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Typologie temporelle et aspectuelle des ´etats

3.3. Typologie aspectuelle : ´etats (( purs )) versus (( ´etats endo-actionnels ))endo-actionnels ))

3.3.1. Concurrence entre pass´e compos´e et imparfait

Les pr´edicats capables de d´ecrire des ´etats occurrentiels se distinguent aussi les uns des autres par le temps que doit prendre le verbe ˆetre dans les phrases statives au pass´e (pass´e compos´e ou imparfait). Une des th`eses de ce travail est que pour expliquer la concurrence entre pass´e compos´e et imparfait dans les phrases d´eno-tant un ´etat occurrentiel, il faut distinguer deux genres d’´etats ; j’y ai d´ej`a fait allusion plus haut. Les ´etats endo-actionnels, qui ont besoin d’une action pour se manifester, seront distingu´es des ´etats purs, qui ne d´ependent d’aucune mani`ere d’une action. Parmi les pr´edicats d’´etat endo-actionnel, je distinguerai deux sous-classes, suivant les propri´et´es de la relation qui s’instaure entre l’´etat et l’action

Pr´edicats d’´etatS→M d’´etatS→XL d’´etatL→XL d’´etatXL

assis beau arriviste albinos lifetime effects `a l’imparfait − − + + (( Il a fait e. Il ´etait P )) ok + + − − (( Il ´etait P quand il a fait e )) ok + + − − (( Quand il est P,... )) ok + +/− − − Pr´edication se-conde descriptive ok +/− +/− +/− − ok avec toujours + + + − ok au pass´e com-pos´e + + + − slp slp ou ilp lato sensu ilp lato sensu ilp stricto sensu

Tab. 3.4 – Typologie des pr´edicats d’´etat (fond´ee sur la dur´ee de l’´etat d´enot´e)

dont il d´epend.

Avant de d´efinir ces trois classes, examinons les donn´ees `a expliquer.

Classe 1 : beauS

Les pr´edicats comme beauS pr´ef`erent l’imparfait tout comme les pr´edicats d’´etatS

factuels (blondS, boucl´eS), et posent souvent probl`eme au pass´e compos´e : (3.83) Aliette se promenait dans le parc. Elle ´etait belleS.

(3.84) ? ?Aliette s’est promen´ee dans le parc. Elle a ´et´e belleS. (3.85) Hier, Pierre a ´epluch´e les pommes de terre. Il ´etait superbeS. (3.86) ? ?Hier, Pierre a ´epluch´e les pommes de terre. Il a ´et´e superbeS.10

(3.87) Hier, j’ai vu Pierre dans la rue. Il ´etait tout blondS. (3.88) ? ?Hier, j’ai vu Pierre dans la rue. Il a ´et´e blondS.

Notons au passage que le probl`eme disparaˆıt si la phrase stative ne d´ecrit plus un ´etat occurrentiel prenant place lors d’un ´ev´enement pr´ecis (c’est-`a-dire lorsque le pr´edicat ne d´ecrit plus un ´etat d’intervalle s, mais plutˆot un ´etat d’intervalle M2 ou L) :

(3.89) OK Pierre a ´et´e blondM2→L.11

10Section (3.4.4), j’expliquerai pourquoi ce genre d’exemples peut ˆetre sauv´e sous une certaine interpr´etation particuli`ere.

11Ce genre de descriptions ne peut cependant pas d´ecrire un ´etat d’intervalle xl (qui prend place durant toute la vie d’un individu) parce que, comme on le verra section (3.4.3), le pass´e

Classe 2 : g´en´ereux

Les pr´edicats comme g´en´ereuxS inversent les pr´ef´erences. Ils sont syst´ematique-ment acceptables au pass´e compos´e, et soul`event parfois certaines difficult´es `a l’imparfait :

(3.90) Pierre m’a donn´e un bonbon. Il a ´et´e g´en´ereuxS. (3.91) ?Pierre m’a donn´e un bonbon. Il ´etait g´en´ereuxS.

(3.92) Pierre m’a donn´e s quand j’avais froid hier. Il a ´et´e altruisteS.12

(3.93) ? ?Pierre m’a donn´e son pull quand j’avais froid hier. Il ´etait altruisteS.

(3.94) Pierre m’a vendu sa moto. Il a ´et´e honnˆeteS. (3.95) ?Pierre m’a vendu sa moto. Il ´etait honnˆeteS.

(3.96) Pierre a rang´e la table du jardin hier. Il a ´et´e intelligentS (il l’a rang´ee dans le grenier).

(3.97) ?Pierre a rang´e la table du jardin hier. Il ´etait intelligentS (il l’a rang´ee dans le grenier).

(3.98) Marie a fait une sieste. Elle a ´et´e intelligenteS. (3.99) ? ?Marie a fait une sieste. Elle ´etait intelligenteS.

Ces pr´edicats peuvent devenir bien meilleurs `a l’imparfait apr`es une description d’´ev´enement dans quatre contextes pr´ecis. Dans deux d’entre eux, ils ne d´ecrivent pas un ´etat d’intervalle s.

Premi`erement, ils sont bons `a l’imparfait lorsque la phrase stative contient, en position initiale, un compl´ement de dur´ee qui d´enote un intervalle plus grand que l’intervalle occup´e par e. Dans ce cas, le pr´edicat ne d´ecrit pas un ´etat d’intervalle s, puisque par d´efinition, ce type d’intervalle est identique `a l’intervalle de e : (3.100) La semaine pass´ee, Pierre m’a vendu sa vieille moto. Cet

apr`es-midi l`a, il ´etait honnˆeteM.

(3.101) Il y a quelque temps, Pierre m’a donn´e des bonbons. Cette semaine-l`a, il ´etait g´en´ereuxM.

Sous cette interpr´etation, on comprend que l’´etat dans lequel se trouvait l’agent avant d’agir justifie, explique l’action. Par exemple, on comprend en (3.101) que c’est parce qu’il ´etait de bonne disposition cette semaine-l`a que Pierre m’a donn´e des bonbons.13

Deuxi`emement, l’imparfait est acceptable lorsque le locuteur ne connaˆıt l’indi-vidu ´evalu´e que sous la description qu’en donne l’´enonc´e, sans plus. Typiquement,

compos´e implicite que l’´etat s v´erifiant la propri´et´e P a ´et´e suivi d’un ´etat s’ v´erifiant la propri´et´e ¬P (ou, concr`etement, que Pierre n’a pas ´et´e blond toute sa vie). C’est pour cela, aussi, que le pass´e compos´e n’est pas acceptable, comme on l’a vu plus haut, avec les pr´edicats d´ecrivant des ´etats irr´eversibles, comme albinos ou ´elu de Dieu (cf. # Il a ´et´e albinos, # Il a ´et´e ´elu de Dieu).

12Mon intuition est que mˆeme au pass´e compos´e, altruiste ne parvient pas bien `a d´ecrire un ´etat occurrentiel. J’aurais donc personnellement tendance `a le ranger parmi les pr´edicatsL→XL aux cˆot´es de carri´eriste (cf. supra). Mais comme certains locuteurs m’ont affirm´e n’avoir aucun probl`eme avec ce genre d’exemples, je me suis laiss´ee convaincre.

13

Cette relation explicative n’est pas ´etablie lorsque le pr´edicat d´ecrit un ´etat de taille s ; par exemple, Pierre a ´et´e g´en´ereux en donnant des bonbons ne laisse pas entendre que l’´etat de g´en´erosit´e explique le geste ; plutˆot, la g´en´erosit´e se manifeste occurrentiellement dans le geste.

dans ce contexte, l’individu sera d´esign´e `a l’aide d’un ind´efini, et/ou la reprise du GN correspondant par une dislocation droite tend `a s’imposer :

(3.102) Un type m’a vendu une moto. Il ´etait honnˆete(X)L, ce type. (cp. (3.95))

(3.103) Un type est venu d´em´enager mon piano. Il ´etait intelligent(X)L, ce gar¸con.

Dans ces ´enonc´es, c’est le pr´edicat intelligent(X)Lqui est utilis´e, et non le pr´edicat intelligentS: le locuteur de (3.102)-(3.103) ne se contente pas de dire que l’individu ´etait dans un ´etat temporaire d’intelligence ou d’honnˆetet´e, mais lui attribue une qualit´e permanente et durable sur base d’une de ses actions.

Notons en passant que la pr´esence d’un imparfait dans ces phrases pose a priori un probl`eme th´eorique, puisqu’une phrase `a l’imparfait d´ecrivant une qualit´e permanente de l’individu implicite, normalement, que cet individu est mort. Dans le cas inverse, le locuteur est cens´e utiliser le pr´esent :

(3.104) Mon vieux copain Pierre m’a vendu sa moto. Il est honnˆete(X)L, mon vieux copain Pierre. Tiens, il doit passer demain normalement. (3.105) # Mon vieux copain Pierre m’a vendu sa moto. Il ´etait

honnˆete(X)L, mon vieux copain Pierre. Tiens, il doit passer demain normalement.

Musan (1997) p. 272 a d´ej`a observ´e que, dans le genre de contexte qu’instaurent (3.102) et (3.103), les lifetime effects associ´es aux ilp sont annul´es. Le probl`eme est r´esolu si l’on suppose que ces pr´edicats d’´etat(X)L `a l’imparfait implicitent non pas la mort de l’individu lui-mˆeme, mais la fin de la relation entre cet individu et le locuteur (la mort du (( Moi social )) correspondant). Cela explique que les exemples (3.102) et (3.103) redeviennent bizarres lorsqu’il est pr´ecis´e, dans le contexte, que l’individu fait encore partie du pr´esent du locuteur :

(3.106) # Un type m’a vendu une moto. Il ´etait honnˆete(X)L, ce type. En fait, c’est aussi mon professeur de judo. (cp. (3.102))

Il existe tout de mˆeme deux vrais contre-exemples `a la g´en´eralisation propos´ee qui veut que les pr´edicats comme g´en´ereux posent probl`eme `a l’imparfait lorsqu’ils d´ecrivent un ´etat d’intervalle s. Le premier est illustr´e par l’´enonc´e suivant (3.107) (comparer `a (3.91) repris ci-dessous) :

(3.107) Il a distribu´e des bonbons `a chacun des enfants. Il ´etait g´en´ereuxS. (3.91) ?Pierre m’a donn´e un bonbon. Il ´etait g´en´ereuxS.

L’imparfait est meilleur lorsqu’il est entendu que l’´etat d´ecrit par le pr´edicat ´eva-luatif s’est manifest´e de mani`ere r´ep´et´ee, lors de plusieurs parties propres diff´e-rentes de la chaˆıne d’actions d´enot´ee par la phrase.

Deuxi`emement, l’imparfait ne soul`eve plus de difficult´es si l’´enonc´e rel`eve d’un certain usage du discours indirect libre (dil), que je propose d’appeler (( dil ex-p´erientiel )) :

(3.108) Marie a fait une sieste. Qu’elle ´etait intelligente !

(3.109) Je grelottais de froid. Pierre me donna sa veste. Il ´etait bien g´en´ereux ! Allait-il tenir longtemps par ce froid ?

Classe de pr´edicatS A l’imparfait Au pass´e compos´e

beauS OK ? ?

g´en´ereuxS ? ou OK (lecture it´er.) OK

bruyantS OK OK

Tab. 3.5 – Distribution des temps du pass´e avec un pr´edicat d’´etat d’intervalle s

En (3.108)-(3.109), les phrases statives (i) rapportent le contenu de pens´ee d’un personnage, et (ii) pr´esente ce personnage comme (( revivant )), au moment de l’´enonciation, son exp´erience de la sc`ene rapport´ee. A cause de leur valeur expres-sive, les phrases exclamatives rendent cette lecture particuli`erement accessible. Dans ce travail, je ne prendrai jamais cette lecture en consid´eration, parce que l’imparfait s’y r´ev`ele syst´ematiquement acceptable, mˆeme avec les pr´edicats les plus r´ecalcitrants.

En r´esum´e, les pr´edicats comme g´en´ereuxS ou honnˆeteS soul`event un certain probl`eme `a l’imparfait, sauf lorsqu’il est entendu que l’´etat s’est manifest´ee de mani`ere r´ep´et´ee lors de plusieurs parties propres de l’action globale, ou lorsqu’on a affaire `a l’imparfait du (( dil exp´erientiel )). La plupart de ces donn´ees seront expliqu´ees plus bas.

Classe 3 : bruyant

Une troisi`eme classe de pr´edicats est acceptable aussi bien `a l’imparfait qu’au pass´e compos´e, et pas uniquement en pr´esence d’un GN pluriel :

(3.110) Pierre est pass´e hier. Il ´etait tr`es bavard. (3.111) Pierre est pass´e hier. Il a ´et´e tr`es bavard.

(3.112) J’ai pass´e mon examen hier. Le professeur ´etait bienveillant. (3.113) J’ai pass´e mon examen hier. Le prof a ´et´e bienveillant.

(3.114) Marie a donn´e sa premi`ere le¸con aujourd’hui. Elle ´etait autoritaire. (3.115) Marie a donn´e sa premi`ere le¸con aujourd’hui. Elle a ´et´e autoritaire. Naturellement, l’interpr´etation de la phrase stative diff`ere selon qu’elle est `a l’im-parfait ou au pass´e compos´e. Ces diff´erences seront ´etudi´ees en d´etail section 3.4.3. Le tableau (3.5) r´esume les faits qui viennent d’ˆetre d´ecrits.

Dans les sections suivantes, je d´efinis les diff´erentes classes de pr´edicats, ce qui permettra ensuite de rendre compte de la distribution des temps.

3.3.2. Pr´edicats d’´etat endo-actionnel de type 1 : g´en´ereux

S

Il existe une diff´erence fondamentale entre les ´etats occurrentiels que d´ecrivent respectivement beauS et g´en´ereuxS. D’une part, la beaut´e de Pierre n’a pas besoin d’occasions d’un type pr´ecis pour se r´ev´eler. Pierre peut ˆetre occurrentiellement

beau `a n’importe quel moment du soir au matin, et mˆeme un certain temps apr`es sa mort.

(3.116) Pierre a mang´e (a dormi/ est mort). Il ´etait beauS.

Au contraire de la beaut´e, la g´en´erosit´e a besoin, pour se manifester occurrentiel-lement, de circonstances sp´eciales. On dit de la g´en´erosit´e de quelqu’un qu’elle se manifeste `a certaines occasions. Une personne doit ˆetre engag´ee dans une ac-tion d’un genre particulier pour pouvoir ˆetre g´en´ereuse. Appelons cet ´ev´enement e l’occasion de l’´etat occurrentiel de g´en´erosit´e s :

(3.117) # Pierre a dormi. Il a ´et´e g´en´ereuxS.

(3.118) Pierre a donn´e des bonbons `a Jean. Il a ´et´e g´en´ereuxS.

Dans la section (1.5.2), j’ai sugg´er´e que l’on pouvait rendre la diff´erence entre beauS

et g´en´ereuxS de la mani`ere suivante. Les pr´edicats comme g´en´ereuxS d´enotent un ´etat g´en´er´e par une action, alors que les pr´edicats comme beau d´enotent un ´etat ind´ependant de tout autre proc`es. Rappelons que Goldman (1970) appelle (( g´e-n´eration )) la relation de d´ependance qui prend place entre une action a comme celle que d´ecrit S a fum´e une cigarette et une action a’ ayant les mˆemes fronti`eres spatio-temporelles comme celle que d´ecrit S a bris´e sa promesse.14

Un des principaux arguments en faveur de l’id´ee que les pr´edicats comme g´e-n´ereuxS d´enotent un ´etat (( g´en´er´e )) au sens de Goldman est que ceux-ci passent avec succ`es les tests diagnostiquant la pr´esence de cette relation. Les pr´edicats comme beauS, eux, les ratent. Les donn´ees pertinentes sont reprises ci-dessous :

Test 1

(1.145) By/in distributing candies, Jean was generousS. En donnant des bonbons, Jean ´etait g´en´ereux. (1.146) ? ?By/ ? ?in sleeping, Jean was beautifulS.

En dormant, Pierre ´etait beau. Test 2

(1.147) Distribuant des bonbons, Jean a ´et´e g´en´ereuxS. (1.148) ?Distribuant des bonbons, Jean a ´et´e maladeS. Test 3

(1.149) ?Marie a ´et´e g´en´ereuseS tout en distribuant des bonbons. (1.150) Marie ´etait belleS tout en dormant.

Test 4

(1.151) Pierre a distribu´e des bonbons. Il a ´et´e g´en´ereuxS.

≃ Pierre a ´et´e g´en´ereux parce qu’il a distribu´e des bonbons.15

(1.152) Pierre a jou´e dans la cour. Il ´etait saoulS.

6≃ Pierre ´etait saoul parce qu’il a jou´e dans la cour.

14

Je rappelle que dans le cas de la g´en´eration causale, j’ai propos´e d’amender la th´eorie de Goldman, car alors, l’action g´en´er´ee dure plus longtemps que l’action g´en´erante (par exemple, si Pierre a tu´e Marie en tirant sur la gachette, l’action de tuer Marie dure plus longtemps que l’action de tirer sur la gachette, puisqu’elle inclut temporellement la mort de Marie).

15

Une autre diff´erence entre les adjectifs beauS et g´en´ereuxS est que seuls les seconds peuvent avoir pour argument une infinitive introduite par de :

(3.119) Pierre ´etait beau en dormant/ *de dormir.

(3.120) Pierre a ´et´e g´en´ereux en distribuant des bonbons/ de distribuer des bonbons.

Il y a cependant un point commun `a beauS et `a g´en´ereuxS : dans les deux cas, lorsque la phrase stative est pr´ec´ed´ee d’une phrase d’action comme en (3.116) ou (3.118), l’interpr´etant de ce genre de discours inf`ere par d´efaut que τ (e)=τ (s). On l’a dit dans la section (3.2.3), cela est vrai aussi bien lorsque la phrase stative est au pass´e compos´e qu’`a l’imparfait. Ainsi, (3.116) se laisse gloser comme en (3.121), et (3.118) comme en (3.122) :

(3.121) Il ´etait beauS au moment o`u il dormait (mangeait/ ´etait mort.) (3.122) Il a ´et´e g´en´ereuxS au moment o`u il a distribu´e des bonbons.

Dans cette perspective, donnons `a la seconde partie de l’´enonc´e (3.116) la re-pr´esentation (3.123). Les variables et constantes pr´edicatives en caract`ere gras correspondent `a des informations qui sont pr´esuppos´ees au temps de l’assertion de la description stative :16 (3.123) e, s Manger (e) Agent(e, Pierre) Beau(s) Th`eme(s, Pierre) τ (e)=τ (s)

L’´enonc´e (3.118), lui, a une structure plus riche, parce que la description stative caract´erise l’agent de mani`ere plus complexe.

(3.124)

e, s

Donner des bonbons (e) Agent(e, Pierre) B´en´eficiaire(e, Jean) G´en´ereux(s) Th`eme(s, Pierre) τ (e)=τ (s) G´en`ere(e, s)

Je propose d’appeler les pr´edicats comme g´en´ereuxS des pr´edicats d’´etat endo-actionnel, parce qu’ils caract´erisent l’´etat d’un individu alors mˆeme que celui-ci agit. Les adjectifs comme g´en´ereuxS sont des pr´edicats d’´etat endo-actionnel du type 1. Le tableau (3.6) reprend quelques items de chaque classe.

16

Cette distinction typographique n’est pas faite pour les rˆoles th´ematiques, et pour les constantes appliqu´ees aux variables d’individus. On l’utilise donc uniquement pour traduire le statut informationnel des variables d’´ev´enement ou d’´etat et des constantes appliqu´ees aux va-riables d’´ev´enement ou d’´etat. Le fait que les autres ´el´ements ne soient pas en gras ne symbolise donc rien.

Pr´edicats d’´etatS pur Pr´edicats d’´etatS endo-actionnel de type 1 beau g´en´ereux barbu avare blond intelligent grand spirituel

Tab. 3.6 – Pr´edicats d’´etatS (occurrence d’une disposition)

Les ´enonc´es dont le pr´edicat est un adjectif d’´etat endo-actionnel de type 1 manifestent une ambigu¨ıt´e qui sera ´etudi´ee dans la section 3.3.7. En deux mots, Pierre peut ˆetre dit g´en´ereux parce qu’il a donn´e des bonbons (lecture 1), ou bien parce qu’il a donn´e des bonbons d’une certaine mani`ere (lecture 2). La premi`ere lecture ´equivaut en gros `a dire qu’accomplir une action du type X revient `a ˆetre dans un ´etat du type Y :

(3.118) Pierre a donn´e des bonbons `a Jean. Il a ´et´e g´en´ereux. i. Il a ´et´e g´en´ereuxS de donner des bonbons.

≃ Donner des bonbons ´etait g´en´ereux. (lecture 1) ii. Il a ´et´e g´en´ereuxS dans la mani`ere dont il a donn´e des

bonbons. (lecture 2)

Les conditions de v´erit´e de la phrase ne sont donc pas les mˆemes suivant qu’est s´electionn´ee l’une ou l’autre lecture. En fait, on verra plus bas que la repr´esentation s´emantique (3.124) assign´ee `a (3.118) correspond `a la lecture 2.