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L’ÉCONOMIE ET LE PRINCIPE D’AMOUR

LE PRINCIPE D’AMOUR ET LA CIVILISATION SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE

11.2 L’ÉCONOMIE ET LE PRINCIPE D’AMOUR

Dans son livre « L’illusion néolibérale », René Passet définit l’économie comme suit : « Activité calculée de transformation de la nature ayant pour objet la satisfac-tion des besoins humains, celle-ci est d’abord action ». Il nous est agréable de lire que l’économie est action, car nous n’avons plus de problème à nous poser pour sa-voir si l’économie peut s’intégrer dans notre théorie, cela devient évident. Ce qu'il nous faut démontrer dans ce chapitre, c'est la suprématie d'un système économique éthique sur un système économique non éthique. C'est-à-dire d'un capitalisme éthique sur un capitalisme non éthique, en l’occurrence au néolibéralisme. L'exem-ple calamiteux du manque d'éthique d'une entreprise multinationale est donné par l’entreprise Monsanto, située à Saint-Louis aux USA. À ce sujet, René Passet nous informe dans son livre intitulé, L’illusion néo-libérale que : « L'évolution culmine – pour atteindre le comble de l'abject – avec l'effarant projet Terminator de la firme américaine Monsanto, dans lequel la plante, qui se développe normalement, ren-ferme un dispositif à retardement qui en détruit le germe lorsque celle-ci est parve-nue à maturité. Si le dessein, que l'on n'estimait même plus nécessaire de dissimu-ler, avait abouti, l'agriculteur se serait vu priver du droit de reproduire et transmet-tre la vie qui constitue l'essence même de son activité. Pour le plus grand profit de quelques transnationales, évidemment, auprès desquelles les agriculteurs auraient été définitivement contraints, chaque année, de racheter leurs semences. La diffusion de l'information, le sursaut d'indignation de la conscience mondiale et la dégradation de l'image de la firme Monsanto qui s'en est suivie ont conduit celle-ci, le 4 octobre 1999, à renoncer à son projet. Mais le fait que celui-ci ait pu être sérieusement envi-sagé et mis en oeuvre est révélateur. D'autres tentatives verront le jour. On croit sa-voir que Monsanto et d'autres disposent de plusieurs biscuits en réserve, et il ne faudra pas relâcher la vigilance ».

C’est une action propre à détruire à long terme notre système écologique, et de plus, à inverser la loi fondamentale de l’univers qui est la loi du don. Une telle action est totalement contraire au principe d’Amour. Une telle firme ne mérite plus d'exister. Il faudra à terme lui faire comprendre qu'elle doit changer de politique faute de quoi il sera souhaitable de la saigner à blanc, c'est-à-dire de boycotter ses produits afin de la pousser à la faillite. Ce type de politique d'entreprise est typique de la per-versité d'un système économique qui n'est plus soumis aux lois de l'éthique, mais qui n'est soumis qu'à la loi de maximisation des profits, sans soucis de l'aspect hu-main ni écologique. La loi de maximisation des bénéfices n'est pas mauvaise en elle-même pour autant qu’elle tienne compte ou elle-même qu'elle renforce l’éthique hu-maine. La maximisation des bénéfices est l'assurance d'une plus grande pérennité de

l'entreprise, d’une meilleure gestion et donc, à terme, de l'emploi. Un système éco-nomique qui se déshumanise au profit de la loi de maximisation des profits qui ne tient plus compte de l'élément humain que comme une donnée supplémentaire, non essentielle, ne peut plus se rétablir de lui-même. Ainsi, ce sera par le biais d’une prise de conscience et de nouvelles lois introduites dans la législation en vigueur que pourra se rétablir un système capitaliste humain. Donnons quelques exemples de ces lois : 1. Il n'est pas possible pour une entreprise bénéficiaire de licencier massive-ment. Elle peut par contre se séparer d'employés en ayant l'obligation d'en engager d'autres, en nombre égal ;

2. Tout licenciement doit être accompagné d'une aide à la recherche d'un nouvel emploi : Soit de l'outplacement (mot anglais) ou replacement ; 3. Toute entreprise doit engager, sans aide de l'état, un handicapé moteur ou cérébral à raison de 1 % du nombre d'employés. Ce nombre devant être évalué dans chaque pays en fonction du nombre des handicapés susceptibles de travailler à plein temps ou à temps par-tiel. 4. Entre 10% et 30% des dividendes normalement versés aux actionnaires doit être reversé aux employés les moins payés de l'entreprise ainsi que les plus méritants. 5. Toute entreprise doit créer une ambiance fraternelle et non concurrentielle entre les employés. C'est-à-dire qu’elles doivent appliquer le principe d’Amour dans tou-tes les structures de l'entreprise. L'entreprise remarquerait, à terme, que cela n'est pas à son détriment, mais au contraire pour son plus grand bien. La firme Du Pont de Nemours avait introduit la notion d'Amour dans l'entreprise, mais à la suite de licenciements ultérieurs cela avait été très mal pris. Les licenciements n'ont proba-blement pas été exécutés avec le principe d’Amour en toile de fond.

Non seulement l’économie est action, mais elle doit être action éthique sinon elle ne peut qu’aller à la dérive. C’est ce qui se passe depuis l’an 1980. Car le système capi-taliste a abandonné une composante essentielle, celui de rôle social qu’il doit jouer indépendamment des directives légales et politiques. Donnons un exemple ! En Suisse, les grandes entreprises, notamment les banques avaient l’habitude de jouer un rôle social en ce sens qu’elles conservaient dans leur rang des femmes et des hommes qui avaient des problèmes soit psychiques soit somatiques42 afin de ne pas abandonner ces gens qui pourraient aller à la dérive s’ils n’avaient plus de travail. Cela était vrai jusque vers les années 1980 environ. Après cette date, les entreprises se sont peu à peu « débarrassées » de ces personnes sous prétexte que ce n’est pas à une entreprise de jouer un rôle social. Pire elles ont ingéré la règle du « 3 pour 2 » ; c’est-à-dire qu’elles licenciaient 3 employés pour en engager deux autres avec une somme de compétences équivalentes aux 3 autres. La rentabilité est devenue le fac-teur essentiel au détriment de l’humain. La maximisation des bénéfices est devenue le facteur essentiel de l’entreprise moderne au détriment de l’être humain, mais au profit des actionnaires. Cette américanisation des entreprises est une composante déshumanisante de nos sociétés occidentales, c’est-à-dire chrétiennes. Le principe d’Amour qui était inconsciemment utilisé en employant des gens défavorisés s’est retrouvé à la rue le jour où l’on a décidé que ces gens pénalisaient le rendement de l’entreprise qui, pour se justifier, disait que ce n’était plus à elle de jouer un rôle so-cial, mais aux structures politiques et sociales. Cet exemple est le reflet flagrant d’une société qui se barbarise à nouveau et partant se désagrège peu à peu, car elle ne donne plus d’espoir aux moins nantis. L’être humain vit d’espoirs cela est bien connu ; c’est même probablement le moteur le plus puissant de son équilibre qui lui

permet d’accepter beaucoup de privations. Or ce moteur a aujourd’hui des ratés. C'est ainsi que dans la société américaine où le capitalisme a pris un visage de plus en plus déshumanisé, il y a 40 % de gens qui souffrent d'obésité. Ce que l’on ne sait pas, c’est que pour 95% des cas, l'obésité est due à des problèmes psychiques qui se traduisent par de la gloutonnerie ; il n’est d’origine génétique que pour 5 % des cas seulement. Le capitalisme exacerbé en arrive donc à dégrader l'être humain jusque dans son physique. Si l’on a des problèmes psychiques sur un plan national, c’est que des composantes nationales sont perturbatrices. Il est à remarquer que la société européenne a de plus en plus de personnes qui souffrent d'obésité également puis-qu’elle dégénère elle aussi. Ainsi, le taux de gens obèses peut symboliser le niveau d’analyse de la bien-portance ou de la mal-portance d’une nation développée, car il est connu que les nations dites pauvres ont relativement peu de citoyens obèses. Comme nous l’avons déjà mentionné, la finalité de l'être humain est la communica-tion avec son Créateur avec tous les bénéfices qui en résultent. Toute l'évolucommunica-tion de notre civilisation terrestre ne peut aboutir qu'à ce but. Il n'y en a pas d’autres à long terme.43 La vie des saints nous démontre le potentiel illimité qui existe dans ce rap-prochement avec notre Créateur. Saint Nicolas de Flue ne mangeait ni ne buvait aucun liquide pendant 20 ans : (adieu les longues files d'attente au supermarché). Padre Pio lisait dans l'esprit d'autrui (ça, c’est moins drôle !). Il avait le don de bilo-cation (bonjour les complibilo-cations !). Il parlait toutes les langues des gens qui ve-naient se confesser, sans les avoir apprises : Enfin... fini l’École ! Il opérait des mira-cles ; c'est ainsi qu'il a redonné la vue à une femme qui n'a pas de pupilles : Au re-voir Messieurs les Médecins ! Cette guérison n'est toujours pas explicable scientifi-quement de nos jours, ainsi que maints autres faits encore. Toute notre société doit donc s'orienter vers la finalité ultime de l'être humain. Ce n'est donc pas vers une société de loisirs (dramatique supputation de monsieur Giscard d’Estaing) que nous devons nous acheminer. Cette société-là ne peut être qu'une société de désœuvre-ment. Le loisir n'est qu'une détente, il n'est en rien une finalité humaine. Ce ne sont que des pauvres d'esprit – et non les simples d’esprit - qui peuvent parler d'une société de loisirs. Car le loisir le plus intense est celui qui nous a été donné par notre Créateur, c'est-à-dire le sexe. Une société de loisirs sera une société orientée vers le sexe comme valeur principale. C'est à terme la déchéance de l'être humain, comme l'on vécut les Grecs et les Romains avec leurs orgies. C'est donc, au contraire, vers une société qui développera la spiritualité de l'être humain qu'il convient de se tourner. Or, pour se tourner vers une société spirituelle ou d’Amour, il nous faut deux paramètres essentiels : L'éducation et le temps. Le temps nous sera donné par la diminution du temps de travail qui est passé en un siècle de quatre-vingts heures à quarante heures. Ce temps de travail diminuera encore. Pour qu'une société se tourne vers la spiritualité et l’Amour, il faut qu'elle en comprenne les tenants et aboutissants. C'est le travail de l'éducation orientée vers une finalité spirituelle. Pour se tourner vers le spirituel il faut se débarrasser des contingences matérielles. Or, nous sommes ainsi faits, que pour se débarrasser des contingences matérielles il faut

43 Karlfried Graf Dürkheim, Extrait de son livre « Méditer, pourquoi et comment », édité par Le Courrier du Livre en 1978. Page 14. La percée vers cet Être essentiel, grâce à une expérience reçue avec sérieux, est l'événement capital de notre époque, celui par lequel l'ère nouvelle prend la place des temps modernes.

L’Être essentiel représente pour nous le contenu d'une expérience particulière, l'expérience la plus profonde que l'homme puisse éprouver : Celle de l’Être surnaturel, divin, présent en lui et en toutes choses.

avoir vécu le plaisir de leur possession ! C'est après avoir eu la jouissance de biens matériels que l'on s'aperçoit qu'ils ne sont pas essentiels à la réalisation de soi. C'est le regard de l'autre, le manque de personnalité et le manque de compréhension de soi-même qui nous fait souvent rechercher les biens matériels.

11.3 LE PRINCIPE D’AMOUR ET LE CAPITALISME OU VERS UNE