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Formes et rôles du bénévolat

III.1. Les formes de bénévolat

III.1.2. Un bénévolat « professionnel »

Comme l’indique Dan Ferrand-Bechmann, « parce qu’il y a plus de bénévoles et plus de demandes dans des secteurs "délicats", on demande plus de rigueur dans la sélection et plus de professionnalisme dans le bénévolat. […] les bénévoles ne sont plus des amateurs mais aussi des gens de métier. »57 La technicité de certains services associatifs réclame des professionnels compétents. Le responsable de l’AIEM nous donnait à ce titre quelques exemples intéressants :

« le président est avocat, le vice-président est notaire : ils ont une vie professionnelle à côté. Ils sont moins disponibles que les retraités mais plus ancrés dans la réalité. On a environ cinquante bénévoles. » (Entretien responsable AIEM, 03 mai 2002.)

Les structures relevant du domaine caritatif ne sont pas épargnées :

« Ce qu’il y a maintenant, comme le Secours [populaire] est aujourd’hui, je dirais que c’est une entreprise […]. C’est devenu une entreprise. C’est plus ce que c’était. On est arrivé maintenant, on est obligé, on ne le fait pas encore mais on devrait le faire, c’est d’avoir des bénévoles mais

qui ont des tâches bien précises et des connaissances bien précises. Ça nous aiderait dans

notre fonctionnement parce que des bénévoles, on en a plein, mais on a des gens qui sont

56 Hughes E., « Le travail et le soi » (chapitre 3) et « Des erreurs dans le travail » (chapitre 4), in Le regard

sociologique, EHESS, Paris, 1996, 339p. 57

malades nerveusement…, on a des gens qui n’ont pas de compétences, si vous voulez, c’est pour ça que ce ne sont pas de bonnes personnes, mais ce qu’il nous faudrait, c’est des

compétences. » (Entretien avec une ancienne responsable du Secours populaire58)

Ces quelques cas ne sont pas exceptionnels, bien au contraire et les extraits suivants n’en sont qu’un aperçu rapide.

« [parlant du personnel mis à disposition d’autres structures puis enchaînant sur les bénévoles] ben c’est un avantage pour nous parce que déjà ils sont pas payés par la structure et puis euh… […] ils sont diplômés, ils ont de l’expérience euh… ils sont formés à l’écoute parce que…même

au niveau des bénévoles, euh… on peut pas prendre n’importe quel bénévole. Il faut quand même qu’il ait une formation à l’écoute à la base donc comme bénévole, on a Mme X de

l’UNAFAM, l’Union Nationale des Amis et Familles de Malades Mentaux qui intervient les lundis après-midi et on a aussi une infirmière psy à la retraite qui est là encore… qui a encore envie d’avoir une activité euh… et qui bon… et qui est disponible. » (Entretien responsable La

Clé, 16 mai 2002)

« La notion de bénévolat ça suppose d’être motivé, d’avoir envie. On ne peut pas prendre

tous les bénévoles. On a des problèmes ! des… des assoc. comme l’ADIE, ça a été fait très

officiellement… et que faire d’un bénévole qui dont on n’a pas envie ? Parce que vous arrivez comme bénévole, vous avez suivi une formation professionnelle, des choses comme ça mais… c’est… […] y a une sorte d’embauche. Que faire devant quelqu’un qui arrive avec sa bonne

tête et qui veut apprendre mais qui… qui n’est pas efficace ou qui nuit à l’ensemble ou qui n’apporte rien… enfin bon… c’est un sacré problème ! […] c’est moi qui définit ce que je veux faire ou pas. Aussi bien en qualité… qu’en quantité… qu’en temps… […] Je fais ce que je veux quand je veux. Mais alors attendez, c’est… alors euh… ça veut pas dire que… un bénévole ne peut pas être un touriste ! Il faut qu’il soit un professionnel ! » (Entretien

bénévole ADIE, 22 mai 2002)

Et cette situation se retrouve également dans les structures associatives à vocation sportive, qui recherchent aujourd’hui davantage la performance sportive (avec des résultats enregistrés par les instances fédérales compétentes) que la seule participation collective à une activité de défoulement et d’«être ensemble ». Le directeur technique d’un centre de parachutisme sportif dit ainsi :

« Ce qui ne marche plus, c’est une qualité médiocre sous prétexte qu’on se retrouve entre copains et qu’on s’amuse ; c’est ça qui est mort. Dans tous les cas, maintenant, les gens veulent la qualité… La qualité dans l’instruction en particulier. Il n’est plus question […] de nommer un instructeur qui ne soit pas bon sous prétexte qu’il est généreux et qu’il s’occupe des autres, c’est fini. »59

58 Extrait d’entretien cité par Le Crom J.-P. et Retière J.-N., « Nourrir les pauvres : assister et/ou entreprendre ? », p. 67-84, p. 81-82 in Prouteau L. (sous la dir.), Op. cit., 2003.

59 Extrait d’entretien cité par Loirand G., « Les paradoxes de la « professionnalisation » des associations sportives », p. 85-103, p. 99 in Prouteau L. (sous la dir.), Ibid.

Compte tenu de son image altruiste, généreuse et désintéressée, on aurait pu penser que le champ social du secteur associatif échappe à cette règle mais ce n’est pas le cas. Il est même un cas exemplaire des modalités organisationnelles (et notamment son rapport au bénévolat) du secteur associatif actuel.

Le bénévolat « professionnel » est un bénévolat organisationnel, formel. Il est lié à la structure, attaché à elle sur le long terme (une année voire davantage) et on note une très forte présence de compétences et/ou d’expérience formalisée à l’entrée dans la structure. Il peut être amené à suivre une formation dans le cadre de la structure par les salariés, qui, de la même façon que pour le bénévolat de « bonne volonté », peut prendre la forme d’une initiation aux « trucs », pratiques et représentations de la structure. Cette formation constitue ainsi une transmission de l’esprit et de la culture de la structure ayant le souci d’intégrer les nouveaux arrivants. Par ailleurs, il dispose d’un ensemble de compétences et de qualifications, construites dans un cadre professionnel antérieur ou simultané qui lui offre des possibilités plus grandes au sein de la structure associative : davantage de responsabilités, d’autonomie. Et puis, ces qualifications sont transposables à d’autres structures donc elles permettent une liberté de circulation. Son recrutement, à la différence de la forme précédente qui reposait sur la « bonne volonté », repose sur une base aux critères plus définis : ses qualifications, sa compétence territoriale et son expérience professionnelle. Il n’est cependant pas dénué de « bonne volonté » ou de militantisme. Simplement son intégration à la structure relève d’une logique de recrutement entrepreneurial classique fondée sur une gestion rationnelle de la main-d’œuvre associative, même bénévole. Cette forme de bénévolat, même si elle ne se retrouve pas dans toutes les structures associatives, tend largement à se généraliser, notamment dès que des actions très spécifiques sont mises en place. Les cas les plus exemplaires de cette situation, dans le corpus constitué, sont l’ADIE et La Clé mais des structures telles que Rencontre, La Passerelle voire l’ATTM n’en sont pas totalement dépourvues. L’exemple cité par Jean-Pierre Le Crom et Jean-Noël Retière fait également ce lien entre spécialisation des actions et/ou de la structure et professionnalisation des bénévoles :

« C’est de plus en plus des bénévoles professionnels, parce que le bénévole au bon cœur c’est

très gentil mais ce n’est plus suffisant car il ne faut pas être naïf, c’est tactique, faut comprendre, faut discuter, faut pas faire n’importe quoi… Bon, il y a tout un contexte si

vous voulez du suivi social où le bénévole est obligé d’apprendre et de gérer parce qu’il est responsable. Nous, on n’a pas d’argent mais la Banque alimentaire et nos produits c’est de

l’argent, alors on peut vous demander : "mais monsieur justifiez de toutes ces commandes". »

(Entretien avec le président d’une conférence de Saint-Vincent-de-Paul60)

Ce souci de professionnalité constitue une revendication portée par les bénévoles eux-mêmes qui se positionnent comme des professionnels voire comme des experts. Suivant cette logique il s’agit alors, pour ces bénévoles, de témoigner d’une conscience professionnelle et d’un investissement dans la structure :

« Je fais ce que je veux quand je veux. Mais alors attendez c’est… alors euh… ça ne veut pas dire que… un bénévole ne peut pas être un touriste ! Il faut qu’il soit un professionnel ! Si je prends un engagement d’une réunion avec l’ANPE […] y a des moments où je me demande si je suis au travail ou… en retraite ou si je travaille encore, etc. bon ! mais en dehors de ça, y a un engagement ! C’est clair ! Mais… c’est à… avec cet engagement, j’ai… j’ai pas de hiérarchie, j’ai pas de pression euh… si pour une raison ou une autre, je ne peux pas aller à Sarrebourg euh… ben j’y vais pas ! mais ça c’est vis-à-vis de moi-même hein ! il faut que je sois honnête ! Si je ne vais pas à Sarrebourg c’est parce que vraiment je ne peux pas ! Euh… bon à ce moment-là, qu’est-ce qui se passe ? ben soit Colette y va et on a la réunion ou on va pas à Sarrebourg ! c’est aussi simple que ça ! Y a pas une conséquence à ça ! A la limite y a une morale et du psychologique : il faut pas tricher. Il faut pas manipuler les autres. Et il faut pas faire ça en touriste mais sinon c’est très [ouvert].» (Entretien bénévole ADIE 22 mai 2002)

Cet extrait est particulièrement exemplaire de la situation et du secteur lui-même dans la mesure où l’impératif de conscience professionnelle et le sens de devoir moral qui lient les bénévoles à leur structure associative et aux usagers fait clairement écho aux deux sources (laïques et religieuses) du secteur. Le contrat informel (moral) qui unit les protagonistes rend également compte de la position hybride dans laquelle se trouvent aujourd’hui les travailleurs associatifs, à la frontière du bénévolat et du salariat, du privé et du public, du don et de la professionnalisation61. Mais cette éthique de la conviction ne suffit pas. Le souci de bien faire ou plutôt de « ne pas faire n’importe quoi », une éthique de la responsabilité, constitue également une motivation importante. Pour le dire autrement, ce n’est pas parce que les personnels opèrent au sein d’une structure associative, auprès de populations souvent en difficulté que cela engendre une tolérance à la moindre qualité du service rendu ou de l’aide apportée. Les choses doivent se faire sérieusement. « On peut pas prendre n’importe quel bénévole » nous disait la responsable de La Clé qui développe une antenne d’écoute psychologique.

60 Cité par Le Crom J.-P. et Retière J.-N., Art. cit., 2003, p. 82.

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L’objectif d’un service de qualité est tel que certaines structures préfèrent opter, par souci de sérieux, de disponibilité, de compétences certifiées, pour des personnels uniquement salariés.

« alors on n’a pas… on n’a pas de bénévoles chez nous. On est tous… on est tous salariés. Euh… on ne travaille pas forcément à temps plein mais euh… on ne travaille pas avec des bénévoles. [I : pour quelle raison ?] alors pour quelle raison ? euh… c’est très difficile à… avec le boulot qu’on a à suivre […] avec des salariés parce que euh… qui dit bénévole dit des

personnes qui sont là pour un temps limité dans l’année et euh… qui ne seront pas forcément [ disponibles] donc euh… un mode d’organisation qui… donc c’est en… en gros

euh…[ …] en revanche on accueille régulièrement des stagiaires [ donc…] mais on a un noyau salarié. » (Entretien responsable ISM-Est, 07 mai 2002)

On sent, ici, un soupçon qui pèse sur les bénévoles. La question qui est alors posée est : peut-on réellement compter sur des bénévoles que rien ne cpeut-ontraint à être là et à agir bien (sérieusement et efficacement) ?

Pour d’autres, ce souci de professionnalité les conduit à développer un dispositif de formation (premier extrait d’entretien ci-dessous) ou à effectuer le recrutement dans un secteur limité, tel l’université pour le soutien scolaire (second extrait d’entretien ci-dessous)

Cas 1 : « soit les bénévoles font des cours en binôme avec quelqu’un soit ce sont des bénévoles

qui ont un parcours social assez important et qui sont passés par plusieurs… et qui ont passé

plusieurs années avec nous… en travaillant avec nous. Depuis longtemps, on leur confie une

fois par semaine le groupe pour qu’on puisse avancer avec le groupe. Ça nous permet d’avoir plus d’heures. Ça nous permet de donner plus de facilité aux personnes que nous avons. Alors euh… les bénévoles… les bénévoles, chez nous, ce sont des personnes qui ont souvent euh…

elles ont le niveau Bac+. Et y a une éducatrice spécialisée à la retraite, y a une juriste à la

retraite, il y a… une sœur qui a travaillé euh… en euh… Amérique du Sud avec les Indiens. Elle faisait de l’alpha en espagnol. Euh… on a quoi encore… » (Entretien salariée encadrant les bénévoles du CFQ, 10 décembre 2002)

Cas 2 : « Moi, quand j’étais étudiant, j’ai rameuté tout mon réseau étudiant que j’avais à

l’époque. Martin, il est arrivé deux ans après ; il y en avait encore de mon réseau et puis lui, il a mobilisé son réseau comme il venait de l’université aussi et puis ça a été. Et puis, là, comme on s’est coupés de notre réseau depuis maintenant pas mal de temps, c’est vrai qu’on tire la langue. Cette année, on doit avoir deux bénévoles à ce titre-là c’est-à-dire deux bénévoles issus de l’université pour l’accompagnement scolaire… » (Entretien responsable ATTM, 24 mai 2002)

Pour autant, pour prolonger ce dernier cas, la difficulté à trouver des bénévoles peut amener à réorienter les choix, notamment vers le local en piochant dans des personnels dotés de

compétences territoriales :

« avant il y en avait vingt-cinq, quand je suis arrivé ici il y avait vingt bénévoles en accompagnement scolaire, mais à l’arrivée c’était pareil… là on est un peu en carence de ce côté là mais par contre on a beaucoup plus de bénévoles du quartier qu’on avait pas du tout au

début… c’est normal maintenant on est enracinés ici donc la structure s’est développée de ce

côté là. »

Je précisais plus haut que cette forme de bénévolat n’était pas dénuée de bonne volonté ou de militantisme mais il est également important de préciser à ce stade de la réflexion qu’elle s’accompagne, comme les autres formes, d’une notion de plaisir qui participe de l’engagement, quand bien même ce dernier serait revendiqué sur le mode professionnel.

« [I. : et en termes d’évolution, vous… vous comptez rester…] perso ? alors en évolution de

carrière c’est raté hein ! Euh… j’ai pour habitude de dire qu’il faut savoir tourner les pages avant qu’on les tourne pour vous. […] Dans l’autre association où je suis… y a des tas de gens qui y sont mais qui sont là depuis quinze ans ! Ils sont très bien mais… […] La notion de bénévolat ça suppose d’être motivé, d’avoir envie. On ne peut pas prendre tous les

bénévoles. On a des problèmes ! des… des assoc. comme l’ADIE, ça a été fait très

officiellement… et que faire d’un bénévole qui… dont on n’a pas envie ? Parce que vous arrivez comme bénévole, vous avez suivi une formation professionnelle, des choses comme ça mais… c’est… on ne… y a une sorte d’embauche. Que faire devant quelqu’un qui arrive

avec sa bonne tête et qui veut apprendre mais qui… qui n’est pas efficace ou qui nuit à

l’ensemble ou qui n’apporte rien… enfin bon… c’est un sacré problème ! Euh… donc… je ne

veux pas faire partie de ces gens qui sont… euh… qui pourraient peser sans rien apporter

pour… ma réponse à moi, c’est que de toute façon, j’en partirai… j’allais dire quand ça ne me

plaira plus mais c’est pas le terme ! mais quand je n’y trouverai pas la même plénitude ou

la même satisfaction, le même plaisir quoi ! Quand je ne trouverai… quand je n’y trouverai

plus mon compte. [silence] Ce que j’ai déjà fait bon… je l’ai fait avant d’arriver à l’ADIE. J’ai

fait trois mandats municipaux, j’en n’ai pas fait un quatrième parce que c’était pas la peine. Le

punch n’y est plus ! La motivation n’y est plus ! Y a plus de plaisir, y a plus rien… je ne vais pas m’accrocher à un poste de bénévole entre guillemets ! » (Entretien bénévole ADIE, 22

mai 2002)

La comparaison avec l’engagement politique développée par ce bénévole interviewé est très intéressante. Elle le conduit à mobiliser un vocabulaire particulier puisqu’il évoque le « poste de bénévole ». Or, « être en poste » ou « occuper un poste » fait davantage écho au monde du travail hors associatif (administration ou entreprise) qu’à une structure associative. Ce type de terme qui passe d’un secteur à un autre est très intéressant car il nous dit deux choses du secteur associatif actuel. La première est qu’il ne s’oppose plus totalement aux autres secteurs (privé lucratif et public62) comme ce fut le cas à l’origine mais tend à combler une brèche intermédiaire entre ces derniers. Dans ce sens, on constate que la conception du secteur associatif relève davantage de la définition (économiste) admise actuellement (comme tiers

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Voir l’article de Lester M. Salomon et Helmut K. Anheier, dans lequel les auteurs rappellent notamment les liens financiers qui lient ces secteurs, le don privé ne constituant qu’environ 10% des financements des structures du secteur. Salomon L. M., Anheier H. K., « Le secteur de la société civile : une nouvelle force sociale », in Une

seule solution, l’association ? Socio-économie du fait associatif, Revue du M.A.U.S.S., Coll. recherches, n°11,

secteur63) que de celle, originelle64, faisant de l’association une forme de sociabilité ancrée dans la société civile, autorisant une participation citoyenne et politique (au sens classique du terme). La seconde chose dont témoigne cet extrait tient à l’imbrication croissante des secteurs et de la porosité des frontières et des modalités organisationnelles des secteurs (on va de l’un à autre avec ni plus ni moins d’intérêt ou de réflexion qu’entre deux entreprises, deux postes, etc.). Ainsi, voit-on à travers la mobilisation de ce vocabulaire combien la place du secteur associatif a pu se transformer au cours du vingtième siècle et au fil de ses rapprochements avec le politique et l’entreprise.

Aussi, même si l’idée de « carrière »65 dans le bénévolat peut sembler être a priori antinomique car trop éloignée de la philosophie de ce secteur, à y regarder de plus près, parler de « carrière de bénévole » et de « carrière dans le bénévolat »66 n’est somme toute pas si incongru que cela. D’une part, parce que le bénévolat peut constituer un tremplin vers d’autres statuts sociaux et donc être un maillon d’une chaîne d’insertion sociale et professionnelle et, d’autre part, l’idée d’une carrière dans le bénévolat est rendue possible par tout un ensemble de gratifications et rétributions67 qu’il confère à l’individu, au point que ce dernier s’installe68 dans le bénévolat et constitue un « patrimoine bénévole » de référence (avec des figures anonymes, les plus nombreuses, et célèbres tels Coluche pour les Restos du Cœur, l’Abbé Pierre pour Emmaüs, etc.). Ces gratifications et rétributions peuvent prendre différentes formes : des postes électifs ou administratifs offrant des gratifications matérielles

63 Voir entre autres : Archambault E., Op. cit., 1996 ; « Le secteur non lucratif en Europe, 4 modèles », Pour, n°169, mars 2001. ; Op. cit., 2006 ; Laville J.-L. (dir), L’économie solidaire, une perspective internationale, Desclée de Brouwer, Paris, 1994, 217p. ; Laville J.-L., Sainsaulieu R., Sociologie de l’association, Desclée de Brouwer, Coll. Sociologie économique, Paris, 1997, 399p. ; Laville J-L., Une troisième voie pour le travail, Desclée de Brouwer, Coll. Sociologie économique, Paris, 1999, 217p. Voir également les nombreuses productions de la FONDA, http://www.fonda.asso.fr/

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Balme R., « La participation aux associations et le pouvoir municipal : capacités et limites de la mobilisation par les associations culturelles dans les communes de banlieue », Revue française de sociologie, 28 (4), 1987, p. 601-639 ; Mehl D., « Culture et action associative », Sociologie du travail, n°1, 1982, p. 24-42 ; Meister A., Vers

une sociologie des associations, Eds. ouvrières, Paris, 1972, 220p. ; Meister A., La participation dans les associations, Eds. ouvrières, Paris, 1974, 276p. ; Palard J., « Rapports sociaux, stratégie politique et vie

associative », Sociologie du travail, n°3, 1981, p. 308-324.

65 Entendu dans le sens classique d’une progression professionnelle.

66

Entendu, ici, dans le sens construit par Everett C. Hughes. Hughes E. C., Le regard sociologique, Editions de l’école des hautes études en sciences sociales, Paris, 1996, 344p. ; notamment les chapitres 10 (Carrières, cycles

et tournants de l’existence) et 11 (Carrières). Voir également Becker H. S., Outsiders. Etudes de sociologie de la