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CINQUANTE ANS APRES LA MIGRATION

A. CONDUIRE UNE MIGRATION

Comme le montre la carte n° 13, en 1957, les migrants que nous avons rencontrés à Ciriaco sont peu nombreux à avoir amorcé leur histoire migratoire. Néanmoins leur concentration à Caxias, Pedreiras, et Barra do Corda laisse entrevoir les précédentes étapes de l’occupation du terriroire maranhense. A cette époque, la frontière d’occupation est à la hauteur de la vallée du Pindaré, où n’est présent aucun de nos enquêtés. En revanche, les pionniers fondateurs du Ciriaco ont déjà dépassé ce fleuve et atteint les limites de l’Etat.

Dans cette section, nous proposons de changer de focale et de conduire l’analyse à l’échelle de l’individu et de la communauté, mieux adapté pour comprendre les décisions sur lesquelles reposent les actes de migration. Le phénomène migratoire n’est pas qu’un objet d’analyse désincarné, susceptible d’être étudié uniquement à travers des effets de masse et des données de population agrégées. La migration est, à l’échelle d’une vie, un défi au sens propre : pour les hommes et les femmes qui se risquent dans l’aventure, elle demeure toujours une succession d’étapes d’une grande violence, dont l’acceptation repose sur l’espoir de se faire « une situation ».

C’est avec cette foi en l’avenir que Manuel Preto a décidé d’abandonner ses champs du Japão

maranhense46. Avec un de ses jeunes fils, Zeca Preto, qui avait alors quatorze ans, ils sont partis à pied sur les routes, à la recherche de terres nouvelles.

Nous souhaitons accompagner l’itinéraire de cette famille, surnommée Colodino, pour comprendre comment, à une époque donnée, s’envisageait, se construisait et se vivait au quotidien la migration : la décision du départ, le “choix” ou le hasard du nouveau lieu de vie, les conditions matérielles sur place, les nouvelles hiérarchies qui s’y crééent. Tia Maria et Zeca Preto, frère et soeur, fils du pionnier Manuel Preto, sont les narrateurs de leur histoire, dont le récit ponctuera cette section.

Le couple formé par Tia Maria et son époux est maintenant l’autorité morale inconstestable de la communauté de Ciriaco ; leur maison en est d’ailleurs – comme fait exprès ? – le point centroïde presque parfait. La personnalité de Zeca Preto est plus contestée. Il a l’esprit bien plus politique que sa soeur, ce qui aujourd’hui lui vaut de nombreuses inimitiés dans le village. Tous deux, comme tous

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Sans connaître l’origine de ce surnom, le terme Japão Maranhense, ou simplement Japão est utilisé pour faire référence à la zone comprise dans le triangle entre les municipes de Caxias, São Domingos do Zé Feio et Presidente Dutra.

Nous pouvons tenter une explication de ce surnom à partir des éclairages apportés par M. Chaui (2000) sur la signification biblique de l’Orient. Selon elle, l’évocation de l’Orient dans les journaux de bord des explorateurs et missionaires était associée à la recherche du Jardin d’Eden, que la luxuriance des forêts brésiliennes incarnait. Le livre de la Génèse affirmait que le Paradis Terrestre, terre de lait et de miel, coupé par quatre grandes rivières, se localisait en Orient. A cette époque, l’Orient etait alors représenté par le Japon, la Chine et l’Inde. En ce sens, le nom donné quelques siècles plus tard au « Japão » maranhense peut évoquer la prospérité que les migrants avaient recherché dans cette zone, lors de son occupation.

Chapitre II – Migrations et peuplement – Enquêtes biographiques à Ciriaco

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les membres de cette famille, sont d’excellents conteurs, dont la faculté de mémoire et le sens du détail sont proprement déconcertants. Mais chacun ne sait pas raconter la même histoire. Tia Maria sait parler de son père, des détails du quotididen, mais pas de ce qui se passe au-delà de la communauté. Zeca Preto a une vision plus large, plus ample qui lui permer de recadrer ses actions (la migration, la délimitation de la terre) par rapport à d’autres acteurs. Ces visions du monde, qui se traduisent par le récit, expriment la position qu’ont occupée chacun de nos conteurs. La femme est centrée sur le foyer et l’aspect domestique de la vie familiale, tandis qu’à l’homme revient la responsabilité de gérer la place du ménage dans l’espace local et régional. Tia Maria exprime ici une vision chrétienne de la colonisation spontanée, selon laquelle il faut « affronter la vie, l’adversité », souffrir pour faire fructifier la terre et « produire une famille », tandis que Zeca Preto développe une vision stratégique de l’affrontement entre acteurs, des jeux de pouvoirs. Et sait se replacer dans l’échiquier – et tirer son épingle du jeu. Il a d’ailleurs une façon étonnante d’aborder chaque narration : ses premiers mots sont toujours des dates au jour près ou les noms complets des personnages dont il va parler, ce qui est rare dans les récits des caboclos. Obsédé par les détails administratifs, il conserve chez lui des quantités de papiers et de coupures de presse, dont on a l’impression qu’il les a appris par cœur, alors qu’il sait à peine lire.

En dépit de ces différences, nos deux narrateurs, en retraçant l’histoire familiale, nous montrent à part égale de quelle manière les deux parcours, celui d’une vie et celui d’un lieu peuvent être intimement liés. Ravivant la mémoire de leur père, de la migration initiale et de l’installation, ils relatent inévitablement l’histoire de l’organisation de l’espace local, donnant les éléments pour comprendre la mise en place du peuplement ainsi que les trajets des premiers migrants, qui étaient tous de filiation proche.

1. « Vamos pra Amazônia »

Au début des années vingt, les petits agriculteurs du Piauí et du Ceará sont nombreux à quitter leur sertão natal, abandonnant des terres d’agriculture traditionnelle et extensive, marquées par la pratique du métayage, le paternalisme des fazendeiros et les sécheresses. Après avoir atteint le municipe de Caxias ; deux décennies plus tard, au début des années quarante, ils pénètrent dans la régions des Cocais. Par le sud, un autre courant de migration avance d’est en ouest en suivant le chemin des bœufs qui, dès le XIXe siècle, progressent vers le Tocantins à la recherche de pâturages mieux fournis. Ces voies s’accompagnent de la création de noyaux urbains, gîtes-étapes qui, en s’étoffant, accèdent au statut de vila et par la suite à celui de cidade : Grajaú, Barra do Corda mais aussi Carolina et Porto Franco, points de traversée au bord du Tocantins. A la fin des années cinquante, ces villes ne constituent déjà plus des lieux de destinations mais plutôt des étapes temporaires ou des foyers de départ des itinéraires de migration.

Quelles que soient les conditions dans lesquelles ont lieu le départ, sous le coup d’une expulsion ou du propre chef du migrant, dans l’imaginaire nordestin, la migration vers l’ouest comporte une double dimension mythique (Sader, 1986). Les terres vierges sont à la fois des terres de liberté (terra

liberta, en opposition à la terre de sujétion [terra de sujeição]) sur lesquelles l’agriculteur sera

affranchi de la domination du patron ; mais les terres vierges sont aussi des terres vertes, fertiles, en opposition avec les sécheresses du sertão.

Le processus migratoire se double pour certains d’une dimension religieuse, observée par Sader (1986) essentiellement chez les piauienses ou leurs descendants, ainsi que chez les maranhenses du nord-est et du centre de l’Etat. La prophétie des bandeiras verdes, annoncée par le Padre Cícero – le grand prédicateur du Nordeste – évoque la migration comme la solution de Dieu à la misère. Ce mythe, qui évoque un fleuve à traverser et une forêt à atteindre pour accéder à la prospérité, est une transposition de la recherche du Jardin d’Eden évoquée dans la Bible. Pour certains, ces fleuves mythiques qui protègent cette terre de cocagne seront le Parnaíba, le Mearim ou les Tocantins ; les forêts ont pu être représentées par les babaçuais ou les forêts humides.

Tia Maria

Nous sommes venus ici, en Amazonie. Parce qu’ici c’est déjà l’Amazonie. Et c’est aussi le Maranhão. Là-bas, au Japão, on appelait Imperatriz la porte de l’Amazonie. Je ne sais pas d’où ils tiennent ça, ils ont cette tradition de dire « allons en Amazonie ». Et nous aussi on pensait que l’Amazonie pouvait nous accueillir. Pour nous c’était déjà la fin du monde. Mais le monde n’est pas si loin. C’est loin en fonction des moyens avec lesquels tu marches. N’importe quel endroit peut être ta fin du monde si tu n’as pas d’argent. Sinon, tu arrives partout.

Nous sommes arrivés aux Frades en 1956. Parce que mon père, là-bas d’où on venait, il était métayer. On ne pouvait jamais profiter de la récolte complète. Le riz, le maïs, ça allait... mais les fèves par exemple, le manioc, on ne pouvait en cueillir que la moitié, le reste restait sous terre, et le bétail du patron le mangeait.

Un jour mon père s’est indigné et il a dit : « je pars à la recherche d’une terre pour nous tous. Et Dieu m’est témoin qu’avant de mourir, j’aurai réussi à établir ma famille dans un endroit où elle pourra travailler pour elle-même, sans être dépendante des autres. »

Il est parti sans destination, mais il est parti. Sur le chemin, il a entendu parler d’Imperatriz. Il était parti avec Zeca Preto qui avait 14 ans, et ils ont marché pendant trois mois. Moi je suis resté à souffrir avec ma mère, et avec les autres qui sont restés.

Ce premier voyage qu’il a fait avec le gamin, il est venu pour découvrir un lieu. Mais ils ne sont pas partis avec l’idée de venir à Imperatriz. C’est en route qu’ils ont trouvé l’itinéraire qui les a fait arriver ici. Ils sont partis, ils ont marché... ils travaillaient 15 jours par ci, une semaine ailleurs. Et c’est comme ça que se sont passés les trois mois de voyage, depuis le Japão jusqu’ici.

L’interdiction de planter des cultures pérennes ou de cycle long est une des conditions imposées au métayer. Les cultures de cycle court (riz, maïs, haricot) sont autorisées car elles n’immobilisent pas la terre sur une longue période. Si la récolte de l’agregado n’a pas été cueillie à temps, lorsque le bétail est réintroduit dans les champs pour y paturer, le patron ne l’empêchera pas de brouter les plantations... Ainsi, alors que les produits de base manquent, la dépendance au patron des terres s’exprime souvent par des rapports de domination, et des situations de violence physique ou symbolique, comme l’attestent les épisodes du bétail dans les roças, déjà commentés au premier chapitre.

Animé de ce rêve d’indépendance propre à la condition des agregados, Manuel Preto a préféré le risque et l’aventure à l’injustice de sa condition, préférant tout abandonner pour tenter la chance. Il interprète une maladie subite comme un signe qui lui est envoyé pour annoncer son propre départ. Ce départ « volontaire » semble confirmer la théorie d’une « colonisation spontanée », qui se caractériserait par l’établissement de groupes humains [...] avec leurs propres moyens et selon leur

propre initiative en opposition avec la colonisation dirigée ou planifiée qui implique une action volontariste et orientée par l’Etat, qui au minimum déterminera la zone à occuper et le profil de population (Hébette et Marin, 1979). Néanmoins, ces auteurs remettent en cause la nature

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« volontariste » ou « spontanée » de ces migrations, considérant que les conditions de vie misérables qui caractérisent les lieux d’origine des migrants constituent un moteur de départ aussi puissant que la propagande du gouvernement ou une politique de colonisation.

Jusqu’aux années cinquante, la pénétration dans la forêt des essarteurs se déroule sans qu’existent

les infrastructures de transport qui l’orienterait (Bitoun, 1980 : 58). Pour pallier à l’absence de cette

route qui conduirait les migrants vers des lieux de destination pré-établis, Manuel da Conceição (1980) explique de façon détaillée de quelle manière se passe l’échange d’information sur les lieux à fréquenter : lorsque les migrants arrivent dans un village, ils choisissent une maison et demandent à y être hébergés pour la nuit. A la question naturelle posée sur le lieu de destination, la discussion s’amorce alors sur les qualités (présence d’eau, de terres libre, etc.) et les inconvénients (maladie, patron, etc.) de ladite destination ; certains en feront l’éloge, d’autres la condamneront, d’autres encore apportent des conseils sur les directions à prendre dans la recherche de ce lieu où il fera bon vivre. Tout le voyage est ainsi ponctué d’encouragements et de découragements.

A défaut d’autres source d’information, le bouche à oreille joue un rôle déterminant dans la prise de décision, particulièrement pour ceux, comme Manuel Preto, qui recherchent un lieu à occuper, et parcourent les routes sans point d’arrivée précis. On se rend compte combien, dans ce contexte, le moindre renseignement ou perspective d’un lointain parent, puisse être précieux. On peut également entrevoir à quel point le hasard des rencontres, ainsi que la bonne ou la mauvaise fortune peuvent jouer un rôle important dans le succès de cette migration.

2. Imperatriz, terre de promesses

La ville d’Imperatriz, une fondation impériale de 1852 destinée à exercer un contrôle aux confins des provinces du Grão-Pará et du Maranhão, fut elevée au rang de vila en 1868. Imperatriz s’est développée doucement d’autant plus que la vallée du Tocantins reste mal contrôlée et peuplée de façon éparse ; Bitoun (1980) parle d’un sertão reconnu par les expéditions, vaguement occupé et peu exploité.

Jusqu’au milieu du XXe siècle, les principales relations commerciales se font par le fleuve Tocantins avec le Pará et Goiás, car la communication avec le Nord de l’Etat est difficile à cause de la forêt pré-amazonienne. Imperatriz reste une place commerciale secondaire, mais la condition de port lui a permis de conserver une certaine attractivité commerciale. En 1924, la vila acquiert le statut de municipe et atteint quelques milliers d’habitants.

En 1950, 14 000 hommes y sont recensés. En 1953, la consolidation de la route remplaçant la piste du télégraphe entre Imperatriz et Grajaú, a provoqué un sursaut commercial de la ville qui, grâce à cet axe, gagne une certaine notoriété parmi les migrants de la région du Mearim qui commencèrent à occuper les terres libres du municipe (Franklin, 2005).

C’est dans ce contexte que se situe la migration des Colodino. La ville est alors en plein essor, la région est d’autant plus attractive que les autorités locales sont en demande de main-d’œuvre. Le maire prend en charge les migrants et les met au travail sur ses terres. Bien avant le babaçu, la castanha do Pará, récoltée dans les domaines de Marabá (castanhais, chataigneraies) puis acheminée par le fleuve Tocantins, constituait la principale richesse extractiviste de la région. C’est à ce travail que se sont employés Zeca Preto et son père à leur arrivée dans la ville.

Zeca Preto

Nous sommes arrivés à Imperatriz en décembre 55... nous avons cherché la maison du maire, à cette époque il s’appelait Anthenor Bastos. Alors il nous a accueillis, et nous a mis au travail : dans le Pará, on allait cueillir la castanha. Jusqu’en février 56. Là, on est montés à Imbiral, près d’Imperatriz et c’est là que le maire a dit : Manuel, on va à Viração, on récoltera les noix là-bas, dans le petit Castanhal. Alors on y est allés, on a profité que les indiens n’étaient pas là parce qu’ils revenaient seulement en avril. En février et mars, le Castanhal était à nous. Alors on a récolté la castanha ici, à la Ponta Grossa. A cette époque, on habitait de l’autre côté du fleuve, du côté du Goiás, à Sampaio.

Un jour, mon père a inventé d’aller chasser du côté du Maranhão. Et il a vu des manguiers, et il a enquêté : comment se fait-il qu’il y a des manguiers ici ? « Ah !!! là... c’est les Frades, ça fait 40 ans que c’est abandonné... ». Alors il est allé y faire un tour... et on est venus par ici, on a ouvert une première roça. J’y travaillais le jour et la nuit je dormais dans le Goiás. Parce qu’en fait c’était là que les indiens restaient.

Dans la phase d’occupation qui précède l’ouverture de la route Belém-Brasília et de ses routes secondaires (Trecho Seco-Marabá – route MA-125), le fleuve Tocantins demeure le principal axe de circulation vers les châtaigneraies de Marabá, mais aussi pour les agriculteurs qui s’établissent sur ses berges.

Les parties de chasse sont souvent présentées dans les récits de vie comme des sorties d’exploration et de reconnaissance du territoire, souvent à l’origine de l’installation d’un groupe dans une zone jugée favorable. A l’occasion de ces sorties, les lieux parcourus sont nommés, le plus souvent en faisant référence à un élément de la faune ou de la flore (Coco Redondo, Pequiá, Marrecos, Viração), à un événement vécu (Macaco Assado, Gavião). Le hameau des Frades quant à lui doit sont nom à son origine, ayant été fondé au XVIIIe siècle par les pères jésuites (Asselin, 1982). En effet, la présence des manguiers, qui ne se développent pas naturellement dans la forêt primaire, a permis d’identifier une zone qui avait déjà été préalablement occupée. Pour être exact, on retrouve les traces de certains villages des berges du Tocantins au début du XXe siècle, mais les habitants en auraient été chassés par les indiens, et les rives seraient demeurées inhabitées (par peur des fantômes [visagens]) pendant près de quarante ans, jusqu’à l’arrivée de la famille de Manuel Preto.

C’est de cette façon que Zeca Preto et son père ont « découvert » le lieu de leur utopie. Après quelques temps passés en ville, tout en gagnant de quoi survivre, les hommes explorent la zone à la recherche d’un lieu propice à l’installation. Celui-ci a été “testé” le temps d’une récolte, au terme de laquelle le père est parti chercher sa famille, pour l’y installer.

3. L’installation des familles

Tia Maria

Deux ans sont passés. Eux là-bas et nous sans nouvelles. Avec des enfants tout petits, des gamins, ma mère a beaucoup souffert, elle était morte d’inquiétude. Mais on survivait à chaque jour.

Au bout de deux ans, il [Manuel Preto, le père] est apparu. C’était en juillet puisqu’on avait déjà sarclé la terre, vers le 15. On était en 57. Quand il est arrivé, ma mère ne pensait même plus qu’il reviendrait un jour, on ne l’attendait déjà plus.

Si la route comporte sa part de souffrance – et d’aventure –, aux femmes revient la peine quotidienne de nourrir les enfants. Pour les aider dans cette tâche, on faisait parfois venir d’autres villages des jeunes neveux ou cousins, afin de soutenir les femmes dans les travaux agricoles. Mais

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celles-ci ne pouvaient partager avec personne leur décision de respecter ou non le serment de Pénélope, attendant le retour de son époux, qui reviendra chercher la famille ou succombera aux sirènes de l’Ouest.

Tia Maria

Quand papa est venu nous chercher, il nous a prévenus : « On va là-bas mais... c’est un endroit dangereux... tout ce que vous y trouverez ce sont des jaguars [onça] et des indiens. Un paquet d’indiens. Alors mes amis, nous allons souffrir. » Mais comme lui, on a pris le risque. Il nous a dit : « c’est le lieu que j’ai trouvé, que j’ai choisi, pour qu’on s’y installe et qu’on vive ensemble... loin de cette infamie du

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