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En septembre 1939, le président du Conseil rappelle aux généraux commandant les régions militaires que « les prêtres alsaciens-mosellans qui ont été évacués(…) sont des fonctionnaires

concordataires, relevant comme tels du ministre chargé des Affaires d’Alsace et de Lorraine541

».

Ils restent sous l‟autorité du vice-président du Conseil et son service des Cultes dirigé par Charles Altorffer (1881-1960) depuis 1929. L‟article 5 du décret du 5 septembre 1939 prévoit « des crédits

nécessaires… au fonctionnement du régime spécial des cultes de l’Alsace et de la Moselle repliés ouverts au budget des services d’Alsace et de Lorraine542

». Les indemnités doivent leur être

versées via les préfectures de repli. Le Petit Parisien dénonce d‟ailleurs ce sort jugé enviable543 des prêtres concordataires : « …Il y a des curés qui se montrent étourdiment agités. Leur sort cependant

est enviable… Ils sont encore placés sous le régime du Concordat. Ils reçoivent un traitement avantageux. Beaucoup d’entre eux ont une auto. Les simples curés poitevins et charentais font figure de parents pauvres à côté d’eux544…». Mais, l‟administration préfectorale traîne. L‟argent

des traitements reste bloqué à Paris. Charles Altorffer installé à Périgueux depuis octobre 1939 peste toujours en avril 1940 : « L’affaire des indemnités n’est toujours pas réglée. C’est un

véritable scandale. Je dispose d’une somme importante, 1 926 700 francs, et ne puis en mandater545

», tant et si bien que des prêtres mosellans vivent dans une précarité qu‟ils ne connaissaient pas

avant, vivant de la solidarité de leurs paroissiens.

Ces prêtres concordataires qui suscitent parfois des jalousies surprennent aussi car ils entrent dans les établissements scolaires alors que l‟école en France est laïque depuis 1881. Mais, l‟article premier du décret du 5 septembre 1939 prévoit que « le régime spécial des cultes, de l’instruction

publique(…) de la Moselle est applicable pendant la période de leur repliement aux populations de ces départements évacués… Par application notamment de l’article 15 de la loi du 15 mars 1850, le régime de l’école primaire sera interconfessionnel546

». Les quatre heures d‟enseignement religieux

sont données par les maîtres lorrains ayant la mission canonique. Les curés et instituteurs peuvent se partager le travail surtout si l‟école lorraine est en dehors du bâtiment scolaire public. Les écoles normales confessionnelles sont maintenues pour les instituteurs à Poitiers et pour les institutrices à Romagne (Vienne). Selon un rapport de janvier 1940, cette conservation de l‟école confessionnelle « répond aux sentiments des familles, permet de maintenir le statut d’Alsace-Lorraine et permet de

541

ADV 4M1391, lettre, 24 septembre 1939.

542Le Lorrain, 8 septembre 1939, p.1.

543ADM 29J1675, lettre 3 mars 1940 d‟un professeur d‟Arras réclamant les frais pour 13 séminaristes au Petit séminaire

car « pour un diocèse concordataire, il n’est pas tolérable qu’un diocèse de l’intérieur lui fasse la charité. Les pensions

sont de 400 francs par mois…»

544Le Petit Parisien de Maurice Prax cité par Rémy Seiwert et Gérard Henner, Volmunster, Eschviller-Weiskirsch, tome

2, imprimerie sarregueminoise, 2004, p. 24.

545ADM 29J1132, lettre de la présidence du Conseil, service des Cultes, Périgueux, 22 avril 1940. 546

Le Lorrain, 8 septembre 1939, p.1. Ascomémo, Mémento administratif à l’usage de MM les maires des communes d’accueil de la Vienne et des communes repliées de la Moselle et des réfugiés lorrains dans la Vienne, Poitiers,

caser les enseignants lorrains547 ». La nécessité de la confessionnalité de l‟école et de

l‟enseignement religieux oblige à la création de classes dites « lorraines » où « les enfants réfugiés

originaires de la Moselle sont réunis dans des locaux spéciaux et sous la direction d’instituteurs et d’institutrices réfugiés548…». La création d‟une classe spécifique dépend du nombre d‟élèves

réfugiés : réglementairement, 14 ou 15 élèves géminés549. L‟inspecteur général à Périgueux tolère de descendre jusqu‟à 10 élèves pour ouvrir une « classe lorraine » si un local scolaire et du mobilier scolaire sont attribués. L‟administration encourage la création de ces classes550

.

Dès l‟arrivée des évacués, un recensement des élèves est organisé. En règle générale, des écoles lorraines réussissent à s‟implanter presque partout en Charente et dans la Vienne, non sans mal. En Charente, en janvier 1940, l‟inspection académique indique que «pour l’instruction

primaire, 277 classes sont créées dont 260 ouvertes. Des 17 restantes, 8 s’ouvriront dès l’achèvement des baraquements scolaires en cours de construction, 5 s’ouvriront dès l’arrivée du personnel enseignant faisant défaut, les 4 autres dès que des locaux seront terminés551 ». La rentrée

est prévue pour le 16 octobre 1939, mais pour l‟inspecteur académique d‟Angoulême « il n’y a

nullement lieu d’adopter une date uniforme552

». Elle est souvent plus tardive pour les évacués qui

doivent trouver des locaux, voire en construire ce qui demande des financements et du temps. En attendant, souvent, les jeunes Mosellans doivent aller dans des écoles laïques, sans cours de religion. « Nos 250 enfants ne vont pas encore à l’école. Un certain nombre de petites filles ont été

reçues à l’école libre mais la masse court encore la rue. Pour les occuper quelque peu, nous leur faisons le catéchisme tous les matins de 10 à 11h à l’église553

». La situation perdure quand les

effectifs sont moindres avec l‟encouragement de l‟inspection : « Si le nombre de places le permet,

il convient d’inscrire dans nos écoles de la Charente les enfants réfugiés d’âge scolaire si les parents en font la demande expresse, même si l’on organise dans la commune une ou plusieurs classes de réfugiés. Il reste admis que dans ce cas, les parents devront être informés que leurs enfants seront soumis absolument au régime de l’Intérieur ». Les écoles confessionnelles

s‟installent dans des classes libres d‟écoles laïques ou libres554

. Parfois, les écoles publiques sont occupées en alternance par les classes poitevines et mosellanes comme à Saint-Gervais-les-Trois- Clochers (Vienne)555. L‟installation est souvent matériellement difficile. Dans son journal, sœur Jeanne-Marguerite décrit son installation : «Le 6 octobre 1939, l’inspecteur nous laisse carte

547ADM 29J2109, rapport sur l‟école lorraine en janvier 1940.

548ADM 29J2109, note de service de l‟inspection académique de Charente du 25 septembre 1939.

549ADM 29J2109, note de service de l‟inspection académique de Charente du 2 octobre 1939 : il est précisé qu‟il faut

« 16 élèves pour constituer une classe spéciale ».

550ADM 29J2111, rapport sur l‟école lorraine, mars 1940.

551Cité par Marcel Neu, déjà cité, p. 188. Rapport du préfet de Charente, janvier 1940. 552

ADM 29J2109, note de service du 2 octobre 1939.

553ADM 29J2075, lettre de l‟abbé Halter de Stiring-Wendel, 22 novembre 1939.

554Par exemple, le 25 octobre la rentrée des classes à Benassay de 100 élèves, soit 3 classes, de Koenigsmacker se fait

dans l‟école libre. Dans « Chronique de guerre de l’abbé Schneider » de Koenigsmacker cité par Jacky Klaiser, déjà cité, pp. 129-135.

555ADM 29J2109, lettre de l‟abbé Heymes à Mgr Heintz, le 3 octobre 1939. Les cours des enfants évacués sont

blanche pour le choix de nos postes… Nous ne trouvons pas de logement. Tout le monde nous éconduit poliment… Nous nous installons au dortoir dont le plancher est presque aussi gris que les murs. Nous écrasons de grosses punaises qui fourmillent aussi, surtout dans les plis des rideaux. Le dortoir et un petit parloir sont les seules chambres planchéiées, les autres : cuisine, réfectoire, classe, sont cimentées. Pas d’électricité, de petites lampes pigeons éclairant à peine. Le soir, vers 6 h 1/2, on allume un feu de cheminée. Dans la journée, on glisse une chaufferette sous les pieds pour ne pas geler… Le 18 octobre, les enfants viennent se présenter à 8 h 1/2 ; nous renvoyons les garçons ; les fillettes sont au nombre de 7. Ce n’est pas fameux… Le 23 novembre, nous déménageons à Couhé : ni tableau noir, ni livres, ni cahiers ; rien que les 4 murs, les bancs et un bureau perdu dans un coin de la salle. Allez faire classe dans de telles conditions556Sœur Marie

Chantal Weislinger évacuée à Nieuil-L‟Espoir (Vienne) fait le bilan de l‟installation des sœurs de Saint-Jean-de-Bassel de son secteur : « A Dienné, comme mobilier scolaire, des planches posées sur

des tréteaux et des bancs sans dossier et c’est tout. Quelques livres pour la maîtresse. La salle de classe à Vernon est installée au petit bonheur, planches sur tréteaux, bancs du parc et c’est tout. Il y a 42 élèves, 22 garçons et 20 filles serrés comme des harengs. A Nieuil, ma classe est installée dans une salle de danse aux murs sales et dont le plafond est simplement formé par le plancher des pièces de dessus. Quatre bancs à pupitres et encore une grande table d’auberge forment le mobilier. La salle n’a pas de fenêtres mais une assez grande porte vitrée. J’ai 28 garçons et filles de 6 à 14 ans…». Dans une lettre du 21 octobre 1939, sœur Clémence Marie Marthéry évacuée à

Taponnat (Charente) explique également que même si «... l’institutrice de l’école laïque est une très

bonne personne qui nous a donné une chambre à coucher et nous offre chaque matin le déjeuner… il nous est impossible de cuisiner n’ayant ni fourneau, ni vaisselle. Lundi, nos classes ont recommencé. Le travail est assez pénible faute de matériel et de matériel de première nécessité : livres, cahiers... Taponnat est très pauvre tant au point matériel que spirituel557…».

Généralement, les jeunes filles, surtout pour le secondaire, fréquentent des écoles privées, tenues par des sœurs. Quand elles sont nombreuses à fréquenter le lycée public comme à Poitiers, elles ont des difficultés à bénéficier de l‟enseignement religieux, d‟autant plus que la municipalité ne daigne pas leur fournir une salle. Il faut attendre la deuxième quinzaine d‟avril 1940 pour que des salles du lycée soient libérées pour cet enseignement558. Parfois, les Mosellans retrouvent des établissements privés mosellans évacués. Par exemple, le supérieur, le père Bernhard, et quelques pères maristes du lycée-collège privé de Sierck s‟installent au château de Bury, sur la commune de Margency dans le Val-d‟Oise où des cours reprennent le 3 novembre 1939 avec 80 élèves du collège Sainte-Marie de Sierck559.

556ACSC, non coté, journal de sœur JeanneŔMarguerite. 557ACSJB, non coté, lettres octobre 1939.

558ADM 292112, lettre du recteur d‟académie de Poitiers, 12 avril 1940.

559Alphonse Gambs, Sierck et son collège, Thionville, éditions Klopp, 1991, pp. 162-164. En octobre 1939, le père

De nombreuses sœurs enseignantes560

sont nommées dans des « classes lorraines » primaires, parfois mixtes. Ainsi, pour pallier au manque d‟instituteurs mosellans évacués, puis mobilisés, l‟inspecteur d‟Académie de la Moselle informe le 28 septembre 1939 la congrégation de Saint-Jean-de-Bassel que toutes les sœurs institutrices doivent rejoindre les évacués pour faire classe. La révérende mère fait alors rappeler les sœurs en question à la maison mère d‟où elles partent pour la Charente et pour la Vienne. Par ordre du sous-préfet de Sarrebourg, elles bénéficient du voyage gratuit. Ainsi la congrégation a 162 insertions avec 396 sœurs dans 33 départements d‟accueil561

. La présence des sœurs dans les écoles sur ces terres d‟où elles ont été exclues depuis 1886 n‟est guère appréciée par les enseignants « laïques et franc-maçons même qui ont toute

autorité dans ces villages et n’aiment pas voir les religieuses. Notre pauvre révérend père qui défend avec courage les intérêts du Bon Dieu et de notre population croyante a déjà été menacé trois fois d’être chassé par l’instituteur franc-maçon qui a peur des deux prêtres et encore d’une franciscaine ». A Nieuil-L‟Espoir, « madame l’institutrice et son mari m’ont fait une scène quand je suis arrivée avec la lettre de M. l’Inspecteur pour une école maternelle562…». Même l‟incursion

de prêtres pour les cours de religion pose problème. Ainsi le préfet de Cognac (Charente) souligne que « si la ville de Cognac doit donner asile avec satisfaction à un établissement scolaire de la

Moselle, il serait fâcheux que la population locale y voit pénétrer officiellement un chargé de cours ecclésiastiques dont elle pourrait être amenée à critiquer l’attitude générale comme c’est le cas dans nos communes rurales et pour ce qui concerne la plupart des curés mosellans 563 ».

Quelques rares incidents sont signalés. Par exemple, «… le maire Franck de Hundling a

tenu dès le premier jour avec l’institutrice laïque pour nous faire partir et celle-ci nous a retenu toutes les circulaires de l’administration scolaire564…». A Gensac-la-Pallue (Charente), la présence

d‟un crucifix dans la salle servant de « classe lorraine » offusque les plus laïques car la salle sert également de cantine pour tous les enfants de la commune. L‟évêque de Poitiers doit intervenir auprès de l‟inspection académique pour lui rappeler les instructions officielles concernant les écoles confessionnelles des réfugiés. Le crucifix est finalement enlevé pendant quelques jours, mais suite aux protestations des enseignants et du curé, il est décidé de le remettre dans la classe et de l‟enlever au moment du repas565

.

De jeunes Mosellans expérimentent pour la première fois la mixité dans les écoles, non sans susciter débat et polémique. Par exemple, sœur Marie Danielas Haag réfugiée à Saint-Gaudent (Vienne) écrit : « Nous sommes en face d’une grande difficulté quant à l’école. Monsieur le curé

tient à ce que toutes les filles de la paroisse aillent à l’école libre. Jusqu’ici aucune d’elles n’a

560

ACSJB, pour la congrégation de la Divine Providence de Saint-Jean-de-Bassel, 260 sœurs enseignantes sont en Charente et dans la Vienne.

561ACSJB, Annales de la congrégation.

562ACSJB, lettre de sœur Marie Chantal Weislinger réfugiée à Nieuil-L‟Espoir (Vienne), 15 octobre 1939. 563

Cité par Marcel Neu, déjà cité, p. 163.

564ACSJB, non coté, lettre de sœur Thérèse Breinig Saint-Aulnais, 11 novembre 1939

fréquenté l’école laïque des garçons… Le prêtre craint que si nous tenons une école mixte, les habitants de Saint-Gaudent auront l’idée d’envoyer plus tard leurs filles à l’école des garçons. La manière de voir est certainement bonne mais nous n’avons pas assez de garçons réfugiés pour faire une classe. Nous n’avons exercé aucune influence pour avoir les filles réfugiées qui depuis la rentrée d’octobre sont à l’école libre. La sœur a commencé la classe des réfugiés il y a huit jours avec 11 garçons. M. l’inspecteur tient fermement à ce que tous les enfants réfugiés viennent dans cette école spécialement organisée pour eux. Nous avons accepté 4 fillettes566…».

En plus des heures d‟enseignement religieux, le prêtre s‟occupe également du catéchisme pour les enfants en préparation de la communion567 ou de la confession. A cause de la dispersion, moins d‟heures de catéchisme sont assurées, de 1 à 4 heures568

. Le catéchisme est enseigné aux Mosellans généralement par des prêtres mosellans qui l‟enseignent parfois même aux autochtones. Si « l‟école lorraine » est en dehors du bâtiment public, le curé vient à l‟école faire le catéchisme. Si l‟école est dans un bâtiment scolaire public, il est toutefois recommandé au curé de faire également le catéchisme en dehors du bâtiment scolaire pour ne pas créer d‟incident, surtout si le prêtre n‟est pas concordataire569 car les curés charentais ne peuvent pas légalement se rendre dans les locaux scolaires pour y donner le catéchisme car ils n‟ont pas le statut de fonctionnaires publics contrairement aux curés mosellans. Aussi, l‟académie de Poitiers adopte une mesure le 10 octobre 1939 autorisant les élèves mosellans, inscrits dans des écoles charentaises et à la demande de leur famille et contre une décharge de toute responsabilité en cas d‟accident à quitter l‟école une demi- heure avant la fin des cours, le matin ou le soir, pour se rendre à l‟église afin d‟y recevoir le catéchisme570. Les prêtres doivent utiliser le catéchisme national, exclusivement en français. Toutefois pour les plus jeunes, le Petit catéchisme en langue allemande du diocèse de Metz est toléré571.

Au contraire, il n‟y a pas d‟« écoles lorraines » dans le Pas-de-Calais et en Saône-et- Loire572.Dans le Pas-de-Calais, l‟abbé Hoffmann, aumônier des mineurs lorrains, reçoit un refus poli lorsqu‟il demande au printemps 1940 des ouvertures de « classes lorraines » pour des classes de 50-60 élèves chacune ou la création de 38 classes dans les écoles libres permettant d‟accueillir les enfants d‟évacués car, faute de places dans ces derniers établissements, plus d‟un tiers des familles sont contraintes d‟envoyer leurs enfants à l‟école laïque où tout enseignement religieux même

566ACGS, lettre, 27 novembre 1939.

567ADM 29J2073, lettre de l‟abbé Meyer de Bouzonville évacué à Chauvigny (Vienne) : « l’âge de la communion

solennelle est ici de 11 ans. Après cette cérémonie, les enfants quittent pour la plupart la pratique religieuse. Il y a un danger pour nos enfants de se laisser entraîner par cet exemple… Nos enfants ne sont admis qu’après leur douzième année. Cet usage sera maintenu. »

568ADM 29J2108, réponse au questionnaire sur la situation au 15 février 1940. 569ADM 29J2109, affaires scolaires.

570

Cité par Marcel Neu, déjà cité, p. 162.

571ADM 29J2110, avis officiels au clergé mosellan évacué. 572ADM 29J2109, lettre de l‟abbé Adam de Cocheren, non datée.

donné par le prêtre est exclu573. Dans le secteur de Saint-Etienne (Loire) ou de Cabourg (Calvados), les enfants de Mosellans évacués fréquentent les écoles libres. C‟est seulement quand ils n‟y pas de place ou que la distance est trop grande, que les enfants d‟évacués mosellans fréquentent l‟école laïque publique. Difficile par ailleurs de créer des « écoles lorraines » car il n‟y a pas d‟instituteur mosellan. De plus, les municipalités ou les concessions minières ne semblent pas disposées à fournir de locaux574. Alors, l‟inspecteur de l‟Education nationale du Pas-de-Calais encourage les familles à retirer leurs enfants des écoles libres pour les inscrire dans les écoles publiques, en permettant aux prêtres mosellans « d’avoir les enfants lorrains à n’importe quelle heure pendant les

heures de classe pour les exercices religieux ». Un compromis qui ne satisfait pas les familles qui

préfèrent laisser leurs enfants dans les écoles libres, malgré les difficultés financières inhérentes575. Cette suractivité pastorale peut choquer les indifférents du Sud-Ouest, mais c‟est davantage la langue usitée au catéchisme et aux offices qui suscite la méfiance et l‟inimitié.