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Pour une ethnographie d’un quartier dit sensible

II.1. La démarche d’enquête

Cette thèse repose sur un travail d’investigation de différents terrains hétérogènes, pris dans des problématiques et des méthodologies différentes entre 2001 et 2005 ; ce qui expliquera notamment l’absence de comparaison systématique des différents terrains au cours de l’analyse produite. Les terrains connexes apporteront des éclairages ponctuels sur des questions précises mais ne seront en aucun cas systématiquement convoqués à titre comparatif ni ne seront convoqués dans des proportions identiques. La mobilisation de ces différents terrains, répondant à des problématiques différentes, fait sens dans la mesure où une unité majeure existe entre eux : ils rendent tous compte de discours et pratiques de travailleurs associatifs sur des territoires dits sensibles (à des degrés divers) du département mosellan. Cette présence de multiples terrains tient pour partie aux conditions de réalisation de ma thèse. En effet, n’ayant pu bénéficier d’une allocation de recherche, le financement nécessaire est venu de ma participation à plusieurs rapports individuels et collectifs. L’analyse de ces terrains permet ainsi de construire une ethnographie293 du secteur associatif en territoire dit sensible.

293 « On peut distinguer en effet, parmi les enquêtes empiriques mises en œuvre par les sciences sociales, celles qui sont universalisantes ou formelles, et celles qui, ancrées résolument dans le particulier, peuvent être considérées comme des enquêtes ethnographiques, c’est-à-dire de terrain. […] Cependant l’enquête ethnographique n’est pas seulement empirique, elle n’est pas seulement ouverte, elle est, comme l’histoire, ancrée dans un terrain délimité dans le temps et distribué dans l’espace. » Dodier N., Baszanger I., « Totalisation et altérité dans l’enquête ethnographique », Revue française de sociologie, XXXVIII-1, janvier-mars 1997, p. 37-66.

II.1.1. Behren-lès-Forbach : première rencontre avec le secteur associatif en territoire dit sensible. La découverte d’un secteur complexe

Ma première rencontre avec un secteur associatif en territoire dit sensible a eu lieu en 2001294. Elle a consisté en la réalisation d’un diagnostic préalable à la mise en place de Contrats Locaux de Sécurité (CLS) dans dix communes mosellanes, précisément de Moselle Est (Behren-lès-Forbach, Carling, Cocheren, Folschviller, Freyming-Merlebach, Hombourg-Haut, L’Hôpital, Macheren, Saint-Avold et Valmont). Rétrospectivement, elle fut l’étude qui a fait émerger mon intérêt pour les travailleurs associatifs, J’ai, à cette occasion, été interpellée par la position tenue (implication, engagement voire dévouement) par certains de ces acteurs sociaux, pris entre différentes instances officielles, un public, un territoire et des injonctions publiques locales et nationales.

La première commune enquêtée fut Behren-lès-Forbach. Si je passe sous silence ce qui a été fait dans les autres communes c’est que Behren connaît un découpage très proche de celui de Borny (terrain principal) qui l’a rend d’autant plus intéressante ici. En effet, comme Borny qui connaît son espace « chic » et « choc », Behren a son « village » (environ 10% de la population totale de la commune) et sa « cité » (90%). Bien que résidant à l’entrée de Borny depuis quatre ans déjà à l’époque, et partant du principe qu’un quartier dit sensible ne vaut pas un autre quartier dit sensible, je me suis attelée à la réalisation d’une analyse de presse afin de savoir concrètement où je mettais les pieds. Il me faut avouer ici que cette première approche extérieure, par le biais de la presse locale (essentiellement le Républicain Lorrain), ne m’encourageait pas à m’y rendre, encore moins à m’y installer. L’engagement à faire l’enquête en équipe m’a cependant conduite sur le terrain. Pour cette enquête, nous avons réalisé une trentaine d’entretiens auprès d’acteurs différents tels que des représentants des forces de l’ordre (policiers nationaux et/ou municipaux, gendarmes, pompiers), des représentants des forces sociales, si l’on peut dire (travailleurs sociaux et associatifs parmi lesquels éducateurs, assistantes sociales et animateurs) et des représentants politiques (militants politiques, syndicaux, agents de municipalités, maires). L’équipe a par ailleurs rassemblé un corpus de plus de 400 questionnaires administrés en face à face aux habitants

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Enquête menée au sein d’une équipe – sous la direction scientifique de Trépos J.-Y. – qui a fait l’objet de trois rapports et de quelques restitutions orales dans les communes concernées. Amadio S., Sinigaglia J., Sipp J.-F., Stupka Ch., Trépos J.-Y., « Diagnostic préalable à la mise en place d’un Contrat Local de Sécurité dans la commune de Behren », « Diagnostic préalable à la mise en place d’un Contrat Local de Sécurité dans les communes de Cocheren, Freyming-Merlebach et Hombourg-Haut », « Diagnostic préalable à la mise en place d’un Contrat Local de Sécurité dans les communes de Carling, Folschviller, L’Hôpital, Macheren, Saint-Avold et Valmont », Rapports de recherche suite à la recherche-action qui a été menée sous la direction de J.-Y. Trépos, 2002.

des communes considérées sur les marchés, dans des cafés, en porte à porte. Un traitement statistique a ensuite été conduit à partir du logiciel Sphinx. L’analyse de presse effectuée au préalable pour « savoir où je mettais les pieds » s’est avérée particulièrement utile pour comparer et faire se confronter les discours. Tous les acteurs ne se reconnaissaient pas dans le portait médiatique ainsi dressé de leur commune. Les décalages, les paradoxes, les oppositions parfois brutales entre les discours, les termes utilisés voire les ressentis alertent ainsi quant à l’importance de remettre systématiquement un discours ou une action dans son contexte (social, géographique, historique et sociologique) de production, non pas pour le nier « au prétexte de » mais pour le situer et ainsi mieux le comprendre. Cette approche est celle qui m’a conduite à m’intéresser tout particulièrement à ce rapport entre les discours des différents acteurs sur un même territoire. Par ailleurs, cet intérêt pour le portait médiatique des territoires dits sensibles constitue un cheval de bataille particulièrement travaillé par les travailleurs associatifs, qui s’insurgent contre ces images qu’ils jugent au mieux réductrices et caricaturales, au pire mensongères, intentionnelles et dangereuses. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans la dernière partie.

Ce premier contact avec un secteur associatif en territoire dit sensible fut d’autant plus instructif et attractif qu’il m’a immédiatement confrontée à un caractère du secteur dont je ne soupçonnais pas l’existence : une logique concurrentielle inter-associative. En effet, ce territoire mosellan est marqué par le sceau des Houillères et par conséquent l’associatif, jusqu’à une dizaines d’années, se résumait aux ASBH (Association d’action sociale et sportive du Bassin Houiller). Face à cette situation monopolistique, on assistait à la création d’un associatif émergent qui tentait de se faire une place sur le territoire. L’image d’Epinal d’un secteur de bénévoles dévoués à leur cause, sacrifiant temps et compétences aux autres se trouvait en quelques entretiens complétée d’une vision d’un monde du travail complexe, en situation de quête de professionnalisation et de légitimation, au prix parfois d’une concurrence acerbe.

Ce premier emploi de sociologue a donc fait émerger un intérêt personnel et sociologique, des pratiques méthodologiques et des questionnements théoriques. L’inscription en thèse, conditionnée par la réponse à un appel d’offres déclencheur de financement, s’est alors quasi naturellement tournée, bien qu’ayant au préalable commis quelques recherches en sociologie de la famille295, de l’éducation et de l’emploi296, vers le secteur associatif. C’est ainsi, par la

295 Amadio S., Les relations de fratrie, mémoire de Licence de sociologie, sous la direction de Estelle Bonnet, Université de Metz, 1999.

réponse fructueuse à un appel d’offres de la MIRE (dans le cadre du programme « Economie sociale et solidaire en région »), que l’orientation de la thèse et que l’investigation du terrain principal ont pu être enclenchées. L’objectif de cet appel d’offres était principalement de rendre compte et de comprendre ce qui relève de l’économie sociale et solidaire (pratiques et discours) et de construire des outils de mesure de l’utilité sociale, notion au cœur du secteur associatif, et ce d’autant plus depuis la création et mise en place (depuis le 1er janvier 2006) de la LOLF (loi organique relative aux lois de finance) qui suppose que chaque structure associative présente annuellement ses comptes (par destination et nature de la dépense) en motivant des indicateurs de résultats pour chacun des niveaux constituant le dossier297. A l’occasion de cette étude, nous298 avons choisi avec Xavier Engels et Hervé Jory (co-chercheurs sociologues de cette étude) d’inscrire la problématique dans un terrain spécifique : le territoire urbain dit sensible, plus précisément, le quartier de Metz-Borny : quartier étiqueté Politique de la ville, qui a connu les dispositifs successifs et qui témoigne néanmoins d’une vivacité associative plutôt atypique de tels quartiers, si l’on en lit les nombreuses analyses produites sur ce sujet299. Cette enquête terminée, la réappropriation du terrain à travers le prisme de ma propre problématique pouvait commencer.

Se sont ajoutées à cette enquête principale, cœur de l’analyse produite ici, au fil des années de thèse, d’autres enquêtes et interventions collectives et individuelles qui m’ont permis d’entrer en contact avec d’autres territoires dits sensibles et d’autres travailleurs associatifs. Ainsi viennent-ils compléter ma connaissance du sujet.

296 Amadio S., Des taux d’échec qui interrogent, mémoire de maîtrise de sociologie, sous la direction de Hervé Jory, Université de Metz, 2000 ; Amadio S., Vers la découverte d’un nouveau paradigme en sociologie ? Le rôle

de l’alternance dans le remodelage des temps sociaux de formation et d’emploi, mémoire de DEA de sociologie,

sous la direction de Hervé Jory, Université de Metz, 2001.

297 Sur ces changements que provoque l’instauration de la LOLF, voir Archambault E., « Les Institutions sans but lucratif en France. Principales évolutions sur la période 1995-2005 et défis actuels. », Communication au colloque ADDES, 7 mars 2006, 14p.

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Amadio S., Engels X., Jory H., « L’association fait-elle partie de l’économie sociale et solidaire ? ». Rapport commandité par la Délégation interministérielle à l’innovation sociale et à l’économie sociale, piloté par le Préfecture de la région Lorraine (Secrétariat général pour les affaires régionales), Convention DIISES-Lorraine n°24, in Cahiers de recherche de la MIRE, n°16, avril 2003.

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Sur le caractère anomique des quartiers dits sensibles, dépourvus d’instance et d’espace de sociabilité, de lien social, les productions scientifiques ou non (journalistiques, essais, politiques) sont extrêmement nombreuses. En donner une liste exhaustive serait fastidieux et inintéressant ici, d’autant que ces analyses sont depuis quelques années le plus souvent critiquées. Quelques exemples de productions critiques de ce caractère anomique des territoires dits sensibles : Dubet F., Op. cit., 2002. ; Masclet O., Op. cit., 2003.

II.1.2. Sarreguemines : une enquête-bilan pour le Club de Prévention du CMSEA. La découverte des frères ennemis

La première de ces études, qui a suivi le travail d’enquête principal et qui constitue le deuxième terrain complémentaire, a constitué en la réalisation d’une analyse-bilan du Club de prévention spécialisée du CMSEA de la commune de Sarreguemines, qui me fut commandée par le responsable de l’équipe en question. Cette étude, réalisée entre février et novembre 2004, avait pour objectif de dresser un bilan de l’action de l’équipe de professionnels en vue d’une nouvelle orientation pour les années suivantes. C’est à partir d’échanges collectifs, de tables-rondes successives que l’investigation a eu lieu. A cette occasion, les huit membres de l’équipe (éducateurs spécialisés, éducateurs sportifs, stagiaires, animateurs, directeur) ont pu présenter et expliquer leur rôle sur les quartiers dits sensibles de la commune, tant leur rôle en tant qu’équipe de prévention spécialisée qu’individuellement en fonction de leur statut propre. Des débats ont également eu lieu concernant les outils à leur disposition pour mettre en place les actions et projets qu’ils estimaient nécessaires mais également concernant leur travail en partenariat avec les différentes structures et institutions au niveau local, régional ou national voire trans-national (des directives européennes encadrent ce champ d’activité). Cette rencontre avec un autre acteur en territoire dit sensible (les travailleurs sociaux) a finalement contribué à asseoir la dimension concurrentielle constatée dès la première étude, puis lors de l’enquête sur Borny – même s’il ne s’agit pas de réduire le secteur à cette seule problématique car il existe également de la coopération, de l’entraide, nous le verrons – dans la mesure où à plusieurs reprises les travailleurs sociaux rencontrés ont critiqué le travail réalisé par les travailleurs associatifs, moins aptes à leurs yeux à encadrer, gérer, organiser des groupes adolescents. La rencontre avec des territoires dits sensibles en cette autre commune mosellane à travers l’action de travailleurs sociaux, dont on a dit qu’ils étaient apparentés aux travailleurs associatifs, contribue non seulement à affiner notre propre connaissance de l’objet dont il est question mais plus généralement elle tend à confirmer l’utilité d’une dimension comparative dans une recherche sociologique.

II.1.3. Metz Nord-La Patrotte : tentative avortée de création d’un Club de Prévention. Histoire de luttes territoriales et enjeux de pouvoir locaux

Dans une approche différente, entre juin et novembre 2004, j’ai eu l’opportunité de suivre, par l’intermédiaire du directeur potentiel, la tentative (la structure n’a finalement pas abouti) de mise en place d’un Club de prévention spécialisée sur le secteur de Metz Nord-La Patrotte,

quartier dit sensible situé à proximité de la commune de Woippy (dont une partie du territoire est également étiquetée sensible). La commune appartient à l’agglomération messine et elle partage une ZFU intercommunale avec Metz depuis 2004. Elle est reliée directement à Borny par l’une des lignes de bus des TCRM300. Woippy constitue par ailleurs l’un des lieux de relogement des populations déplacées dans le cadre du GPV de Borny. Tous les habitants ayant vu leur immeuble démoli dans le cadre de ce dispositif n’ont en effet pas pu être relogés dans leur quartier d’origine. Le suivi de cette essai de mise en place d’un nouvel acteur social sur un territoire dit sensible s’est essentiellement fait à partir de contacts hebdomadaires avec le directeur qui m’informait au fur et à mesure de l’avancée des échanges avec les institutionnels locaux (CAF, CCAS, Mairie, Conseil général) et le reste de son équipe. Dans ce nouveau cas, la logique concurrentielle évoquée précédemment est l’élément perturbateur qui est venu entraver le succès de cette entreprise. En effet, le club de prévention s’est bien ouvert mais avec le soutien logistique d’une autre structure associative que celle portée par le directeur potentiel et avec l’encadrement d’une autre équipe et d’un directeur différent : il s’agit de l’APSIS, déjà fortement représentée sur le territoire de Borny au point que certains des membres rencontrés aiment à dire qu’elle « tient Borny » dans le sens où elle pilote des équipes qui oeuvrent dans l’éducatif, le sanitaire, la formation, l’insertion linguistique, sociale, professionnelle, le sport, le culturel, le loisir, etc. Cette lutte territoriale entre structures, bien que n’étant pas la seule modalité organisationnelle du secteur, contribue largement à orienter le quotidien et l’existence même du secteur. La troisième partie sera l’occasion de traiter ces questions.

II.1.4. L’agglomération messine face à la lutte contre les discriminations. Associatif en territoire dit sensible vs non sensible ?

Enfin, la dernière étude « coup de sonde » menée s’est déroulée en 2005 à l’occasion de la réalisation au sein d’une équipe pluridisciplinaire mêlant sociologues, psychologues et psychosociologues d’un rapport pour le FASILD concernant la lutte contre les discriminations dans différents domaines (éducation, emploi, culture, logement, loisirs, santé) sur le territoire du contrat ville de l’agglomération messine (Metz dont Borny, Montigny-lès-Metz et Woippy)301. J’ai à ce titre principalement analysé ce qui était mis en place à destination des

300 Les TCRM sont les « Transports en Commun de la Région Messine », la RATP locale.

301 Galloro P., Serré A. et Tisserant P., (sous la dir.) Diagnostic territorial stratégique dans les domaines de

l’intégration et de la lutte contre les discriminations sur le territoire du contrat de ville de l’agglomération messine, Rapport final de diagnostic, FASILD, octobre 2005, p. 156-178.

femmes et filles d’une part et dans le champ de la culture et des loisirs d’autre part302. Ce fut l’occasion non seulement d’entrer en contact avec de nouveaux travailleurs associatifs non uniquement en territoire dit sensible, notamment en centre ville mais également de renouer avec d’anciennes connaissances puisque Borny fait partie du territoire considéré. La confrontation entre territoires étiquetés sensibles et non sensibles a mis en avant une surreprésentation des structures à vocation sociale dans les territoires qui nous occupent ici. De plus, elle nous a permis de souligner que les objets défendus par les structures font partie intégrante de leur identité dans le sens où celles s’occupant de migrations anciennes (italiennes, espagnoles et portugaises pour l’essentiel) ont décliné notre invitation à les rencontrer dans ce cadre (lutte contre les discriminations) au motif qu’elles ne se sentaient pas concernées par la question, leurs préoccupations étant aujourd’hui strictement sociales (soutien scolaire, assistance familiale) ou culturelles (développer une italianité ou une lusophonité locale). Retrouver d’anciens interlocuteurs à travers cette problématique spécifique que constitue la lutte contre les discriminations fut d’autant plus intéressant que cette mission était, dès 2002, identifiée comme l’une des priorités en territoire dit sensible. Et les discours de 2005 ont donc, d’une certaine façon, permis d’accréditer la lecture que j’avais faite de leurs propos. Par ailleurs, j’ai constaté une certaine évolution dans les discours tenus entre 2002 et 2005 dans le sens où une nouvelle problématique quasi inexistante en 2002 commençait à percer : des rapports de genre qui se compliquaient, en raison notamment, selon les interviewés, de l’implantation d’une nouvelle structure associative, à vocation cultuelle, qui tendrait à ségréguer sexuellement les espaces du territoire. Cette évolution des discours locaux a suivi l’évolution nationale qui a vu s’imposer ces dernières années une problématisation des banlieues sous l’angle du repli communautaire et de l’islamisation des banlieues. Ce nouvel objet de cristallisation des débats sera envisagé dans la dernière partie. Enfin, cette étude a donné lieu à l’organisation de forum-débats et d’ateliers visant la restitution publique des travaux et un partage des connaissances, selon la formule consacrée. Cet aspect dialogique mit nos professionnels (bénévoles et salariés) en situation d’expertise.

Pour clore ici cette présentation rapide des terrains connexes, il me semble qu’ils apportent un éclairage complémentaire à l’analyse. Ils m’ont permis d’avoir une vision globale du travail des acteurs sociaux et associatifs sur les territoires dits sensibles en ayant, si l’on peut dire,

302 Sinigaglia-Amadio S., « La distinction de genre est-elle pertinente dans la lutte contre les discriminations dites « ethniques » ? » (chap. 9) in Galloro P., Serré A. et Tisserant P., (sous la dir.), Ibid., p. 156-178. ; Sinigaglia-Amadio S. (co-rédaction avec Bendriss Y. et Serre A.), « Intégration, discriminations et accès à la culture et aux loisirs. » (chap. 8), Ibid., p. 146-155.

une vision de « l’avant » (Metz Nord-La Patrotte), du « pendant » (Borny, Berhen) et de « l’après » (Sarreguemines) dispositifs associatifs sur des secteurs identifiés. Si la vision romantique du secteur associatif que peut avoir le novice a été légèrement affectée au cours de ces rencontres par la mise au jour de logiques traditionnellement attribuées au secteur privé lucratif (concurrence, efficacité, utilité), elle n’en perd par pour autant son heuristique car elle reste, en dépit de l’affirmation croissante du secteur comme lieu d’emploi, la vision dominante du secteur (un secteur au grand cœur). A ce titre un paradoxe restera à élucider dans le cadre de ce travail : comment ce secteur si valorisé dans les discours politiques et médiatiques peut-il éprouver tant de difficultés à obtenir ses moyens d’existence au point de vivre une véritable course aux financements ? Il s’agit maintenant de présenter le terrain principal : le secteur associatif du quartier de Metz-Borny. Après avoir rappelé le contexte de l’enquête, je reviendrai sur une présentation du secteur associatif local avant de clôturer ce chapitre sur la présentation du quartier d’implantation du secteur et enfin le type d’analyse qui a permis d’aboutir aux résultats qui seront envisagés dans le corps de la thèse.