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Les colons se déplacent en masse, dans un mouvement d’occupation spontanée35 ou en direction des zones de colonisation publiques et privées qui se multiplient le long des routes36. Le mouvement est tel qu’en 1975 la pression démograhique dans le Maranhão amazonien (à l’ouest du 44e parallèle) est déjà très forte : 2,2 millions d’habitants y sont recensés, ce qui au total représente 29% de la population de l’Amazonie légale, alors que cette région ne couvre que 5,3% de la superficie totale. Les densités y sont également sensiblement plus fortes que dans le reste de l’Amazonie : 8,52 hab./km² dans la partie maranhense contre une moyenne de 1,55 hab./km² ailleurs (IBGE). Photo 8 : Vers Belém ... Trois fois par semaine à 80 km/h

Jusqu’à la construction des routes, les pénétrations se faisaient par les fleuves (Droulers, 1995) ou au rythme des essarteurs, qui frayaient leur chemin à la machette. Avec l’ouverture des routes au trafic, des lignes de bus s’organisent (photo n° 8), les camions dits

pau-de-arara amènent des

familles entières sur des centaines de kilomètres à travers les pistes. Les axes routiers renouvellent totalement la géographie de l’Amazonie, orientant ainsi les mouvements des migrants qui auparavant se faisaient sans axes directeurs. De fait, la population se concentre le long des axes routiers, d’une part parce qu’ils facilitent l’accès à la région, mais surtout parce que leur proximité facilite l’écoulement des produits agricoles sur le marché (Sawyer, 1984).

LA COLONISATION SPONTANEE LE LONG DE LA BELEM-BRASILIA (BR-010)

Les travaux de la BR-010 débutent en 1956. Elle est ouverte au trafic en 1960 et asphaltée en 1974. Route pionnière, route de « l’unité nationale » (CERBB, 1960) ; la colonisation des abords de la Belém-Brasília recouvre des expériences de tous types : dirigées et spontanées, réussies ou non (Droulers, 2001), l’ouverture de la route a également entraîné dans son sillage une grande vague d’appropriation frauduleuse de la terre (Sader, 1986).

La construction de la route est à l’origine d’un afflux de migrants considérable dans une zone quasiment inhabitée, mais seule une minorité des colons s’y est fixée de façon définitive en raison du manque d’assistance de l’Etat ou des pressions exercées sur la propriété (Martine, 1978). Le phénomène migratoire le long de la BR-010 a deux traits caractéristiques. D’une part, une forme d’occupation spontanée (Becker, 1986) et d’autre part un rapide départ des agriculteurs. En effet, ceux-ci ont vite manqué de terres en raison de leurs pratiques agricoles traditionnelles, c’est-à-dire

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Colonisation spontanée : les décisions initiales quant aux lieux et aux formes de l’installation ne sont pas encadrées ni orientées par le Gouvernement (Martine, 1978 : 62).

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On parle alors de « colonisation dirigée », qui résulte de l’intervention des pouvoirs publics dans l’objectif de fixer l’homme à la terre, en distribuant les terres libres, découpées en « modules » ruraux pré-établis (Martine, 1978 : 62).

Chapitre II – Migrations et peuplement – Enquêtes biographiques à Ciriaco

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reposant sur la rotation des cultures et l’incorporation de terres vierges. Entre-temps, les terres libres restantes ont rapidement été appropriées par les latifundiaires, dont les propriétés se sont étendues à mesure que les sols s’épuisaient, conduisant au départ de la majorité des petits colons (Bitoun, 1980). Le départ des petis agriculteurs découle essentiellement de la consolidation des latifundios, tandis que dans les expériences de colonisation dirigée (plus spécifiques à la BR-230 ou la BR-364), la re-migration des petits agriculteurs résulte du morcellement des lots, qui peinent à retenir leur colons plus d’une génération (Martine, 1978).

LA TRANSAMAZONIENNE (BR-230)

En 1970, dans le contexte de la grande sécheresse qui affecte le Nordeste, la construction de la Transamazonienne et la politique de colonisation qui l’ont accompagnée ont été médiatisées à grand renfort de propagande (Kleinpenning, 1981) vantant les objectifs sociaux de la route, qui devait favoriser les petits agriculteurs et ainsi soulager les tensions sociales de la région semi-aride (Mahar, 1979).

La BR-230 a été voulue comme le support d’un programme fédéral de colonisation de grande ampleur. Exprimé par le Programme d’Intégration Nationale (PIN, 1970-1974), celui-ci consistait basiquement en l’installation de petits colons dans des lots de 100 ha situés de part et d’autre de l’axe routier. Sous la gestion de l’Incra – alors rattaché au Ministère de l’Agriculture –, l’objectif initial était d’installer 100 000 familles pauvres en quatre ans, un million avant 1980 (Cardoso et Muller, 1977), même si au final le dispositif a concerné moins de 10 000 familles (Léna, 1986).

Effet réussi de la propagande, mais aussi conséquence de la précarité des conditions de vie des nordestins, le programme se retrouve rapidement confronté à un phénomène d’exode massif et spontané, dépassant largement les capacités d’action de l’Incra : pour chaque famille placée par l’Incra, quatre se sont installées d’elles-mêmes (Sudam apud Martine, 1978).

En l’absence d’assistance gouvernementale, [ces familles] se sont installées de façon précaire sur des terres jusqu’alors inoccupées, et sont par la suite entrées en conflit avec les agences du Gouvernement et avec les entreprises qui, attirées par les promesses fiscales, s’y étaient établies

(Martine, 1978 : 68).

D’autre part, le modèle urbain hiérarchisé (agrovilas, agropoles et ruropoles) qui devait regrouper les infrastrucures de soutien aux colons s’est révélé mal adapté et n’a pour l’essentiel jamais été mis en place (Moran et McCracken, 2004).

L’inégale qualité des sols, la précarité des infrastructures, le manque d’appui technique agricole, et d’une façon générale les difficultés de la vie quotidienne (santé, éducation, habitation) ont conduit au départ d’une grande partie des familles qui avaient réussi à s’installer.

Cet ensemble de facteurs structurels, ajoutés aux caractéristiques inhospitalières et insalubres de la région, ont eu pour conséquence qu’un nombre considérable de colons placés par l’Incra ont migré à nouveau, à la recherche de meilleures opportunités économiques. Sous un autre aspect, ces mêmes problèmes, à l’origine de la « désastreuse récolte de 1972-1973 » ont contribué au fait que les projets de colonisation perdent leurs appuis politiques. De fait, le Gouvernement a pratiquement abandonné ses ambitions de coloniser l’Amazonie par le biais des petits producteurs. Au lieu de cela, il a rationalisé l’économie de la région grâce aux moyennes et grandes entreprises (Martine, 1978 : 71).

Ainsi, le programme de colonisation a rapidement réorienté ses objectifs, au profit d’une classe capitalisée originaire du Centre-sud. Des politiques d’aides fiscales destinées à attirer les entreprises rurales en Amazonie sont gérées par la Sudam, la Sudene et Suframa, ainsi que les programmes industriels et agricoles (ProTerra, Polamazonia), suscitant notamment des vocations de fazendeiros. Comme nous l’avions abordé lors du chapitre I, et comme le chapitre III l’illustre, les aides publiques

ont un double effet sur la formation et la consolidation de la grande propriété amazonienne. D’une part, les propriétaires déjà présents se transforment en éleveurs saisissant le coche des aides fiscales dirigées vers ces activités. D’autre part, les individus qui jusqu’alors ne possèdaient pas de terres, mais souhaitent bénéficier des aides publiques, prennent possession des terres amazoniennes (Taravella, 2008), substituant l’occupation sociale par l’occupation économique et entraînant bien souvent des conflits avec les petits producteurs.

LA CUIABA-SANTAREM (BR-364)

La population de l’Etat du Rondônia, qui atteignait à peine 36 000 âmes en 1950, triple en vingt ans du fait de l’ouverture la route reliant sa capitale Porto Velho à Cuiabá (Mato Grosso) assurant ainsi l’intégration avec les marchés du Centre-sud. En 1980, la population était estimée à 500 000 personnes (Théry, 2000). La colonisation y débute par une phase d’occupation spontanée. Face au désordre qui s’installe, en 1970, l’Incra pense pouvoir remédier à la situation grâce à un programme de colonisation (Projet Intégré de Colonisation d’Ouro Preto - PIC Ouro Preto). Mais une fois encore, l’Incra est dépassé par l’afflux spontané de migrants, d’autant plus massif que la colonisation le long de la Transamazonienne est réorientée vers les entreprises capitalisées (Sawyer, 1984) ; à cette époque, des spéculateurs convoitent les terres, des conflits émergent. De fait, le Rondônia devient une des dernières alternatives pour les petits agriculteurs à la recherche de terres, mais les perspectives d’acquisition déclinent rapidement ; Martine (1978) évaluait déjà en 1977 à 30 000 le nombre de familles en attente d’un lot (contre 28 000 installées par l’Incra, parmi lesquelles seules 45% étaient réellement régularisées), tandis qu’en 1986 Coy comptait 63% de sans-terres dans son échantillon d’interviewés.

Parallèlement aux programmes officiels de colonisation, un certain nombre de phénomènes ont contribué à renforcer l’attrait de la région, particulièrement pour un public de jeunes hommes. S’employer sur les chantiers de construction est une stratégie idéale pour explorer une région. De nombreux villages se sont formés à partir de l’installation de travailleurs employés aux travaux de la route : lorsque l’équipe quitte le campement, certains décident d’abandonner le chantier et se fixent sur place (Rodrigues, 1978). Les grands chantiers des foyers industriels ont eux aussi drainé un afflux considérable de main d’œuvre : en 1982, l’usine hydroélectrique de Tucurui amène 15 000 hommes ; l’ouverture de la mine de Carajas

et la construction de la voie de chemin de fer Carajás-Itaqui, 30 000 (Ab’Saber, 2004) ; tandis que les pôles sidérurgiques d’Açailândia (1984) et Marabá (1986) promettent 35 000 emplois directs et indirects (Asica, 2000).

A côté de ces chantiers planifiés, les sites d’orpaillage représentent une solution d’emploi pour tout un contingent d’hommes à la recherche de terres ou pour des agriculteurs en difficulté.

Photo 9 : un hameau en bordure de route

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Entre 1982 et 1986, 30 000 à 50 000 hommes ont fréquenté la Serra Pelada (Mathis, 1997). Les chantiers ruraux également pouvaient constituer des motifs d’attraction : les travailleurs, souvent de jeunes nordestins, étaient attirés par des intermédiaires surnommés gato37, qui les emmenaient dans des fazendas pour y réaliser les travaux de déboisements. Une fois les opérations terminées, les employés restaient dans la région, et devenaient posseiros sur des terres inoccupées (Valverde et Freitas, 1980).

1. Mécanismes de « l’expansion pionnière »

L’avancée pionnière procède par vagues (Droulers, 1979), refoulant à chaque ondulation son quota de petits agriculteurs qui n’ont pas réussi à se stabiliser. La structure temporelle de la fontière est définie en trois temps (Monbeig, 1981 ; Léna, 1992b), chaque étape marquant les paysages de son empreinte et se caractérisant par un changement de profil socio-économique des colons.

Les premiers arrivants, les pionniers, sont généralement les paysans les plus pauvres qui cherchent sur de nouvelles terres à échapper à leur condition et à leur misère. Ce premier flux de peuplement est à l’origine d’une rapide expansion démographique, entraînant une occupation relativement dense de l’espace par les petits agriculteurs. Les terres ne sont pas encores limitées, et en général les petits agriculteurs se préoccupent peu de leur statut sur la terre ou d’en légitimer la propriété. Les habitants se répartissent en centros, des agglomérats ruraux qui croissent autour des établissements agricoles. Certains disparaissent à mesure que les terres s’épuisent, et renaissent un peu plus à l’ouest au rythme des paysans qui se déplacent en direction de nouvelles terres à défricher ; d’autres centros développent une dynamique agricole, réussissant à en stabiliser les occupants pour un temps. Mais à chaque cycle de défriche-brûlis, la forêt s’éloigne, les terres agricoles s’épuisent, de sorte que les agriculteurs se retrouvent en demande permanente de terres. Au fur et à mesure que les conditions d’accès s’améliorent, un marché foncier se constitue, les terres acquièrent plus de valeur, particulièrement celles déjà déboisées, qui se valorisent plus vite que l’inflation (Fearnside, 1991). Une deuxième vague de colons s’installe alors, au profil différent pour qui la notion de propriété est primordiale :

Des fortunes inégales, mais sachant lire et écrire, habitués aux affaires et aux relations avec les administrateurs, ils savent obtenir des titres de propriété en face desquels les droits de « possession » de leurs devanciers ne font pas le poids (Monbeig, 1981 : 56).

C’est à cette période qu’éclatent les conflits fonciers les plus aigus, découlant notamment de l’apparition de faux titres de propriétés. Tandis que la concentration foncière se développe, une partie de la première vague de colons est progressivement remplacée par de nouveaux arrivants (Schmink et Wood, 1992).

Le départ des premiers colons fait écho à trois types de phénomènes : les échecs agricoles ou les expulsions souvent violentes – voire sanglantes – liées à l’appropriation frauduleuse, à la concentration de la terre et à la spéculation foncière. Le départ peut aussi résulter d’une décision délibérée du colon de revendre la terre mise en valeur à des nouveaux venus ou à des voisins plus prospères dans le but de constituer un capital :

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Dans les zones de colonisation, le principal retour sur investissement que le colon peut recevoir ne provient pas de la vente de la production agricole d’une année sur l’autre, mais bien de la possibilité de vendre son lot à un prix plus élevé (Fearnside, 1990 : s/n).

En investissant le capital ainsi constitué dans la production, la plus-value réalisée constitue pour le producteur une opportunité de commencer une nouvelle expérience dans une zone de colonisation où les terres sont moins onéreuses. Quel que soit le montant de son épargne, par la migration et la revente de la terre, il accède ainsi au statut de “producteur capitalisé”, et peut envisager de développer des cultures plus rentables (cacao, ananas, pastèque).

A travers cette dynamique de rachat/substitution, le marché des terres se durcit, il devient alors de plus en plus difficile pour les paysans les moins capitalisés de s’acheter un lot (Ozório de Almeida et Campari, 1995). En tout état de cause, selon Fearnside (1991), pour autant que le système d’agriculture itinérante sur brûlis soit susceptible d’alimenter des populations peu denses (indiens,

ribeirinhos), il est pour plusieurs raisons voué l’échec dans un système pionnier :

la pression démographique, la demande accrue engendrée par les besoins monétaires, le préjugé négatif à l’encontre des personnes possédant de la forêt secondaire sur leurs lots et les motifs à caractère spéculatif induisent à planter des pâturages au lieu des cultures vivrières ( : 248).

Au troisième stade pionnier, les infrastructures régionales s’améliorent, les marchés économiques se développent, la concentration foncière s’intensifie. L’économie régionale est alors dominée par la grande propriété d’élevage, les pâturages remplacent progressivement les zones forestières qui auraient subsisté.

Deux citations nous serviront à résumer le paradoxe de la frontière amazonienne :

Une partie de cette population expulsée cherchera a accéder à de nouvelles terres libres plus éloignées, en évitant ainsi l’entrée sur le marché du travail urbain. Dans leur mouvement centrifuge en quête de terre, ces migrants produisent ce qu’il est convenu d’appeler « l’expansion de la frontière agricole »

(Léna, 1992 : 581).

Le travail des pionniers entraîne une valorisation de la terre qui, plus que d’enraciner le petit propriétaire, l’incite à déménager (Monbeig, 1981 : 56).

Que leur arrivée puis leur départ soit provoqué par la force ou par la raison, dans l’Amazonie pionnière, les premiers arrivés se trouvent être également les premiers partis

2. Evolution des formes d’interprétation de la migration

Au cours de ces cinquante années, en même temps que les formes d’occupation, le regard des analystes sur le phénomène migratoire amazonien a évolué, permettant de distinguer deux grandes périodes.

a. L’identité migratoire résignée/subie

Martine (1978) estime que le départ des agriculteurs des zones de colonisation récente est le reflet des difficultés rencontrées : manque d’infrastructures locales, appui insuffisant de la part de l’Etat en termes de soutien à la commercialisation et de structures sociales (santé, éducation). Modèle inadapté (hiérarchisé et paternaliste) et mal géré par des autorités en conflit avec leurs propres objectifs (absorber l’excédent rural pauvre ou contribuer au développement capitaliste ?). Pour cela, il utilise les termes « expulsion des agriculteurs des zones rurales » : la tournure passive insiste sur la

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dimension subie de la migration. Expulsion symbolique (changement du public-cible sur la Transamazonienne) ou physique, liée à l’appropriation frauduleuse et à la concentration foncière ; le petit agriculteur est l’objet de pouvoirs et de violences qui le dominent, et réagit par la migration au gré de ces stimulus. L’instabilité des petits paysans reflète leur vulnérabilité.

Dans cette logique, pour tout un groupe d’auteurs (Valverde, Hébette et Acevedo, Ianni, Martins, Silva, etc.), la migration vers la ville est une solution de repli pour des migrants qui ont été expulsés des zones rurales ou n'ont pas eu accès à la propriété. En ce sens, l'urbanisation accélérée de la frontière amazonienne est également entrevue comme l'échec du « projet d’autonomie » envisagé à travers la migration vers la frontière et de l’échec de la colonisation de la région par la petite agriculture ; elle symbolise le rapport de domination dont les petits agriculteurs sont les victimes ainsi que leur exclusion de l’accès à la terre. La persistance de nombreux conflits fonciers a conforté ces analyses, qui fonctionnent sur la base expulsion/résistance à l’expulsion.

Ces analyses, un peu datées, portent l’empreinte des conflits sociaux des années quatre-vingts ; elles correspondent à une étape de l’avancée pionnière, celle qui suit la première colonisation et qui

précède l’arrivée de familles légèrement plus capitalisées (Arnauld de Sartre, 2003 : 167).

Jusqu’alors, les agriculteurs familiaux étaient appréhendés comme un « tout » social, comme un groupe homogène répondant aux mêmes stimuli. Déjà, dans la seconde moitié des années quatre-vingts, d’autres approches émergent, insistant sur le processus de différenciation des familles paysannes (Becker, 1986 ; Léna, 1986). A partir des années quatre-vingt-dix, des analyses à plus grande échelle, plus localisées, discutent la diversité des types d’agriculteurs, qui se singularisent par leurs valeurs agricoles, familiales et patrimoniales (Albaladejo et al., 1996 ; Albaladejo, 2001 ; Arnauld de Sartre, 2003) et par leurs stratégies d’accumulation (Léna, 1992b ; Grandchamp-Florentino, 2001).

Plutôt que de considérer les paysans comme un objet global, aux comportements homogènes [...] et inexorablement soumis à des forces extérieures, il parait plus fructueux de raisonner en termes de stratégies, d’histoires de vie et de trajectoires sociales, concepts qui permettent de réintroduire la diversité des démarches individuelles tout en recherchant les ressemblances (Léna, 1992b : 218).

Le portrait des migrants de la frontière amazonienne gagne en précision, et la description se fait volontiers au niveau du noyau familial, qui est identifié comme l’échelle d’analyse pertinente pour capter les logiques internes conduisant aux décisions de migration ou d’organisation de la parcelle (Grandchamp-Florentino, 2000 ; Moran et McCracken, 2004).

b. La décision de migration répond à des stratégies conscientes et

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