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Cadre théorique et implications méthodologiques

Mon point de départ intellectuel dans cette thèse est celui de la sociologie des usages au sens de Jauréguiberry et Proulx (2011). Ce qui s’explique par le fait que je suis d’une part enseignant et chercheur dans une école de design (HEAD – Genève) au sein d’un master qui aborde les mé-dias numériques et leur conception, et d’autre part co-fondateur d’une entreprise de conseil dans l’innovation et la prospective (The Near Future Laboratory), après avoir effectué un doctorat en informatique sur les enjeux d’interfaces humain-machine (IHM). Or, tous ces domaines s’appuient depuis longtemps déjà sur une meilleure compréhension des usagers et de leur pratiques ou cultures (user centered design) qui passe par l’enquête de terrain et des notions ou concepts provenant des sciences humaines et sociales. Ma volonté de réaliser une thèse dans ce champ des SHS repose ainsi sur le souhait d’approfondir cette dimension, à la fois pour enrichir mon approche professionnelle19. Une telle sociologie des usages fournit à la fois un cadre conceptuel et un ensemble de principes méthodologiques qui évoluent du fait des différentes limites pointées par les chercheurs du domaine (Proulx, 2015 ; Jouët, 2000, 2011). Le premier concerne l’impor-tance de resituer les usages au sein des activités en situation :

« Les technologies ne sont pas au centre de l’analyse, même si elles tiennent un rôle essentiel. Ce qui compte avant tout c’est ce que font les personnes étudiées, ce dans quoi elles sont engagées. C’est uniquement parce que l’on suit le cours de leurs actions qu’apparaissent les objets techniques. »

(Denis, 2009, p.10)

Un second principe concerne le fait de ne pas séparer systématiquement « technique » et « so-cial », et donc ne pas surestimer l’autonomie de l’usager :

« Par l’oubli que l’innovation est déjà elle-même un objet social. La sociologie des usages a eu trop souvent tendance à considérer l’objet ou le dispositif dont l’usage était étudié comme un produit exogène à la société. (…) par son oppo-sition trop systématique entre la technique et l’usager. Il en résulte une sorte de face-à-face dans lequel la technique est souvent appréhendée dans sa logique propre (comme indépendant du social) et l’usager considéré dans son indi- vidualité et sa subjectivité. Ceci conduit, d’une part, à accentuer le premier travers (poser la technique en soi comme extérieure à la société) et, d’autre part, à ‘psychologiser’ le comportement des usagers. Donc à risquer de perdre de vue la détermination sociale des usagers. »

(Jauréguiberry et Proulx, 2011, pp. 55-56.)

On lit ici la nécessité de ne pas surestimer les détournements et oublier le quotidien (« l’obsession pour les détournements et les arrangements, qui laisse de côté les innombrables moments de commerce pacifié avec les objets techniques, où l’usage est presque invisible tant il est évident et se mélange dans une économie ordinaire des rapports entre les hommes entre eux, les choses entre elles et bien sûr entre les premiers et les secondes. » Denis, 2009, p. 5), tout en reconnais-sant la manière dont ils permettent de sortir de l’opposition frontale entre concepteurs et usagers. 19

Cette composante sera par ailleurs mise à contribution dans le cadre de cette enquête puisqu’elle m’a permis la compréhension et l’accès à une partie du terrain qui concerne le milieu des concepteurs et que j’ai eu plus de facilité à contacter puisqu’ils faisaient partie de mon réseau socio-professionnel), mais aussi pour prendre du recul par rapport à celle-ci. Le lien avec la sociologie des usages est claire, dans le sens où celle-ci s’intéresse à (1) observer ce que les gens font effectivement avec les objets et les dispositifs techniques et à rendre compte de leur complexité, (2) adopter une démarche d’enquête de terrain,

Et ce, en particulier grâce à l’apport de l’anthropologie des sciences et des techniques ou de la sociologie de l’innovation : « M. Akrich va plus loin, en plaidant pour une vision en continuum

des technologies comme des usages, où des premiers moments de l’innovation jusqu’aux ajus-tements des utilisateurs en situation, les premières et les secondes émergent dans un même mouvement. » (Denis, 2009, p.8)

Enfin, dernier principe, il s’agit d’adopter une perspective multiple en faisant varier les points de vue : usagers, usagers en contexte, concepteurs, représentation que les concepteurs se font des usagers (Akrich, 1987). Ce qui, avec les mots de Jérôme Denis, a deux objectifs :

« On l’aura compris, le but de la manœuvre est de tenir les deux rênes ensemble et donc dans une certaine mesure de les faire dialoguer. Apporter l’épaisseur de l’activité et des actions ordinaires à l’anthropologie des

techniques et, inversement, nourrir la description de situations localisées d’un intérêt pour les enchaînements et le passage d’une scène à l’autre.

Cela passe par certaines postures méthodologiques assez simples et une modification du vocabulaire. La première posture consiste à faire varier autant que possible les points de vue et donc les objets de l’attention.

La seconde vise à l’élaboration d’histoires, c’est-à-dire d’empans d’action qui débordent une situation observable dans une unité de temps limitée. »

Denis, 2009, p.11

Dans le cadre de ce travail sur le smartphone, il s’agira en particulier de ne pas uniquement focaliser sur les usagers, mais aussi de dialoguer avec des personnes impliquées dans la concep-tion, ou dans des contextes connexes (magasins de vente/réparaconcep-tion, investisseurs finançant le développement des apps), et de saisir les usages dans des situations d’activités variées avec un équilibre entre ordinaire et exceptionnel.

Par ailleurs, si je souhaite reprendre à mon compte ce programme de la sociologie des usages, il me semble important de l’ajuster en resituant l’importance des objets techniques eux-mêmes en son sein. Car, si ce courant de la sociologie s’intéresse aux artefacts, les chercheurs en question laissent bien souvent de côté la dimension matérielle dans leurs travaux. En complément des remarques et critiques ci-dessus, une autre forme d’évolution possible de cette sociologie des usages pourrait consister à se nourrir de l’anthropologie des techniques qui a une longue tradition de recherche à ce sujet. Et ce, sans prétendre indiquer qu’un dialogue anthropologie des techniques/sociologie est une innovation conceptuelle récente, puisqu’il a bien eu lieu de façon répétée, comme en atteste la présence dans la revue Techniques & Culture d’une sociologue telle que Madeleine Akrich, ou encore le livre édité par Bruno Latour et Pierre Lemonnier (1994), un ouvrage collectif, auquel, comme le souligne Coupaye et Douny « il ne manque que les questions

numériques et Internet ou celles liées aux problèmes légaux liés à la circulation des images et du son. » (Coupaye et Douny, 2009, p. 28).

Il s’agira donc ici de se tourner vers le courant de la « technologie culturelle », qui, à la suite d’André Leroi-Gourhan, Robert Cresswell, Hélène Balfet, Pierre Lemonnier, Christian Bromberger, traite des phénomènes techniques pour en faire apparaître les relations avec les autres phénomènes sociaux (Lemonnier, 2010). Ce lien entre sociologie des usages et technologie culturelle me parait pertinent pour deux raisons. Il y a premièrement le fait que sociologie et anthropologie des techniques se posent depuis longtemps des questions très proches quant aux « effets » de la culture matérielle, ou à ce que la société « inscrit » dans les techniques. Comme le montre Pierre Lemonnier dans son ouvrage avec Bruno Latour (1994), il y a plusieurs manières d’aborder les rapports entre techniques, culture et sociétés, toutes aussi pertinentes les unes que les autres. Il cite ainsi les deux axes suivants :

« 1) Etudier les effets de la culture matérielle sur le (reste de) la culture ou sur la société ouvre d’intéressantes perspectives, surtout si les questions sont posées en termes de compatibilités plutôt qu’en termes de déterminismes rigides. La question ‘qu’est-ce qui doit exister dans les techniques pour que telle forme d’organisation sociale existe ?’ constitue une importante variante de cette démarche. Mais paradoxalement, cette première approche ne dit rien des techniques elles-mêmes, en tant que productions socioculturelles, puisqu’on étudie alors uniquement les résultats. 2) S’interroger sur ce que la culture ou la société ‘inscrivent’ dans les techniques est tout aussi néces-saire ; tout dépend du genre d’inscription auquel on s’intéresse. Malheureuse-ment, dans la pratique, ethnologues et archéologues ont généralement essayé de faire parler la société (ou de la société) à partir des détails de décoration ou de forme qui n’ont pas ou peu de fonction physique ; ce faisant ils ont passé sous silence cette dimension essentielle des techniques qui est d’agir physiquement sur la matière. »

(Lemonnier, 1994, p. 254)

Une seconde raison motivant ce recours à l’anthropologie des techniques provient du fait que la sociologie des usages, nourrie à partir de ses objets de recherche dans le monde des télécommu-nications, n’a que peu pris en compte les enjeux plus larges posés par des objets techniques non exclusivement communicationnels tels que le smartphone (comme indiqué par les statistiques en introduction) ; et a de ce fait laissé de côté la dimension matérielle pourtant fondamentale ; alors qu’il est pertinent de croiser ces différentes dimensions d’un même phénomène. Comme le souligne Nathan Schlanger :

« Suivre ainsi la trajectoire des transformations qu’impliquent les gestes et les pratiques techniques, identifier les matériaux et les connaissances qui y sont mobilisés, les acteurs qui participent, puis la totalité du système tech-nique, c’est ainsi accéder à un processus continu de construction, de mani-pulation et de recombinaison d’éléments matériels, sociaux et symboliques : qui fait quoi, quand, avec qui ? Comment les outils sont-ils utilisés, dans quel ordre ? Comment la nourriture est-elle préparée et consommée ? Comment noue-t-on la cravate, comment le port de chaussures affecte-t-il la démarche, comment fait-on (comme Mauss le constate en Afrique du Nord) pour des-cendre les escaliers, babouches aux pieds, sans dégringoler, enfin comment cette démarche est-elle évaluée et approuvée par les proches de l’individu et par le groupe dans lequel il agit ? – bref, il s’agit de voir comment les tech-niques, les matériaux et les actions fonctionnent ensemble d’une façon à la fois efficace et pleine de sens, arbitraire et nécessaire. »

(Schlanger, 2012, p. 95)

À cet égard, malgré l’importance accordée au principe de symétrie entre humains et non-humains, il apparait pour le moins singulier que la sociologie des usages, nourrie des apports théoriques de l’Actor-Network Theory, n’ait pas plus intégré la nécessité de se pencher en détail sur la ma-térialité des objets techniques.

Autrement dit, cette enquête sur le smartphone fournit l’occasion d’un croisement discipli-naire intéressant. Faire le lien entre sociologie des usages et anthropologie des techniques, c’est aussi resituer des objets techniques tels que le smartphone dans la généalogie académique de l’étude des cultures matérielles, et non uniquement comme un médium ou moyen de communi-cation. Sur ce point, Josiane Jouët relève la difficulté d’arrimer la sociologie des usages avec la sociologie générale :

« Parions que la dynamique de la sociologie des usages saura éviter ces écueils et surtout poursuivre les échanges avec les autres courants de la

socio-logie qui seuls peuvent lui permettre de comprendre les phénomènes

de communication, de respecter les fondements des sciences de l’information et de la communication et d’avoir toute sa place au sein des sciences sociales. »

De la même manière, on pourrait aussi affirmer qu’il serait dommage de détacher la sociologie des usages des apports de l’anthropologie des techniques. D’un point de vue méthodologique, la technologie culturelle permet d’élargir la compréhension des rapports sociaux entre l’usager et les techniques en nous incitant à prêter attention à de multiples angles d’attaque, comme on le verra plus loin. En complément d’une focalisation sur les pratiques et les discours auxquels est aussi sensible la sociologie des usages, c’est aussi la matérialité qui peut être saisie. Rappelons ici que la distinction opérée entre « matérialité » et « social » n’est que méthodologique, celle-ci pouvant être pertinente dans la description et l’analyse. Cette question renvoie au débat entre Pierre Lemonnier et Bruno Latour à ce sujet (Lemonnier, 1994, 1996, 2004 ; Latour, 1996). Mais il s’agit également de s’intéresser aux enchainements de gestes et d’opérations (processus techniques, chaînes opératoires), aux objets eux-mêmes, et aux connaissances à leur propos ; soit, comme l’indique Pierre Lemonnier20 :

« … operational sequences, materiality, agency, an individual’s self, body actions, etc. are all good to think about and to put together if we are to understand the propensity of human beings to associate material actions and physical objects with the production and rendering visible of social relations. »

(Lemonnier 1992 p. 19).

Enfin, pour compléter ces « fertilisations croisées » entre sociologues des usages et anthropo-logues des techniques, signalons que les premiers semblent avoir plus d’intérêt pour les objets contemporains que les seconds :

« L’étude des techniques occupe – faut-il le rappeler ? – une place de choix dans la tradition ethnologique française et les grands maîtres (Marcel Mauss, André Leroi-Gourhan, Charles Parain, André-Georges Haudricourt) ont associé leur nom à ce secteur souvent délaissé ou abandonné à des spé-cialités connexes (archéologie, muséographie) dans la plupart des écoles nationales. (…) Malgré ces impulsions fondatrices, les travaux de technologie culturelle se sont quelque peu essoufflés dans les années 1970s et se sont alors cantonnés, sur le terrain hexagonal, dans l’étude des processus et d’artefacts résiduels ou révolus relevant de la production agricole ou artisanale. Un grand partage s’est établi, au fil de ces années, entre, d’une part sociologues de l’innovation et ingénieurs (on pense, en particulier, aux travaux du regretté Yves Deforge), scrutant objets et techniques, industriels et postindustriels, et d’autre part, ethnologues, se spécialisant dans l’étude de gestes et outils d’’un monde que nous avons perdu’. »

(Bromberger et Chevallier, 1999, p. 2)

Qu’est-ce que tout cela signifie pratiquement ? Il s’agira dans ce travail d’explorer le smartphone au travers de cinq points d’entrées méthodologiques qui sont au coeur de l’anthropologie des techniques et du courant « technologie culturelle » (Lemonnier, 1992). Cinq dimensions que je mobiliserai, ensemble ou non, suivant la problématique de chaque chapitre :

1. Les usages, compris comme séquences d’actions situées dans un contexte donné et dans un ensemble de pratiques fournissent le cadre de compréhen-sion de ce que font les usagers avec cet objet.

2. Les discours à son propos de la part des usagers, mais aussi des concepteurs. Dans une logique compréhensive, je chercherai ici à saisir les métaphores, les expressions de sens commun et autres catégories vernaculaires employés par ceux-ci21 ; en particulier, car le smartphone est généralement décrit en lien 20

Sur la démarche méthodologique de la technologie cultu-relle, voir également le numéro entier 54-55 de la revue Techniques & Culture. Un numéro auquel participe jus-tement un éventail de chercheurs, tant des anthropologues,

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Une démarche qui est également présente en sociologie, comme le souligne le sociologue Howard Becker dans son travail sur l’art : « C’est en observant la façon dont un monde de l’art opère ces distinctions, et non en essayant de les

opé-avec les autres objets dont il a pris la fonction pratiquement (caméra) et méta-phoriquement. Préciser, ou dépasser, les descripteurs proposés dans les médias grands publics ou par les chercheurs mentionnés auparavant, me permettra de proposer une vision plus nuancée de ce que le smartphone est, et de le faire dans les termes des usagers. De la même manière, je mobiliserai lorsque ce sera nécessaire les savoirs et connaissances employés par les concepteurs (modèle théorique de conception, heuristiques et principes de design, manuel de conception). Ceux-ci peuvent en effet permettre d’accéder à la dimension projective (préconceptions) ou normative des personnes fabriquant ces objets techniques : les scripts décrits par Madeleine Akrich (1987).

3. La matérialité accessible directement par l’observation des objets eux-mêmes (dimensions, formes, comparaison des terminaux, autres objets techniques avec lesquels il est employé), et indirectement avec les brevets technologiques, les documents historiques ou par entretien avec les usagers ou les acteurs de la conception. Ce thème correspond à ce que Coupaye et Douny ont décrit comme « la première question anthropologique pourrait, en définitive, ne pas être ‘quel rôle ces contraintes objectives ou matérielles jouent sur les proces-sus’ mais plutôt ‘quelles sont les contraintes perçues, inférées, contournées et interprétées par ceux-là mêmes qui font les choses,’ » (Coupaye et Douny, 2009, p.34). Il s’agira ici de focaliser à la fois sur la dimension physique et logicielle de cette matérialité, car les usages du smartphone (l’objet) sont indissociables de ceux des applications qui fonctionnent sur celui.ci.

4. L’appréhension des gestes et de leurs séquençage, car pour comprendre l’ob-jet technique, « il faut mettre autour de lui l’ensemble des gestes humains qui le produisent et le font fonctionner. » (Haudricourt, 1955). Il s’agit ici de ces « techniques du corps » construites socialement que Marcel Mauss décrivait de la manière suivante : « les façons dont les hommes, société par société, d’une façon traditionnelle, savent se servir de leur corps. » (Mauss, 1935/2012, p.365). Celles-ci ont un double intérêt. Une description fine des conduites motrices permet d’abord de comprendre les séquences d’actions mises en jeu dans l’emploi d’un objet technique, et donc de compléter l’investigation des usages. De surcroît, saisir les gestes de manipulation du smartphone est une manière d’accéder à tout ce qu’il y a de « social » ou de « culturel » dans un tel objet technique22, et donc à comprendre en quoi cette action technique est culturellement déterminée. Comme le disait Mauss : « Il faut y voir des techniques et l’ouvrage de la raison pratique collective et individuelle, là où on ne voit d’ordinaire que l’âme et ses facultés de répétition. » (Mauss, 1934 (2012), p. 371). En outre, dans le cas du smartphone le thème de la mise en jeu du corps est d’autant plus logique que les usagers eux-mêmes savent très bien exprimer en quoi leur gestuelle est particulièrement révélatrice d’usages et de pratiques spécifiques. Pensons aux mouvements de la main et des doigts précisément liés à l’utilisation d’apps telles que Tinder (mouvement latéral de l’index pour valider ou non un profil), Instagram (tapotement pour indiquer l’appréciation d’une photo), Pokémon Go (mouvement de l’index pour capturer des créatures), ou Uber (lever la main avec le smartphone pour faire signe au conducteur du véhicule en approche).

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Une liste évidemment non-exhaustive à laquelle il faudrait néanmoins rajouter aussi les multiples projets en-dehors des sciences sociales, par exemple en physique ou en ar-chitecture, qui se saisissent de ces questions, avec parfois quelques naïvetés épistémologiques. Voir par exemple Eagle et Pentland (2009) qui proposent d’identifier « les structures répétées du comportement humain typique »,

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Relevons que toutes ces démarches sont également combi-nables, dans une logique de méthodes mixtes, parfois qua-lifiées de « ethnomining », c’est-à-dire d’articuler l’analyse de méga-données avec une enquête de terrain auprès d’un panel d’usagers plus ciblé.

5. D’après Lemonnier (1992), il est un cinquième pilier pertinent à aborder : celui de l’énergie. Concernant le smartphone, cet aspect est moins central que dans le cas des objets techniques nécessitant une dimension physique (autorisant le fonctionnement de l’objet) pour être utilisés. Je n’évacue cependant pas cette dimension, puisque l’électricité (l’énergie nécessaire à l’usage du smartphone et déléguée à la batterie) occupera une place centrale dans l’un des chapitres. Celle-ci étant une ressource fondamentale très prisée, et dont on peut se rendre compte par la nervosité des usagers lorsque leur batterie vient à flancher. Avant de considérer les conséquences de ces choix théoriques sur la méthodologie de mon enquête, je voudrais revenir sur ce choix d’aborder aujourd’hui le smartphone avec une telle démarche. Car