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CHAPITRE 5. OBJECTIFS GÉNÉRAUX

5.2. P RÉSENTATION DES ÉTUDES

Nous allons maintenant présenter succinctement les quatre études qui ont été conduites pour tester les hypothèses évoquées. Avant cela, mentionnons simplement que sur la base de données pilotes récoltées auprès de jeunes adultes et d’adultes âgés, nous avons testé l’influence de la longueur des listes de paires de mots (nombre de paires de mots) et du temps d’encodage à disposition pour mémoriser les paires de mots. Grâce à ces données, nous avons choisi d’administrer une liste d’entraînement et six listes de paires de mots dans les études 1 et 2. Nous avons pu observer dans notre étude pilote que les performances des jeunes adultes et des adultes âgés sont vraiment faibles dans la première liste de paires de mots. Pour cette raison, il a été décidé d’administrer dans les études suivantes une liste de paires de mots que nous qualifions de liste d’entraînement qui n’est pas utilisée dans le calcul de la variabilité intra-individuelle et dans laquelle les individus n’effectuent pas les rapports item par item concourants. Selon nous, cette procédure présente les avantages suivants. Premièrement, cela évite d’utiliser dans le calcul de la variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique une liste de paires de mots dans laquelle les individus sont encore en train de se familiariser avec la tâche. Deuxièmement, cela permet d’évaluer les performances en mémoire des jeunes adultes et des adultes âgés dans une liste de paires de mots sans que ces derniers ne soient au courant à ce moment-là des stratégies disponibles pour mémoriser les paires de mots. L’étude pilote nous a aussi permis d’identifier la méthode des rapports item par item concourants comme la méthode la plus adaptée en comparaison de la méthode des rapports item par item rétrospectifs pour examiner la variabilité stratégique dans l’épreuve d’apprentissage de paires de mots. En effet, comme cela a déjà été mentionné, la méthode des rapports item par item rétrospectifs peut conduire les individus à indiquer une stratégie qu’ils n’ont en réalité pas utilisée sur certaines paires de mots. Cela est dû au délai qui intervient entre le moment où les individus apprennent la liste de paires de mots et le moment où il leur est demandé d’identifier les stratégies utilisées. Nous nous sommes également rendu compte que la méthode des rapports item par item rétrospectifs n’est pas appropriée lorsque l’on désire investiguer la sélection stratégique au travers de plusieurs listes de paires de mots. L’un des avantages revendiqués de cette méthode (Dunlosky et Hertzog, 2001) est que les individus sont informés des stratégies disponibles seulement après qu’ils aient mémorisé la liste de paires de mots. Cela ne peut donc théoriquement pas modifier la façon dont les individus s’y prennent pour apprendre les paires de mots. Cependant, lorsque les individus doivent apprendre

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plusieurs listes de paires comme c’est le cas dans nos études, la méthode des rapports item par item rétrospectifs n’a pas d’effets réactifs sur l’apprentissage de la première liste de paires de mots mais en a probablement sur les listes de paires de mots suivantes.

Dans l’étude 1, nous avons utilisé la méthode des rapports item par item concourants pour investiguer les stratégies utilisées par les jeunes adultes et les adultes âgés dans l’épreuve d’apprentissage de paires de mots. Nous testons dans cette première étude toutes les hypothèses qui viennent d’être évoquées.

Au vu des limites généralement adressées dans la littérature à la méthode des rapports item par item concourants, nous avons investigué les stratégies utilisées par les participants dans l’étude 2 à l’aide de rapports globaux. Un questionnaire stratégique global validé dans l’étude 1 a donc été administré à deux reprises après l’apprentissage des listes de paires de mots. Les individus ont répondu une première fois à ce questionnaire en indiquant les stratégies qu’ils ont utilisées dans la dernière liste de paires de mots. Ils y ont répondu ensuite une seconde fois en indiquant les stratégies qu’ils ont utilisées dans les premières listes de paires de mots. A nouveau, nous souhaitons savoir si les jeunes adultes ont une variabilité stratégique plus importante que les adultes âgés. Le but de cette étude est également d’étudier la relation entre le changement stratégique et la variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique, ainsi qu’entre la diversité stratégique et la performance moyenne en mémoire épisodique.

Dans l’étude 3, nous avons choisi d’instruire tous les participants à utiliser la stratégie d’imagerie. En faisant cela, nous cherchons à nous assurer que les individus ne changent pas de stratégie au cours de la tâche et pouvons considérer que l’amplitude du changement stratégique devrait devenir nulle dans les deux groupes d’âge. La variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique résiduelle ne pourrait donc provenir que de fluctuations dans la capacité à exécuter la stratégie d’imagerie.

Comme de nombreuses études ont montré que la variabilité intra-individuelle est plus importante chez les adultes âgés que chez les jeunes adultes dans les épreuves de temps de réaction à choix, nous faisons également l’hypothèse que la variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique devrait être plus importante chez les adultes âgés que chez les jeunes adultes. Il semble en effet que l’exécution de la stratégie d’imagerie corrèle avec les performances dans des épreuves mesurant l’intégrité des fonctions exécutives (Canellopoulou et Richardson, 1998). Or, il a été montré que les adultes âgés obtiennent de moins bonnes performances que les jeunes adultes dans les épreuves mesurant les fonctions exécutives.

Enfin, dans la quatrième et dernière étude, nous avons mesuré la variabilité intra-individuelle en mémoire épisodique au travers de deux sessions plutôt qu’à l’intérieur d’une seule session. Cela nous permet d’examiner si les résultats observés dans les deux premières études se généralisent dans un axe temporel plus long. A notre connaissance, bien que largement utilisée dans les études ayant investigué l’utilisation de stratégies dans les épreuves d’arithmétique (Siegler et Lemaire, 1997), la

« méthode choix/non-choix » n’a encore jamais été utilisée pour investiguer les différences d’âge en termes de sélection stratégique et d’exécution stratégique dans des épreuves de mémoire épisodique. A l’aide de cette méthode, les performances des participants sont tout d’abord investiguées dans une condition de « choix stratégique » dans laquelle ils sont libres d’utiliser la stratégie de leur choix et dans laquelle ils décrivent pour chaque item la stratégie utilisée. Ensuite, les performances des participants sont évaluées dans différentes conditions de « non-choix

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stratégique » dans lesquelles les participants se voient imposer une stratégie pour réaliser la tâche. Il y a autant de conditions de non-choix stratégique que de stratégies disponibles pour réaliser la tâche. Dans l’étude 4, nous avons tout d’abord administré une liste de paires de mots dans laquelle les participants utilisaient la stratégie de leur choix, puis une liste de paires de mots dans laquelle ils n’utilisent que la stratégie de répétition, une liste de paires de mots dans laquelle ils n’utilisent que la stratégie de génération de phrases et enfin une liste de paires de mots dans laquelle ils n’utilisent que la stratégie d’imagerie. Nous avons répété cette procédure dans les deux sessions. Nous reviendrons sur les détails de cette méthode, les questions auxquelles elle permet de répondre ainsi que ses avantages dans la présentation de l’étude 4.

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