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LA DOGMATIQUE PROTESTANTE

QUELQUES ASPECTS DE LA DOGMATIQUE CHRÉTIENNE ET NOTRE THÉORIE

10.1 LA DOGMATIQUE PROTESTANTE

Nous allons considérer une partie de la dogmatique protestante, celle de la Trinité chrétienne telle que décrite par Roger Mehl dans son livre « La théologie protes-tante ». Selon la doctrine protesprotes-tante, c’est par des actes (N.D.A. Actions) que Dieu se révèle. Il est dit : Dieu est tout à la fois celui qui parle (Dieu le Père), la Parole prononcée (le logos fait chair, le Fils) et la réponse donnée à cette parole (le Saint-Esprit). Nous allons montrer, ci-dessous, que cette formulation imagée de la Trinité chrétienne n’est pas en parfaite adéquation avec notre théorie, mais comme dans la religion catholique le Saint-Esprit n’est pas à sa juste place : Il devrait être à la pre-mière place de la Trinité. Mais avant cela, donnons un aperçu de la dogmatique chrétienne protestante au sujet de la Parole de Dieu. Nous avons choisi, dans ce des-sein, un extrait du livre de Roger Mehl41.

« Dans sa visée fondamentale, la théologie protestante est et veut être une théologie de la Parole. Ce terme de Parole doit être pris dans un sens très particulier. Le Dieu biblique est un Dieu mystérieux et caché, mais il se fait connaître, dans son mystère de Dieu caché, par sa Parole. Il est lui-même totalement présent dans sa parole, ce qui signifie que cette Parole n'est pas seulement une manifestation de Dieu ou une théophanie (manifestation de la divinité sous une forme sensible) au sens où les reli-gions ont coutume d'utiliser ce terme. Dans sa Parole, Dieu se fait connaître comme le Dieu saint et le Dieu miséricordieux. Il se fait connaître comme ce qu'il est réel-lement. La particularité de la religion biblique, c'est qu'elle insiste sur ce lien pro-fond entre Dieu et sa Parole. Si l'on peut faire confiance à Dieu, si celui-ci est un Dieu véridique et fidèle, c'est précisément parce que Dieu s'engage lui-même dans sa Parole. La notion de révélation est tout entière couverte par cette notion de Pa-role. Aussi lorsque l'Évangile de Jean veut caractériser la personne du Christ, il

lise le terme de Parole. Le Christ est la « Parole faite chair » (Jean 1 /14) ou comme le dit l’apôtre Paul « Dieu était en Christ réconciliant le monde avec lui-même » (2 Corinthiens 5). Si l’Évangile insiste sur ce qu'il y a d’unique dans l'acte de Dieu af-firmant sa présence auprès de l'homme, par l'incarnation, il souligne aussi l'unité de l'action de Dieu qui agit toujours par sa Parole. L'épître aux Hébreux commence par ces mots significatifs : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu nous a parlé par le Fils en ces jours qui sont les derniers ». L'idée du Dieu vivant, qui est déjà assez fortement sou-ligné dans l'Ancien Testament, est destinée à marquer la différence entre ce Dieu et les « idoles muettes » : Dieu est un Dieu qui parle. Pour donner à ce terme de Parole sa pleine signification, il faut se souvenir qu’en hébreu il ne s'oppose pas à l'acte, il n'est pas ce « flatus vocis » impuissant, destiné à masquer l'impossibilité de l'action. « Parole en hébreu signifie aussi action, événement, et le mot « dabar » possède ces deux sens. Celui qui parle n'est point passif vis-à-vis des choses, mais actif. Son lan-gage ne dit pas ce que les choses sont, mais ce que le sujet en fait, et qui fait d'elles, ce qu'elles deviennent (F. Leenhardt) ». Aussi bien la Bible affirme-t-elle que c'est par sa Parole que Dieu a créé toutes choses. Allégation à laquelle nous pouvons ad-hérer si seul le sens d’action trinitaire est donné au sens Parole, conformément à no-tre théorie de la Trinité. C'est encore par sa Parole qu'il sauve le monde, c'est par sa Parole enfin qu'il justifie l'homme pécheur, en le déclarant juste, comme la Réforme l’a fortement souligné. Comme Karl Barth le montre dans sa « Dogmatique », « La Parole est à la fois langage, acte et mystère. Elle est langage parce qu'elle est dite à l'homme, qu’elle l’atteint effectivement comme toute parole, et qu'elle a un sens pour lui. La possibilité même de la théologie repose sur le fait que cette Parole a une intelligibilité pour l'homme. Toute la tâche de la théologie c'est de rechercher le sens de cette Parole et elle postule – et elle prétend aussi vérifier – que ce sens est accessible à l'homme, et que ce sens concerne l'homme dans sa destinée la plus in-time. Cette Parole est acte parce qu'elle se traduit dans un certain nombre d'inter-ventions de Dieu dans le cours de l'histoire humaine, interd'inter-ventions récapitulées dans la venue et le corps du Christ : C'est par la Parole transmise et prêchée que se constitue et se reconstitue à chaque génération l'Église qui est le corps du Christ. Mais cette Parole est mystère aussi ; non pas en ce sens que sa signification serait inaccessible à l'homme, mais en ce sens qu'elle fait connaître Dieu comme mystère, qu’elle le révèle dans son mystère de Dieu caché, dans son insondable sagesse et dans son incompréhensible Amour et qu’elle le fait connaître comme celui qui n'a d'analogie avec aucun autre être de la création. La théologie n'est en aucune façon une théorie, une phénoménologie ou une psychologie de la foi, pour la simple rai-son que la foi n'est pas observable en elle-même, comme s'il s'agissait d'une catégo-rie psychologique parmi d'autres. La foi est cette disposition qui, comme Luther l’a souligné, s'exprime en confiance et qui est suscité par la Parole elle-même et ne dé-pend que d'elle. C'est la Parole qui l'éveille et qui l'entretient... Il n'y a pas d'autre voie d'accès à la connaissance de Dieu – donc à la théologie – que cette Parole . C'est pourquoi Jésus-Christ, en tant qu'il est précisément cette Parole incarnée, dé-clare : « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire » (Jean 6/44). En d'autres termes, la Parole de Dieu, précisément parce qu'elle est langage, acte et mystère, crée et crée seule en l'homme l'organe qui peut la comprendre et la saisir. Cet organe ne préexiste pas à l'action de la Parole. C'est ce qu'exprime la doctrine du Saint-Esprit. En dehors de la présence en l'homme du Saint-Esprit qui est Dieu lui-même, la Parole n'est pas intelligible pour l'homme.... Cette soumission à la Pa-role ne se réalise que dans la foi, car la foi est confiance que cette PaPa-role est de Dieu

et qu'en conséquence elle dit la vérité... S'il est vrai que toute théologie a pour objet premier la Parole de Dieu, où l'homme entendra-t-il cette parole ? Massivement, les Églises de la Réforme ont répondu à cette question : La Parole de Dieu est contenue dans l'Écriture sainte de l'Ancien et du Nouveau Testament.

Afin que chacun puisse se former une opinion au sujet de l’interprétation de la Pa-role de Dieu telle que décrite par la dogmatique protestante, nous avons produit presque in extenso la totalité du texte définissant théologiquement le concept de la Parole de Dieu. Ce texte ne peut malheureusement pas nous satisfaire par son inter-prétation de la Parole de Dieu. Mais, comme il est dit dans la dernière phrase : Tou-te théologie, mais aussi touTou-tes piétés trouveront leur fondement dans l'Écriture. Nous donnerons, nous aussi, notre interprétation de l’analyse de l’écriture de cer-tains passages de la Bible afin de les interpréter dans le cadre de notre théorie. Ce que nous retiendrons par contre – quelques pages après la définition de la Pa-role, dans ce livre – est la définition dogmatique de la Trinité. Voilà ce que dit l’Église protestante au sujet de la Trinité du Créateur : Dieu est tout à la fois, 1) ce-lui qui parle (Dieu le Père), 2) la Parole prononcée (le Logos fait chair, le Fils) et 3) la réponse donnée à cette Parole, le Saint-Esprit. Nous remarquerons que le terme essentiel de consubstantialité ni figure pas. À nouveau, cette « Parole de Dieu » est une image, mais une image trinitaire selon la dogmatique protestante que nous ve-nons de considérer ; à notre avis, cette image peut paraître plus explicite que la Sainte Trinité catholique, puisqu’elle considère 3 ensembles qui ont une seule com-posante, mais adroitement structurée : La Parole. Nous avons donc une triade : Dieu étant celui qui parle + la Parole prononcée + la réponse donnée sont en corré-lation avec nos 3 principes. 1. Dieu qui parle (la parole non prononcée), est donc celui qui a des idées, de la connaissance et aussi de l’Amour puisqu’il communique son savoir. Il parle virtuellement, il parle à nos esprits, mais nous ne l’entendons pas puisqu’il est fait mention plus loin de la Parole prononcée. La Parole prononcée sous-tend que la Parole de Dieu peut ne pas être prononcée et que dans ce cas elle reste à l’état virtuel. Donc ce Dieu qui parle, mais que l’on n’entend pas est préci-sément notre principe d’Amour, la Connaissance silencieuse qui est don. 2. La Pa-role prononcée s’identifie ainsi à notre principe de l’action qui décide d’agir, c’est-à-dire de parler afin que la Parole soit entendue. 3. La réponse donnée représente les effets secondaires à cette Parole sur ceux qui écoutent et qui réagissent par la parole, c’est-à-dire, sous la forme de réponse. Il n’est pas précisé si ces réponses sont pro-noncées ou non ; on peut donc supposer que ces réponses se présentent sous la forme d’idées puis de parole prononcée. Ces réponses sont donc les sous-actions de la Parole prononcée.

PRINCIPE DE CAUSALITÉ DU CRÉATEUR RÉPONSE DONNÉE (EFFETS)

PRINCIPE D’ACTION DU CRÉATEUR ACTIONS/PAROLE PRONONCÉE PRINCIPE D’AMOUR DU CRÉATEUR PAROLE/ACTION NON PRONONCÉE TRIADE PROTESTANTE DIEU / PAROLES

Fig. 15 Paroles de Dieu

La dogmatique protestante se rapproche métaphoriquement ainsi de notre théorie par une image différemment structurée de celle de la Trinité catholique romaine : A) celle de la Parole qui est pensées et Amour (don) ; b) celle de la Parole prononcée qui est décision et action de mettre ces idées en action, soit de parler ; c) les réponses à ces Paroles, soit les effets et conséquences de l’action. Dieu forme une Trinité donc une triade ; soit les 3 principes de notre théorie avec l’ensemble-intersection qui est le centre de la triade, soit Dieu. Néanmoins, cette structuration de la Trinité chrétienne n’établit pas d’une manière catégorique, comme le fait notre théorie, l’identité formelle entre la Trinité chrétienne et l’action d’Amour du Créateur. Elle le suppose puisque la Parole de Dieu est créative de notre univers ; mais sans pro-noncer ce mot action, ce qui ne nous permet pas d’affirmer que l’Église considère la Trinité comme concept d’action dynamique. En effet, dire que le Saint-Esprit est la réponse donnée à cette Parole n’établit qu’une relation indirecte avec la Parole pro-noncée. S’il avait été dit que le Saint-Esprit représente les réactions opérées sur les esprits récepteurs, par la Parole prononcée, force aurait été d’accepter que l’exégèse de la dogmatique protestante de la Trinité chrétienne, décrite ci-dessus, correspon-dît exactement à une triade. Mais nous n’allons pas nous faire l’avocat du diable et nous allons considérer que nous avons là une triade. Par contre, ce que ne dit pas l’Église est que la Parole du Créateur est Amour, en ce sens qu’elle est donnée. En effet, il est dit que Dieu est celui qui parle – virtuellement – et est parole pronon-cée ; mais il n’est pas fait de relation entre la Parole de Dieu et l’Amour de Dieu. Et cela est fondamental. Car, si notre principe d’Amour ne contenait pas la loi d’Amour, toute la Connaissance de Dieu ne pourrait être transmise au principe de l’action – le Père– et au principe de causalité – le Fils. La loi d’Amour est donc véri-tablement la loi fondamentale de notre univers. Donc, la dogmatique protestante établit une Trinité de la Parole de Dieu, mais sans la notion d’Amour !