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de la compréhension de soi

à l’assistance

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27 novembre 2015 (Tokyo, Japon)

Sur un quai de gare, cet étudiant japonais utilise l’écran de son smartphone comme un miroir portatif. En tournant autour de lui, j’observe la manière dont il regarde ici sa mèche et l’ajuste en employant la caméra frontale du téléphone qui lui permet de se filmer le visage.

31 décembre 2016 (Los Angeles, USA) Une utilisatrice de smartphone me montre l’app Youcam Makeup, qu’elle emploie comme une sorte de miroir la laissant es-sayer des maquillages/coupes de cheveux, ou lui proposer des combinaisons supposément adaptées à son visage (grâce à un système dit de « smart facial detection » dans le ma-gasin d’application en ligne iTunes Store).

6 juin 2015 (Genève, Suisse) Indépendamment l’une de l’autre, ces deux personnes sont venus se poster à cet endroit pour se prendre en photo (selfie), avec un point de vue sur le lac Léman située derrière elles.

15 février 2015 (Genève, Suisse) Coureur de fond, cet usager consulte les statistiques de santé sur son smartphone. Il observe son parcours, la distance effec-tuée et différents paramètres concernant le rythme de sa course. En accumulant des données de cet ordre, il compare également ses performances avec l’historique des mesures précédentes.

7 septembre 2017 (Nantes, France)

Cet usager, qui connait mon intérêt pour les interfaces numériques, me montre fièrement ce petit boitier99 qu’il utilise avec son smart-phone, et qui lui permet de détecter et d’ana-lyser son rythme cardiaque. Il me décrit comment il utilise cet objet aussi singulier

que peu courant pour apprendre à gérer sa 99

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15 février 2015 (Genève, Suisse)

Ce montage photographique représente à la fois un coureur de fond utilisant son smartphone pour mesurer ses performances, et une capture d’écran des informations généralement proposées à cette époque par le programme « Health » de l’’iPhone. Celui-ci propose différentes représentations visuelles qui indiquent la distance parcourue par l’usager, le dénivelé réalisé, entre autres paramètres détectés par les capteurs de l’appareil.

20 décembre 2017 (Genève, Suisse)

Capture d’écran de l’application Amazon sur iPhone, qui montre une liste d’articles que cette plateforme de commerce en ligne me suggère d’acheter. Ces recommanda-tions sont proposées sur la base des achats d’autres personnes qui ont acquis des biens similaires à celui que je consultais à ce mo-ment précis.

12 janvier 2017 (Los Angeles, USA) Le smartphone de J. posé sur une table de café. La caméra frontale est masquée par un petit morceau de scotch, afin de l'empêcher de filmer à l'insu de son utilisateur.

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« Soyez toujours préparée et jolie à l’aide de votre iPhone ! Sa caméra frontale vous offrira un splendide miroir de poche toujours à portée de main qui vous permettra de voir des petits détails grâce au zoom numérique qu’a l’@Miroir » est le slogan proposé sur l’Apple Store pour inciter à l’acquisition de l’application @Miroir produite par la société Evolutive Apps. C’est avec ce type d’application que l’on peut se regarder le visage et ajuster sa chevelure. Si ce genre de programme est présenté ici de façon très caricaturale ou genrée, j’ai pu constater que cette pratique ne concerne pas exclusivement les femmes, comme avec cet étudiant japonais sur la Figure 45. Mais celles-ci sont en effet largement ciblées, par exemple avec l’app « A Real Mirror Free », employée par l’une de mes enquêtées, les propositions sont plus pragmatiques : « Excellent for make-up touch-ups,

tweezing eye-brows, making sure there is no food in your teeth, combing hair ».

A ces exemples, s’ajoutent les usages plus complexes que j’ai pu constater chez d’autres usagers : avec Youcam Makeup, que m’ont montré Mary (indépendante, 45 ans, Los Angeles) et Yujin (employée ONU, 25 ans, Genève), l’app aide à choisir un maquillage ou une coupe de cheveux. En se filmant le visage, avec la caméra frontale de l’appareil, les utilisatrices peuvent ensuite sélectionner des options dans des menus (voir Figure 46) ou tout simplement, comme elles me l’ont indiqué indépendamment l’une de l’autre, utiliser la fonction « smart facial detection ». Cette fonctionnalité des « beauty apps » propose une combinaison de maquillage et de coiffure jugée pertinente par le programme, sur la base d’une photographie du visage. Il s’agit donc d’un miroir qui a non seulement une fonction réfléchissante, mais aussi de suggestions. Les usagers de ce type de programme, en général plutôt des jeunes femmes dans mon enquête, s’en servent ensuite pour sélectionner telle couleur de maquillage, ou essayer telle coupe de cheveux. Un tel usage en « miroir » peut aussi avoir un intérêt médical. Christophe qui travaille dans une banque à Genève m’a indiqué qu’il lui arrivait de prendre ses yeux en photo et de les envoyer au service de soin en ligne de son assureur pour avoir des conseils médicaux.

On retrouve d’ailleurs cet aspect dans une autre forme de suggestion, qui concerne les fines retouches proposées sur les photographies que les usagers peuvent prendre d’eux-mêmes dans le cas des selfies100. Une quantité phénoménale d’applications permettent ainsi de modifier la forme de son visage, sa couleur, ses traits, la plupart du temps afin de partager ses images sur les réseaux sociaux101, mais il peut s’agir aussi de permettre aux usagers d’essayer des lunettes, des bijoux, voire des vêtements102.

Du fait de la forme du terminal, qui n’est guère différente de celle des miroirs de poche, et de la présence d’une vitre sombre aux propriétés réfléchissantes, ces pratiques ne sont pas surprenantes. Ces exemples font écho à l’usage courant par mes enquêtés du terme de « miroir »