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Si l’analyse des politiques publiques a fait de la démarche comparative l’un de ses terrains d’élection120, le travail comparatif ne pose pas moins des problèmes spécifiques. La comparaison est une méthode de travail qui permet de décaler le regard de l’observateur, et de « porter ainsi un regard autre sur sa propre réalité nationale »121. Durkheim faisait d’ailleurs de la méthode comparative l’outil par excellence d’administration de la preuve en sociologie122. Néanmoins, pour pouvoir adopter une démarche comparative, il s’agit de travailler sur des objets comparables entre eux. L’enjeu est alors de s’interroger sur les fondements d’une pratique « méthodologiquement maîtrisée »123. Ce questionnement peut être opéré à trois niveaux: au niveau de la construction de l’objet (problème de la comparabilité des données) ; au niveau du travail empirique (conditions de faisabilité); au niveau de la restitution (stratégie d’écriture comparative)124. Il nous faut cependant préciser un point : notre travail de thèse ne constitue pas une comparaison « pure ». Selon Sartori125, seule une étude qui met en relation au moins deux cas de manière explicite est effectivement comparative. Or dans le cas de notre étude, nous ne caressons pas de visée à la classification comme le sous-entend Sartori. L’enjeu n’est pas de pister un « meilleur modèle », mais d’interroger l’argumentation officielle qui sous-tend la construction de la PESD au niveau européen, et plus particulièrement au niveau français et allemand, en comparant justement le sens que cette politique revêt pour les acteurs politico-militaires des deux côtés du Rhin, ou plus précisément pour examiner s’il existe bien une communauté de représentations et de pratiques en la matière comme le laisse entendre l’argumentation officielle franco-allemande. Plutôt qu’une méthode, nous concevons ici la comparaison comme une « posture intellectuelle »126. La démarche comparative, si elle a présidé à tous les stades de notre enquête de terrain, ne transparaît dans la restitution qu’à partir de la seconde partie et surtout dans la troisième partie de notre thèse, d’où le titre de «

120 Cf. Patrick Hassenteufel, « De la comparaison internationale à la comparaison transnationale. Les déplacements de la construction d’objets comparatifs en matière de politiques publiques », in Revue Française

de Science Politique, 55 (1), février 2005, pp. 113-132. Pour une revue rapide des phases chronologiques de

l’analyse comparative en politiques publiques, cf. en particulier pp. 115-116.

121 Patrick Hassenteufel, Deux ou trois choses que je sais d’elle. Remarques à propos d’expériences de

comparaisons européennes., p. 118, in M. Bachir, S. Duchene et al., Myriam Bachir, Sophie Duchesne et al., Les méthodes au concret., Démarches, formes de l’expérience et terrains d’investigation en science politique,

Centre Universitaire de Recherches Administratives et Politiques de Picardie, Paris, PUF, 2000.

122 Emile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, 7ème éd., Paris, PUF, 1993.

123 Patrick Hassenteufel, id., p. 118.

124

Patrick Hassenteufel, « De la comparaison internationale à la comparaison transnationale. Les déplacements de la construction d’objets comparatifs en matière de politiques publiques », art. cit.

125 Giovanni Sartori, « Bien comparer, mal comparer », in Revue Internationale de Politique Comparée, 1 (1), avril 1994, pp. 19-36.

126

Cf. Michel Lallement, Jan Spurk (dir.), Stratégies de la comparaison internationale, Paris, CNRS Editions, 2003.

comparaison ». Nous nous efforçons ici de retracer le cheminement intellectuel qui fut le nôtre.

Un objet franco-allemand et européen ancré dans son historicité

Notre problématique visant à saisir le processus socio-politique, porté par des groupes d’acteurs structurés au niveau national (en France et en Allemagne) et européen, qui sous-tend la genèse et la mise en œuvre de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense, en se focalisant tout particulièrement sur le noyau dur franco-allemand, notre point de départ est plutôt franco-allemand que comparatif, puisque l’enjeu de nos premiers questionnements était de dégager le rôle joué par les acteurs politico-militaires de la coopération franco-allemande dans la construction de la politique européenne de défense. Dès lors, comment en est-on venu à comparer et quelle est la plus-value de la perspective comparative dans notre travail ? Deux grandes questions structurent notre recherche : pourquoi construit-on la PESD et pourquoi les acteurs français et allemands y prennent une telle part (question de la genèse et des motivations à agir, et influence du contexte spatio-temporel) ? Comment fonctionne-t-elle, est-elle vécue et légitimée à Paris et Berlin, et à Bruxelles ? C’est ici à la fois la question des processus décisionnels qui trament l’émergence de ce type spécifique d’action publique à l’échelle de l’UE qui est posée, mais aussi celle de la boîte noire127, soit comment les systèmes politico-militaires et plus précisément leurs acteurs interagissent avec la nouvelle configuration ? Ce second type de questionnement nous conduit naturellement à la comparaison entre France et Allemagne, afin d’examiner si le sens donné à la PESD, son vécu et sa légitimation sont les mêmes dans deux pays si étroitement liés sur le plan politique et militaire. En creux, l’enjeu consiste à se demander si la politique européenne de défense fonctionne comme les discours officiels l’affichent dans les deux Etats128. La comparaison offre un outil de confrontation des données, et de mise en lumière des obstacles qui pèsent sur la PESD. Quelle Union Européenne veut-on finalement pour demain ? Le problème principal est pour l’instant l’absence de consensus sur ce rôle de puissance politique entre les Etats européens. Il s’avérait donc intéressant de comparer cette réflexion dans deux Etats aussi liés que la France et l’Allemagne ; c’est par une méthodologie qualitative, basée sur des entretiens, que nous avons procédé, comme nous l’expliquons plus loin.

127

Cf. Pierre Muller, op. cit., pp. 87-88.

128 Nous nous inspirons ici de l’image du « sociologue chasseur de mythes » de Norbert Elias : « En s’appuyant sur l’observation des faits, ils [les sociologues] s’efforcent de remplacer les images subjectives des complexes événementiels, les mythes, les croyances et les spéculations métaphysiques par des théories, c'est-à-dire par des modèles de relations que l’observation des faits peut vérifier, corroborer et corriger. » In Qu’est-ce

Il nous semble important de souligner ici que toute comparaison revêt un caractère nécessairement situé dans le temps et dans l’espace129. De plus, nous souscrivons au postulat d’incomplétude –ou hiatus irrationalis- énoncé par Weber, soit l’impossibilité de rendre compte exhaustivement de tous les éléments qui ont contribué à produire un événement ou un processus donné130. Tout en gardant à l’esprit « l’île que représentent nos

connaissances dans l’océan de notre ignorance »131, notre démarche d’enquête qualitative nous permet une certaine finesse d’analyse en remettant les acteurs au centre de la démarche, et en combinant ce niveau « micro » avec le niveau institutionnel des structures dans lesquelles ces acteurs agissent et le niveau macro des Etats. De cette façon nous pouvons penser l’interdépendance non seulement entre les acteurs, mais aussi entre acteurs, structures et phénomènes constituant alors une configuration sociale132. Nous n’entendons pas ici étudier si un type particulier de problème public produit des réponses publiques plus ou moins identiques selon les pays133. Le cas de la défense est particulier, et quoi qu’il arrive, les Etats conserveront une politique étrangère et de défense nationale à l’avenir, celle-ci représentant un attribut constitutif de leur souveraineté134. Par ailleurs, le fait de porter un regard diachronique offre des clefs de compréhension de la genèse et de la stabilité des systèmes politiques, en l’occurrence de la façon dont les configurations de défense française et allemande se sont construites et se projettent dans une nouvelle configuration au niveau européen135. L’intérêt de notre approche en termes de sociologie historique de l’action publique est justement, en s’intéressant à ces configurations sociales dans le domaine de la défense, d’« évaluer l’influence (sur l’action présente) des actions et configurations sociales passées. »136

129 Cf. Jean-Claude Passeron, op. cit., pp. 81-82.

130 Max Weber, Essai sur la théorie de la science, Paris, Plon, 1965.

131

Norbert Elias, id., p. 124.

132 Id., p. 90 et p. 154 et suiv.

133 Sur la notion de problème public, cf. tout particulièrement l’article de Guy Peters, « The Problem of Policy Problems », in Journal of Comparative Policy Analysis, 7 (4), December 2005, pp. 349-370.

134

Hubert Védrine pose même ce principe comme condition permettant pour eux d’envisager une politique étrangère européenne plus audacieuse, correspondant aux nouveaux besoins. Cf. Hubert Védrine, Continuer

l’histoire, Paris, Fayard, 2007.

135 Cf. notamment Philippe d’Iribane, La logique de l’honneur. Gestion des entreprises et traditions

nationales, Paris, Seuil, 1989. Son ouvrage, dans une perspective comparative de type culturaliste, examine

des entreprises françaises, nord-américaines et hollandaises et vise à démontrer que leur mode de fonctionnement différent se rapporte à la structuration dans le temps des relations d’entreprise dans chacun des pays étudiés : si aux Pays-Bas le mode d’ajustement est le compromis, aux Etats-Unis les relations d’entreprise répondent à une logique contractuelle, et en France ces relations obéissent à une « logique de l’honneur » dont l’auteur tire la genèse du fonctionnement qui avait cours sous l’Ancien Régime.

136 Yves Déloye, Sociologie historique du politique, op. cit, p. 24. Ce retour sur le passé pour saisir les dynamiques sociales présentes se retrouve notamment, dans sa forme comparative, dans les travaux s’intéressant au niveau macro aux grandes transformations politico-sociales sur longue période comme ceux de Charles Tilly, Theda Skocpol, Barrington Moore, Reinhard Bendix, ou Immanuel Wallerstein.

Si notre question originelle est clairement franco-allemande, nous avions au départ envisagé une étude portant sur la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, car il s’agit du triangle de pays leaders dans ce domaine. Mais il s’est rapidement avéré qu’une telle étude ne permettrait pas la profondeur d’une enquête ciblée sur les deux pays emblématiques de la construction européenne. Notre mode de financement a ici joué dans le choix opéré : notre thèse a été financée par une allocation de recherche issue de la Délégation Générale à l’Armement (DGA) du ministère de la Défense. Or, lors de notre entrée en thèse à l’automne 2004, le Centre d’Etudes en Sciences Sociales de la Défense (C2SD) chargé du pilotage des doctorants travaillant sur la défense, suivait la réalisation d’une thèse portant sur le thème de l’européanisation des politiques de défense en France et en Grande-Bretagne137. Par conséquent, nous avons naturellement été aiguillés vers une analyse franco-allemande. De façon certes atténuée, nous avons également pu nous rendre compte du

double bind138, cette double injonction contradictoire qui pèse sur le chercheur travaillant pour un organisme public du fait de la discordance des temps politico-administratif et scientifique139. Quoiqu’il en soit, le dessin du contour de notre objet a été influencé tant par notre parcours universitaire personnel, que par notre financement140.

137

Elisabeth Sheppard, L ’Européanisation des politiques de défense : Les cas du Royaume-Uni et de la

France 1995-2002 , Thèse de science politique en cours sous la direction de Jean Leca à l’IEP de Paris. 138 Norbert Elias a rapatrié ce concept issu de la psychiatrie pour l’utiliser en sociologie. Cf. Engagement et

distanciation, Paris, Presses Pocket, 1996, p. 75. 139

Pierre Muller, Les politiques publiques, op. cit., p. 96. Cf. aussi Dominique Monjardet, « Le chercheur et le policier. L’expérience des recherches commanditées par le ministère de l’Intérieur », art. cit., p. 217. Dans notre cas, ce double bind se manifestait essentiellement par une incitation à terminer la recherche en trois ans « comme dans les sciences dures ». Or toute recherche empirique un peu approfondie nécessite souvent un minimum de dix-huit mois à deux ans avant de prétendre produire des résultats exploitables. Sciences « dures » et sciences humaines relèvent dans notre esprit, dans la perspective wébérienne de différenciation entre sciences de l’humain (sciences « historiques ») et science de la nature, d’une épistémologie différente qui se traduit concrètement par une façon distincte de faire de la recherche. Pour Jean-Claude Passeron, le raisonnement sociologique est un raisonnement mixte, soit un va-et-vient entre contextualisation historique et raisonnement expérimental : « Aucune des conditions logiques de la « falsifiabilité » d’une théorie ou d’une proposition générale n’est remplie stricto sensu dans le cas de la structure logique des théories sociologiques (ou des « synthèses historiques ») dès lors que l’on prend au sérieux les contraintes de l’observation historique. » In Le raisonnement sociologique, op. cit., p. 134. On retrouve ici l’empreinte wéberienne de la critique du monisme scientifique, entre autres dans son Essai sur la théorie de la science, Paris, Plon, 1965. Pierre Favre au contraire tend à défendre une thèse positiviste postulant l’unité de la science entre les sciences de la nature et les sciences de l’Homme. Cf. Pierre Favre, Comprendre le monde pour le changer, op. cit.

140

Le goût pour la langue allemande nous avait conduit à opter pour une année d’ouverture dont le premier semestre s’est déroulé à l’université de Passau en Allemagne, et le second semestre a consisté en un stage à l’Ecole de la paix, une ONG grenobloise, sur le thème de la reconversion des industries d’armement. Quant à notre intérêt pour les questions franco-allemandes, il est redevable à deux enseignements en particulier reçus lors de notre cursus d’études à l’IEP de Grenoble en 2000-2001: le cours d’histoire de l’Allemagne de Roland Lewin et le cours sur la construction européenne de Sylvie Lemasson.

Retour sur les principaux concepts utilisés

Avec quels concepts sommes-nous partis sur le terrain, et quels concepts mobilisons-nous pour rendre intelligibles les résultats ? 141 Notre travail doctoral s’oriente autour de quelques concepts clefs : politique de défense ; coopération militaire ; européanisation. Suivant la « ficelle de Wittgenstein »142, le but est de débarrasser une idée de ce qui lui est contingent et accidentel pour ne garder que ce qui lui est essentiel. Finalement, les concepts nous indiquent où regarder plutôt que ce qu’il faut observer. Dès lors, nous avons construit notre grille de lecture sur des concepts plus larges : ceux de configuration, de socialisation professionnelle/organisationnelle, d’habitus national ; de légitimation. L’usage du concept de configuration est ici préféré à celui du concept de réseau143. L’objet n’est pas de débattre de la notion de réseaux d’action publique qui fait l’objet d’une abondante littérature en analyse des politiques publiques144. L’avantage du concept de configuration est de prendre en compte non seulement l’interdépendance entre les divers acteurs impliqués dans la sociogenèse de la politique européenne de défense en France et en Allemagne, mais également la dimension diachronique mettant en exergue la notion d’apprentissage. La configuration permet de s’intéresser tant aux structures qu’aux acteurs de chair qui les composent, tandis que l’analyse par réseau de politique publique interroge davantage un niveau méso145. La position occupée par l’acteur dans la configuration lui confère un

habitus, structure incorporée, spécifique qui forme son prisme de lecture du monde social

qui l’entoure et influence ses pratiques. L’avantage de ce concept est de penser en tension les acteurs et les structures, soit à la fois l’émergence d’une forme nouvelle d’interactions sociales dans le domaine de la défense au niveau européen, mais de s’interroger aussi sur les acteurs qui la portent plus que par le biais d’une perspective de néo-institutionnalisme historique qui fait prévaloir l’analyse des institutions en tant que structures146. L’usage de ce

141

Howard Becker écrit : « Nous définissons les concepts […] et nos définitions sont formées par la collection

de cas que nous avons à notre disposition et à partir desquels nous pensons le problème en question. » in Les ficelles du métier. Comment conduire sa recherche en sciences sociales, Paris, La Découverte, Coll. « Repères

Guides », 2002, p. 194.

142

Cette ficelle vise à s’interroger : que reste-t-il si j’enlève d’un événement ou d’un objet X une qualité Y ? Id., p. 227.

143 Nous revenons sur ce choix en introduction de notre seconde partie.

144 Nous renvoyons ici à l’article synthétique de M. Thatcher, Réseau (politcy network), pp : 384-390, in Laurie Boussaguet et al., op. cit.

145 Cf. Patrick Le Galès, Les réseaux d’action publique entre outil passe-partout et théorie de moyenne portée, pp. 13-28, in Patrick le Galès, Mark Thatcher, Les réseaux de politiques publiques, Paris, L’Harmattan, 1995.

146 Norbert Elias, Qu’est-ce que la sociologie?, op. cit., p. 156. Quelle différence percevons-nous entre une approche socio-historique de l’analyse des politiques publiques et une perspective en termes de néo-institutionnalisme historique ? La question ne semble pas évidente à résoudre au premier abord, d’autant plus que les deux courants recèlent un point de départ commun : l’appui sur la connaissance du passé dans l’étude de la genèse de l’action publique et de ses transformations. Et pourtant, il s’agit bien de deux façons distinctes de procéder et de construire l’objet de recherche. Le néo-institutionnalisme historique ne s’intéresse pas tant à l’histoire en elle-même, qu’au processus de changement dans l’action publique et aux contraintes que le passé

concept a contribué à définir le type d’enquête à mener : l’entretien permettait justement d’accéder à la fois aux acteurs et d’interroger les structures à travers eux147.

Les autres concepts utilisés relèvent plutôt de la littérature constructiviste, notamment celui de socialisation. Nous les avons mobilisés en cours d’enquête, au vu des premiers résultats qui se dégageaient du terrain et de ce qui nous semblait manquer dans les traditions d’étude autour de la défense européenne. En l’occurrence, nous nous sommes rendus compte sur le terrain que les représentations de la PESD, son vécu et les pratiques qui l’entourent, et sa légitimation sont fortement influencés par la socialisation professionnelle (ethos professionnel militaire ou diplomatique essentiellement), organisationnelle et nationale des acteurs. Plus prosaïquement, la politique européenne de défense semble plus multiple que commune. C’est de ce constat de terrain que nous tirons ensuite la notion de substitut symbolique.

Comparabilité et voyage sociologique : la technique de l’immersion

Comment comparer la façon dont les institutions politico-militaires françaises et allemandes interviennent et interagissent au sein des processus d’élaboration et de mise en œuvre de la PESD ? Chaque recherche commence sur un terrain vierge, même si celui-ci à déjà été investi comparativement auparavant148 : le regard propre du chercheur et sa façon particulière de construire son objet et son dispositif méthodologique pour lire son terrain est largement influencé par nombre de facteurs, tels sa formation intellectuelle et universitaire à la recherche, sa sensibilité pour telle question et tel angle d’approche plutôt que tel autre, les

fait peser sur les politiques publiques présentes sous la forme de chemins de dépendance institutionnelles (path

dependency) qui ont pour effet d’exercer un effet de loquet (lock in) sur les programmes d’action publique

dans la mesure où un programme mis en place entraîne des rendements croissants (increasing returns) et qu’il peut s’avérer plus coûteux d’en changer que de le maintenir, même s’il est devenu sous-optimal (Cf. Paul Pierson, , « Increasing Returns, Path Dependency, and the Study of Politics. », in American Political Science

Review, 94 (2), 2000,pp. 251-267.). Mais la différence la plus tangible qui apparaît entre le

néo-institutionnalisme historique et l’analyse socio-historique est l’accent mis par la seconde démarche sur la construction sociale des cadres. Le courant néo-institutionnaliste en général considère les institutions comme variable d’analyse, mais donne à ce concept un contenu large qui englobe tant les structures physiques que les pratiques et les normes qui constituent cette institution. Ce courant reste finalement centré sur la question du changement : l’histoire y est mobilisée en quelque sorte comme récit causal à un niveau macro. L’approche socio-historique interroge au contraire les institutions à travers le niveau des acteurs qui les constituent, et

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