitement statistique : P. Sébille

C. LES TRAJECTOIRES MIGRATOIRES VUES DE CIRIACO

L’histoire du Ciriaco ressemble à celle de nombreux autres villages de la frontière amazonienne, accueillant des familles de petits agriculteurs fuyant l’aridité nordestine et les grands propriétaires.

La plupart du temps, les petits villages étaient formés par un seul habitant, qui partait d’une rive vers l’intérieur de la forêt et ouvrait une clairière pour y planter ses cultures. De cette façon, ils s’enfonçaient et s’éloignaient des berges du fleuve. D’autres paysans s’en rapprochaient, et de petits villages se créaient ainsi (Lima et Sousa, 2007).

Ainsi, cette région devenue une zone d’arrière-front pionnier a été peuplée à partir de la fin des années cinquante, notamment par des agriculteurs ayant migré à la recherche de terres à cultiver. D’où venaient-ils ? A quelle période, comment se sont-ils déplacés ? Une partie de ces agriculteurs a-t-elle réussi à se fixer en Pré-Amazonie ? Comment se déroule la migration jusqu’à la découverte d’un lieu d’habitation ? Les opérations de régularisation foncière des années quatre-vingts, puis le décret de la réserve extractiviste de 1992 sont-ils à l’origine de flux spécifiques et observables sur notre échantillon ?

Pour apporter réponse à ces questions, la matière première dont nous nous sommes nourris a été composée des entretiens et des questionnaires appliqués sur place. A notre demande, des traitements spécifiques ont été réalisés par Pascal Sébille en plus des traitements propres à la méthodologie Duramaz et communs à tous les sites. Nous avons ensuite traduit ces statistiques originales au moyen de graphiques et de cartes, autour desquels s’articulera notre analyse.

1. Génération égo -1 : l’origine des parents des répondants

Pour comprendre l’ampleur du mouvement de migration, Duramaz a interrogé les enquêtés sur le lieu de naissance de leurs parents. Tous les enquêtés n’ont pas su répondre : certains n’ont vécu qu’avec leur mère, ont perdu leur père de vue, d’autres ne connaissent que l’Etat dont ils sont originaires. Au total, sur 76 enquêtés, 6,58% d’entre eux n’ont su fournir ces renseignements sur aucun de leurs parents, mais de nombreux enquêtés méconnaissent cette donnée de l’histoire de vie de l’un ou l’autre de leurs parents.

L’observation des lieux de naissance des parents confirme l’installation récente des migrants dans la région d’Impératriz. La mobilité fait vraiment partie des histoires familiales, souvent la trajectoire

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migratoire de l’individu s’amorce là où l’a conduit celle de ses parents. L’étude des lieux de résidence des parents des enquêtés permet alors d’avoir une première approche du parcours migratoire familial.

Les cartes n° 10 (A, B et C) nous présentent les municipes de naissance des pères et des mères des répondants du questionnaire Ebimaz ayant su fournir cette information.

Les générations des parents recouvrent une période historique très étendue, allant de la fin du XIXe

siècle aux années soixante du XXe siècle. Les années de naissance des femmes sont un peu plus tardives, et ne remontent pas au-delà de 1900, tandis que certains pères sont nés jusqu’en 1880. Ces générations connaissent un modèle de nuptialité marqué par des écarts d’âge entre conjoints de l’ordre d’une quinzaine d’années et par de grandes fratries (moyenne de six enfants nés vivants par femme).

On observe pour ces générations que la proportion de pères et mères originaires de la région d’enquête, et de façon générale de la pré-Amazonie, est presque inexistante. Quelle que soit la génération, les parents sont majoritairement d’origine maranhense (tableau n° 7) : la région centrale, principale zone de production du babaçu (Lago do Junco, Bacabal, Pedreiras, Fortuna, Peritoró, Paulo Ramos, Vitorino Freire, Bom Lugar et Caxias) est le principal foyer commun aux deux parents (36,5%). Ensuite, 12% d’entre eux sont originaires du municipe de Barra do Corda, dans le sud du Maranhão, qui a été un point important de l’avancée des migrants nordestins à partir des années quarante. On peut donc supposer que leurs propres parents s’y sont installés à cette époque.

Les municipes de São João dos Patos, São Domingos do Azeitão (Maranhão) et de São Pedro do Piauí sont les municipes dont sont originaires les pionniers du Ciriaco et les membres de leur famille qui les ont suivis dans la migration. En connaissant de manière approfondie l’histoire locale, on comprend ainsi les réseaux qui se tissent dans le projet migratoire et permettent de mettre à jour certains courants de migration.

Les origines plus lointaines sont plutôt le fait des pères de répondants. En effet, il semble que les mères sont d’origine plus proche du lieu de résidence que ne le sont les pères. La proportion de

maranhenses est nettement plus élevée chez les mères (67,44%) que chez les pères (50% sont maranhenses, tandis que l’autre moitié se répartit entre le Ceará et le Piauí (38,24%) – confirmant

ainsi les foyers traditionnel de départ des migrations vers le Maranhão –, puis entre les autres Etats du Nordeste et le Minas Gerais).

Ces statistiques corroborent les premières observations d’Ebima selon lequelles les femmes sont moins mobiles que les hommes, et leurs trajectoires migratoires de plus courte distance (Sébille et al., 2005). Les cartes des migrants de Ciriaco montrent en outre que les lieux de naissance des mères se trouvent sur les chemins de migration des hommes, qui s’étirent d’est en ouest. On peut donc supposer que la migration féminine est pour partie liée à la migration masculine, permettant d’envisager que la rencontre avec l’épouse constitue une des étapes de la trajectoire migratoire de l’homme.

Tableau 7 : Etats d’origine des pères et mères des répondants par cohorte

Pères (en %) Mères (en %)

-45 ans +45 ans total -45 ans +45 ans total

Maranhão 57,14 45,00 50,00 80,95 54,55 67,44

Piauí / Ceará 35,71 40,00 38,24 14,29 36,36 25,58

autres (Paraiba, Bahia, Minas

Gerais, Goiás, Pernambouc) 7,14 15,00 11,76 4,76 9,09 6,98

total 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00

La carte n° 3-B laisse apparaître qu’une part conséquente des mères et des pères provient de la région centrale du babaçu, principalement sur l’axe Vitorino Freire-Pedreiras-Caxias. Cela concorde avec l’origine professionnelle qui leur a été attribuée : 94% des mères des répondants dont on connait la profession étaient d’origine rurale, parmi lesquelles 55% étaient reconnues par leurs enfants comme quebradeiras de coco babaçu, contre 39% de simples agricultrices. Les pères sont quant à eux majoritairement agriculteurs : 98% des pères des répondants dont on connait la profession étaient d’origine rurale, et agriculteurs à 95%.

Si bien entendu ces statistiques confirment que l’histoire familiale est fortement marquée par cet ancrage dans le rural, la proportion de quebradeiras de coco permet de mieux qualifier cette agriculture, car cet usage confirme, d’après la relation établie par May (1989), les conditions modestes dans lesquelles vivaient ces familles d’agriculteurs. Rappelons que la casse du babaçu est d’autant plus présente dans les activités quotidiennes que le revenu du ménage est faible.

De plus, cette pratique laisse supposer une transmission de savoir-faire entre mère et fille. En ce sens, et puisqu’il est confirmé que la casse du babaçu s’est diffusée dans la région de résidence au point d’en devenir une activité emblématique, on peut affirmer que la migration n’a pas occasionné de rupture d’activité entre les générations. Au contraire, étant donné la spécificité du babaçu, on peut même affirmer que la migration a contribué à la diffusion de cette pratique dans la région d’implantation. En effet, l’avancée de la frontière agricole se caractérise par d’importants déboisements et par la progression du babaçu dans les paysages. En raison de l’origine des migrants, l’exploitation et la culture du babaçu se sont diffusés en même temps que la ressource se propageait.

2. Les origines d’égo,

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