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De l'Eurocorps à une armée européenne ?<br />Pour une sociologie historique de la politique européenne de sécurité et de défense (1991-2007)

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Submitted on 5 Jan 2009

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De l’Eurocorps à une armée européenne ?Pour une sociologie historique de la politique européenne de

sécurité et de défense (1991-2007)

Delphine Deschaux-Beaume

To cite this version:

Delphine Deschaux-Beaume. De l’Eurocorps à une armée européenne ?Pour une sociologie historique de la politique européenne de sécurité et de défense (1991-2007). Sciences de l’Homme et Société.

Université Pierre Mendès-France - Grenoble II, 2008. Français. �tel-00349871�

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UNIVERSITE GRENOBLE 2 - PIERRE MENDES FRANCE

INSTITUT D’ETUDES POLITIQUES

E.D. SCIENCES DE L’HOMME, DU POLITIQUE ET DU TERRITOIRE

DE L’EUROCORPS A UNE ARMÉE EUROPÉENNE ?

POUR UNE SOCIOLOGIE HISTORIQUE

DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE SÉCURITÉ ET DE DEFENSE (1991-2007)

TOME I

Thèse pour le DOCTORAT en SCIENCE POLITIQUE

Présentée par

DELPHINE DESCHAUX-BEAUME Soutenue publiquement le vendredi 5 décembre 2008

Sous la direction de M. Olivier Ihl

Membres du Jury :

M. Yves Déloye, Professeur des Universités, Université de Paris I-Panthéon Sorbonne (rapporteur)

M. Wolf-Dieter Eberwein, Professeur de Science politique, Institut d’Etudes Politiques de Grenoble

M. Philippe Garraud, Directeur de recherche, CRAPE- Sciences Po Rennes, Université de Rennes1 (rapporteur)

M. Olivier Ihl, Professeur des Universités, Institut d’Etudes Politiques de Grenoble (directeur de thèse)

M. Bastien Irondelle, Chargé de recherche au CERI-Sciences Po

M. Christian Lequesne, Directeur de recherche, CERI-Sciences Po (président)

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UNIVERSITE GRENOBLE 2 - PIERRE MENDES FRANCE

INSTITUT D’ETUDES POLITIQUES

E.D. SCIENCES DE L’HOMME, DU POLITIQUE ET DU TERRITOIRE

DE L’EUROCORPS A UNE ARMÉE EUROPÉENNE ?

POUR UNE SOCIOLOGIE HISTORIQUE

DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE SÉCURITÉ ET DE DEFENSE (1991-2007)

TOME I

Thèse pour le DOCTORAT en SCIENCE POLITIQUE Présentée par

DELPHINE DESCHAUX-BEAUME Soutenue publiquement le vendredi 5 décembre 2008

Sous la direction de M. Olivier Ihl

Membres du Jury :

M. Yves Déloye, Professeur des Universités, Université de Paris I-Panthéon Sorbonne (rapporteur)

M. Wolf-Dieter Eberwein, Professeur de Science politique, Institut d’Etudes Politiques de Grenoble

M. Philippe Garraud, Directeur de recherche, CRAPE- Sciences Po Rennes, Université de Rennes1 (rapporteur)

M. Olivier Ihl, Professeur des Universités, Institut d’Etudes Politiques de Grenoble (directeur de thèse)

M. Bastien Irondelle, Chargé de recherche au CERI-Sciences Po

M. Christian Lequesne, Directeur de recherche, CERI-Sciences Po (président)

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Remerciements

Une thèse, c’est en quelque sorte un parcours initiatique. C’est un voyage qui mène vers une meilleure connaissance d’une partie, certes infime, du monde social qui nous entoure. C’est une soif de découverte qui, en nous conduisant parfois au bout du monde (ou presque…), nous conduit, au fond, au bout de nous-mêmes. Ce voyage, je le dédie à mon grand-père, Gustave Grimal. Son souvenir m’accompagne.

A l’heure de refermer cette page ouverte il y a quatre ans, voici venu le temps des remerciements.

Je tiens d’abord à exprimer ma gratitude à mon directeur de thèse, Olivier Ihl, pour son soutien durant ces années, et ses conseils avisés.

Je ne peux pas non plus imaginer d’omettre dans ces remerciements deux amis, issus du cénacle restreint des chercheurs travaillant sur la défense, l’un en France, l’autre en Allemagne : Christophe Pajon et Nina Leonhard, pour leurs encouragements, leurs bons conseils, leur humour. Un merci plus particulier encore à Nina qui m’a permis d’affronter les frimas de l’Est berlinois en m’entourant d’attentions tant intellectuelles qu’amicales.

Je souhaite également remercier les soutiens institutionnels sans lesquels ce travail n’aurait pu se dérouler dans de si bonnes conditions :

Le laboratoire PACTE- Politiques, Organisations (et ses directeurs Guy Saez et Bernard Denni), qui m’a accueillie pendant ces années de thèse et apporté un soutien matériel et logistique précieux ; Le Centre d’Etudes en Sciences Sociales, et notamment Guillaume Pichard, Barbara Jankowski et Frédéric Charillon, pour l’arène de discussion que ce centre m’a fournie ;

Le Sozialwissenschaftliches Institut der Bundeswehr et ses directeurs successifs, Jörn Thiessen et Ernst-Christoph Meier, pour l’accueil qui m’a été fait lors de mes deux séjours en 2006 et 2007 : la mise à disposition d’un bureau a été très bénéfique, et la discussion de mes résultats d’enquêtes a constitué une étape clef dans la réalisation de cette thèse ;

Le Centre Marc Bloch, sa directrice Pascale Laborier, et Christine Pütz, chercheuse en son sein, qui m’ont également accueillie et permis de présenter mon travail en 2007 dans le cadre du groupe Europavorstellung ;

Le Collège Doctoral Franco-Allemand CODESE , et en particulier son responsable français, Vincent Hoffman-Martinot, pour l’aide à la mobilité- sans laquelle mon enquête de terrain n’aurait pu être si riche-, et les échanges intellectuels franco-allemands passionnants qu’il m’a été donné de vivre ; Le CIERA pour son aide matérielle et son séminaire de présentation de thèse.

Une thèse, c’est aussi une enquête de terrain. Il me tient à cœur de remercier très chaleureusement toutes les personnes que j’ai pu interviewer, et qui m’ont reçue, pour des entretiens souvent longs, toujours enrichissants, malgré des emplois du temps surchargés. Ils sont trop nombreux pour pouvoir tous les nommer ici.

Néanmoins, je souhaite adresser des remerciements spéciaux au Général Alain Daniel et son équipe à la mission militaire de l’ambassade de France à Berlin (en particulier MM. Delors-Laval ; Pfimlin ; et Mignot) pour leur écoute, leur accueil, leur disponibilité et leur aide sur mon terrain d’enquête allemand.

Je remercie également deux interlocuteurs de la Chancellerie : le colonel Wenning et M. Meyer- Landrut, pour leur patience et leurs éclairages fructueux.

Je garde également un souvenir ému de mon entretien avec Hans-Dietrich Genscher, « monument » de la politique étrangère allemande, et avec Hubert Védrine.

Une thèse, c’est enfin un exercice certes solitaire, mais qui pourtant ne saurait aboutir sans ces nombreux rapports humains, sans lesquels le goût de l’effort intellectuel deviendrait souvent amer, et n’apporterait guère de fruits.

Je tiens ici à remercier deux professeurs qui ont, inconsciemment, suscité l’envie de me lancer dans cette aventure intellectuelle : M. Philippe Veitl, et Mme Sylvie Lemasson, qui m’ont donné le goût

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de la démarche de recherche pour l’un, celui du sujet pour l’autre, pendant mes études à l’IEP de Grenoble.

Un grand merci à ma famille pour son soutien indéfectible. Les mots me manquent pour leur exprimer ma reconnaissance et mon affection. Comme souvent la simplicité est le meilleur langage, je les remercie d’avoir cru en moi dans les intenses moments de doute, et d’avoir toujous manifesté leur intérêt pour un sujet pourtant technique. Une mention spéciale à mes parents pour les relectures patientes, et les nourritures intellectuelles et terrestres.

Un énorme merci à mes deux amies proches, Valérie et Cyrille, pour leur patience, leur soutien sans faille, et leur sincérité.

Merci à Charles pour son approche parfois cynique mais toujours instructive, et à Cornélia pour son enthousiasme.

Merci à Emilie et Samuel pour leur aide matérielle (logement à Paris), ainsi qu’à Sylvia (logement à Bruxelles).

Je souhaite encore adresser mes chaleureux remerciements à mes collègues de Grenoble (« la fine équipe de la salle Fred Bon »), leurs critiques, leur enthousiasme, leur assistance fidèle, et les débats débordant parfois largement le sujet de cette thèse : Jessica Sainty (merci pour m’avoir, en plus, initiée aux rudiments du logiciel SPSS), Séverine Germain, Guillaume Gourgues, Ouassim Hamzaoui, Aline Prévert, Guillaume Roux, Geneviève Genicot.

Un grand merci également à Cyrille Thiébaut, Martine Kaluszynski, et Astrid Kufer.

Merci, enfin, du fond du cœur à tout ceux que je ne peux pas nommer ici (la liste serait trop longue et je pourrais en omettre), mais qui se reconnaitront, et savent ce que la réalisation de ce travail leur doit.

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Résumé

Cette thèse porte sur la construction, la pratique et les usages de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense depuis les années 1990. Elle étudie en premier lieu la genèse de la politique européenne de défense en prenant en compte tant les facteurs conjoncturels comme fenêtre d’opportunité politique (la fin de la guerre froide, conflits balkaniques, réforme de l’OTAN) que structurels, en l’occurrence le cadre de socialisation de la coopération militaire franco-allemande. La thèse démontre le rôle d’entrepreneurs politiques joués par Mitterrand et Kohl, relayés ensuite par les services diplomatiques européens. Dans un second temps, la thèse analyse la construction de la politique européenne de défense comme une configuration sociale spécifique au sein de la construction européenne. Cette configuration nouvelle, dotée d’organes propres et régie par l’intergouvernementalisme, interfère avec les configurations nationales de politique étrangère et de défense structurées sur le temps long, en modifiant les jeux d’interdépendance entre les capitales et Bruxelles, et entre les différents groupes d’acteurs concernés (en l’occurrence avant tout les militaires, et les diplomates et acteurs civils de la Défense). De plus, la configuration PESD est largement affectée par le poids de la socialisation tant nationale que professionnelle et organisationnelle des acteurs, qui influence leurs pratiques et leurs représentations de cette politique. Ce nouvel espace social fait l’objet d’un investissement différencié par les principaux acteurs qui la font fonctionner. Enfin, le poids des représentations nationales de sécurité joue à un niveau macro comme un obstacle pour la PESD, ce qui soulève dès lors des enjeux de légitimation pour elle. Finalement, la PESD ne vise pas à construire une armée européenne, mais remplit des fonctions latentes de substitut politique et symbolique au moins aussi importantes, si ce n’est plus, que ses fonctions manifestes de réactivité aux crises. La PESD contribue ainsi à construire politiquement le rôle d’acteur international de l’UE en matière de sécurité.

Mots-clefs : Politique Européenne de Sécurité et de Défense – sociologie historique – politique publique – politique de défense – politique étrangère – Union européenne –coopération militaire – France – Allemagne

From Eurocorps to Euro-army ?

A historical sociology of the European Security and Defence Policy

This dissertation deals with the construction, practices and legitimating uses of the European Security and Defence Policy since the 1990’s. First we study the genesis of the European defence policy taking into account short-term factors opening a policy window (the end of the Cold War, the Balkan conflicts, NATO’s reform) as well as structural factors, in this case the socializing framework of the French-German military cooperation. We demonstrate the political entrepreneurship of Mitterrand and Kohl seizing this policy window. They were later taken over by the diplomatic services of the EU states.

Secondly we analyze the construction of the European defence policy as a specific social figuration within the EU framework. This new social figuration, relying on proper organs and on intergovernmentalism, interplays with the national defence figurations structured in time, modifying the interdependence games between the capitals and Brussels, and between the main actors groups (in this case officers, diplomats and defence civil servants). Moreover this ESDP figuration is deeply affected and modelled by the weight of the socialization of theses actors on a threefold level: national, professional and institutional. These several socialization weigh on the way theses actors daily practice and conceive the European defence policy .Indeed this new social space is invested on different ways by each categories of actors (military and diplomatic/civilian). Last but not least, the national security cultures are still very pregnant and go on framing ESDP in different ways according to the security representations of each state. This raises legitimating questions for this policy. Eventually European Security and Defence Policy does not aim at building a Euro-army, but fulfils latent functions as a political and symbolic substitute for European security action in the world. These latent functions appear to be at least as important as, if not more than, its manifest functions of reactivity to crisis. Thus ESDP aims at helping construct politically an international role for the EU in security matters.

Key words : European Security and Defence Policy – historical sociology – policy analysis – defence policy – foreign policy – European Union – military cooperation – France – Germany

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Sommaire

TOME I

LISTE DES PRINCIPAUX SIGLES UTILISÉS 9

INTRODUCTION 13

PREMIÈRE PARTIE

75

UN PROJET LATENT MOBILISÉ PAR LES ACTEURS FRANCO- ALLEMANDS DANS UN CONTEXTE SPÉCIFIQUE (1989-1999)

75

CHAPITRE 1 83

MITTERRAND ET KOHL, ENTREPRENEURS D’UNE RENAISSANCE DANS UNE EUROPE EN

ÉBULLITION 83

CHAPITRE 2 149

D’OÙ VIENT L’IDÉE D’UNE DÉFENSE EUROPÉENNE ? 149

CHAPITRE 3 187

CONSTRUIRE LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE DÉFENSE : ENTRE CONVERGENCE MARGINALE DES POSITIONS DIPLOMATIQUES NATIONALES ET ENJEUX TECHNIQUES187

CONCLUSION DE LA PARTIE I 257

DEUXIEME PARTIE

261

LA CONSTRUCTION D’UNE CONFIGURATION EUROPÉENNE DE DÉFENSE. UN NOUVEL ESPACE SOCIAL D’INTERACTION POUR LES ACTEURS FRANCO-ALLEMANDS (1999-2007)

261

CHAPITRE 4 273

LA PESD EN QUÊTE DE PERMANENCE : ENTRE OPPORTUNITÉ DIPLOMATIQUE ET CONTRAINTE POUR LES ACTEURS FRANCO-ALLEMANDS 273

CHAPITRE 5 333

DES JEUX DE POUVOIR EN MUTATION ENTRE LES CAPITALES ET BRUXELLES

333

CHAPITRE 6 395

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POUR UNE SOCIOLOGIE DES PROFESSIONNELS FRANÇAIS ET ALLEMANDS DE LA PESD 395

CHAPITRE 7 451

MILITAIRES ET DIPLOMATES DANS LA PESD : DEUX MÉTIERS, DEUX TYPES DE

RESSOURCES 451

CONCLUSION DE LA PARTIE II 525

TROISIÈME PARTIE

529

LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE DÉFENSE, UN SUBSTITUT

POLITIQUE SYMBOLIQUE

529

CHAPITRE 8 : UNE POLITIQUE EUROPÉENNE DE DÉFENSE OU PLUSIEURS ?DES CULTURES NATIONALES DE SÉCURITÉ ENTRE PATH DEPENDENCY ET AJUSTEMENT 541

TOME II

CHAPITRE 9 617

LES ENJEUX DE LÉGITIMATION DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE DÉFENSE

617

CONCLUSION DE LA PARTIE III 699

CONCLUSION GÉNÉRALE 703

SOURCES PRIMAIRES 725

BIBLIOGRAPHIE 730

ANNEXES 777

TABLE DES MATIERES 1183

TABLE DES FIGURES 1191

TABLE DES MATIERES 1193

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Liste des principaux sigles utilisés

ACT Allied Command Transformation AED Agence Européenne de Défense AUE Acte Unique Européen

BAKS Bundesakademie für Sicherheitspolitik BFA Brigade Franco-Allemande

BMVg Ministère Fédéral de la Défense CAG Conseil Affaires Générales

CAGRE Conseil Affaires Générales Relations Extérieures CECA Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier CED Communauté Européenne de Défense

CESD Collège Européen de Sécurité et de Défense

CFADS Conseil Franco-Allemand de Sécurité et de Défense CID Collège Interarmées de Défense

CIG Conférence Intergouvernementale CJTF Combined Joint Task Force (voir GFIM) CPE Coopération Politique Européenne CMUE Comité Militaire de l’UE

CONOPS Concept d’opération militaire COPS Comité Politique et de sécurité

COREPER Comité des Représentants Permanents

COS Chief of Staff ; second officier général après le DSACEUR dans la hiérarchie du SHAPE

CPCO Cellule de Planification et de Conduite des Opérations de l’EMA DAS Délégation aux Affaires Stratégiques

DCMD Direction de la Coopération Militaire et de Défense du Quai d’Orsay

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DICOD Délégation à l’Information et la Communication de Défense

DSACEUR Deputy Supreme Allied Command in Europe- Commandant suprême des forces de l’OTAN en Europe

EAC European Airlift Center

EATC European Air Transport Commando EMA Etat-Major des Armées

EMUE Etat-Major de l’UE

EUMARC EU Maritime Reaction Capability FCE (Traité) Forces Conventionnelles en Europe

FHQ Force Headquarter (état-major de forces sur un théâtre d’opération) FIAS Force Internationale d’Assistance à la Sécurité de l’OTAN en Afghanistan FüAk Führungsakademie der Bundeswehr (équivalent fonctionnel du CID) FüS Führungsstab der Streitkräfte (équivalent fonctionnel de l’Etat-Major des Armées en Allemagne)

GFACM Groupe franco-allemand de coopération militaire GFIM Groupement de Forces Interarmées Multinationales GT Groupement Tactique 1500 (Battle Group)

IESD Identité Européenne de Sécurité et de Défense IHEDN Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale KFOR Force de stabilisation de l’OTAN au Kosovo LoI Letter of Intention en matière d’armement

NRF NATO Response Force (force de réaction rapide de l’OTAN) OCCAR Organisation Conjointe de Coopération en Matière d’Armement OHQ Operation Headquarter (état-major de planification d’opérations) OPEX Opération militaire

OPLAN Plan d’opération militaire

OTAN Organisation du Traité de l’Atlantique Nord PC poste de commandement

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PESC Politique Européenne de Sécurité Commune PESD Politique Européenne de Sécurité et de Défense RDC République Démocratique du Congo

SACEUR Supreme Allied Command in Europe- Commandement suprême des forces de l’OTAN en Europe

SFOR Force de stabilisation de l’OTAN en Bosnie SGC Secrétariat Général du Conseil

SG/HR Secrétaire Général Haut Représentant de l’UE SES Stratégie Européenne de Sécurité

SHAPE Supreme Headquarter Allied Powers in Europe (état-major suprême de l’OTAN en Europe) situé à Mons

TUE Traité de l’Union européenne UE Union européenne

UEO Union de l’Europe occidentale

UESD Union européenne de Sécurité et de Défense

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Introduction

« C’est le plus souvent des expériences les plus amères que les hommes tirent leurs leçons.

Il a fallu deux guerres mondiales pour amorcer la création des faibles institutions centrales de la confédération d’Etats en voie de formation. » Norbert Elias, La société des individus, p. 221.

9 novembre 1989 : dans une vague de liesse populaire, le mur de Berlin s’ouvre à la tombée de la nuit. La brèche ouverte dans le Mur de la Honte, comme le nomment les Allemands, rideau froid et meurtrier qui divise l’Europe depuis cette funeste nuit du 13 août 1961, héritage du partage de l’Europe en deux blocs, l’un atlantique, l’autre soviétique depuis 1947, cette brèche laisse enfin renaître l’espoir d’une Europe de paix et de stabilité.

Cette nuit-là, le monde a basculé1. Les anciens référents tombent ; il reste un monde nouveau, et un nouvel ordre européen à construire. Car cet ordre ancien qui vient de s’effondrer, cet ordre de la guerre froide issu de Yalta, hérité de la Seconde Guerre Mondiale, conflit paroxystique de la folie humaine d’expansionnisme et de grandeur, laisse vacants de nouveaux espaces, tout particulièrement en matière de sécurité et de défense du continent européen. Lors de la conférence de Yalta qui s’était tenue du 3 au 11 février 1945 entre les grands vainqueurs du second conflit mondial, alors que les divisions allemandes en déroute s’engageaient encore dans un ultime sursaut de combat avant l’inévitable capitulation de mai, Staline, Churchill et Roosevelt avaient alors décidé du partage de l’Allemagne en trois zones d’occupation -et de Berlin en secteurs-, ainsi que de la politique des « trois E » : Entnazifizierung, Entmilitarizierung, Entnationalisierung2. Ce partage devait au lendemain de la guerre entériner de facto la partition de l’Europe entre alliés des Etats-Unis et de l’Union Soviétique. La France, qui n’avait pas été admise à la table de discussion des grands, héritait malgré tout en 1945, grâce à l’influence de Winston Churchill, d’une zone d’occupation en territoire rhénan et d’un secteur à Berlin. La conférence de Potsdam vint compléter celle de Yalta en précisant le statut d’ « entité économique unique »3 de l’Allemagne, mais laissant le soin aux puissances occupantes de régir leur zone comme elles l’entendaient, et d’exercer un contrôle particulier sur le système éducatif allemand, l’éducation constituant l’un des vecteurs privilégiés de socialisation à une communauté et un

1 Amiral Jacques Lanxade, Quand le monde a basculé, Paris, Nil Editions, 2001, p. 9.

2 Littéralement : dénazification, démilitarisation, dénationalisation.

3 In Jacques-Pierre Gougeon, L’Allemagne dans les relations internationales de 1890 à nos jours, Paris, Armand Colin, Coll. « Synthèse », 1998, pp. 49-50.

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ferment puissant de construction du nationalisme4. La France, humiliée par l’armistice de 1940 et effrayée par l’idée d’une renaissance éventuelle des penchants de son voisin à l’expansionnisme et à l’hégémonie, entendait peser de tout son poids pour empêcher l’Allemagne de se doter d’un appareil d’Etat centralisé5. La division de l’Allemagne en deux Etats en 1949, à l’issue du blocus de Berlin, vient conforter cette interprétation. La patrie de Goethe est réduite à un statut de « nain » politique, dépourvu de marge de manœuvre diplomatique et militaire. La relation franco-allemande repose alors sur la complémentarité entre le poids économique allemand et l’influence politique et diplomatique française. Le 9 novembre 1989, c’est tout cet héritage qui s’écroule d’un coup, laissant entrevoir de nouvelles potentialités pour la relation franco-allemande et l’Europe, et pour repenser la défense et la sécurité du continent dans un cadre renouvelé.

Le Traité de Maastricht ratifié en février 1992 reconnaît dans son titre V, sous l’impulsion franco-allemande décisive de François Mitterrand et Helmut Kohl, la création d’une Politique Etrangère et de Sécurité Commune (PESC) ouvrant pour la première fois dans le cadre du processus d’intégration européenne la perspective pour l’UE de « définition à terme d'une politique de défense commune, qui pourrait conduire, le moment venu, à une défense commune. » (article J-4 du TUE). Pour manifester leur détermination en ce sens, le 22 mai 1992, la France et l’Allemagne créaient l’Eurocorps au sommet bilatéral de La Rochelle, corps d’armée multinational élargi à la Belgique, l’Espagne et le Luxembourg en 1995, et qui « pourrait également avoir valeur de modèle pour une coopération militaire plus étroite entre les Etats-membres de l’UEO. »6

Puis quelques années plus tard, dans la nuit du 3-4 décembre 1998, la Déclaration Franco- Britannique de Saint-Malo marque un tournant majeur car pour la première fois, les Britanniques reconnaissent la légitimité de l’Union européenne à parler de défense au sein du processus d’intégration européenne, et à se doter de capacités de défense propres afin de pouvoir intervenir « where NATO as a whole is not engaged »7. Suite à ce compromis, les Quinze lancent officiellement le 16 juin 1999, sous double Présidence allemande de l’Union

4 Sur ces questions, cf. notamment Benedict Anderson, L’imaginaire national – Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, Traduction de Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, La Découverte, 1996. Ernst Gellner, Nations et nationalisme, (Ed. originale : 1983), Traduit de l’anglais par Bénédicte Pineau, Paris, Payot, 1989.

Eric Hobsbawm (ed.), The Invention of tradition, Cambridge University Press, 1983. Karl Deutsch, Nationalism and social communication, An inquiry into the foundation of nationality, Cambridge and London, The M.I.T. Press, 1953.

5 Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, cité par Jacques-Pierre Gougeon, op. cit., p. 48.

6 Lettre adressée par François Mitterrand et Helmut Kohl le 14 octobre 1991 au Premier Ministre hollandais Ruud Lubbers, président en exercice de la Communauté Européenne. Cf. le texte de la lettre à l’annexe 8.3.

7 Déclaration franco-britannique de Saint-Malo, in Maartje Rutten (2001), De Saint-Malo à Nice: les textes fondateurs de la défense européenne, Volume I, Cahiers de Chaillot n°47, Paris, Institut d’Etudes de Sécurité de l’UE.

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européenne et de l’Union de l’Europe Occidentale, la Politique Européenne de Sécurité et de Défense (PESD) lors du Sommet européen de Cologne.

Les 14 et 15 décembre 2001, lors du Conseil Européen de Laeken, les quinze pays membres de l’Union européenne déclarent la PESD opérationnelle, (c'est-à-dire apte à mener des opérations militaires extérieures), après avoir doté l’Union européenne de structures politico-militaires permanentes à Nice en décembre 20008.

Le 22 janvier 2003, à l’occasion de la célébration du quarantième anniversaire du Traité de l’Elysée, traité d’amitié symbole de la réconciliation franco-allemande, la France et l’Allemagne affirmaient, par la voix de leur Président de la République et de leur Chancelier, qu’elles souhaitaient renforcer la PESD en la transformant en une UESD (Union européenne pour la Sécurité et la Défense), dont l’un des objectifs majeurs serait également de renforcer le pilier européen de l’Alliance Atlantique.

Le 2 décembre 2004 enfin, les Quinze ont approuvé le principe des Groupements Tactiques 1500 – initiative franco-germano-britannique- visant à fournir à l’Union une capacité de projection rapide pour être en mesure d’intervenir dans les conflits internationaux ou régionaux. Le jour même, l’UE prenait la relève de l’OTAN en Bosnie en lançant sa troisième opération militaire : l’opération Althea. A l’été 2006, l’Union européenne a conduit, pour la première fois, une opération militaire planifiée depuis Bruxelles et le quartier général d’opération de Potsdam, à l’occasion de la surveillance des premières élections démocratiques en République Démocratique du Congo.

Comment comprendre ce développement rapide, en à peine huit ans, au regard du tabou qui a pesé pendant plus de quarante ans sur la question de la défense européenne, après l’échec de la Communauté Européenne de Défense (CED) en août 1954 ? Quel rôle est celui de la France et de l’Allemagne dans cette nouvelle aventure européenne ? Bien entendu, les ennemis d’hier ont bâti depuis les années 1950, dans le cadre de la construction européenne lancée le 9 mai 1950 par Robert Schuman et Jean Monnet, une solide amitié, au point que l’on désigne aujourd’hui leur relation par le qualificatif évocateur de « couple franco-allemand ». Les deux pays se sont investis dans cette Europe à construire au point de s’en revendiquer comme le moteur, et ont consolidé leurs liens au fil du temps, multipliant les échanges et tâchant de rapprocher leurs points de vue. Mais jusqu’alors, leur coopération s’était montrée plus solide dans les domaines de l’économie et des échanges culturels qu’en ce qui concerne la coopération militaire. Le Traité de l’Elysée n’avait su mener à bien ses objectifs en la matière, et ce volet du couple

8 Il s’agit du Comité politique et de sécurité (COPS), de l’Etat-major de l’UE (EMUE) et du Comité militaire de l’UE (CMUE).

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restait largement symbolique, malgré la création de la Brigade Franco-Allemande en 1988, et surtout indexé à la logique bipolaire.

La question qui nous préoccupe est d’étudier comment les acteurs politico-militaires de la coopération militaire franco-allemande nourrissent, depuis le Traité de Maastricht et la création du Corps Européen surtout en mai 1992, le processus de construction d’une politique européenne de défense depuis 1991, et dans quelle mesure ils jouent ensemble au sein de cette PESD aujourd’hui. Pourquoi la France et l’Allemagne se sont-elles engagées dans la construction d’une politique européenne de défense, alors même que l’OTAN assurait la sécurité du continent ? Comment saisir le processus, loin d’être linéaire, qui relie la genèse et l’institutionnalisation de l’Eurocorps avec le lancement de la PESD en 1999, qui se traduit par des structures politico-militaires au sein de l’UE, des opérations civiles et militaires, la création d’une Agence Européenne de Défense et d’Armement en cours et une Stratégie Européenne de Sécurité entre autres ?

Plus largement, comment ces Etats coopèrent-ils dans un domaine aussi stratégique de leur souveraineté que les questions militaires ? Quels éléments de contexte peut-on repérer comme faisant partie intégrante du processus qui a abouti à mettre en place la politique européenne de défense ? Quels sont les groupes d’acteurs qui en conduisent la trame des deux côtés du Rhin et à Bruxelles, et selon quels moyens d’action ? Avec quel

« bagage » personnel et professionnel viennent-ils jouer sur plusieurs niveaux dans le cadre de la défense européenne ?

Une fois créées les premières structures de la politique européenne de défense, comment les acteurs politico-militaires français et allemands interagissent-ils avec elles ? Que retirent ces segments de la bureaucratie politico-militaire française et allemande de la construction d’une politique européenne de défense ?

Quelles sont enfin les difficultés, les obstacles et les limites d’une entreprise telle que la politique européenne de défense ? La PESD n’est-elle pas avant tout une construction politique, un substitut symbolique certes fonctionnel édifié par des acteurs politico- militaires aux motivations et aux rationalités diverses ? Comment dès lors les acteurs français et allemands légitiment-ils cette PESD et qu’en retirent-ils in fine ?

L’objet « politique européenne de défense » soulève de nombreuses questions inédites, tant du point de vue sociologique que du point de vue de l’analyse de l’action publique. Bastien Nivet remarque en effet que les Européens essayent depuis la fin des années 1990 de se doter d’objets pour défendre une identité européenne qui est loin d’être

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claire9. Cela rejoint d’ailleurs l’analyse d’Hubert Védrine lorsque nous l’avons interrogé sur la construction de la politique européenne de défense, avec la perspective de créer à terme une Europe de la Défense :

« Je ne dirais pas « l’Europe de la Défense ». Il y a des initiatives de certains Européens en matière de défense et de sécurité. Il est vrai que l’on voit une progression de la discussion entre Européens sur les questions de sécurité, et c’est très bien. Mais on n’en est pas à l’Europe de la Défense : il faut se méfier des mots. »10

Pour l’ancien ministre français des Affaires Etrangères, l’Europe veut se doter d’une politique de défense non pas parce qu’elle a besoin d’être mieux défendue, mais parce qu’elle veut se doter de tous les instruments pour pouvoir jouer son rôle de puissance politique. Or le problème principal est qu’il ne semble pas y avoir de consensus sur ce rôle de puissance politique entre les Etats européens, même entre deux Etats aussi liés politiquement que la France et l’Allemagne, comme nous allons le montrer. Si l’on réfléchit à la question : défendre l’Europe, certes mais pourquoi et contre qui ?, la réponse est très loin d’être évidente. Il est indéniable que la fin de la guerre froide et la réforme de l’Alliance atlantique constituent une conjoncture critique, renforcée par les conflits dans les Balkans et au Kosovo qui ont démontré une chose : les Européens ne peuvent plus faire l’économie d’une réflexion sur la sécurité de leur continent, et doivent repenser les modalités de sa défense, notamment quand les Américains ne peuvent ou ne veulent pas s’engager. Mais lorsque l’on parle des Européens, de quelle Europe parle-t-on ? L’Europe géographique ? Il est vite devenu évident que c’est dans le cadre de la construction européenne, et donc de l’Union européenne, que le projet d’une politique européenne de défense devait s’inscrire, parce que l’Europe géographique disposait déjà d’une alliance militaire, certes en plein bouleversement mais toujours valide : l’OTAN, qui a d’ailleurs été prompte à intégrer les pays de l’ancien bloc soviétique.

Le fait de privilégier dans notre étude le rôle de la coopération militaire franco- allemande dans la construction de la politique européenne de défense est un choix délibéré et réfléchi. Nous souhaitons mettre en exergue les continuités et le rôle majeur joué par le cadre de socialisation spécifique qu’offre la coopération militaire franco-allemande dans la PESD, afin d’en saisir les scénarios envisagés, les acteurs impliqués et les ressources organisationnelles, professionnelles et politico-symboliques dont ils disposent, mais aussi les obstacles, et les enjeux de légitimation de cette politique d’un type si particulier. Ce prisme franco-allemand s’appuie sur une conception traditionnelle de la construction

9 Bastien Nivet, « La fin du complexe européen de puissance », in La Revue internationale et stratégique, n°48, Paris, IRIS, hiver 2002-2003, pp. 99-107.

10 Entretien à Paris, 29/05/2005.

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européenne, née de la politique de réconciliation entre la France et l’Allemagne, dans le but d’empêcher toute possibilité de renaissance d’une guerre en Europe et de garantir la paix.

Cela ne signifie pas pour autant que nous ignorons le rôle que peut jouer la Grande-Bretagne dans la politique européenne de défense : c’est grâce au déblocage britannique à Saint-Malo fin 1998, que la France et l’Allemagne, qui avaient multiplié les initiatives politiques et organiques à partir de la création de l’Eurocorps en 1992, ont pu aller plus avant dans leur projet. Il est en effet difficile de concevoir une Europe de la Défense sans la Grande- Bretagne, partenaire essentiel du triangle Paris-Berlin-Londres moteur de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense. Néanmoins la position britannique nous semble parfois malaisée à saisir sur le sujet, et la lecture de la littérature spécialisée et des discours officiels britanniques montre combien la primauté y est donnée au lien transatlantique et à l’allié américain.

En outre, notre but est de montrer que l’idée d’une défense européenne n’est pas neuve, d’où le retour que nous effectuons dans la première partie sur ses origines intellectuelles, en accordant une large part à la tentative de création d’une Communauté Européenne de Défense, dont l’enjeu central n’était autre que l’encadrement de l’inévitable réarmement allemand. C’est bien davantage la recherche de permanence dans le cadre de la construction européenne qui est réellement l’élément nouveau introduit par la PESD, et ce sous impulsion franco-allemande dès 1991 lors des négociations de Maastricht. La politique européenne de défense aboutit finalement à la construction d’une configuration spécifique, caractérisée par des acteurs particuliers et des interactions, des jeux d’interdépendance entre ces acteurs, au sein de la configuration globale de l’Union européenne. Il s’agit en fait d’une démarche de rationalisation, qui génère l’entrée en action d’une bureaucratie spécifique, tant dans les capitales qu’à Bruxelles, tant au niveau diplomatique que militaire, et des processus de socialisation nouveaux mais qui ne remplacent pas, loin s’en faut, la socialisation professionnelle et nationale antérieure des acteurs11. L’évolution qui se produit intervient en fait de façon incrémentale, modifiant les pratiques politico-diplomatiques à la marge, le cœur de la politique européenne de défense demeurant quoi qu’il en soit intergouvernemental, c'est-à-dire que les Etats-membres, et plus précisément les acteurs nationaux qui dominent la fabrication des politiques étrangères nationales et de défense, disposent du dernier mot.

La défense européenne et plus largement la PESC et la PESD font l’objet de publications pléthoriques, dont il importe à présent de resituer les traditions d’études, afin de mieux

11 Nous pensons ici en référence à Weber, Economie et société, op. cit., et Charles Tilly, The formation of national states in Western Europe, Princeton, Princeton University Press, 1975 et War making and state making as organized crime, pp. 169-191, in Peter Evans, Dietrich Rueschemeyer, Theda Skocpol (eds), Bringing the state back in, Cambridge University Press, 1985.

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introduire la singularité de notre démarche analytique s’inscrivant dans une perspective socio-historique d’analyse de l’action publique et de l’intégration européenne12.

Les traditions d’études sur la politique européenne de défense

Après ce détour par l’analyse des termes de la problématique, attachons-nous à présent aux traditions d’études qui entourent la politique européenne de défense et l’interaction de la coopération militaire franco-allemande avec la défense européenne.

L’enjeu est pour nous de montrer en quoi notre analyse se distingue des grandes tendances qui se dessinent, et comment elle interagit avec elles. Ces travaux forment un champ d’étude dont l’enjeu réside en la problématisation de l’ « objet PESD » par les sciences sociales13. Notre objectif n’est pas de dresser un panorama complet de la littérature sur la politique européenne de défense : nous serions bien en peine de prétendre à une exhaustivité illusoire ; aucune unité théorique des approches ne se donne à voir, mais plutôt des tentatives ad hoc et fragmentées14. Cinq tendances majeures se dessinent au sein de ce champ d’étude dominé par la science politique15 : des travaux descriptifs, laissant une large part à l’expertise ; une interrogation sur l’objet relevant de l’analyse des relations internationales ; des approches en termes d’integration studies, centrées davantage sur une vue plus substantielle de l’action de l’Union européenne comme acteur international ; de nouveaux points de vue en termes constructivistes et de sociologie militaire ; et enfin une étude des relations bilatérales au sein de la PESD16. Notre enquête de terrain outre-Rhin nous amène à constater un découpage similaire de la littérature allemande sur le sujet.

Une prédominance des études empirico-descriptives

Descriptions détaillées des développements de la politique européenne de défense, cette somme littéraire vise à rassembler une expertise sur le sujet pouvant constituer un outil

12 Nous revenons sur cette approche plus bas dans notre introduction.

13 Bastien Nivet, id., p. 75.

14 Cf. Bastien Irondelle, Pascal Vennesson (dir.), Dossier L’Europe de la défense : institutionnalisation, européanisation, Politique Européenne, n° 8, Paris, L’Harmattan, Automne, 2002 ; Bastien Nivet, Dossier

« Repenser la défense européenne », in La Revue internationale et stratégique, n°48, Paris, IRIS, hiver 2002- 2003, pp. 75-162 et Frédéric Charillon, « Européaniser la défense : les enjeux sociologiques, politiques et intellectuels d’un projet inédit », in Dossier « L’Européanisation de la Défense », Les Champs de Mars,16, Deuxième semestre 2004, pp. 11-29. Tous ces auteurs identifient un enjeu multi-situé et mettent en exergue le comparatisme et l’interdisciplinarité théorique dans l’étude de la défense européenne.

15 Cf. Bastien Irondelle, « La défense européenne, quel objet pour quels outils d’analyse ? », p. 79, in La Revue internationale et stratégique, n°48, Paris, IRIS, hiver 2002-2003.

16 Ces deux dernières tendances sont entre autres mises en évidence par Bastien Nivet, id., p. 76, et Udo Diedrichs, id.

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d’aide à la décision. Viennent à cela s’ajouter les productions des institutions elles-mêmes : Ministères de la Défense et des Affaires Etrangères nationaux, Conseil de l’UE et Secrétariat Général du Conseil tout particulièrement, Représentations Nationales des Etats- membres auprès de l’Union européenne qui diffusent des brochures d’information et de courtes études17. L’enjeu de cette catégorie de travaux est triple : proposer et discuter des solutions envisageables en matière d’architecture institutionnelle et de capacités militaires pour la défense européenne, et suivre l’actualité opérationnelle de la PESD. Ces études émanent souvent d’experts ou de think tanks nationaux et bruxellois : les noms de François Heisbourg (IRIS), Nicole Gnesotto et Antonio Missiroli (Institut d’Etudes de Sécurité de l’Union européenne), Patrice Buffotot, Pascal Boniface (FRS) ou Thierry de Montbrial (IFRI) en France, de Christoph Bertram (SWP), Karl Lamers ou Martin Koopmann (DGAP) en Allemagne, de Julian Lindley-French ou Charles Grant (Center for European Reform) en Grande-Bretagne, et de Robert Cooper ou Sven Biscop à Bruxelles reviennent fréquemment, y compris dans la sphère médiatique18. Leur objectif est de formuler des propositions concrètes pour répondre aux défis posés par l’architecture institutionnelle de la PESD19. Une seconde catégorie regroupe des travaux policy-oriented prescriptifs portant davantage sur le volet opérationnel de la PESD, et traite globalement de sa mise en œuvre, des difficultés qui y sont liées et des lacunes à pallier20. Ces articles tendent à fleurir ponctuellement lors des opérations ou des sommets européens21. Le troisième type d’études

17 Quelques exemples: Représentation Permanente de la France auprès de l’Union européenne, Le petit guide de la PESC, 2003 ; EU Kommission, Vertretung in der Bundesrepublik Deutschland, GASP. Die Gemeinsame Aussen- und Sicherheitspolitik der Europäischen Union, N°2, 3.08.2002, www.eu-kommission.de ; Peter Schmidt, « Militärische Instrument der EU- die ESVP », in Informationen zur politischen Bildung, n° 291, 2006, pp. 73-78.« The European Security and Defence Identity (ESDI) », Handbook NATO 2001, www.nato.org .

18 Le reportage sur l’Europe de la Défense diffusé par Arte en mai 2006 faisait en effet intervenir la plupart de ces chercheurs, ainsi que des experts « praticiens » de la PESD: officiers, diplomates, chargés de mission civils en poste à Bruxelles et dans les capitales.

19 Quelques références parmi une littérature pléthorique: Anand Menon, « European security and defence cooperation : an institutionnalist analysis », in European Community Studies Association (ECSA) Review, 13 (2), printemps 2000 ; Philippe De Schouteete, La cohérence par la défense. Une autre lecture de la PESD., Cahiers de Chaillot, 71, ISS-UE, Paris, 2004 ; en allemand, cf. Kathrin, Die Europäische Sicherheits- und Verteidigungspolitik im Rahmen der europäischen Sicherheitsarchitektur, Wien, Springer Verlag, 2005;

Michael Kreft, Die Europäische Integration als Sicherheitsinstitution; Die Gemeinsame Außen- und Sicherheitspolitik und die Europäische Verteidigungsgemeinschaft im kulturell-institutionellen Kontext der Europäischen Integration, Osnabrück, Der andere Verlag, 2002; Johannes Varwick, Marco Overhaus, Die Finalität der Europäischen Sicherheits-und Verteidigungspolitik: Probleme, Optionen und Realisierungschancen, pp. 214-247, in Ralf Rotte, Ranja (Hg.), Probleme und Perspektiven der Europäischen Sicherheits- und Verteidigunspolitik (ESVP), Münster, LIT Verlag, 2004 ; Erich Reiter, Reinhard Rummel, Peter Schmidt (Hg.), Europas ferne Streitmacht, Chancen und Schwierigkeiten der Europäischen Union beim Aufbau der ESVP, Forschung zur Sicherheitspolitik, Band 6, VS-Verlag, 2002.

20 Cf. notamment François Heisboug (dir.), « Défense européenne : la mise en œuvre », Cahiers de Chaillot, 42, septembre 2000, pp. 1-133 ; Charles Grant, Gilles Andréani, Chrisoph Bertram, Europe’s Military Revolution, Londres, Center for European Reform, 2001 ;

21Cf. entre autres Sven Biscop, « La Stratégie Européenne de Sécurité : premier bilan d’un projet d’intégration », Défense nationale, n° 2, Paris, février 2006, pp. 20-33; Yves Boyer, « 2005 : un bilan mitigé pour la PESD », Notes de la FRS, Paris, 29 décembre 2005 ; Jolyon Howorth, « Quelles perspectives pour la

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de cette catégorie rassemble de nombreux ouvrages de description provenant d’universitaires ou de chercheurs spécialistes du sujet et visant à tracer un panorama des évolutions de la PESD, tant dans sa dimension institutionnelle qu’opérationnelle22. Le volumineux livre d’André Dumoulin, par exemple, décrit sur plus de 900 pages le développement de la PESD, sa structure institutionnelle, ses liens avec l’Alliance atlantique et ses principaux défis futurs23. Le lecteur retrouve en outre ce type de publications dans des revues telles Défense Nationale, Politique Etrangère ou Politique Internationale entre autres, financées par les instances politico-militaires24. A cela s’ajoutent des travaux d’historiens25 portant tantôt sur la Communauté Européenne de Défense et son échec26,

présidence britannique de l’Union européenne (1er

juillet-31 décembre 2005) ? », Document de travail 9, Paris, IFRI, 2005 ; Fabien Terpan, « La dimension politique de la PESD : bilan du second semestre 2005 », Défense Nationale, Paris, décembre 2005, pp. 42-63 ; Julian Lindley-French, Franco Algieri, A European Defence Strategy, Bertelsmann Foundation, Gütersloh, mai 2004 ; Wolfgang Wessels, « Nice results : the Millenium IGC in the EU’s evolution », in Journal of Common Market Studies, 39 (2), 2001, pp. 197-219 ; en allemand : Werner J.Feld, The Future of European Security and Defense Policy, Boulder (Colorado), Lynne Rienner Publishers, 1992 ; Denis M. Tull, « Zeitenwende in der französischen Afrikapolitik », SWP-Aktuell, 44, Berlin, Octobre 2005.

22 Cf. par exemple, pour une vision synthétique, Laurent Hottiaux, Joanna Liponska-Laberou, La politique européenne de défense, Paris, L’Harmattan, 2001, Olivier Pirotte (dir.), Sécurité européenne et défense nationale, Actes du colloque de Lille du 11 décembre 1998, Paris, La Documentation Française, 2000, ou Ben Soetendorp, « La construction d’une défense européenne: émergence d’un défi politique et appels à résolution », in La Revue internationale et stratégique, n°48, Paris, IRIS, hiver 2002-2003, pp. 119-128. Du côté allemand, l’ouvrage collectif de Werner Hoyer, rassemblant articles d’experts « praticiens » (officiers surtout) et de chercheurs spécialisés : Werner Hoyer, Gerd F. Kaldrack (Hrsg.), Europäische Sicherheits- und Verteidigungspolitik (ESVP), Der Weg zu integrierten europäischen Streitkräften ?, Baden-Baden Nomos, 2005. Du côté des ouvrages plus anciens, on citera une référence néanmoins abordable au néophyte : MAURY Jean-Pierre, La construction européenne – La sécurité et la défense, Paris, PUF, Coll. « Politique d’aujourd’hui », 1996.

23 André Dumoulin, Robert Mathieu, Gordon Sarlet (dir.), La politique européenne de sécurité et de défense (PESD) : de l’opératoire à l’identitaire : genèse, structuration, ambitions, limites, Bruxelles, Bruylant, 2003.

Du même auteur, on retiendra également deux autres ouvrages clefs : L’UEO et la politique européenne de défense, Paris, La Documentation Française, 1995, et L’identité européenne de sécurité et de défense, Bruxelles, PUE, 1999.

24 Ces revues offrent en outre l’opportunité à des « praticiens » de livrer leurs observations et leurs analyses Nous pensons ici en particulier à Jacques Walch, colonel enseignant au Collège Interarmées de Défense à Paris, avec lequel nous avons eu l’opportunité de mener un entretien au printemps 2005, et qui oublie régulièrement dans Défense Nationale et Politique Etrangère. Cf. par exemple son bilan très synthétique des avancées de la politique européenne de défense : « La défense européenne, de l’autonomie à l’intégration », in Politique Etrangère, n° 2, 2001, Paris, IFRI, pp. 341-352.

25 Cf. en particulier en français Anne-Claire Gayffier-Bonneville (dir.), Sécurité et coopération militaire en Europe, 1919-1955, Cahiers d’Histoire de Saint-Cyr-Coëtquidan, Paris, L’Harmattan, Coll. « Inter-National », 2004 ; Ministère de la Défense, La défense de l’Europe : une perspective historique, Centre d’Etudes d’Histoire de la Défense, Paris, ADDIM, 1996 ; Christophe Reveillard, Les premières tentatives de construction d’une Europe fédérale. Des projets de la Résistance au traité de CED (1950-1954), Ed. François- Xavier de Guibert, Coll. « Combats pour la liberté de l’esprit » 2001 ; en allemand : Heiner Timmermann, Michael Salewski (Hg.), Armeen in Europa- Europäische Armeen. Von den Kreuzzügen bis ins 21.

Jahrhundert, Dokumente und Schriften der Europäischen Akademie Otzenhausen, Münster, LIT Verlag, 2004.

26 Cf. Général E. De Larminat, L’armée européenne, Préface du Président René Pleven, Paris, Editions Berger- Levrault, 1952 ; Raymond Aron, Daniel Lerner (dir.), La querelle de la C.E.D. : essais d'analyse sociologique, Recueil d'études par Jacques Fauvet, Alfred Grosser, Stanley Hoffmann,...[et al.], Paris, Armand Colin, Coll.

« Cahiers de la Fondation Nationale des Sciences Politiques », n° 80, 1956 ; Michel Dumoulin (ed.), La Communauté Européenne de Défense, leçons pour demain ?, Bruxelles, Coll. EUROCLIO, n°15, 2000 ; Thomas Schöttli, USA und EVG., Truman, Eisenhower und die Europa-Armee, Berlin/Frankfurt, Peter Lang Verlag, „Europäische Hochschulschriften“, 1994 ; Philippe Buton, « La CED, l’affaire Dreyfus de la Quatrième République ? », in Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 84, octobre-décembre 2004, pp. 43-59.

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tantôt sur la perception de l’Europe et de la coopération militaire en Europe par les officiers27.

La PESD et la théorie des relations internationales : entre intégration européenne et souveraineté, le dilemme de l’Europe-puissance

Les approches de la défense européenne en relations internationales28 se divisent schématiquement en deux grandes catégories, l’une s’inspirant de la théorie réaliste en relations internationales et la combinant avec la théorie de l’intergouvernementalisme libéral29, l’autre puisant sa source du côté de la théorie fonctionnaliste. Pour les auteurs néo- réalistes, le développement de la construction européenne, et par conséquent de sa politique extérieure et de sécurité, ne peut se comprendre sans prendre en compte l’évolution du système international30. Ils opèrent une distinction entre high politics (diplomatie, défense) et low politics (politique intérieure et affaires courantes). Dès lors, l’idée même d’une défense européenne est contradictoire : les Etats ne peuvent envisager de partager leur souveraineté dans le domaine clef de la défense31. Les auteurs empruntant l’approche intergouvernementaliste32 tendent à s’aventurer au-delà des analyses en termes réalistes en soulignant que le processus d’intégration européenne provient surtout de gouvernements désireux de procéder à des changements institutionnels dans leur propre intérêt. Cette idée de marchandage permet d’intégrer une dimension de politique intérieure : les intérêts nationaux sont d’abord le résultat de marchandages en interne et sont ensuite portés sur la scène bruxelloise et confrontés aux intérêts nationaux des autres Etats-membres (double-

27 Claude D’Abzac-Epezy, Philippe Vial, La pratique de la coopération militaire : les forces armées face aux enjeux européens, 1958-1981, pp. 15-34, in Anne Deighton, Elisabeth Du Réau (dir.), Dynamiques européennes : nouvel espace, nouveaux acteurs, nouveaux enjeux, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002 ; Philippe Vial, Les officiers, les armées, les guerres : spécificités de la société militaire et perspectives européennes sous la IVème République, pp. 93-110, in Elisabeth Du Réau (dir.), Europe des élites, Europe de peuples ? La construction de l’espace européen, 1945-1960, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1998 ; Claude D’Abzac-Epezy, Philippe Vial « Quelle Europe pour les militaires ? La perception de l’Europe à travers la presse militaire, 1947-1974, Revue historique des armées, 1993, pp. 80-92.

28 Cf. Bastien Irondelle, Frank Petiteville, Relations internationales, pp. 29-52, in Céline Belot, Paul Magnette, Sabine Saurugger (dir.), Science politique de l’Union européenne, Paris, Economica, 2008.

29 Andrew Moravcsik, The choice for Europe, Londres, UCL Press, 1998.

30 Kenneth Waltz est l’un des tenants principaux de cette approche, reprenant ces présupposés réalistes de l’équilibre des puissances comme facteur déterminant du comportement des Etats en relations internationales.

Kenneth Waltz, Theory of International Politics, Reading, Massachusetts, Addison-Wesley Publishing Company, 1979.

31 Alfred van Staden notait en 1994 : « Dans un avenir proche, la recherche d’une défense européenne commune ne dépassera probablement pas les frontières bien définies de la coopération intergouvernementale. » Alfred van Staden, After Maastricht : explaining the movement towards a common European Defence Policy, in Walter Carlsnaes, Steve Smith (eds), European Foreign Policy, London, Sage, 1994, p. 155.

32 Cf. Andrew Moravcsik, The choice for Europe, Londres, UCL Press, 1998.

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edged diplomacy) 33. Un courant d’étude s’inspire de la Foreign Policy Analysis34 pour analyser la politique étrangère de l’UE, tout en constatant les défis que cet objet en émergence pose à l’approche de la politique étrangère en termes de bureaucratic politics35. Bryan White considère ainsi que la PESD ne constitue pas une dimension supplémentaire de la politique extérieure globale de l’UE, tandis que d’autres auteurs, affirment au contraire que la PESD constituerait un quatrième sous-système dans la politique étrangère européenne36. Les approches de type néo-fonctionnaliste37 tendent à considérer que des effets d’engrenage (spill over) orientent le processus d’intégration européenne qui peu à peu tend à échapper au contrôle des gouvernements nationaux pour finir par concerner également les domaines de la high politics, soit la politique étrangère et la défense38. Certains auteurs arguent que les dynamiques politiques spécifiques au domaine de la défense peuvent avoir un effet d’« entraînement » plutôt que de frein sur le processus global d’intégration dans l’UE39. Quoi qu’il en soit, force est de constater que ces paradigmes dominants dans l’étude de l’intégration européenne en relations internationales n’ont pas produit pléthore d’études sur la PESD40.

Un autre débat transparaît dans la littérature sur de la politique étrangère et de défense de l’UE : il s’agit du débat sur l’Union européenne en termes de puissance. Le débat se cristallise autour du concept de puissance civile : l’UE doit-elle demeurer une « puissance

33 Robert Putnam et alii, (dir.), Double-Edged Diplomacy : International bargaining and domestic politics, Berkeley, University of California Press, 1993.

34 Cf. Graham T. Allison, The Essence of decision - Explaining the Cuban Missile crisis, Boston, Little Brown, 1971, et la seconde édition revue: Graham T. Allison, Philip Zelikow, Essence of Decision: Explaining the Cuban Missile Crisis, 2nd edition. New York: Longman, 1999.

35 Bryan White, « The European Challenge to Foreign Policy Analysis », European Journal of International Relations, 5 (1), 1999, pp. 37-66. Cette perspective offerte par la Foreign Policy Analysis est également exploitée dans l’étude de la PESC, dans une variante constructiviste: cf. Ioannis Galatriotis, « The social construction of Common Foreign and Security Policy », Communication présentée à la conférence « New approaches to European Studies : social capital, European elites, constructivism… », Université de Copenhague, 27-28 avril 2007.

36Malena Britz, Arita Eriksson, « ESDP : a fourth system of European Foreign Policy », in Politique Européenne, 17, automne 2005 pp. 35-62.

37 Les approches néo-fonctionnalistes constituent l’héritage du père du courant fonctionnaliste, David Mitrany, qui publia en 1943 son ouvrage A working peace system. An argument for the functional development of international organization : pour lui, le processus d’intégration est corrélé à la paix. C’est une idée que l’on retrouve également chez Karl Deutsch dans Political community and the North Atlantic area: international organization in the light of historical experience, Princeton, Princeton University Press, 1957.

38 Ernst Haas, The uniting of Europe, Standford University Press, 1968, 2nd ed. ; « Turbulent fields and the theory of regional integration », in International Organization, 30, 1976, pp. 173-212, et Does constructivism subsume neo-functionalism?, pp. 22-31, in Thomas Christiansen et al., op. cit.

39 Jolyon Howorth, « European defence and the changing politics of the European Union: hanging together or hanging separately? », in Journal of Common Market Studies, 39 (4), 2001, pp. 765-789 ; Bryan Collester, How defence spilled over into CFSP: Western European Union and the European Security and Defence Identity, pp. 369-389, in Maria Green Cowles, Michael Smith (eds), The state of the European Union, vol. 5:

Risks, Reform, Resistance and Revival, Oxford, Oxford University Press, 2001.

40 Anthony Foster propose un bref bilan du néoréalisme et du néofonctionnalisme en la matière dans son article

« Defence and European integration », in Journal of Theoretical Politics, 9 (3), 1997, pp. 297-315.

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