(Traduit de Uhland).
A mon ami À. D.
Reverdiront ces Alpes blanches
;
Les troupeaux encor bien des fois Sur la trace des avalanches
Ÿ retourneront à la lois.
Et pourtant, Fils des Alpes, belle Comme au premier jour chaque été, Le Fœhn* en soufflant te rappelle La lutte pour la liberté.
1 Le Fæhn, ventterrible qui bouleverse
le
lac desquatre cantons et causa la tempête quifaillit engloutirGessier,ss 128 qu
De sun antre, tout :blanc d'écume Sauver était bien ton affaire
Là, le Schgchen * s'élance. et; tord Et que bruns fussent tes cheveux En bondissant, comme une-plume, « Ou grisâtres, rien n'a pu faire Les grands sapins de chaque bord; Mollir ton bras sec et nerveux.
Puis voilà: qu'un enfant travérse
Le pont sur ces gouffres perdus, À vingt ans si ce bras sublime
Et le torrent fougueux renverse Eût sauvé ce jeune étranger ,
Le pont
et
l’enfantéperdu.
Du flot dont te voilà victimeTu serais sorti sans danger
;
7 Puis vers le pont croulant arrive Nous aurions là vu le présage
Un beau vieillard à cheveux gris Ç
Dec ta grandeur dans l'avenir
;
Qui dans les flots voit, de la rive Et pourtant noble est le courage
L'enfant se débattre à grands cris, Dût le malheur nous en punir!
Moins prompt s’élance l'aigle fauve...
î ; ; Malgré la fougue enchanteresse
; L'enfant est sauyé, mais trop tard; 8 8
â 8 causa Des éloges qui t'étaient dûs;
Car sa vie est à peine sauve
Gus d'oide amponte. Tauyisils Par toi les cris de la détresse
Ne furent pas moins entendus…
Et quand reparut sur le sable Héros sacré du peuple libre
Son cadavre blème et glacé, Dûtfaillir la gloire au vainqueur
La foule vient inépuisable Jamais ne se rouilla la fibre
Pleurer le noble trépassé, : Du dévouement dans ton grand cœur!
Et tels du Rostock ? en démence
. ‘Sain et sauf de l’œuvre sanglante
Hurlent les rocs bondissants, tel UT e &
}
; Sortais-tu donc pour qu’aujourd'hüi
Sur tous les points alors commence °
Ce cri sombre: Tell est mort! Tell! À
a
vielllesss défaillante Le Ciel retirât son appui.Oh! si le Ciel m'avait fait naître Pour tout un peuple il ne demande
Moi, sur ces monts, pâtre aguerri, Pas tes jours que nul ne défend...
Ou bien encor râmeur peut-être, Qu'il en agrée au moins l'offrande
Rameur sur le lac vert d’Uri
;
Ainsi faite pour cet enfant.Et qu’alors ma douleur acerbe
M’eût guidé vers ces tristes bords, Là bas, où la flêche fidèle
En levant sa lête superbe Frappa Guessler, en'.ce moment
Dans mes mains , j'aurais dit alors: Surgit un temple qui rappelle
Le crime avec le châtiment.
—Te voilà donc prêt pour la tombe Et pourtant, chose singulière!
Toi qui nous fus la vie à tous; A peine t'ont-ils élevé
Ta chevelure grise tombe Cette mesquine croix de pierre
Pleine d’eau sur ton front si doux, ‘ Aux lieux où l’enfant fut sauvé!
Pendant que survit plein de joie
L'enfant rapporté dans tes bras, Bar (ut. le Mônde l'on répête
Et qu’à l'horizon bleu verdoie ‘ Comment
tu
sauvas ton pays,Le pays que tu délivras. ' Et doit encor plus d’un poète
L'apprendre aux peuples ébahis ;
La même ardeur sainte et bénie Mais le pâtre au soir peut descendre
Qui banda ton arc triomphant ;
‘
Le cours du Schæchen pas à pas,
Jadis contre la tyrannie Sans que jamaïs s'y fasse entend re
T’emporte ici’ vers cet enfant, Le moindre chant sur ton trépas.
Max. Buchon.
1 Torrent qui traverse le Schæchenthal, et Bürglen , patrie de Tell.
? Le Rostock montagne voisine du torrentde Schæchen. ?L-J, Scume, imprimeur-éditeur
L’'ÉMULATIO
COMMERCIAL, HISTORIQUE
ET LIITÉRAIRE.
RECUEIL
AGRICOLE, INDUSTRIEL,N°
FRIBOURG, 1843 : MAI,
v..
17.
PREMIÈRE QUINZAINE.
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“
AGRIGULTURE.
DE LA CULTURE DEQUELQUES PLANTES: OLÉAGINEUSES.
(Suite.)
IT.
DU PAVOT SIMPLE.
Le pavot simple (papaver somniferum) ‘est peu connu et
à
peine cultivé dans le canton de Fribourg. Nous désirons pro-curer à‘cetteculture l’importance et l'étendue qui lui appar-tiennentde droitdansunpays oùle pàvot
réussit
parfaitement, et oùilestdestinéà remplacer avantageusementl'huile
d'olivesque: nous tirons, le plus souvent mauvaise et falsifiée, de
l'étranger.
L'huile de pavot est blonde , belle, d’une saveur douce et agréable. C’est la meilleure de toutes celles qu'on tire des graines. Elle est plus grasse que l’huile d'olives, et tout aussi propre que celle-ci à assaisonner ou préparer les aliments cuits ou crus. Elle est très fluide etse condense difficilement
par
le
froid. Bienfaite et conservée, sans l'agiter, en lieufrais et dans des vases vernissés , elle peutse garder au moinsau-tantque l'huile d'olives, sans contracter aucun-goûtde ran-cidité. On doit éviterdela transporter dans
lès
tempschauds;
il
faut
la tirerà clair avantde la déplacer.C'est cetle buile qu'on appelle improprement en France Œillette ou huile d'œillet , par corruption d’olliette oupetite huile.
Le pavot, dont le quarteron pèse 26 livres environ,
etqui,
pour 4 }/
livre
de semence par pose, produit de 96 à 106quarterons, donne par chaque quarteron 2
!,
pots au moinsde bonne huile.
On a répandu à différentes époques , et mal à propos, notamment après 1709 et vers 1773, que cette huile avait la
qualité narcotique qu'on trouve dans
la
plante qui laproduit;elle fut déprisée; on endéfendit même l’usage, qu’on quitta etreprit ensuite pour lesaliments. Enfin des expériences
faites
par d’habiles chimistes prouvérent authentiquement qu’elle n’avait aucune qualité malfaisante; on s’assura que
la
graine,seule partie qui donne de l'huile , ne contenait pas le suc répandu dans le reste de la plante, qui est l’opium.
Au surplus, la forte constitution des Français du Nord, ainsi que des Flamands, des Allemandset des habitants d’une grande partie de la Suisse, la longue
carrière
qu'ils parcourent quoiqu'ils fassent unusageà peu près exclusifdecette huile; les dragées qu’on fait avec cette graine; les gâteaux-qui ensont composés en grande partie,et dont
les
juifs font un usage journalier ; le marcde cette huile, qui nourrit les vaches, les porcs et les oiseaux ; tout, enfin , nous prouve que san, usage est très avantageux, au lieu d’être malfaisant.“Nous invitons donc à. cette culture , avec d'autant plus de raison, que dans les bons terrains, elle peut se faire sur les jachères, sans nuire àla production. Les façons nécessaires à cette culture disposent même ces terrains à une nouvelle
production.
Culture du pavot , terrain qui lui est propre , préparation du -terrain,
Dans les contrées où l’on ne redoute pas de fortes gelées, on €st dans l'usage et l’ontrouve avantageux desemer
le
pavotdès l’automne, et l’on s’est convaincu que le pavot semé en septembre ou en octobre donne de beaucoup plus beaux produits que celui de printemps. Nous doutons qu’une telle expérience puisse être faite avec succès dans notre climat : et quoique le pavot de
ns
jardinsse resème parfaitementlui-même, et que sa graine se conserve bien en terre, même
dans les hiversles moins favorables, nous avons vu unsemis
de pavot simple , entrepris près de Fribourg, en janvier, par une température favorable , échouer complètement. Nous estimons en conséquencequ’il est plus prudent pour nous de ne semer qu’aux approches du printemps, mais nous recoum-mandons de le faire aussi près de
l'hiver
que possible, afin que la jeune plante puisse se défendre des sécheresses assez fréquentes au printemps; etque, dansles
étés peu favorables,| la graine puisse arriver à maturité.
se 150
:La semence du pavot étant très fine, et ne devant être que très peut recouverte, il est indispensable de préparer laterre
avec soin, de l‘’ameublir, de la herser et de l'unir avec le rouleau.
Dans les terres compactes, il faut au moins deux labours donnés dansdes directions différentes , afin de mieux diviser
la terre. On les fera à quatre jours, ou environ d'intervalle.
On roulera et on brisera même
les
mottes, sicette opérationparaît nécessaire.
Quelques jours après le dernier labour , on passera de
nouveaula herse, età différentes reprises , jusqu’à ce que le
terrain soit parfaitement ameubli, Si le semis était retardé par unecause quelconque, un hersage le précéderait
;
il està propos de faire le dernier avec un fagot d’épines ou une herseà dents serrées.
La racine de la plante est pivotante; conséquemment
elle
tire moins de la surface de la terre , et on peut lui faire suc-céder des plantes traçantes; mais elle exige un sol profond, d’un pied au moins de terre végétale.
(La suite au prochain numéro).