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CHAPITRE 3. STRATÉGIES D’ENCODAGE EN MÉMOIRE ÉPISODIQUE CHEZ LES JEUNES ADULTES ET

3.1. D IFFÉRENCES D ’ ÂGE ET SÉLECTION STRATÉGIQUE

3.1.1. M ÉTHODE PAR INSTRUCTION

La méthode par instruction consiste à comparer les performances des jeunes adultes et des adultes âgés dans deux conditions expérimentales. Dans la condition contrôle, les jeunes adultes et les adultes âgés ont pour consigne de mémoriser le plus de mots mais ne reçoivent aucune consigne sur la stratégie à adopter pour mémoriser ces mots. Les participants dans cette condition sont donc libres d’utiliser la stratégie de leur choix. En revanche, dans la condition expérimentale, les jeunes adultes et les adultes âgés ont pour consigne de mémoriser le plus de mots en utilisant une stratégie décrite par l’expérimentateur9. Les participants n’ont donc pas la liberté d’utiliser la stratégie de leur choix et emploient une stratégie qui leur est enseignée et imposée. Si la différence d’âge dans le nombre de mots correctement rappelés est plus importante dans la condition contrôle que dans la condition expérimentale, il est probable que les adultes âgés dans la condition contrôle n’utilisent probablement pas les mêmes stratégies comme le font spontanément les jeunes adultes dans la même condition. Ainsi, la provision d’une stratégie réputée efficace dans la condition expérimentale a pour conséquence d’augmenter les performances des adultes âgés, mais a moins d’impact sur les performances des jeunes adultes, qui l’utilisent naturellement.

9 La stratégie enseignée dans ce type d’étude est généralement considérée comme efficace (imagerie ou génération de phrases dans l’épreuve d’apprentissage de paires de mots et organisation sémantique dans l’épreuve de rappel libre).

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A ma connaissance, six études ont utilisé cette méthode afin d’investiguer si les adultes âgés utilisent des stratégies moins efficaces que les jeunes adultes (Dunlosky et Hertzog, 1998 ; Naveh-Benjamin et al., 2007 ; Naveh-Benjamin, Craik, Guez et Kreuger, 2005 ; Rabinowitz et al., 1982 ; Treat et Reese, 1976 ; Treat, Poon et Fozard, 1981). Trois de ces études (Dunlosky et Hertzog, 1998 ; Naveh-Benjamin et al., 2005 ; Rabinowitz et al., 1982) montrent que la différence de performances entre les jeunes adultes et les adultes âgés est de même amplitude dans la condition contrôle et dans la condition expérimentale, même si les performances des jeunes adultes et des adultes âgés sont généralement plus élevées dans la condition expérimentale (lorsqu’ils utilisent la stratégie efficace) que dans la condition contrôle (dans laquelle les participants utilisent la stratégie de leur choix). Nous allons donc commencer par présenter les résultats de ces trois études avant de présenter les études qui montrent que les différences d’âge dans le nombre de mots rappelés diminuent voire disparaissent lorsque les adultes âgés sont amenés à utiliser une stratégie interactive.

Tout d’abord, l’étude de Rabinowitz et al. (1982) a montré dans une épreuve de rappel indicé d’une liste de 42 paires de mots que les jeunes adultes rappellent en moyenne 16 % de paires de mots en plus que les adultes âgés lorsqu’ils ont pour consigne d’utiliser la stratégie d’imagerie et 22 % de paires de mots en plus lorsqu’ils peuvent utiliser la stratégie de leur choix. La différence d’âge dans le nombre de mots rappelés est donc comparable dans les deux conditions. Dunlosky et Hertzog (1998) montrent également que les jeunes adultes rappellent 20 % de paires de mots en plus que les adultes âgés lorsqu’ils utilisent la stratégie de leur choix, mais également lorsqu’ils ont pour consigne d’utiliser la stratégie d’imagerie. Enfin, Naveh-Benjamin et ses collaborateurs (2005) montrent que les jeunes adultes rappellent entre 20 % et 30 % de paires de mots en plus que les adultes âgés lorsqu’ils utilisent la stratégie de leur choix, mais également lorsqu’ils ont pour consigne d’utiliser la stratégie de génération de phrases.

A ma connaissance, seules trois études ont montré que la différence d’âge pouvait disparaître une fois que les deux groupes d’âges utilisent une stratégie interactive (Treat et Reese, 1976 ; Treat et al., 1981 ; Naveh-Benjamin et al., 2007). Les deux études conduites par Treat montrent que les jeunes adultes et les adultes âgés obtiennent des performances comparables dans une tâche de rappel indicé d’une série de 10 paires de mots lorsque l’expérimentateur leur demande d’utiliser la stratégie d’imagerie. En revanche, lorsque les jeunes adultes et les adultes âgés ne reçoivent aucune consigne sur la stratégie à utiliser, les jeunes adultes rappellent plus de mots (Treat et Reese, 1976 ; Treat et al., 1981). L’étude de Naveh-Benjamin et al. (2007) indique que les adultes âgés mémorisent autant de paires de mots que les jeunes adultes lorsqu’ils ont pour consigne d’employer une stratégie de génération de phrases dans un test de reconnaissance de 40 paires de mots. En revanche, les jeunes adultes obtiennent de meilleures performances que les adultes âgés lorsqu’ils utilisent la stratégie de leur choix. Ces trois études suggèrent donc que les adultes âgés n’utilisent pas spontanément les mêmes stratégies que les jeunes adultes.

Il est difficile d’expliquer pourquoi ces six études aboutissent à des résultats différents. Une première piste vient de la spécificité des échantillons de participants utilisés dans chaque étude. Par exemple, Naveh-Benjamin et al. (2007) montrent à l’aide de la méthode des rapports globaux qu’aucun des adultes âgés dans la condition contrôle de leur étude n’utilise une stratégie de génération de phrases ou d’imagerie. En revanche, Dunlosky et Hertzog (1998) montrent que les adultes âgés de leur condition contrôle ont tendance à utiliser ces deux stratégies. Une autre raison réside peut-être dans la difficulté de la tâche. En effet, le fait d’apprendre des listes de 10 paires de mots (Treat et Reese,

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1976 ; Treat et al., 1981) n’incite peut-être pas les adultes âgés à utiliser des stratégies interactives alors que le fait d’apprendre des listes comprenant plus d’une cinquantaine de paires de mots peut paraître impossible à des adultes âgés sans avoir recours à des stratégies d’imagerie ou de génération de phrases (Dunlosky et Hertzog, 1998). De plus, l’utilisation de liste comprenant un faible nombre de paires de mots entraîne un effet plafond chez les jeunes adultes et les adultes âgés, ce qui peut expliquer l’absence de différence d’âge lorsque les participants ont pour consigne d’utiliser une stratégie interactive dans ces études.

La méthode par instruction, bien que largement utilisée dans la littérature, pose d’importants problèmes. Premièrement, il est inféré que les participants du groupe contrôle utilisent ou non certaines stratégies en se basant sur leurs performances ainsi que les performances des participants du groupe expérimental. Cela signifie donc que les stratégies ne sont jamais directement observées.

Il n’est donc pas possible d’identifier quels sont les individus qui utilisent ces stratégies, ou de savoir sur quels items les stratégies investiguées sont utilisées. Deuxièmement, les chercheurs qui incitent un groupe de participants à utiliser une stratégie font un présupposé très fort, celui de croire que les individus utilisent effectivement la stratégie qu’il leur est demandé d’utiliser (Dunlosky et Hertzog, 1998). Même si de nombreuses études montrent que les individus instruits à utiliser une stratégie tendent à l’utiliser par la suite (Campoy et Baddeley, 2008 ; Dunlosky et Hertzog, 1998 ; Hanley et Bakopoulou, 2003 ; Naveh-Benjamin et al., 2007 ; Richardson, 1998), de nombreuses études montrent que certains jeunes adultes et certains adultes âgés ne se conforment pas aux instructions reçues. Eagle (1967) est ainsi le premier à avoir montré que les jeunes adultes n’adoptent pas tous la stratégie demandée par l’expérimentateur dans une épreuve de rappel libre. Si plus de 75 % des jeunes adultes instruits à employer la stratégie de catégorisation sémantique ont bien utilisé cette stratégie, seulement 50 % des participants instruits à utiliser la stratégie de répétition ont effectivement employé la répétition. Par la suite, de nombreuses études conduites auprès de jeunes adultes ont montré que ces derniers ont de la difficulté à n’utiliser que la stratégie de répétition lorsqu’il leur est demandé de n’employer que cette stratégie (Paivio et Yuille, 1969 ; Shaughnessy, 1981 ; Yuille et Paivio, 1968). Même lorsque les individus utilisent la stratégie qu’il leur a été demandé d’employer, ils ne le font pas pour apprendre tous les mots. Turner (1978) montre que des jeunes adultes instruits à utiliser la stratégie d’imagerie n’utilisent en réalité cette stratégie que sur 66 % des paires de mots. Dunlosky et Hertzog (1998) montrent que ce pourcentage oscille entre 50 % et 75 % tant chez les jeunes adultes que chez les adultes âgés. Enfin, Price, Hertzog et Dunlosky (2008) ont explicitement comparé si le taux de compliance différait entre les jeunes adultes et les adultes âgés. Il ressort que le taux de compliance est plus élevé chez les jeunes adultes (77.6 %) que chez les adultes âgés (72.6 %). Il est également plus important lorsque les participants sont instruits à utiliser une stratégie d’imagerie (84 %) que lorsqu’ils sont instruits à utiliser une stratégie de répétition (65 %).

Les limites inhérentes à la méthode par instruction ont conduit de nombreux chercheurs à se tourner vers des méthodes plus subjectives pour découvrir quelles sont les stratégies utilisées par les jeunes adultes et les adultes âgés. Elles sont définies comme subjectives étant donné que ce sont les participants eux-mêmes qui décrivent les stratégies qu’ils ont utilisées. Nous allons donc à présent présenter trois méthodes (questionnaires, rapports globaux, rapports item par item) utilisées pour investiguer les différences d’âge quant au type de stratégie utilisée dans les épreuves de mémoire épisodique.

46 3.1.2. Questionnaires

La méthode par questionnaire vise à évaluer les stratégies utilisées dans la vie quotidienne par les jeunes adultes et les adultes âgés. Elle possède donc probablement une bonne validité écologique pour représenter le fonctionnement des individus au quotidien (Bouazzaoui, Isingrini, Fay, Angel, Vanneste, Clarys et Taconnat, 2010). Nous allons tout d’abord passer brièvement en revue les différents questionnaires utilisés dans la littérature pour évaluer les stratégies employées quotidiennement par les individus.

Trois auto-questionnaires sont souvent utilisés dans la littérature pour évaluer la perception des individus concernant leur fonctionnement mnésique. Le Metamemory in Adulthood Instrument (Dixon et Hultsch, 1983, 1984) abrégé MIA est un questionnaire composé de sept échelles. Parmi celles-ci figurent l’échelle « Stratégie » qui mesure l’étendue des connaissances concernant les méthodes d’amélioration des performances dans des épreuves de mémoire. Le Memory Functioning Questionnaire (Gilewski, Zelinski et Schaie, 1990) abrégé MFQ est un questionnaire composé de huit échelles. Parmi celles-ci figurent l’échelle « Utilisation de stratégies» qui mesure à quelle fréquence différents moyens mnémotechniques sont utilisés. Le Multifactorial Memory Questionnaire (Troyer et Rich, 2002) abrégé MMQ est un questionnaire composé de trois échelles. Parmi celles-ci figurent l’échelle « Stratégies» qui mesure à quelle fréquence différentes stratégies sont utilisées.

Les premières études n’ont pas montré de différence entre les jeunes adultes et les adultes âgés sur la fréquence à laquelle ils utilisent des stratégies dans leur vie quotidienne (Perlmutter, 1978). Dans l’étude de Gilewski et al. (1990), l’échelle « Utilisation de stratégies » du MFQ ne corrèle pas avec l’âge sur un échantillon composé d’individus d’âge allant de 16 à 89 ans (voir également Hertzog et al., 1989). Sur un échantillon d’adultes âgés de 40 à 91 ans, Troyer et Rich (2002) ont montré que l’âge ne corrèle pas avec les scores sur l’échelle Stratégie du MMQ. Enfin, les résultats de Hertzog et al. (1989) n’indiquent pas de corrélation entre l’âge et l’échelle «Stratégie » du MIA. En revanche, Cavanaugh et Poon (1989) montrent dans un échantillon composé de 100 jeunes adultes (20 ans en moyenne) et 100 adultes âgés (68 ans en moyenne) que les jeunes adultes ont des scores plus élevés que les adultes âgés sur l’échelle « Stratégie » du MIA. A la suite de ce premier résultat prometteur, certains chercheurs ont distingué à l’intérieur de l’échelle « Stratégie » du MIA les items qui reflètent l’utilisation de stratégies dites internes (répétition, imagerie) et des stratégies dites externes (liste de course, agenda). Ponds et Jolles (1996) ont par exemple montré que les adultes âgés entre 69 et 86 ans utilisent plus souvent des stratégies externes que les adultes âgés entre 54 et 66 ans. Ce résultat est répliqué dans l’étude de Bouazzaoui et al. (2010) qui montrent que les adultes âgés entre 61 et 80 ans rapportent utiliser davantage de stratégies externes que les adultes d’âge moyen (41-60 ans) qui rapportent eux-mêmes en employer davantage que les jeunes adultes (21-40 ans). Par ailleurs, dans cette étude, les adultes entre 61 et 80 ans rapportent utiliser moins de stratégies internes que les jeunes adultes (21-40 ans). Nous pouvons donc considérer que la plupart des études ne montrent pas de différences dans le type de stratégies utilisées entre les jeunes adultes et les adultes âgés à l’aide des questionnaires. Lorsque c’est le cas (Bouazzaoui et al., 2010 ; Ponds et Jolles, 1996), l’âge n’explique généralement pas plus de 5 % de la variance dans les scores aux échelles « Stratégies » du MIA.

Les qualités psychométriques de ces instruments ne peuvent pas être mises en cause pour expliquer l’absence de différences d’âge. Par exemple, l’échelle stratégie du MMQ présente une bonne consistance interne (α = .83) ainsi qu’une fidélité test-retest satisfaisante (r = .88) (Troyer et Rich,

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2002). Une version abrégée et traduite en hollandais du MIA montre également de bonnes propriétés métriques (Ponds et Jolles, 1996). En effet, l’échelle stratégie du MIA possède une bonne consistance interne (α = .85). Bien que la fidélité test-retest ne soit pas précisément spécifiée pour l’échelle stratégie dans cette étude, elle semble adéquate puisqu’il est rapporté que la fidélité des échelles va de .72 à .85 pour la version abrégée et de .79 à .86 pour la version complète de l’échelle.

En ce qui concerne la validité de construit de ces échelles, Hertzog et al. (1989) montrent que l’échelle « Stratégie » du MIA et l’échelle « Utilisation de stratégies » du MFQ corrèlent entre elles et possèdent donc une bonne validité convergente. Troyer et Rich (2002) montrent également que les scores sur l’échelle Stratégie du MMQ corrèlent avec les échelles évaluant l’utilisation de stratégie dans les questionnaires MIA et MFQ. Si la fidélité et la validité de construit de ces échelles ne peuvent être remises en question, il n’en va pas de même pour la validité prédictive de ces échelles.

En effet, l’échelle « Utilisation de stratégies » du MFQ ne corrèle pas avec les performances dans les épreuves de rappel de textes, les épreuves de rappel libre et les épreuves de reconnaissance (Zelinski, Gilewski et Anthony-Bergstone, 1990 ; étude 1), et les épreuves de mémoire prospective (Zelinski et al., 1990 ; étude 2). Ces résultats ont été répliqués ultérieurement par Hertzog, Park, Morrell et Martin (2000) en montrant que l’échelle Stratégie du MFQ ne corrèle avec les performances dans aucune des épreuves de mémoire suivantes : mémoire de travail, rappel libre, mémoire à court terme. Mentionnons tout de même certains travaux qui montrent une relation entre la fréquence d’utilisation de stratégies dans le MIA et la performance dans des épreuves de mémoire épisodique (Cavanaugh et Poon, 1989 ; Dixon, Hertzog et Hultsch, 1986, cités par Fort, 2005).

Ainsi, la majorité des travaux montrent une absence d’effet d’âge dans les questionnaires. Ceci est probablement dû au fait que ce type de questionnaire ne permet pas de capturer ce qui se passe dans la tête des individus au moment où ces derniers apprennent des informations (Samuelstuen et Braten, 2007). En effet, nous avons évoqué au deuxième chapitre que le type de stratégie utilisée par les jeunes adultes influence leurs performances mais nous n’observons pas un tel lien lorsque le type de stratégie utilisé par les individus est évalué au moyen d’un auto-questionnaire. Dans la suite de ce chapitre, nous allons donc examiner si les jeunes adultes et les adultes âgés rapportent utiliser au moyen de rapports verbaux des stratégies différentes en mémoire épisodique. Contrairement à la méthode par questionnaire, qui permet d’identifier les stratégies que les individus utilisent dans leur vie de tous les jours, les deux méthodes que nous allons présenter à présent (les rapports globaux et les rapports item par item) permettent d’identifier les stratégies utilisées par les individus dans les épreuves de rappel libre ou dans les épreuves d’apprentissage de paires de mots.

3.1.3. Rapports globaux

La méthode des rapports globaux permet d’interroger les individus sur les stratégies d’encodage employées dans une épreuve de mémoire juste après la phase de rappel10. Il y a généralement deux façons d’interroger les individus : par questions ouvertes ou par questions fermées. Dans le cadre de questions ouvertes, le chercheur demande aux individus de quelle façon ils s’y sont pris pour mémoriser le plus de mots possibles. Dans le cadre de questions fermées, les participants reçoivent généralement une liste de stratégies et doivent indiquer lesquelles ils ont utilisé. Dans certaines études, il leur est également demandé d’indiquer à quelle fréquence ils estiment avoir utilisé

10 Il est également possible d’interroger les individus entre la phase d’encodage et la phase de rappel mais comme aucune étude n’a utilisé cette procédure, nous n’allons pas l’évoquer.

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chacune des stratégies de la liste. Ces deux méthodes sont désignées sous le terme de rapports globaux car les individus désignent les stratégies utilisées en général. Il ne leur est pas demandé d’indiquer comment ils ont appris certains mots en particulier. Voyons à présent les résultats de sept études ayant exploré si les jeunes adultes et adultes âgés utilisent des stratégies différentes dans les épreuves de rappel libre (Brooks, Friedman, Gibson et Yesavage, 1993 ; Hertzog, McGuire et Lineweaver, 1998 ; Hertzog, McGuire, Horhota et Jopp, 2010 ; Rankin, Karol et Tuten, 1984 ; Verhaeghen et Marcoen, 1994 ; Zivian et Darjes, 1983) et dans les tâches d’apprentissage de paires de mots (Naveh-Benjamin et al., 2007)11.

Les deux premières études à s’être intéressées à la question des différences de stratégies d’encodage entre jeunes adultes et adultes âgés (Rankin, et al., 1984 ; Zivian et Darjes, 1983) n’ont pas montré de différences d’âge. En dehors de l’absence de différence d’âge, ces deux études se ressemblent en plusieurs aspects. Premièrement, dans les deux études, une liste de stratégies est donnée aux participants et ces derniers indiquent uniquement lesquelles ils ont utilisé. Il n’a pas été demandé aux participants de préciser à quelle fréquence ils ont employé les stratégies, Deuxièmement, le nombre de participants dans chacun des groupes d’âge est restreint (10 participants par groupe d’âge dans l’étude de Zivian et Darjes (1983) et 18 participants par groupe d’âge dans l’étude de Rankin et al. (1984)). Il faut donc considérer ces résultats avec précaution étant donné la petite taille des échantillons.

Dans les études suivantes qui ont utilisé la méthode par questions fermées, les participants cochent les stratégies utilisée parmi une liste et indiquent à quelle fréquence ils les ont utilisées (Brooks et al., 1993; Verhaeghen et Marcoen, 1994). Ces études diffèrent donc de celles qui viennent d’être évoquées (Rankin et al., 1984 ; Zivian et Darjes, 1983) car elles n’évaluent pas seulement quelles sont les stratégies utilisées par des jeunes adultes et des adultes âgés mais essaient de déterminer s’il existe une différence d’âge dans la fréquence d’utilisation de ces stratégies. Brooks et al. (1993) ont demandé à des jeunes adultes, des adultes âgés entre 55 et 70 ans et des adultes âgés de plus de 70 ans de mémoriser 12 noms et prénoms associés à des visages. Après la phase de rappel, les chercheurs ont distribué un questionnaire aux participants dans lequel figurent des stratégies auxquelles ces derniers attribuent une note sur une échelle de Likert en 7 points en fonction de la fréquence à laquelle ils les ont utilisées. Il est alors intéressant de relever que le groupe des jeunes adultes utilisent plus souvent une stratégie qui consiste à donner un sens aux noms et prénoms des individus sur les photos que les deux groupes d’adultes âgés. Par ailleurs, il s’avère que l’utilisation de cette stratégie corrèle positivement avec le nombre de prénoms et de noms correctement rappelés.

Verhaeghen et Marcoen (1994) ont demandé à un groupe de jeunes adultes et un groupe d’adultes âgés de décrire au moyen d’un questionnaire les stratégies utilisées dans l’apprentissage d’une liste de 25 mots. Les participants décrivent sur une échelle de Likert en 5 points à quelle fréquence ils ont

Verhaeghen et Marcoen (1994) ont demandé à un groupe de jeunes adultes et un groupe d’adultes âgés de décrire au moyen d’un questionnaire les stratégies utilisées dans l’apprentissage d’une liste de 25 mots. Les participants décrivent sur une échelle de Likert en 5 points à quelle fréquence ils ont