• Aucun résultat trouvé

Faire entrer l’Ecole dans l’ère du numérique

3. La formation au numérique responsable dans les programmes disciplinaires et les plans nationaux

3.2. Faire entrer l’Ecole dans l’ère du numérique

Suite à la concertation pour la refondation de l’Ecole de la République de 2012, une nouvelle loi d’orientation et de programmation est votée et publiée au journal officiel le 9 juillet 201317, année scolaire 2012/2013 au cours de laquelle nous effectuons notre travail de recherche et la diffusion de notre questionnaire en ligne ainsi que les observations de pratiques de régulation.

Cette loi de programmation comporte deux volets qui nous intéressent spécifiquement : la création des Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education (ESPE) et un axe numérique conséquent intitulé « Faire entrer l’Ecole dans l’ère du numérique ».

Le numérique responsable au cœur de la réflexion

Tout d’abord, nous reviendrons sur les éléments de la concertation qui ont précédé la loi de programmation et se déroulent en même temps que la mission parlementaire Fourgous de 2012. Le rapport de la concertation (Dulot, Bonneau, Colombani, Forestier, & Mons, 2012) propose quelques éléments de réflexion et d’analyse qui seront utiles pour interpréter les textes actuels d’orientation et de programmation de l’Ecole. Nous nous intéressons particulièrement aux éléments du thème « Une grande ambition pour le numérique à l’école ». Nous pouvons y lire en introduction :

« Elle (l’Ecole) doit non seulement former les élèves à maitriser les outils qu’ils utilisent chaque jour dans leurs études et leurs loisirs, mais aussi, et surtout, préparer le futur citoyen à vivre dans une société dont l’environnement

17

Les éléments de communication relatifs à ce projet sont consultables sur la page

http://www.education.gouv.fr/cid72962/publication-de-la-loi-d-orientation-et-de-programmation-pour-la-refondation-de-l-ecole.html

30 technologique est amené à évoluer de plus en plus rapidement. » (Ministère de l’éducation nationale, 2012d)

Dans la définition de cette ambition, nous apprécions l’attention portée à la maîtrise et la compréhension des usages et des outils que les élèves utilisent pour leurs études ou leurs loisirs et qui seront omniprésents dans leur quotidien (Ministère de l’éducation nationale, 2012c). Le caractère transversal des usages numériques est rappelé ainsi que le retard d’équipement dont la France souffre en matière de généralisation des outils technologiques comparativement avec des pays comme la Corée, dont les manuels sont numériques, ou le Canada, où toutes les classes disposent de tableau numérique interactif. Cette observation relance deux problématiques prégnantes sur l’évolution du numérique scolaire, à savoir la concertation avec les collectivités territoriales de rattachement (le département pour les collèges et la région pour les lycées) pour accompagner les pratiques par un degré d’équipement adapté et le niveau de formation des enseignants, pour leur permettre de développer des usages.

Un enjeu central pour la formation de cadres

La formation des enseignants, des chefs d’établissements, des inspecteurs, tant en formation initiale que continue, constitue un enjeu qualifié de « central », ce à quoi nous souscrivons pleinement. La dimension collective du métier est rappelée au travers notamment des travaux collectifs, des échanges de pratiques (Ibid, p.2 et 46). Le rapport pointe également les faiblesses des élèves en matière de compréhension de l’écrit numérique en deçà de la moyenne des autres pays de l’OCDE. Le rôle du collège doit être réaffirmé afin de contribuer pleinement au développement des enfants et adolescents qui lui sont confiés. Pour cela il apparaît nécessaire de trouver une meilleure cohérence et articulation entre les programmes disciplinaires et le socle commun (Dulot et al., 2012, p. 35).

La place de la cyber-citoyenneté dans le quotidien des établissements

L’éducation à la citoyenneté est également évoquée au travers de l’implication des services de Vie Scolaire afin de proposer un climat scolaire apaisé. Cet aspect de Vie Scolaire se traduit au quotidien par la prise en charge et l’accompagnement de la formation au numérique responsable par ces mêmes services en raison de multiples dysfonctionnements et autres cyber-violences. Ces dysfonctionnements et troubles requièrent une lourde gestion au quotidien. La note de vie scolaire permettait une

31 évaluation et une concertation autour des compétences sociales et civiques développées par les élèves. Bien que le rapport de l’IGEN pointe les limites de la note de vie scolaire auxquelles nous pouvons ajouter son inégalité de traitement sur le territoire et entre les établissements (Gasparini, 2011; Herbeuval, 2007). La nécessité de faire en sorte que les compétences sociales et civiques trouvent leur place au sein du socle commun et au travers de projets citoyens rejoint notre point de vue sur les efforts à poursuivre voire à entreprendre. Les éléments du numérique scolaire sont réaffirmés comme essentiels à la formation citoyenne au même titre que les apprentissages fondamentaux. La réaffirmation de la dimension numérique dans le socle commun est préconisée. Ces actions ne pouvant se concrétiser que si la formation des personnels d’enseignement et d’encadrement est réalisée et si la dimension numérique entre dans les concours de recrutement (Dulot et al., 2012, p. 49). Le rapport aborde également la rénovation de la gouvernance avec le rappel de l’autonomie des établissements, le nécessaire pilotage académique et du travail partenarial avec les collectivités territoriales et les orientations ministérielles pour en déterminer les principes de fonctionnement18.

Les éléments de la loi concernent quatre domaines : la formation des enseignants, l’évolution des compétences professionnelles de ceux-ci, une nouvelle organisation de la gouvernance des projets et la place de l’éducation aux médias et au numérique responsable.

Ces quatre domaines nous intéressent tout particulièrement puisque nous souhaitons observer si dans le cadre « naturel » des établissements scolaires cette forme de prescription est efficace.

En 2012, apparition d’un plan « global » pour le numérique

Le programme « Faire entrer l’école dans l’ère du numérique » a été présenté le jeudi 13 décembre 2012 par Vincent Peillon, Ministre de l’Education (Peillon, 2012). Celui-ci rappelle l’adhésion de la communauté éducative en ce qui concerne l’apport du numérique à l’enseignement, que cela concerne l’attractivité des cours et la participation des élèves. Il fait état d’un retard en la matière et d’une nécessité pour l’Ecole de devenir actrice dans l’accompagnement des élèves dans la société

18

Les éléments de synthèse de cette fiche sont consultables sur le lien suivant :

32 numérique19. Le plan est compris dans une stratégie globale qui annonce une formation au et par le numérique pour les enseignants et personnels d’encadrement ce qui devrait permettre aux élèves de s’insérer dans la société en tant que citoyens et dans la vie professionnelle grâce aux ressources numériques. Une nouvelle gouvernance nationale sera instaurée et un conseil du numérique sera installé dès 2013. La stratégie présentée propose une mise en route dès la rentrée scolaire de 2013 et une feuille de route mène tous les acteurs (professionnels, parents et élèves) jusqu’en 2017. De nombreuses communications se succèdent et permettent aux actions de se mettre en œuvre successivement. A partir du mois de mars 2013, deux mesures en lien avec le numérique sont annoncées : l’entrée du numérique dans les enseignements scolaires et une politique ambitieuse de formation des enseignants aux usages du numérique.

Une nouvelle évolution du socle commun

La première mesure propose d’inscrire dans la loi la place du développement des connaissances, des compétences et de la culture nécessaires à l’exercice de la société dans la société de l’information comme un droit à l’éducation, Cette première mesure est complétée par un projet d’éducation aux médias inscrit dans les programmes d’enseignement afin de développer l’esprit critique vis-à-vis du numérique et de contribuer à des usages autonomes et responsables du numérique ainsi qu’une sensibilisation aux risques liés à l’usage de l’internet.

Une nouvelle mobilisation autour de la formation des enseignants

La seconde mesure qui s’inscrit dans la politique de formation des enseignants aux usages numériques prévoit un dispositif qui toucherait 150 000 enseignants sur deux années. Cette mesure s’appuie à la rentrée 2013 sur la mise en place des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE). La formation de tous les futurs enseignants au C2i2e s’appuierait également sur les plans académiques de formation afin d’atteindre les objectifs affichés. Certification dont Vaillant (2012) retrace les écueils rencontrés lors de sa mise en œuvre comme un cours qui peine à trouver sa place dans le cursus universitaire, voire au sein des universités, dont il pointe les

19

Document de présentation du discours de Vincent Peillon : Faire entrer l’école dans l’ère du numérique – Une envie partagée. Consultable sur le lien :

33 difficultés face aux pratiques numériques des étudiants et aux compétences dont ils disposent. Par contre, il apprécie l’évolution de la relation d’accompagnement que ce dispositif permet de développer entre les moniteurs de C2i et les étudiants au fil des années. La circulaire d’orientation et de préparation de la rentrée 2013, du 10 avril 2013, rappelle l’importance d’accompagner l’acquisition des compétences numériques, le développement des formations et l’engagement des académies pour coordonner les actions en lien avec la feuille de route du numérique (Ministère de l’éducation nationale, 2013). Cette circulaire instaure, pour les élèves, un socle commun qui s’élargit à la culture et devient le socle commun de connaissances, de compétences et de culture et annonce une version simplifiée du livret personnel de compétences (qui intègre dans sa version actuelle les éléments de la culture numérique) (DGESCO, 2011). Cette même circulaire propose d’installer un cadre protecteur et citoyen pour les élèves et les personnels entre autres grâce à un climat scolaire serein et à la promotion et l’éducation aux comportements responsables qui constituent un certain fondement pour l’éducation au numérique responsable.

Dans le cadre de l’avancement du programme, un point d’étape est proposé le 10 juin 201320 et permet l’annonce d’un renouvellement de l’éducation aux médias, à l’information et à l’usage responsable d’internet et des réseaux sociaux, pour former les citoyens de demain. Le cadre qui sera proposé devrait permettre une déclinaison concrète dans chaque discipline et un brevet certifiant d’un usage responsable. Afin d’accompagner au mieux les équipes, un guide pratique de prévention serait adressé aux équipes pédagogiques et aux chefs d’établissement afin de prévenir les situations complexes que l’on rencontre en établissement en lien avec les nouveaux médias.

Le dispositif « collèges connectés »

Lors de ce point d’étape, le dispositif des collèges connectés est présenté. Ce programme concernait une vingtaine de collèges, dans sa phase de lancement, dont la stratégie numérique était considérée comme significative dans les pratiques quotidiennes, disposant d’une connexion de type fibre optique dont l’intégration du numérique dans le projet d’établissement était effective. Le développement des usages des élèves devra s’appuyer sur une pratique effective des élèves de une à

20

Consulter le point d’étape du 10 juin 2013 sur la mis en œuvre de la stratégie numérique

http://cache.media.education.gouv.fr/file/06_Juin/36/6/Point-etape-juin2013-strategie_numerique_Dossier_255366.pdf

34 deux heures par jour en moyenne. L’éligibilité au dispositif « collèges connectés » s’appuie sur la mise en place d’un comité de pilotage afin d’assurer l’intégration du numérique au projet d’établissement dans toutes ses dimensions. D’autre part, cette labellisation nécessite la prise en considération et la valorisation des compétences numériques au travers d’un plan de formation des enseignants.

La création des directions du numérique aux différents niveaux

Au niveau du ministère, le volet numérique trouve un nouvel essor avec la mise en place d’une direction du numérique pour l’éducation (DNE) afin de permettre une certaine synergie entre tous les acteurs du numérique éducatif au niveau du ministère. Les académies se dotent de délégués académiques du numérique éducatif (DANE) afin d’aider au pilotage des projets numériques auprès des recteurs et d’en traduire les orientations nationales dans leur contexte spécifique. Un bouquet de services numériques accompagne ce programme afin d’apporter aux élèves, parents et enseignants des outils permettant le développement de nouveaux usages. La désignation des délégués académiques au numérique marque une volonté affirmée de mettre en œuvre un projet académique en cohérence avec les contextes d’enseignements tout en assurant un rôle de prescripteur en matière de formation « au » et « par » le numérique en collaboration avec tous les partenaires en matière de formation, l’ESPE et les corps d’inspection21.

Dans le cadre de nos travaux, nous tentons de mesurer la prise en compte de ce nouveau plan nuémrique qui tente une forme d’approche complémentaire avec une volonté de pilotage du numérique de façon spécifique, un accompagnement des cadres par des formations mais ne permet de sortir de cette autonomie contrainte dans laquelle se trouvent les chefs d’établissements par rapport aux orientations nationales, les difficultés matérielles qui découlent des politiques territoriales et les incompréhensions, voire les divergences, liées au numérique qui existent entre les acteurs.

3.3. Des ressources pour accompagner et développer les