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CHAPITRE 3. STRATÉGIES D’ENCODAGE EN MÉMOIRE ÉPISODIQUE CHEZ LES JEUNES ADULTES ET

3.2. D IFFÉRENCES D ’ ÂGE ET EXÉCUTION STRATÉGIQUE

3.2.4. D IFFÉRENCES D ’ ÂGE ET IMAGERIE

Même lorsqu’il est demandé à des jeunes adultes et des adultes âgés de mémoriser une liste de mots à l’aide de la stratégie d’imagerie, les jeunes adultes mémorisent davantage de mots que les adultes âgés (Dirkx et Craik, 1992 ; Dunlosky et al., 2005 ; Palladino et De Beni, 2003 ; voir Treat et Reese, 1976 pour des résultats différents). Il semble même que la différence d’âge est plus importante lorsque les participants utilisent la stratégie d’imagerie que lorsqu’ils sont contraints d’utiliser une autre stratégie (Dirkx et Craik, 1992). D’autres études montrent que les différences d’âge dans le

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nombre de mots correctement rappelés sont plus importantes lorsque les mots à mémoriser sont concrets et donc facilement imageables que lorsqu’ils sont abstraits (Isingrini, Fontaine, Métras, Bonneau et Rey, 1994 ; Plaie et Thomas, 2008).

Au vu de ces résultats, il est possible qu’il existe des différences d’âge dans la capacité d’exécution de la stratégie d’imagerie. Plusieurs types de travaux ont examiné cette possibilité. Premièrement, nous allons passer en revue les travaux qui ont montré des différences d’âges dans les épreuves d’intelligence visuo-spatiale. Deuxièmement, nous allons nous intéresser aux travaux sur les différences d’âge dans la capacité de génération d’images mentales mesurée au moyen de questionnaires. Enfin, nous examinerons les travaux qui se sont penchés sur le type d’images créées par les adultes âgés et les jeunes adultes dans les épreuves de mémoire épisodique. Nous avons relevé dans le second chapitre que les jeunes adultes qui produisent des images interactives et de nature autobiographique rappellent plus de mots que les jeunes adultes qui produisent des images non interactives et non autobiographiques. Nous allons donc examiner si les adultes âgés utilisent des images différentes que les jeunes adultes.

Dans les épreuves d’intelligence visuo-spatiale (par exemple, le Paper Folding, les Cubes ou l’Assemblage d’Objet), les données montrent très clairement que les adultes âgés obtiennent de moins bonnes performances que les jeunes adultes (Salthouse, 1992). Par ailleurs, d’autres travaux montrent que les adultes âgés ont plus de difficulté que les jeunes adultes à générer, maintenir, ou transformer des images mentales (Bruyer et Scailquin, 2000 ; Dirkx et Craik, 1992 ; Dror et Kosslyn, 1994 ; Plaie et Thomas, 2008) dans l’épreuve de génération d’image créée par Dror et Kosslyn (1994).

Dans cette tâche, les participants voient différentes lettres minuscules apparaissant (une à la fois) au centre d’un écran d’ordinateur ainsi que la même lettre majuscule située dans une matrice virtuelle délimitée par quatre coins. Dans une deuxième phase, les participants voient une lettre minuscule et une croix située dans la matrice. La tâche des participants est de déterminer si la croix serait recouverte par la lettre majuscule si celle-ci apparaissait à nouveau dans la matrice. Pour réussir cette épreuve, il est indispensable que les participants parviennent à générer une image mentale des lettres majuscules à partir de la lettre minuscule. Dror et Kosslyn (1994) ont montré que les adultes âgés génèrent moins d’images correctes que les jeunes adultes et qu’ils mettent également plus de temps que les jeunes adultes pour le faire (Bruyer et Scailquin, 2000 ; Plaie et Thomas, 2008).

Ainsi, les études qui ont examiné les différences d’âge dans la capacité d’imagerie à l’aide de mesures d’intelligence visuo-spatiale parviennent toutes à la conclusion que les adultes âgés ont plus de difficulté à générer des images mentales que les jeunes adultes. Néanmoins, les stimuli utilisés dans ces épreuves (figures, lettres ou chiffres) sont très différents de ceux qui apparaissent dans les épreuves de mémoire épisodique évoquées jusqu’à présent (mots). Cela signifie donc que les images que doivent créer les individus lors d’épreuves de mémoire épisodique diffèrent qualitativement de celles générées dans les épreuves d’intelligence visuo-spatiale. Ces études n’attestent donc pas que la capacité d’exécution de la stratégie d’imagerie des adultes âgés soit altérée dans les épreuves de mémoire épisodique. Soulignons toutefois que l’étude de Plaie et Thomas (2008) montre une corrélation négative et significative entre le temps de génération d’images mentales dans l’épreuve de Dror et Kosslyn (1994) et les performances dans une épreuve de rappel libre de mots concrets chez les jeunes adultes et les adultes âgés.

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Les auto-questionnaires relatifs à l’imagerie constituent un autre type d’instrument pour évaluer l’aptitude des individus à se former des images mentales. Parmi les plus connus figurent le VVIQ (Marks, 1973). Dans ce questionnaire, les individus doivent s’imaginer dans leur esprit 16 énoncés et évaluer la qualité des images qui en résultent, une première fois les yeux ouverts et une seconde fois les yeux fermés. A ma connaissance, aucune étude n’a montré que les jeunes adultes créent des images plus vivaces que les adultes âgés à l’aide de ce questionnaire (Campos, Pérez-Fabello et Gómez-Juncal, 2004 ; Campos et Sueiro, 1993 ; Verhaeghen et Marcoen, 1994). Dans certaines études, les adultes âgés obtiennent même des scores plus élevés au VVIQ que les jeunes adultes (Carretti, Borella et De Beni, 2007 ; Verhaeghen et Marcoen, 1996). Ces résultats peuvent sans doute être expliqués par le fait que les scores obtenus dans cette échelle sont très subjectifs. Cette échelle possède pourtant de bonnes qualités métriques. Par exemple, McKelvie et Gingras (1974) ont montré dans un échantillon d’étudiants que la fidélité moitié-moitié du VVIQ est de .93. Le questionnaire corrèle également avec un indice d’activité cérébrale dans le cortex visuel mesuré en IRM (Cui, Jeter, Yang, Montague et Eagleman, 2007). En revanche, ce questionnaire ne corrèle pas avec les performances dans des épreuves d’intelligence visuo-spatiale (Burton et Fogarty, 2003 ; Di Vesta, Ingersoll et Sunshine, 1971 ; McKelvie et Rohrberg, 1977) mais corrèle avec certaines échelles de désirabilité sociale. Cela montre donc que les résultats à ce questionnaire doivent être interprétés avec précaution (Allbutt, Ling, Rowley et Shafiullah, 2011). Par ailleurs, les résultats au VVIQ ne corrèlent pas avec les performances dans les épreuves de mémoire épisodique (Verhaeghen et Marcoen, 1994 ; mais voir McKelvie et Demers (1979) pour des résultats différents).

Les travaux qui se sont penchés sur les différences d’âge en rapport avec la qualité des images mentales ont cherché à répondre à deux questions : Est-ce que les jeunes adultes génèrent plus rapidement des images mentales que les adultes âgés ? Est-ce que le type d’images créées change avec l’âge ? Pour répondre à la question concernant la différence d’âge dans la vitesse de génération d’images mentales, Robinson, Hertzog et Dunlosky (2006) ont demandé à des jeunes adultes et des adultes âgés d’apprendre une liste de paires de mots en créant pour chacune d’entre elles une image interactive. La tâche est réalisée sans limite de temps, toutefois une seule paire de mots est présentée à la fois sur un écran d’ordinateur et les participants ont pour consigne d’appuyer sur une touche dès qu’ils ont réussi à générer une image interactive. Les résultats montrent que les jeunes adultes mettent moins de temps pour générer une image mentale que les adultes âgés. Les jeunes adultes mettent en moyenne un peu plus de 5 secondes pour générer une image mentale alors que les adultes âgés mettent un peu de plus de 7 secondes pour y arriver (Robinson et al., 2006). A ma connaissance, aucune étude ne s’est intéressée par la suite à cette question.

De Beni et Pazzaglia (1995) ont distingué différents types d’images (générales, spécifiques, contextuelles et autobiographiques) comme nous l’avons mentionné dans le second chapitre.

Palladino et De Beni (2003) ont montré que les jeunes adultes et les adultes âgés ne génèrent pas le même type d’images dans une épreuve de rappel libre. En effet, les jeunes adultes génèrent moins d’images générales et d’images autobiographiques que les trois groupes d’adultes âgés de leur étude (55-65 ans, 66-75 ans et 76 ans et plus). Par contre, ils génèrent plus d’images contextuelles que les trois groupes d’adultes âgés et plus d’images spécifiques que les adultes âgés de 76 ans et plus. Une autre étude qui s’appuie sur des critères différents n’a toutefois pas montré de différences entre les jeunes adultes et les adultes âgés en ce qui concerne la qualité des images mentales créées (Dunlosky et al., 2005). En effet, ces derniers ont demandé à des jeunes adultes et des adultes âgés de mémoriser une série de 30 paires de mots à l’aide de la stratégie d’imagerie et de décrire

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oralement les images générées. Parmi tous les critères utilisés pour analyser la qualité des images mentales produites, aucune différence d’âge n’a pu être mise en avant. Par exemple, les images n’étaient pas jugées plus interactives chez les jeunes adultes que chez les adultes âgés. De même, le nombre de mots utilisés pour décrire les images n’était pas plus élevé chez les jeunes adultes que chez les adultes âgés.

En résumé, les adultes âgés rappellent moins de mots que les jeunes adultes même lorsqu’ils ont pour consigne de créer des images pour apprendre une liste de mots ou une liste de paires de mots.

Certaines études montrent que les adultes âgés mettent plus de temps pour générer des images mentales dans des épreuves de génération d’images ou dans des épreuves de mémoire épisodique.

Comme les individus qui mettent peu de temps pour générer des images mentales obtiennent de meilleures performances dans les épreuves de mémoire épisodique, il est possible que la baisse des performances des adultes âgés soit due en partie au fait qu’il leur faut plus de temps pour générer des images mentales. D’autres études ont porté sur la différence d’âge dans la qualité des images générées. Une étude a montré que les adultes âgés génèrent plus d’images autobiographiques que les jeunes adultes. Cela n’explique toutefois pas pourquoi ils rappellent moins de mots que les jeunes adultes. En effet, il a été montré chez les jeunes adultes que les images autobiographiques constituent le type d’image associé aux meilleures performances.

3.2.5. Résumé

Premièrement, nous constatons que les jeunes adultes rappellent plus de mots que les adultes âgés même lorsque les participants ont pour consigne d’utiliser la même stratégie. Deuxièmement, nous n’avons pas toujours pu identifier un mécanisme permettant d’expliquer cette différence d’âge. Par exemple, il semble que les jeunes adultes et les adultes âgés utilisent la stratégie d’organisation de la même façon lorsqu’ils sont instruits à utiliser cette stratégie, même si leur niveau de performances n’est au final pas le même. En revanche, en ce qui concerne la stratégie de répétition, la stratégie d’imagerie et la stratégie de génération de phrases, nous avons relevé certaines différences entre les jeunes adultes et les adultes âgés qui pourraient expliquer en partie la différence d’âge dans le nombre de mots correctement rappelés. Par exemple, il ressort dans plusieurs études que les jeunes adultes tendent à répéter les mots de manière cumulative alors que les adultes âgés tendent à utiliser une méthode de répétition passive. Même si plusieurs études ne montrent pas de différences d’âge dans le type de phrases ou le type d’images générées, il semble néanmoins que les adultes âgés prennent plus de temps que les jeunes adultes pour générer des images et des phrases interactives.

Ainsi, si nous avons montré dans le second chapitre que les enfants passent par une période de déficit de production des quatre stratégies étudiées jusqu’à présent, il semble que cette hypothèse ne puisse pas rendre compte de la baisse des performances des adultes âgés. D’une part, certaines études ont montré que les adultes âgés utilisent les mêmes stratégies d’encodage que les jeunes adultes. D’autre part, lorsque les participants des deux groupes d’âge sont amenés à utiliser les mêmes stratégies, les jeunes adultes rappellent toujours plus de mots que les adultes âgés. Si l’hypothèse du déficit de production était exacte, les différences d’âge dans le nombre de mots correctement rappelés devraient disparaître ou tout du moins diminuer lorsque tous les participants utilisent la même stratégie.

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Jusqu’à présent, nous n’avons pas considéré l’éventualité que les jeunes adultes et les adultes âgés puissent utiliser plus d’une stratégie. Or, plusieurs études montrent non seulement que les individus utilisent plusieurs stratégies pour résoudre la même tâche mais qu’ils changent de stratégie lorsque leurs performances sont évaluées à différents moments sur la même tâche. Dans le prochain chapitre, nous allons donc porter notre attention sur cette variabilité stratégique et son influence sur les performances en mémoire épisodique, notamment sur la variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique.

Pour investiguerons la question de la différence d’âge dans la sélection stratégique dans les quatre études empiriques, ainsi que la différence d’âge dans l’exécution stratégique dans les études 3 et 4.

Ce chapitre nous a permis de montrer l’utilité et la validité de la méthode des rapports item par item concourants pour investiguer les stratégies dans les épreuves d’apprentissage de paires de mots.

Nous utiliserons donc cette méthode dans les études empiriques conduites. Comme cette méthode entraîne des effets réactifs sur la sélection stratégique des adultes âgés, nous utiliserons également dans la seconde étude la méthode des rapports globaux.

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Chapitre 4. Différences d’âge, variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique et variabilité stratégique

Les travaux scientifiques dont nous avons discuté jusqu’à présent ont concerné la question des différences d’âge en mémoire épisodique lorsque les performances sont mesurées sur une seule liste. Il y a à présent des travaux qui s’intéressent aux différences entre jeunes adultes et adultes âgés en ce qui concerne l’amplitude de la variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique. La variabilité intra-individuelle (dénommée également inconsistance) correspond aux variations de performances qui s’observent sur la même épreuve à travers différentes occasions ou au travers de différentes listes lors d’une seule occasion (Hultsch et MacDonald, 2005). Selon Nesselroade (1991), le concept d’inconsistance doit être distingué de celui de changement car ils ne désignent pas les mêmes aspects de la variabilité intra-individuelle. Le changement fait référence à une différence de performances observée à deux moments généralement éloignés dans le temps. On assimile cette forme de variabilité intra-individuelle au développement ou à l’apprentissage de nouvelles compétences. L’inconsistance s’observe dans des délais beaucoup plus courts (de l’ordre de quelques secondes à quelques semaines) et les variations de performances ne sont pas considérées comme irréversibles. Traditionnellement considérée comme l’erreur de mesure rattachée à tout instrument de mesure, la variabilité intra-individuelle est maintenant perçue comme la conséquence de phénomènes psychologiques qu’il s’agit d’étudier (Nesselroade, 1991). Il s’avère en effet que l’erreur de mesure ne représente qu’une faible partie de la variabilité intra-individuelle (Damian, 2010), alors que l’amplitude de la variabilité intra-individuelle représente la moitié voire plus de l’amplitude des différences interindividuelles dans des épreuves cognitives qui présentent pourtant des qualités psychométriques satisfaisantes (Salthouse, 2007 ; Nesselroade et Salthouse, 2004).

Dans ce chapitre, nous allons tout d’abord présenter une série de travaux qui montrent pourquoi tant de chercheurs s’intéressent maintenant à l’étude de la variabilité intra-individuelle. Comme la majorité des travaux relatifs à la variabilité intra-individuelle ont été menés sur des épreuves de temps de réaction, nous commenterons les résultats issus de ces études. Ensuite, nous nous intéresserons à la question de la différence entre les jeunes adultes et les adultes âgés en ce qui concerne l’amplitude de la variabilité intra-individuelle dans les épreuves de temps de réaction et dans les épreuves de mémoire épisodique. Pour terminer, nous présenterons le concept de variabilité stratégique, ainsi que son rôle dans les performances en mémoire épisodique.

4.1. Intérêt de l’étude de la variabilité intra-individuelle

Trois arguments de nature empirique viennent appuyer l’intérêt de l’étude de la variabilité intra-individuelle (Hultsch et MacDonald, 2005 ; Salthouse, 2007). Premièrement, il existe des différences inter-individuelles stables en ce qui concerne l’ampleur des variations intra-individuelles. (Flehmig, Steinborn, Langner, Scholz et Westhoff, 2007; Rabbitt, Osman, Moore et Stollery, 2001; Saville, Pawling, Trullinger, Daley, Intriligator et Klein, 2011). Dans les études de Flehmig et al. (2007) et Saville et al. (2011), il a été montré que plusieurs indices de variabilité intra-individuelle dans des épreuves de temps de réaction à choix possèdent une fidélité pouvant dépasser le seuil de .80 dans des échantillons de jeunes adultes. Rabbitt et ses collaborateurs (2001) ont également montré que les corrélations entre la variabilité intra-individuelle calculée au cours d’une seule session dans

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plusieurs tâches de temps de réaction à choix et cette même variabilité intra-individuelle calculée à travers plusieurs sessions dans les mêmes tâches va de r = .626 à .899 dans un échantillon d’adultes âgés (pour d’autres résultats sur la fidélité test-retest d’indices de variabilité intra-individuelle, voir notamment Lecerf, de Ribaupierre et Neimer, 2008 ; Lecerf et Fagot, 2010 ; Nesselroade et Salthouse, 2004).

Deuxièmement, l’ampleur de la variabilité intra-individuelle est plus grande dans certains groupes cliniques que chez des personnes tout-venant. Cela a été observé chez les traumatisés crâniens, et de façon plus importante chez les personnes présentant des lésions des lobes frontaux (Stuss, Murphy, Binns et Alexander, 2003), les personnes souffrant de certains problèmes psychiques tels que la schizophrénie ou les troubles de l’attention avec hyperactivité (Williams, Strauss, Hultsch, Hunter et Tannock, 2007), les personnes souffrant de démence (Hultsch, MacDonald, Hunter, Levy-Bencheton et Strauss, 2000) ou les personnes avec une déficience intellectuelle (Wade, Newell et Wallace, 1978). Les adultes âgés présentant des signes de déficits cognitifs légers obtiennent également des temps de réponses plus variables que les adultes âgés sans déficit cognitif (Christensen, Dear, Anstey, Parslow, Sachdem et Jorm, 2005 ; Dixon, Garrett, Lentz, MacDonald, Strauss et Hultsch, 2007 ; Duchek, Balota, Tse, Holtzman, Fagan et Goate, 2009 ; Strauss, Bielak, Bunce, Hunter et Hultsch ; 2007). Enfin, des données suggèrent que la dépression chez les adultes âgés est associée à une variabilité intra-individuelle plus importante (Bunce, Tzur, Ramchurm, Gain et Bond, 2008).

Troisièmement, l’ampleur de la variabilité intra-individuelle corrèle de façon significative et négative avec les performances dans des épreuves d’intelligence fluide chez les jeunes adultes (Jensen, 1992) et les adultes âgés (Rabbitt et al., 2001 ; Ram, Rabbitt, Stollery et Nesselroade, 2005), des mesures de vitesse perceptive, de mémoire épisodique, de mémoire de travail et d’intelligence cristallisée chez les jeunes adultes et les adultes âgés (Hultsch, MacDonald et Dixon, 2002). Burton, Strauss, Hultsch et Hunter (2009) ont montré que l’inconsistance dans quatre épreuves (finger tapping, temps de réaction simple, temps de réaction à choix et n-back) prédit avec plus de précision les performances d’adultes âgés dans une épreuve de résolution de problèmes de la vie quotidienne que les temps de réponse moyens issus de ces mêmes épreuves. De nombreuses études longitudinales montrent également que la variabilité intra-individuelle dans des épreuves de temps de réaction permet de prédire l’importance du déclin cognitif quelques années plus tard (Bielak, Hultsch, Strauss, MacDonald et Hunter, 2010 a,b ; Lövden, Li, Shing et Lindenberger, 2007 ; MacDonald, Hultsch et Dixon, 2003). Lövden et collègues (2007) montrent également qu’une augmentation de la variabilité intra-individuelle dans une tâche de vitesse de traitement s’accompagne d’une baisse des performances dans une épreuve de fluence verbale et dans une épreuve de vitesse de traitement quelques années plus tard. Pour finir, des indices de variabilité intra-individuelle dans des questionnaires de santé (Ghisletta, Nesselroade, Featherman et Rowe, 2002) ou dans des épreuves de temps de réaction (MacDonald, Hultsch et Dixon, 2008), prédisent le risque de décès quelques années plus tard.

Ces travaux montrent qu’une variabilité intra-individuelle importante est associée à des conséquences négatives (pathologies psychiatriques, faibles performances cognitives, déclin cognitif et même risque de décès). Pour cette raison, de nombreux travaux ont été conduits pour examiner les différences d’âge sur la variabilité intra-individuelle, plus particulièrement sur la différence entre les jeunes adultes et les adultes âgés. Si les adultes âgés ont généralement des performances cognitives moins élevées que les jeunes adultes, la variabilité intra-individuelle devrait être plus