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TROISIÈME ANNÉE 1843-1844

Dans le document 5 aa > P (Page 197-200)

ON SOUSCRIT 1

A FRIBOURG, CHEZ L.-J. SCHMID, ÉDITEUR

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ET POUR LA SUISSE ET L'ETRANGER AUX BUREAUX DES POSTES

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L’'ÉMULATION,

RECUEIL AGRICOLE, INDUSTRIEL, COMMERCIAL, HISTORIQUE ET

LITTÉRAIRE.

N°1

{

FRIBOURG, 1843 : TROISIÈME ANNÉE, SEPTEMBRE, PREMIÈRE, QUINZAINE.

CONDITIONS DE L’ABONNEMENT,

L'Emulation paraît tons les quinze jours dans ce même format. Chaque numéro contient B pages d'impression en caractères petit-romain. Les numéros d'une année réunis formeront un volume. bepris de l'abonnument, lafeuille rendne franco dans fous les lieux du Canton ity aposte, est fixéà AU butz pour l'agnée. On ne peut s'abonner pour moins d'un an, Fout

abonnement de la Ville de Uribourg doit se faire au Bureau del'Emulation, Kue dela Préfeeture numéro 198.Les abonnements du dehors doivent se faire aux Mureaux de Poste res-peetifs, lettres ct argentaffranebis.

AGRICULTURE.

PATURAGES*.

Les pâturages ? sont l’un des principaux éléments

de

la

ri-chesse publique de l'Europe; ils sont, avec les champs cul-tivés en céréales, au premier rang des conditions d'existence des nations modernes , et leur histoire se lie à celle du genre humain.

Si, pendant l'enfance du monde, ce furent les forêts qui offrirent à l'homme un asile , c'est dans les pâturages que se formèrent et s’agrandirent les premières sociétés, quand une subsistance abondante leur fut assurée par les nombreux troupeaux. L'aurore de la civilisation apparut dans l’Orient avec les peuples pasteurs; les arts et les sciences naquirent au milieu des bergers , sur les rives de l’Euphrate et du Nil ; et ce sont les pâtres des Alpes qui, du hautde leurs pacages, ont donné les premiers à l’Europe le signal de son affran-chissement.

Les habitudes pastorales, qui tiennent à l’exisience des troupeaux et des prairies naturelles, ont toujours exercé la plus puissante influence sur la fortune, le caractère et la civilisation des peuples. Partout où les hommes sont passés immédiatement

de

l’étatsauvage

à

lavieagricole, sans adoucir, par le calme et la solitude des pâturages, l'Apreté de leurs mœurs etla violence de leurs passions, la barbarie des siècles primitifss’estperpétuée sous l'empire desinstitutions sociales.

Tout le temps écoulé depuis le commencement deschoses, n’a point suffi pour civiliser les peuples qui, dans la distri-bution géographique des animaux utiles du globe , furent privés de toute espèce de bétail. Les aborigènes des deux Amériques et de l’Australie semblaient, lorsqu'on découvrit

1 Il était resté dans nos cartons un dernier articlede M. €. Schaller, sur l’Economie rurale; nous en publions lecommencementdaus ceN°;

lasuiteparaîtra très-prochainement. (Note de l'Editeur).

= Nous répétons que lemot pé@rwrages est employé par nous dansson

acception laplus étendue, comprenanttoutes lescultures destinées à la nourriture des troupeaux. Nous désignerons sous [lcnom de pucages ces sortes d’herbages qui ne sont'utilisées qu’en y faisant paître lesbestiaux.

les vastes régions qu’ils habitaient , n’être réunis que par

les

besoins qui rassemblent les hyènes et les vautours, Ils avaient

pour

religion

les sacrifices humains, pour code l'esclavage des femmes, pour coutume l’infanticide, le meurtre des vieillards,

la torture des prisonniers et l’antropophagie.

Les peuples arrivés à l’état agricole par la vie pastorale sont, au contraire, les promoteurs

de

la civilisation et l’hon-neur de l'humanité. Ce furent eux qui créérent, il

ya

qua-rante siècles , tous les éléments de l’ordre social , et qui ont élevé les teinples de Memphis, les palais de Babylone ; le Parthénon et l’Alhambra. La grandeur

et

la rapidité deleurs

progrès, comparés avec la faiblesse et la lenteur de ceux des nations modernes de l'Europe , manifestent quelle puissance salutaire exerce la vie pastorale sur les phases diverses de l'existence des peuples. Dans les contrées de l'Orient, les hommesdescendus des montagnes dans

les

plaines, perdirent, en gardant leurs troupeaux, les inclinations sanguinaires des chasseurs, et conservèrent, quand

ils

s’adonnèrent à l'Agri-culture, les habitudes patriarcales des bergers, leurs vertus hospitalières

et,

sinon l'indépendance des tribus nomades,

“du moins la liberté personnelle et l'égalité de tous devant l'autorité publique. Il fut loin d'en être ainsi dans les pays de l'Occident : leurs peuplades, quand elles sortirent de leurs forêts marécageuses , partagèrent leur temps entre la guerre etla chasse #; etlorsque la rapine et

le

gibier

ne

leur offrirent plus de secours suffisants , elles ne demandèrent à la terre

que des inoissons *. Bientôt, attachées à la glèbe par la ty-rannie féodale , clies furent entraînées dans la servitude par l’Agriculture qui devait lesconduireà lacivilisation,

et

l'abru-tissement du serfsejoignitauxinclinations féroces du sauvage.

On sait qu’une nuit d'ignorance et de barbarie couvrit l’Europe pendant plusde mille années, Durant cette longue période , quoique laculture de la terre

ft

la seule occupation

des peuples, le sol des contrées les plus fertiles, loin de

pro-8 Quoties bella non ineunt muleum venatibus. Tacit. germ. Cap. 45,

9 Sola terre Leges fimperatur,dem. Cap, 26.

sp

À

ex

téger par l’abondance des récoltes l’accroissement de la po-pulation, refusait mêmedenourrirle laboureur. On manquait de pain dans les régions douées du plus heureux climat. Il y eut en France , de1626 à 1741 , en 115 ans, 65 famines;

et pendant

cette

période , encore si peu éloignée de nous, les habitants de ce riche pays éprouvèrent , chaque troisième année , une disette qui élevait le prix des blés à une valeur triple ou quadruple de celle de nos jours, quoique lessalaires fussent alors trois ou quatre fois moins grands,

En Angleterre, de 1069 à 1355, dans un espace de 286 ans, il y eut , d'après les recherches d'Edouard Howe, 421 disettes ou famines, cequi borne les moissons ordinaires ou abondantes presque au même nombre que celles qui ne suf-fisaientsur deux années,pasà la subsistanceil yen avaitde laune pendantpopulation

laquelle ;

d'oùillesuit que,peuple

souffrait la faim. ;

La Toscane, l’une des plus belles et des plus fécondes régions de l’Italie, étaitalors ravagée presque sans cesse par

la famine; elle en éprouvait communément

les

effets pendant 33 années par siècle, et Targion! Tozetti, qui a recueilli les annales de son Agriculture pendant 316 ans, a montré que

pendant

cette

période

il

n’y cut que onze années d'abondance, et que les années de disctte furent au nombre de cent et onze.

Lies causes de cette longue famine qui décima , en Europe, quarante générations, étaient l’imperfection de la culture et l’erreur de fonder uniquement sur les moissons des céréales

la subsistance des peuples. Des caleuls détaillés de John Cul-lum font connaître qu’en Angleterre on n’obtenait alors d’un acre de terre * que 8 à 9 buisseaux de blé ? , c’est-à-dire moins quela moilié de ce que donnent aujourd’hui les mêmes champs pour récompenser des travaux mieux dirigés. Tandis que maintenant on compte deux acres de pâturages pour une

“en terre delabour, il y avait, dans ce temps, 13 à 14 cents acresde culture pour 45 en prairies; ce qui réduisait néces-sairement les bestiaux à un si pelit nombre, que la viande devaitêtre totalement exclue du-égime alimentaire du peuple.

Cet état de détresse a sans doute cessé progressivement depuis 60 ans environ , par le perfectionnement

de

l'Agricul--ture , l’extension du commerce et les plus grandes facilités des communications; mais néanmoinsil s’en faut debeaucoup que parmi les peuples qui tiennent le premier rang dans la civilisation européenne, lasubsistance publique

soit

garantie, comme clle devrait l'être , par la diversité de ses ressources et leur étendue, et qu’elle soit assurée contre les intempéries par la multiplication du bétail et des troupeaux. Ce qui se passe actuellement en Angleterre nie prouve que trop lavérité

de notre assertion, Cependant, l'Angleterre est citée à juste titre comme

le

pays où l’Agriculture a fait des progrès dignes

de servir d'excinple aux autres peuples : mais ces

améliora-* L'acre est d'une pose et un neuvième. environ.

: boisseauest de 2 uerterons et 4 émines environ.

tions ne peuvent pas contrebalancer les inconvénients pro-venantde la fabrication excessive, des tois de monopole qui gènent

le

libre commerce des blés, et de la circonstance que tout le sol de l’Angleterre est possédé par un petit nombre de familles privilégiées qui l'ont rendu inaliénable. Citons un seul exemple.

Le comté de Southerland en Ecosse, quoique d’une grande étenduc, appartient presque tout entier au duc de ce nom:

il

se compose de six cent soixante-neuf mille sept cent soixante hectares, dont soixante-douze mille cent quatre-vingt-trois seulement appartiennent à d’autres propriétaires : restent donc cinq cent quatre-vingt dix-sept mille cinq cent soixante-dix-sept hectares au duc dans ce comté, el vingt-cinq mille trois cent soixante-quinze hectares dans le comté de Ross; en

tout, une propriété d’un seul tennement

de

six cent vingt-deux

mille neuf cent cinquante-deux hectares, un million sept cent trente mille quatre cent vingt-deux poses el deux neuvièmes de la mesure suisse (plus de quatre fois la superficie ducanton

de Fribourg). Mais, comme tout l’intérieur est un désert affreux, et qu’il n’y a que les côtes qui soientun peu peuplées par 22,000 habitants, cette terre immense et sans pareille,

à moins que ce ne soit dans les steppes de la Russie ou dans les forêts del'Amérique , ne rapporte qu’un million de francs

de France, cequi forme la cinquième partic durevenududuc.

M. Morceau de Jonnès, de l’institut de France et de l’aca-démie de Bruxelles, a publié, en 1829, des recherches sta-tistiques ct économiques sur les principales parties de l’Eu-rope, considérées sous les rapports importants qui nous oc-cupent maintenant. Cet aperçu montrera combien le bien-être des peuples demande encore de soins aux Gouvernements,

de travaux aux Agronomes ct de lumières aux Académies qui les divigent, pour améliorer ou créerles pâturages nécessaires

à la multiplication des animaux pâturants, et pour agrandir, parl’aceroissement de leur nombre, les moyens de subsis-tance de la population, et la richesse du commerce des pro duits agricoles,

En consultant le cadastre des principaux étatsdel’Europe, leurs documents publics, leurs statistiques, ct pour les trois péninsules du midi de notre continent , dont

le

territoire

n’a

point encore été soumis à des opérations géodésiques, en dé-duisant des termes généraux, de données partielles, ou de termes numériques officiels qui perinettent de telles

déduc-tions, M. Moreau de Jonnès esl parvenu, au moyen de re-cherches persévérantes ct multipliées, à dresser un tableau sur lequel l'étendue des prairies et des pâturages des contrées

de l’Europe est exprimée en lieues moyennes, dans l’ordre

de la grandeur absolue des surfaces, et l'on y trouve l’indi-cation de leurs rapports avec l’étendue totale des pays.

On voit, par ce tableau, que nous regrettonsde ne pouvoir

donner en entier, que . . ° ° . .

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