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Discussion au sujet des organismes représentés dans le corpus de la phase exploratoire

10 Phase exploratoire de la recherche

10.3. Discussion au sujet des organismes représentés dans le corpus de la phase exploratoire

10.3.1. Caractérisation des répondants

Parmi les vingt-neuf centres d'examen au DILF de la région ciblée que j'avais identifiés en mars 2012, dix-sept responsables d'organismes ont répondu favorablement à ma demande d'entretien : le corpus rassemble donc un petit nombre d'organismes mais qui dépasse tout de même la moitié de l'ensemble initial.

Sur les 17 responsables qui ont accepté de participer à cette phase de ma recherche, 11 sont des femmes. Environ un tiers (n = 6) est directeur ou président de l'organisme, avec une distribution égale des genres ; les autres (n = 11) occupent des postes de coordination, de conseiller en formation continue ou de chef de projets.

Plus de la moitié des répondants a une assez longue expérience au poste qu'il occupe (n = 9, + de 7 ans ; n = 5, entre 4 et 7 ans). Je me suis donc entretenue avec des personnes qui avaient une

bonne connaissance du secteur et des pratiques. Il s'agissait aussi de personnes situées à un niveau hiérarchique suffisant pour avoir une vue d'ensemble de l'activité de l'organisme qu'ils représentent.

10.3.2. Caractérisation des organismes représentés

Au plan des types d'organismes représentés dans le corpus, on a remarqué que ceux associatifs constituent la moitié du corpus (n = 8) ; ceux privés en représentent un peu plus du tiers (n = 6) et ceux publics sont également représentés mais dans une moindre mesure (n = 3)337.

Concernant l'implantation territoriale des organismes, près de la moitié (n = 7) s'inscrit à l'échelle locale même si, en général, les organismes disposent de plusieurs lieux de formation ou envoient des formateurs en entreprise. Des implantations régionales ou départementales sont également identifiées (n = 5 pour les deux types d'implantation). On remarquera que la géographie éclatée des lieux de formation induit des problématiques de coordination des activités des formateurs ainsi que d'autres, relatives à la « vie des communautés » que constituent les équipes pédagogiques.

Plus de la moitié des organismes (n = 9) a créé ses activités avant la fin des années 1970, ce qui rappelle la « brèche » créée par la loi de 1971 et évoquée par Adami (2009a, p. 18). Ces organismes ont donc au moins quarante années d'expérience ; on peut d'ailleurs s'interroger au sujet des règles de capitalisation de cette expérience. Le corpus représente aussi des organismes dont les activités ont été initiées dans les années 1960 et d'autres, créées dans les années 2000 (au moins deux par décennie).

10.3.3. Caractérisation des publics accueillis dans ces organismes

En termes d'effectif, plus de la moitié des organismes (n = 9) accueille un nombre relativement peu important d'apprenants (moins de 700 par an). Mais les organismes publics accueillent, quant à eux, plus de 2000 apprenants par an : on observe donc qu'un petit nombre des organismes du corpus représente une masse importante en termes d'effectif d'apprenants.

Seulement trois organismes sont uniquement centres d'examen au DILF, les autres étant à la fois centres d'examen et centres de formation au DILF. Près de la moitié des organismes accueillent des signataires du CAI dans le cadre du marché national géré par l'OFII. Parmi les apprenants accueillis et pour environ deux tiers des organismes, la part déclarée d'apprenants candidats au DILF est peu importante (moins de 20 %, n = 9), voire quasi-inexistante (moins de 5 %, n = 2). On remarque donc que ce ne sont pas les organismes les plus occupés par le DILF qui sont représentés dans le corpus. Mais le dernier tiers déclare que cette part constitue plus de 20 % de leur activité (entre 20 et 50 %, n = 3 ; 50 % et plus, n = 3).

337. Cela dit, les organismes publics de formation continue sont généralement moins nombreux sur le territoire que les autres organismes. Chaque département en compte au moins un.

Pour deux tiers des répondants (n = 11), la part de candidats au DILF est constante (à un taux peu élevé) ou en diminution depuis 2007338, ce qui peut être confronté aux données du rapport datant de 2010 publié par le CIEP qui relève une augmentation de 2 % du nombre de candidats au DILF dans le cadre du dispositif CAI, mais une diminution du nombre de candidats inscrits hors CAI (Harfaux & Georges, 2010, p. 8). Il convient aussi de remarquer que le dernier tiers des répondants parle d'augmentation (n = 3) et/ou de demandes et de besoins de formation importants, voire ingérables (n = 4).

Au sujet de cet écart dans les discours des répondants, j'ai relevé que ceux qui évoquaient une augmentation du nombre de candidats au DILF depuis 2007 étaient localisés dans les départements à fort taux d'immigration. Cet écart témoignerait donc de celui existant entre les départements de la région pour les taux d'immigration. De la même manière, on peut nuancer la diminution du nombre de candidats au DILF en identifiant la correspondance entre les organismes ayant déclaré une part d'activité mineure (moins de 20 % de leur activité) consacrée à la passation du DILF et ceux déclarant une diminution du nombre de candidats : le manque de visibilité sur une activité dont on s'occupe peu, peut conduire à la minorer.

10.3.4. Caractérisation des équipes de formateurs

Dans les organismes représentés au sein du corpus, les équipes de formateurs permanents ne sont pas importantes d'une manière générale, le recrutement de vacataires ou de « formateurs occasionnels » fluctuant en fonction de l'obtention ou de la perte des marchés.

Un peu plus de la moitié de ces organismes (n = 8) fonctionne avec une équipe de moins de quinze formateurs permanents, dont deux avec moins de six formateurs permanents. Les formateurs permanents sont généralement employés sur d'autres dispositifs que la formation linguistique/de base et peuvent cumuler des responsabilités pédagogiques, administratives et de coordination. La fluctuation des contrats et la multiplicité des fonctions des formateurs réapparaissent comme des caractéristiques importantes pour les activités de formation des organismes. Il conviendrait néanmoins de préciser cette analyse par une collecte d'information davantage ciblée sur les conditions de recrutement et de travail des formateurs.

J'ai noté que plus des deux tiers des organismes déclarent ne pas employer de bénévoles, alors qu'une petite frange (n = 3), correspondant à moins du quart, déclare en employer. Mais il convient de rappeler que j'ai interrogé les organismes répertoriés comme centres d'examens au DILF par le CIEP et l'OFII, ce qui n'est pas, en soi, représentatif de toute l'offre et donc de l'importance du bénévolat dans les activités de formation des migrants.

J'ai relevé finalement que plus de la moitié des répondants (n = 10) présente l'organisation des groupes de formation comme dépendante des prescripteurs ou d'autres organismes : par exemple, du mandataire des Groupements d'Intérêts Economique (GIE) et de la cellule de

diagnostic départementale pour le DILF dans le cadre du marché de l'OFII notamment. Un tiers (n = 6) la présente comme étant plutôt indépendante des prescripteurs ou d'autres organismes.

10.3.5. Synthèse

J'ai donc construit un petit échantillon d'organismes, qui est spécifique à plusieurs égards et qui permet une recherche essentiellement qualitative. J'ai bien conscience que sa taille limitée (n = 17) ne permet d'accorder aux résultats obtenus qu'une valeur indicative. Mais Modalisa permet de repérer des régularités et des contrastes, même pour des effectifs faibles : il calcule des liaisons entre variables nominales qui sont susceptibles d'attirer l'attention sur des hypothèses pouvant ensuite être mises à l'épreuve.

Malgré une quantité initiale réduite, le corpus s'avère contrasté, tant en ce qui concerne les types d'organismes, que les effectifs et les types de publics accueillis. Il est aussi cohérent avec les descriptions précédentes des activités de formation des migrants. Les difficultés et les contradictions relevées au cours de la collecte des données présentent également des liens avec celles propres au champ de pratiques que j'ai relevées auparavant, notamment le manque de lisibilité de l'offre lié à la diversité des organismes impliqués et au manque de coordination de ces activités.

Avant de présenter les principaux résultats de la première analyse de contenu (Bardin, 2003), on rappellera que cette analyse donne des éléments de repérage pour l'étude des utilisations de TIC dans la formation des migrants dans la région ciblée. Les données sont d’ordre déclaratif et proviennent de « responsables », soit de personnes ayant un intérêt direct dans la valorisation des activités de l'organisme qu'ils représentent : ces remarques pointent les limites de la synthèse des résultats obtenus, à propos desquelles on reviendra en détail, notamment dans la synthèse du chapitre VI. Malgré ces limites, d'après ma connaissance des terrains, les interprétations tirées sont vraisemblables et potentiellement généralisables339.