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Ces considérations ont amené le CITEPA, progressivement, à mettre en place une série de corrections de plus en plus fines et complexes, à portée très générale ou très fine, et qui rend les résultats de l’inventaire UTCATF particulièrement difficiles à appréhender car les dynamiques qui y sont renseignées in fine ne correspondent plus exactement aux dynamiques brutes de TerUti. Ces corrections visent à améliorer la cohérence des données brutes à plusieurs égards :

- cohérence des dynamiques une fois les séries mises bout-à-bout, - cohérence des taux de changements annuels,

- cohérence de certaines évolutions et de certaines conversions.

L’ensemble des traitements correctifs est présenté en annexe 2. Ces traitements sont réalisés sous Access et entrainent la création d’une donnée parallèle à TerUti, faite de séries « redressées » et « corrigées », ne présentant plus de ruptures méthodologiques inacceptables au regard des guides méthodologiques du GIEC et des différents processus internationaux de revue de la qualité des inventaires nationaux.

1.5.4 Résultats et incertitude finale

Résultat de l’inventaire UTCATF français

Les émissions totales de GES en France ont globalement diminué entre la dernière année inventoriée (2013) et l’année de référence (1990). Entre ces deux années, les émissions de GES en France hors UTCATF ont baissé de 10% mais ont baissé de 13% en intégrant l’UTCATF (tableau 1.4). Ces données sont disponibles directement dans les tables officielles soumises à la CCNUCC (tables dites « CRF » sur le portail de la CCNUCC relatif aux inventaires nationaux1). Le secteur UTCATF n’est donc pas entièrement responsable de cette dynamique car les émissions hors UTCATF ont aussi baissé, pour des raisons diverses (désindustrialisation, crise économique, évolution des réglementations industrielles, consommation d’énergie, etc.).

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Inventaires disponibles pour chaque Partie à l’Annexe I de la CNUCC à l’adresse suivante (ici soumissions de 2016) : http://unfccc.int/national_reports/annex_i_ghg_inventories/national_inventories_submissions/items/9492.php

Tableau 1.4. Résultats synthétisés de l’inventaire national français.

Secteur/périmètre 1990 (kt CO2e) 2013(kt CO2e) évolution

Emissions totales hors UTCATF 552 463 496 761 - 10%

UTCATF total -37 524 -46 566 + 24%

Dont forêt -40 785 -65 596 + 61%

Dont cultures 13 481 20 961 + 55%

Dont prairies -8 649 -11 040 + 28%

Dont zones humides -924 -2 185 +137%

Dont terres artificielles 7 163 12 619 + 76%

Dont autres terres 0 0 -

Dont produits bois -7 810 -1 653 - 79%

Emissions totales avec UTCATF 514 939 450 194 - 13%

Valeurs issues de l’inventaire et des tables officielles de notification, édition 2015. Les évolutions sont calculées par le CITEPA sur la base des valeurs absolues. L’artificialisation et l’intensification agricole sont donc largement compensés par l’augmentation du stockage forestier. La totalité du secteur UTCATF représente un puits net, surtout marqué par la contribution de la forêt. On constate que le puits est en hausse de 24% entre 1990 (année de référence pour la CCNUCC) et 2013, cette hausse étant principalement due à la hausse du puits des forêts. En termes d’évolutions relatives, on observe de fortes évolutions : +55% pour les émissions liées aux cultures et surtout +137% du puits lié aux zones humides, qui représentent cependant de faibles superficies.

Néanmoins, si l’on observe d’autres années, il peut apparaitre que la prise en compte ou non du secteur UTCATF joue un rôle stratégique. Ainsi, entre 1990 et 2005, les émissions hors UTCATF ont augmenté de 1,3 % alors que sur la même période les émissions incluant l’UTCATF ont baissé de 0,8 %. Mais à l’inverse, le secteur UTCATF ne représente pas systématiquement un avantage : entre 1990 et 1995, les émissions hors UTCATF ont baissé de 0,15 % alors que les émissions ont augmenté de 0,08 % en incluant l’UTCATF. Même si ces différences sont minimes, l’impact stratégique de déclarer une baisse des émissions plutôt qu’une hausse est fort.

Calcul de l’incertitude de l’inventaire UTCATF

L’estimation de l’incertitude du secteur UTCATF de l’inventaire était relativement simplifiée (niveau de précision ‘tier-1’) jusqu’en 2015. Selon cette approche, l’incertitude sur les émissions totales hors UTCATF combinées représente, pour 2013, 10.2% de la valeur inventoriée mais seulement 2,6 % sur l’évolution entre l’année de référence et l’année inventoriée. En effet, à méthode constante, l’incertitude est plus aisément maitrisable entre deux années. En prenant en compte l’UTCATF, l’incertitude sur l’année inventoriée est de 12,9%, et de 3,2% sur l’évolution.

En 2016, une estimation plus fine de l’incertitude (niveau ‘tier-2’) a été réalisée selon une approche de type Monte-Carlo1, en estimant les incertitudes intervenants à plusieurs niveaux de calculs. Avec cette approche, l’incertitude globale pour le secteur UTCATF y est ramenée à 30% (Citepa, 2016c).

Ces niveaux d’incertitude sont importants. L’objectif principal de l’inventaire est de respecter les principes et règles méthodologiques en vigueur, et de ne pas systématiquement sous-évaluer ou

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surévaluer les valeurs. Ce sont surtout l’évolution de ces incertitudes, même très fortes, qui sont observées et analysées dans le cadre de l’inventaire et de son amélioration.

L’incertitude globale reste difficile à mesurer. Ces résultats ne prennent pas en compte tous les facteurs d’incertitudes, en particulier les facteurs extérieurs aux simples incertitudes statistiques tels que d’éventuels biais plus complexes dans les données sources. Ce sont justement ces éléments complexes d’incertitude dont il est question dans cette thèse.

Conclusion du 1.5

L’inventaire actuel est un exercice technique qui répond aux exigences internationales et qui s’adapte aux données et aux moyens disponibles. La réduction des incertitudes sur ce secteur soulève des enjeux de plus en plus importants à mesure que le recours aux puits de carbone se développe dans les stratégies de lutte contre les changements climatiques. La volonté de fournir un inventaire cohérent dans le temps rend difficile la refonte méthodologique sans justification solide.

Plusieurs aspects de la méthode de l’inventaire UTCATF sont sujet à amélioration. Notre travail sur les données sources pour estimer les surfaces de changements d’occupation du sol s’inscrit donc plus largement dans le travail d’amélioration méthodologique du secteur UTCATF en général.

1.6 Contribution de la thèse : lien entre les contextes

scientifiques et institutionnels

1.6.1 Ce que cette remise en contexte permet

Des modes de représentation et de conceptualisation à expliciter

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