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Dès l‟été 1940, les Allemands mettent sous tutelle d‟un fonctionnaire du parti toutes les associations en Moselle, laïques comme catholiques. Le règlement du 22 août 1940 institue un

Stillhaltekommissar für das Organisationswesen in Lothringen, un commissaire-conservateur, le

susnommé Franz Schmidt, installé au 32 Hermann Göring Strasse, anciennement avenue Foch, à Metz.

Initialement, toutes les associations, les fondations et tous les groupements doivent lui soumettre une demande d‟autorisation d‟activité881. Mais très vite, le Stillhaltekommissar est également chargé de la liquidation des associations, car selon un rapport de la Gestapo, les documents saisis à l‟évêché fin août 1940 montreraient que « les clubs et les organisations existantes du catholicisme

politique sont principalement orientés dans leurs activités sur le mode de pensée française882 ».

874ACSJB, non coté, lettre de sœur Maicien, Sarrebourg, 19 octobre 1940. 875ADM 1W6, lettre de Barth, 31 janvier 1941.

876

ADM 29J2074, rapport de Mgr Heintz sur la situation du diocèse 1937-1947.

877ADM 29J2111.

878ADM 29J1190, lettre de la supérieure de Peltre, sœur Antoine de Jésus, 14 août 1940. 879Sœur Marie-José Gruber, déjà citée, pp. 134-135.

880

ACSJB, non coté, lettre de sœur Maicien de Sarrebourg, 19 octobre 1940.

881Verordnungsblatt, n° 1, 1940, p. 34. 882ADM 1W444.

Ainsi, l‟ordonnance du 10 octobre 1940 dissout toutes les associations en Moselle et notamment « les associations à caractère confessionnel ». Différents avis du Stillhaltekommissar mettent en application cette disposition. Ainsi l‟avis n° 1 du 12 novembre 1940 concerne toutes les associations catholiques ; le n° 14 du 12 novembre 1940 l‟association des mères chrétiennes de langue allemande ; le n° 19 du 27 novembre 1940 tous les couvents franciscains à Algrange, Folkling, Metz, Petite-Rosselle, Sarralbe, le n° 20 les séminaires de Metz et Montigny ; le n° 36 du 15 janvier 1941, l‟association familiale catholique de Mouterhouse ; le n° 37 du 16 janvier 1941 toutes les associations de charité au profit de la Nationalsozialistische Volkswohlfahrt (NSV), le service d‟entraide du parti; le n° 44 les associations Saint-Vincent de toute la Moselle883

. L‟ordonnance du 12 février 1941 indique que le règlement de dissolution des associations concerne également les ordres et congrégations884. Les associations de bienfaisance sont dissoutes par ordonnance du 17 mars 1941885. Selon le conseiller du Landkommissar de Metz, « les activités

sportives sont interdites aux associations paroissiales… Les matériels de sport encore en bon état dans ces locaux peuvent être attribués aux sociétés sportives communales886 ». La création de

nouvelles associations est soumise au Stillhaltekommissar, mais est subordonnée à l‟approbation du

Gauleiter887.

Une disposition d‟exécution en date du 3 février 1941 précise que «les associations à

caractère confessionnel telles que les ordres religieux, les congrégations, les confréries, les fabriques d’églises, les sociétés et entreprises autonomes servant les intérêts de ces associations »

doivent déclarer et remettre leurs biens au plus tard le 1er mars 1941888. Les biens sont saisis et gérés par le Stillhaltekommissar. Les biens et avoirs des associations sont confisqués, distribués aux associations caritatives nazies ou vendus aux particuliers. Par exemple, le cercle catholique Sainte Jeanne-d‟Arc de Mondelange est occupé par les SA qui s‟en servent comme salle de réunion. La salle de gymnastique d‟Algrange sert de dépôt militaire allemand, puis de remise de meubles des Allemands889. L‟orphelinat de Guénange est sous séquestre dès le 1er août 1940. Les frères doivent rendre compte de toutes les opérations commerciales. Le frère Mathias établit une double comptabilité et fin octobre, il ne reste en caisse régulière que 95 000 francs que les Allemands enlèvent le 13 novembre 1940. Le 28 août 1940, les Allemands réclament à l‟orphelinat de Guénange des documents sur l‟origine de la maison, ses revenus, ses moyens de travail, des inventaires de la ferme, de l‟imprimerie, de la reliure… L‟avoir en banque est bloqué. A partir du 1er septembre 1940, il est décrété l‟interdiction de déposer de l‟argent dans des banques ou de les

883AMM 5Z2, revue Mitteilungsblatt du Stillhaltekommissar für das Organisationswessen in Lothringen, n° 1, 5 février

1941.

884Verordnungsblatt, n° 33, 1942, p. 426. 885

Apollin-Georges, déjà cité, p. 275.

886ADM 1W23, lettre du Landkommissar de Metz, 16 septembre 1941. 887Verordnungsblatt, n° 12, 1940, p. 159 et n°6,1944, p. 29.

888Verordnungsblatt, n° 12, 1940, p. 159. Des dispositions d‟exécution de la loi du 10 octobre sont précisées le 16

octobre 1940. Verordnungsblatt, n° 6, 1944, p. 29, l‟ordonnance du 29 avril 1944 transfère les pouvoirs du

Stillhaltekommissar aux autorités de police et au parti nazi en ce qui concerne la création de nouvelles associations.

transporter à l‟étranger. Le frère Mathias a toutefois déjà réussi à déposer le 25 août 250 000 francs au Crédit Industriel de Nancy. Puis il réussit encore à passer 500 000 francs dans les chambres à air du camion Dondellinger de Hagondange chargé par l‟armée d‟aller chercher du ravitaillement en France. Il dépose cet argent à Reims le 5 septembre 1940. Un autre transport de fonds est fait dans une pièce de machine embarquée toujours par M. Dondellinger890. Les biens appartenant à l‟œuvre des vocations sacerdotales à Montigny-lès-Metz Ŕ notamment d‟un immeuble au 201 rue de Pont-à- Mousson Ŕ sont confisqués le 10 octobre 1940 par le Stillhaltekommissar de Metz891. Le 23 octobre 1940, une décision en date du 20 août parvient au moutier de l‟abbaye d‟Oriocourt : « Toutes les

sociétés sont dissoutes, leurs biens reviennent à l’Etat allemand. Aucune indemnité ne pourra être revendiquée, ni aucune loi invoquée contre la présente décision892 ».

Les associations catholiques ne sont pas les seules à être concernées par ces dispositions. Toutes les associations le sont, tout comme le syndicalisme. Tous les organismes syndicaux sont dissouts en Moselle, et donc également la Fédération des syndicats chrétiens est concernée. Il n‟existe désormais que la Deutsche Arbeitsfront, l‟Association des travailleurs allemands liée au parti et créée par Robert Ley.