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CHAPITRE 6. ETUDE 1

6.3. R ÉSULTATS

La présentation de nos résultats suit plusieurs étapes : 1) Tout d’abord, nous présentons les données concernant les épreuves cognitives (Mill Hill, Reading Span et temps de réaction simple) ; 2) le pourcentage de mots correctement rappelés et les indices de sélection stratégique dans la liste d’entraînement ; 3) Les données concernant le pourcentage de mots correctement rappelés et la sélection stratégique dans les listes de paires de mots 1 à 6 ; 4) Nous présentons des données relatives à l’amplitude de la variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique et de la variabilité stratégique dans les deux groupes d’âge ; 5) Nous analysons de quelle façon les différents indices de variabilité stratégique sont liés au pourcentage de mots correctement rappelés et à la variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique.

Tableau 4 : Statistiques descriptives pour les performances des jeunes adultes et des adultes âgés dans la liste d’entraînement et dans les épreuves cognitives de contrôle

Jeunes adultes Adultes âgés d de

Cohen

Variables M ET M ET t(65)

Liste d’entraînement 47.77 28.18 23.23 22.01 3.96** 0.98

Mill Hill 24.14 3.06 28.28 3.98 -4.80*** 1.18

Reading Span20 10.14 3.24 9.35 2.15 1.38 0.29

TR Simple M 273.86 33.21 336.38 70.66 -4.70*** 1.20

TR Simple ETi 62.17 17.81 78.11 21.11 -3.35** 0.82

TR Simple CV .23 .06 .24 .07 -.83 0.15

Note : M = moyenne, ET = écart-type, ETi = écart-type intra-individuel ; CV = coefficient de variation.

* p < .05. ** p < .01. *** p < .001

En analysant le tableau 4, nous remarquons que les adultes âgés ont de meilleures performances que les jeunes adultes dans l’épreuve du Mill Hill. Les jeunes adultes et les adultes âgés ont des performances comparables dans l’épreuve du Reading Span. Dans l’épreuve de temps de réaction simple, les jeunes adultes sont plus rapides que les adultes âgés, tandis que les deux indices de variabilité individuelle amènent à des conclusions différentes. En effet, l’écart-type intra-individuel des jeunes adultes est plus petit que celui des adultes âgés mais le coefficient de variation est comparable dans les deux groupes.

Liste d’entraînement

Dans la liste d’entraînement, les jeunes adultes rappellent un pourcentage de mots plus important 21 que les adultes âgés (voir tableau 4). Dans le tableau 5, figurent les indices de sélection stratégique

20 Les données d’un adulte âgé ont été écartées des analyses pour le Reading Span étant donné que le pourcentage de jugements sémantiques corrects était inférieur à 85 % (Conway et al., 2005).

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récoltés à l’aide du questionnaire stratégique global dans la liste d’entraînement. Ainsi, la stratégie la plus souvent sélectionnée par les jeunes adultes est la stratégie d’imagerie, tandis que la stratégie de lecture est la plus plébiscitée par les adultes âgés. Nous remarquons que les jeunes adultes utilisent davantage la stratégie d’imagerie que les adultes âgés pour mémoriser les paires de mots dans la liste d’entraînement. C’est la seule stratégie où l’on observe des différences d’âge.

Nous pouvons également observer dans le tableau 5 les corrélations entre la sélection des sept stratégies issues du questionnaire et le pourcentage de mots correctement rappelés dans la liste d’entraînement. Des résultats similaires apparaissent dans les deux groupes d’âge. Plus les individus utilisent la stratégie de répétition, moins ils rappellent de mots corrects. En revanche, plus ils mentionnent utiliser la stratégie d’imagerie, plus ils rappellent de mots correctement. Dans le groupe des adultes âgés, on observe également une corrélation positive entre le pourcentage de mots correctement rappelés et la sélection de la stratégie de génération de phrases.

Tableau 5 : Moyennes, écart-types et corrélations entre les indices de sélection stratégique et le pourcentage de mots correctement rappelés dans la liste d’entraînement

JA AA d de

Cohen

Variable M ET r M ET r t(65)

Répétition 2.54 1.04 -.68** 2.34 1.21 -.41* .73 0.09

Lecture 2.80 1.37 -.28 3.41 1.27 -.19 -1.88 0.23

Sémantique 2.46 1.36 -.06 2.66 1.29 .04 -.62 0.08

Attention 1.77 .97 -.32 2.13 1.21 -.42* -1.32 0.17

Imagerie 3.77 1.40 .59** 2.72 1.35 .52** 3.13** 0.38

Création de phrases

1.97 1.22 .11 2.00 1.19 .38* -.10 0.01

Autre 1.37 1.00 -.28 1.31 .86 -.26 .26 0.03

Note : JA = jeunes adultes, AA = adultes âgés, M = moyenne, ET = écart-type, r = corrélation entre l’indice stratégique et le pourcentage de mots correctement rappelés.

* p < .05. ** p < .01.

Compte tenu du fait que les jeunes adultes rappellent davantage de paires de mots dans la liste d’entraînement que les adultes âgés, nous avons regardé si cette différence pouvait être expliquée par la différence d’âge dans la sélection de la stratégie d’imagerie. Tout d’abord, nous avons effectué une ANOVA en fonction du groupe d’âge sur le pourcentage de mots rappelés dans la liste d’entraînement (F(1, 65) = 15.71, p < .001, ηp2

= .20). Dans l’ANCOVA, la sélection de la stratégie d’imagerie explique une part importante des différences d’âge dans le pourcentage de mots correctement rappelés (F(1, 64) = 28.99, p < .001, ηp2

= .31). Néanmoins, la différence d’âge dans le nombre de mots rappelés persiste malgré la différence d’âge dans l’utilisation de la stratégie d’imagerie (F(1, 64) = 6.09, p < .05, ηp2

= .09).

21 Comme les jeunes adultes apprennent des listes comportant un nombre de paires de mots plus important que les adultes âgés, la différence d’âge exprimée en pourcentage de mots corrects paraît moins importante qu’une différence d’âge exprimée en termes de nombre de mots correctement rappelés (en moyenne 12 paires de mots correctes chez les jeunes adultes et 4 paires de mots correctes chez les adultes âgés).

93 Pourcentage de mots correctement rappelés

Une ANOVA 2 (jeunes adultes vs adultes âgés) x 6 (listes) à mesures répétées conduites sur le pourcentage de mots correctement rappelés montre un effet principal de l’âge significatif (F(1, 65) = 45.42, p < .001, ηp2

= .41), un effet principal de la liste (F(5, 61) = 10.87, p < .05, ηp2

= .04), mais pas d’effet d’interaction âge x liste (F(5, 61) < 1, ns, ηp2

= .01). Les jeunes adultes rappellent donc en moyenne un pourcentage de mots corrects plus important que les adultes âgés. Comme nous pouvons le voir dans le tableau 6, tant les jeunes adultes que les adultes âgés ne mémorisent pas le même pourcentage de paires de mots dans chaque liste.

Tableau 6 : Moyenne et écart-types des pourcentages de mots correctement rappelés en fonction de l’âge et de la liste de paires de mots

Liste 1 Liste 2 Liste 3 Liste 4 Liste 5 Liste 6

JA M 65.71 70.06 69.60 73.37 72.11 70.06

ET 20.52 18.37 19.67 19.11 18.82 18.44

AA M 38.33 35.63 36.25 41.67 38.96 40.00

ET 23.71 25.60 23.09 24.94 24.37 22.59

Note : JA = jeunes adultes, AA = adultes âgés, M = moyenne, ET = écart-type.

Validité convergente des rapports item par item concourants

Nous avons souhaité examiner la validité convergente des indices de sélection stratégique issus des rapports item par item en les comparant aux mêmes indices de sélection stratégiques issus du rapport global administré à l’issue de la liste d’entraînement (voir tableau 7). Gardons à l’esprit que les indices de sélection stratégique obtenus à partir du rapport global et des rapports item par item ont non seulement été obtenus à l’aide de méthodes différentes mais en plus ils ont été obtenus sur des listes de paires de mots différentes. Nous remarquons néanmoins que la validité convergente des rapports item par item est adéquate. En effet, dans le groupe des jeunes adultes, les individus qui mentionnent utiliser le plus la stratégie d’imagerie et la stratégie de génération de phrases dans les rapports item par item sont les individus qui mentionnent utiliser le plus ces deux stratégies dans la liste d’entraînement (r = .46, pour la stratégie d’imagerie et r = .44, pour la stratégie de génération de phrases). Dans le groupe des adultes âgés, les individus qui mentionnent utiliser le plus la stratégie de répétition et la stratégie d’imagerie sont également ceux qui mentionnent les utiliser le plus dans la liste d’entraînement à l’aide du rapport global (r = .39, pour la stratégie de répétition et r = .37, pour la stratégie de génération de phrases) .

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Tableau 7 : Corrélations entre les indices de sélection stratégique issus du rapport global et les indices de sélection stratégique issus des rapports item par item concourants

Rapport Variable 1 2 3 4 5 6

Note : les corrélations pour les jeunes adultes se trouvent au-dessus de la diagonale. Les corrélations pour les adultes âgés se trouvent en-dessous de la diagonale. Les valeurs en gras désignent les corrélations entre deux indices de sélection stratégique se rapportant à la même stratégie mais mesurés à l’aide de méthodes

différentes.

* p < .05. ** p < .01.

Sélection stratégique

Dans les analyses suivantes, nous examinons les différences d’âge sur le pourcentage de paires de mots étudiés à l’aide de la stratégie de répétition, d’imagerie et de génération de phrases22 (pour le détail de la sélection stratégique dans chaque liste de paires de mots, voir le tableau 8).

Des ANOVA 2 (âge) x 6 (liste) ont été conduites séparément sur les trois stratégies suivantes : répétition, imagerie et génération de phrases. Pour la stratégie de répétition, l’ANOVA montre un effet de la liste (F(5, 61) = 3.77, p < .01, ηp2

= .24) et un effet d’âge qui tend vers la significativité (F(1, 65) = 3.76, p = .057, ηp2 = .06). L’effet d’interaction entre l’âge et la liste n’est pas significatif (F(5, 61)

< 1, ns, ηp2

= .06). Tant les jeunes adultes que les adultes âgés utilisent de moins en moins la stratégie de répétition au fil des listes. Dans notre échantillon, les jeunes adultes utilisent moins souvent la stratégie de répétition que les adultes âgés mais cette différence n’est pas significative.

Pour la stratégie d’imagerie, l’ANOVA ne montre pas d’effet principal de la liste (F(5, 61) = 1.81, ns, ηp2

= .13). L’effet d’âge est significatif (F(1, 65) = 5.33, p < .05, ηp2

= .08). L’effet d’interaction entre l’âge et la liste n’est pas significatif (F(5, 61) = 1.13, ns, ηp2

= .08). Les jeunes adultes utilisent donc davantage la stratégie d’imagerie que les adultes âgés, et ce sur toutes les listes de paires de mots.

Pour la stratégie de génération de phrases, l’ANOVA ne montre pas d’effet principal de la liste (F(5, 61) = 1.16, ns, ηp2

= .09), pas d’effet principal de l’âge (F(1, 65) < 1, ns, ηp2

= .00) et pas d’effet d’interaction entre l’âge et la liste (F(5, 61) = 2.20, ns, ηp2

= .15). Les jeunes adultes utilisent autant la stratégie de génération de phrases que les adultes âgés. La fréquence d’utilisation de cette stratégie ne change pas au fil des listes de paires de mots.

22 Nous avons décidé de ne pas mener d’analyses inférentielles sur le pourcentage de paires de mots sur lesquelles les participants mentionnent utiliser une stratégie autre ou aucune stratégie, d’une part, parce que ces deux stratégies sont rarement mentionnées par les participants et d’autre part parce que la somme des pourcentages des 5 stratégies revient à 100 %, ce qui confère une dépendance statistique dans la sélection des différentes stratégies.

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Tableau 8 : Moyennes et écart-types des indices de sélection stratégique (en pourcentage) en fonction de l’âge et de la liste de paires de mots

Liste 1 Liste 2 Liste 3 Liste 4 Liste 5 Liste 6 JA

Répétition M 16.69 13.94 12.57 11.09 9.26 10.63

ET 18.52 16.33 15.03 13.06 12.19 14.06

Imagerie M 53.03 56.00 57.37 57.83 60.34 57.94

ET 24.51 25.87 27.90 27.22 27.24 28.01

Phrases M 21.83 20.11 21.83 22.63 22.17 22.86

ET 16.76 20.11 20.20 19.60 22.05 20.25

Autre M 2.51 3.89 4.00 4.11 4.34 3.89

ET 7.58 9.18 9.89 9.18 10.01 11.42

Aucune M 5.94 6.06 4.23 4.34 3.89 4.69

ET 11.29 11.12 8.11 8.20 7.48 8.03

AA

Répétition M 29.79 26.88 24.17 22.92 15.42 16.04

ET 32.31 35.70 32.69 32.04 24.12 25.73

Imagerie M 39.38 38.54 39.17 42.29 48.12 49.79

ET 26.52 30.42 29.22 28.97 28.52 29.67

Phrases M 16.04 22.08 21.25 18.75 24.37 19.58

ET 21.61 29.45 26.64 26.26 29.70 26.50

Autre M .63 .21 .21 .42 .21 .63

ET 1.97 1.18 1.18 1.64 1.18 3.54

Aucune M 14.17 12.29 15.21 15.63 11.88 13.96

ET 23.87 24.01 26.68 27.75 22.64 24.09

Note : JA = jeunes adultes, AA = adultes âgés, M = moyenne, ET = écart-type.

Dans le tableau 9, nous présentons les statistiques descriptives pour les principales variables étudiées ainsi que leur fidélité, estimée au travers des 6 listes de paires de mots au moyen du coefficient de corrélation intra-classe (CCI). Ces coefficients vont de .62 à .84 pour les jeunes adultes et de .44 à .82. En dehors des indices de diversité stratégique, ils montrent une certaine stabilité dans le classement des individus d’une liste à l’autre et permettent de justifier le fait que nous calculions pour ces indices une valeur moyenne au travers des 6 listes de paires de mots23. Comme l’ont montré les précédentes analyses, les jeunes adultes rappellent en moyenne plus de paires de mots que les adultes âgés et utilisent davantage la stratégie d’imagerie (en moyenne 57.09 % du temps) que les adultes âgés (42.88 % du temps). Compte tenu du fait que les jeunes adultes

23 Le CCI n’a pas pu être calculé sur l’indice de variabilité intra-individuelle et sur les trois indices de

changement stratégique puisque ces indices ne peuvent pas être estimés pour chaque liste de paires de mots.

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rappellent en moyenne davantage de paires de mots dans les listes de paires de mots 1 à 6 que les adultes âgés, nous avons regardé si cette différence pouvait être expliquée par la différence d’âge dans la sélection moyenne de la stratégie d’imagerie. Tout d’abord, nous avons effectué une ANOVA en fonction du groupe d’âge sur le pourcentage de mots correctement rappelés en moyenne (F(1, 65) = 45.42, p < .001, ηp2

= .41). Dans l’ANCOVA, la sélection de la stratégie d’imagerie explique une part importante des différences d’âge dans le pourcentage moyen de mots correctement rappelés (F(1, 64) = 24.14, p < .001, ηp2

= .27). Néanmoins, la différence d’âge dans le nombre de mots rappelés persiste malgré la différence d’âge dans l’utilisation de la stratégie d’imagerie (F(1, 64) = 38.34, p <

.001, ηp2

= .38).

Il est important de mentionner que d’importantes différences individuelles existent quant à la sélection des trois stratégies investiguées dans les deux groupes d’âge. En ce qui concerne la stratégie de répétition, certains jeunes adultes ne l’utilisent jamais alors que d’autres l’utilisent sur la moitié des paires de mots en moyenne. Chez les adultes âgés, le pourcentage moyen de mots étudiés à l’aide de la stratégie de répétition varie selon les individus de 0 % à 89 %. Le pourcentage moyen de mots étudiés à l’aide de la stratégie d’imagerie varie selon les individus de 2 % à 98 % chez les jeunes adultes et de 0 % à 94 % chez les adultes âgés. Le pourcentage moyen de mots étudiés à l’aide de la stratégie de génération de phrases varie selon les individus de 0 % à 67 % chez les jeunes adultes et de 0 % à 84 % chez les adultes âgés

Tableau 9 : Statistiques descriptives pour les indices de performances et les indices stratégiques chez les jeunes adultes et les adultes âgés

JA AA d de

Cohen

Variables M ET CCI M ET CCI t(65)

Mots rappelés (%) 70.15 17.10 .76** 38.47 21.30 .74** 6.74*** 0.83

ETi 9.23 3.06 - 11.59 4.18 - -2.66** 0.33

Répétition 12.36 13.75 .80** 22.53 27.52 .76** -1.94 0.25

Imagerie 57.09 25.02 .84** 42.88 25.31 .72** 2.31* 0.28

Phrases 21.90 18.18 .80** 20.35 24.74 .82** .30 0.04

RS 2.65 .69 .62** 1.99 .56 .44** 4.22*** 0.53

DMS .45 .21 .78** .39 .18 .61** 1.22 0.15

IS 48.59 20.96 .73** 41.44 16.87 .49** 1.53 0.19

Chgt répétition -5.37 10.83 - -12.60 22.19 - 1.78 0.19

Chgt imagerie 4.63 17.67 - 10.00 22.78 - -1.08 0.11

Chgt phrases 1.54 13.66 - 2.92 14.11 - -.41 0.07

Note : JA = jeunes adultes, AA = adultes âgés, M = moyenne, ET = écart-type, CCI = coefficient de corrélation intra-classe, ETi = écart-type intra-individuel sur le pourcentage de mots correctement rappelés, RS = répertoire stratégique, DMS = déviation du mode stratégique, IS = inconsistance stratégique, Chgt = changement

stratégique.

* p < .05. ** p < .01. *** p < .001

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Différences d’âge et variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique

Lorsque nous examinons les indices de variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique, nous remarquons que celle-ci est conséquente. En effet, si nous rapportons les écarts-types intra-individuels (9.23 et 11.59 pour les jeunes adultes et les adultes âgés) sur les écart-types interindividuels du pourcentage moyen de mots correctement rappelés (17.10 et 21.30 pour les jeunes adultes et les adultes âgés), nous remarquons que l’amplitude de la variabilité intra-individuelle représente environ 50 % de celle des différences interintra-individuelles (exactement 48.18 % et 48.21 % pour les jeunes adultes et les adultes âgés). Nous constatons également à partir des résultats du tableau 9 que les adultes âgés ont une variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique plus importante que les jeunes adultes.

Différences d’âge et variabilité stratégique

Comme nous le pensions, les différents indices de variabilité stratégique montrent que les jeunes adultes et les adultes âgés utilisent pour la plupart plus d’une stratégie, qu’ils ont tendance à changer de stratégie d’un item à l’autre à l’intérieur d’une liste de paires de mots et qu’ils changent de stratégies entre les deux premières listes de paires de mots et les deux dernières. Lorsque nous regardons l’indice du répertoire stratégique, nous remarquons que les jeunes adultes utilisent en moyenne 2.65 stratégies différentes pour apprendre une liste de paires de mots, mais d’importantes différences individuelles existent étant donné que certains individus n’emploient qu’une seule stratégie alors que d’autres emploient 4 stratégies en moyenne. Les adultes âgés utilisent en moyenne 1.99 stratégies différentes pour apprendre une liste de paires de mots mais certains individus utilisent en moyenne une seule stratégie par liste de paires de mots alors que d’autres en utilisent plus de 3 en moyenne. Comme nous pouvons le voir dans le tableau 9, les jeunes adultes utilisent en moyenne plus de stratégies différentes dans une liste de paires de mots que les adultes âgés.

Si nous regardons à présent l’indice d’inconsistance stratégique, nous remarquons que dans les deux groupes d’âge, les individus ont tendance à ne pas utiliser la même stratégie sur deux items consécutifs près d’une fois sur deux. Certains individus vont par ailleurs presque jusqu’à switcher de stratégie sur toutes les paires de mots. Relevons que les jeunes adultes n’ont pas des scores plus élevés que les adultes âgés sur l’indice d’inconsistance stratégique (48.59 et 48.44), tout comme sur l’indice de déviation du mode stratégique (.45 et .39 chez les jeunes adultes et les adultes âgés).

Les différences d’âge sur les trois variables de changement stratégique ne sont pas significatives. Cela est probablement dû aux différences individuelles à l’intérieur de chaque groupe d’âge qui sont importantes. Si les jeunes adultes ont tendance en moyenne à utiliser davantage la stratégie de répétition dans les deux premières listes que dans les deux dernières, la diminution ne concerne que 5 % des paires de mots. Certains jeunes adultes diminuent l’utilisation de la stratégie de répétition sur 36 % des paires de mots alors que d’autres augmentent l’utilisation de cette stratégie sur 16 % des paires de mots. En revanche, chez les adultes âgés, l’un des participants a diminué de 93 % l’utilisation de la stratégie de répétition et a en revanche adopté sur 93 % de paires de mots en plus la stratégie d’imagerie dans les dernières listes de paires de mots en comparaison des premières listes de paires de mots. Voyons à présent les corrélations entre les indices de sélection stratégique et de variabilité stratégique avec le pourcentage de paires de mots correctement rappelés ainsi que la variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique.

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Sélection stratégique, variabilité stratégique et performances en mémoire épisodique

Nous voyons dans le tableau 10 qu’il existe une corrélation positive et significative entre le pourcentage de mots étudiés à l’aide de la stratégie d’imagerie et le pourcentage de mots correctement rappelés chez les jeunes adultes (r = .56) et les adultes âgés (r = .50). La corrélation entre le pourcentage de mots étudiés à l’aide de la stratégie de répétition et le pourcentage de mots correctement rappelés n’est significative que dans le groupe des adultes âgés. Elle montre que plus les adultes âgés utilisent cette stratégie, moins ils rappellent de mots correctement (r = -.43).

Tableau 10 : Corrélations entre les indices stratégiques et les indices de performances dans l’épreuve d’apprentissage de paires de mots

Variable 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

1 Mots rappelés

- -.47** -.33 .56** -.44** -.29 -.46** -.48** .16 .06 -.17

2 ETi .62** - .11 -.18 .06 .03 .15 .15 -.23 .23 .07

3 Répétition -.43* -.13 - -.60** .25 .58** .50** .46** -.40* -.14 .37*

4 Imagerie .50** .38* -.39* - -.63** -.84** -.80** .09 .20 -.26

5 Phrases .25 .08 -.31 -.38* - .36* .50* .42* .10 -.28 .21

6 RS .38* .35* .11 .08 .39* - .73** .76** -.13 -.20 .20

7 DMS .24 -.11 -.20 .04 .17 .48** - .97** -.03 -.13 .15

8 IS .25 -.06 -.25 .05 .20 .50** .93** - -.03 -.11 .15

9 Chgt répétition

.07 -.07 -.42* .12 .13 .07 .25 .31 - -.41* .02

10 Chgt imagerie

.13 .40* .31 .04 -.22 -.12 -.39* -.40* -.73** - -.84**

11 Chgt phrases

-.31 -.40* .11 -.32 .24 .05 .05 .01 -.18 -.42* -

Note : les corrélations pour les jeunes adultes se trouvent au-dessus de la diagonale. Les corrélations pour les adultes âgés se trouvent en-dessous de la diagonale. ETi = écart-type intra-individuel sur le pourcentage de mots correctement rappelés, RS = répertoire stratégique, DMS = déviation du mode stratégique, IS =

inconsistance stratégique, Chgt = changement stratégique.

* p < .05. ** p < .01. *** p < .001.

Dans le tableau 10, nous remarquons que deux des trois indices de diversité stratégique (l’indice de déviation du mode stratégique et l’indice d’inconsistance stratégique) corrèlent négativement et significativement avec le pourcentage de mots correctement rappelés chez les jeunes adultes (r = -.46 et r = -.48, respectivement). Ces résultats suggèrent donc que plus les individus utilisent des stratégies d’encodage diverses, moins ils rappellent de mots correctement. Les résultats sont tout à fait différents dans le groupe des adultes âgés. En effet, ici, seul l’indice du répertoire stratégique corrèle positivement et significativement avec le pourcentage de mots correctement rappelés (r = .38). Cela signifie que plus les adultes âgés utilisent un répertoire étendu de stratégies, plus ils rappellent de mots correctement. Relevons par ailleurs que les trois indices de diversité stratégique corrèlent entre eux dans les deux groupes d’âge mais ne corrèlent pas avec les trois indices de changement stratégique.

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Changement stratégique et variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique

L’écart-type intra-individuel en mémoire épisodique corrèle avec peu de variables comme l’indique le tableau 10. Dans les deux groupes d’âge, cet indicateur de la variabilité intra-individuelle corrèle de manière significative avec le pourcentage de mots correctement rappelés. Chez les jeunes adultes, la corrélation s’avère négative (r = -.47) alors que chez les adultes âgés elle se trouve positive (r = .62).

Cela signifie que les jeunes adultes qui ont des performances qui varient fortement tendent à rappeler moins de mots en moyenne que les jeunes adultes dont les performances varient peu. En revanche, les adultes âgés qui tendent à rappeler le plus de mots sont ceux dont le pourcentage de mots correctement rappelés varie le plus. Aucune autre variable n’est liée à la variabilité

Cela signifie que les jeunes adultes qui ont des performances qui varient fortement tendent à rappeler moins de mots en moyenne que les jeunes adultes dont les performances varient peu. En revanche, les adultes âgés qui tendent à rappeler le plus de mots sont ceux dont le pourcentage de mots correctement rappelés varie le plus. Aucune autre variable n’est liée à la variabilité