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CHAPITRE I LES PAYS DE L’UEMOA : UNE SITUATION

1. Une volonté d’intégration

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En outre, il conviendra de veiller à aménager des transitions qui permettent à des économies encore fragiles d’absorber le choc de l’ouverture et que celle-ci se fasse au bénéfice des populations.

Bien que la création de ce marché de 67 millions de personnes constitue un progrès, on ne peut ignorer de plus que le grand voisin nigérian (120 millions d’habitants) continuera de peser sur les économies de la zone. « En Afrique de l’Ouest, le Nigeria reste un partenaire incontournable à la fois attractif et effrayant1 ».

C’est d’ailleurs à son initiative que fut créée la CEDEAO en 1975, dans le but de développer les échanges entre les seize pays signataires et d’assurer leur sécurité.

Très vite, la CEDEAO a été paralysée pour diverses raisons : hétérogénéité de la zone, absence de politique commune, poids du Nigeria, différences de langues2.

A - VERS LINTÉGRATION ÉCONOMIQUE DE LUEMOA

L’intégration économique et régionale en Afrique de l’Ouest n’est pas nouvelle.

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de l’union monétaire. Il était devenu évident que les mécanismes de régulation monétaire devaient être complétés par des réformes économiques pour assurer la cohésion de l’Union et lancer les bases d’une croissance durable. C’est ainsi que le gouverneur de la BCEAO1 a reçu mandat de la part des Chefs d’Etat de l’UMOA de mener la réflexion sur l’intégration économique et de préparer un Traité dans ce sens. Le Traité instituant l’UEMOA a été signé le 10 janvier 1994 à Dakar, la veille de la dévaluation du franc CFA.

Sept chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo), rejoints par la Guinée Bissau en 1997, se sont engagés à assurer ensemble, à travers un processus d’intégration une croissance économique soutenue et un développement commun équilibré de leurs pays et des populations. La signature du Traité représente la mesure d’accompagnement la plus importante et la plus volontariste de la dévaluation de janvier 1994.

Ainsi est née l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)2 dans un contexte où l’ampleur de la crise économique a révélé les limites des capacités économiques des Etats agissant individuellement.

1.2. 1.2. Des potentialités regroupées3

L’espace constitué par les Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) compte plus de soixante sept millions d’habitants et couvre, au total, une superficie d’environ 3,5 millions de km2.

Avec près de 30 % de la population totale de l’Afrique de l’Ouest, cet espace génère 33 % du PIB de la région.

Situés géographiquement en Afrique occidentale, les Etats de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) partagent un certain nombre de caractéristiques démographiques et économiques communes.

L’ensemble des populations des Etats de l’UEMOA vit majoritairement dans les zones rurales ; la proportion des jeunes de moins de 25 ans y est très élevée, variant de 45 à 60 %, le taux de croissance démographique annuelle moyen est environ de 3 % et l’indice synthétique de fécondité se situe autour de 7

%. Depuis plus de trente ans, sept des huit pays ont une monnaie et une politique monétaire commune.

65 % de la population active vit de l’agriculture qui constitue la base de l’économie. Elle souffre, cependant, des effets des aléas climatiques et des modes de culture peu intensifs.

La Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Togo et le Bénin ont des atouts considérables en matière de production de cultures de rente : café, cacao, banane,

1 La BCEAO : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

2 Après avoir été ratifié par l’ensemble des Etats membres, le Traité entrait en vigueur le 1er août 1994. La Commission ainsi que la Cour de Justice de l’UEMOA s’installaient le 30 janvier 1995 à Ouagadougou. La première conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA s’est tenue le 10 mai 1996, sous la présidence de Monsieur Blaise Compaoré, président du Burkina Faso.

3 Voir fiches détaillées par pays.

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ananas et noix de cajou. Ils produisent aussi d’importantes quantités de tubercules (ignames, manioc).

Les zones subhumides des pays côtiers et sahéliens ont un fort avantage en matière de productions céréalières (sorgho, maïs, mil). La culture du coton représente un investissement intéressant dans ces zones, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Bénin et au Togo.

Grâce aux fleuves Niger et Sénégal, il existe dans la zone d’importantes possibilités de développement de cultures irriguées, notamment rizicoles. Des cultures spécifiques, tels que l’ail, l’oignon et la pomme de terre, ont connu un essor considérable au Niger et au Burkina Faso, en raison d’une maîtrise de l’eau à l’échelle de la petite exploitation.

En matière d’élevage, les pays sahéliens (Burkina Faso, Mali et Niger) totalisent à eux seuls les trois quarts du cheptel bovin et 70 % du cheptel ovin/caprin de l’Union, assurant ainsi l’essentiel des besoins en protéines animales à la sous-région.

En matière de pêche, le potentiel de l’Union s’est accru avec l’entrée de la Guinée-Bissau. La Côte d’Ivoire, le Sénégal et la Guinée-Bissau disposent, en effet, d’un potentiel important de développement des produits de la mer. Le Sénégal, notamment, a des côtes très poissonneuses et une forte tradition de pêche artisanale. Quant à la pêche continentale, elle s’est organisée autour du delta central nigérien, au Mali, où s’est développé le commerce traditionnel de poisson fumé et séché.

Il existe ainsi une complémentarité naturelle entre les pays du littoral et les pays sahéliens, ayant favorisé de tout temps les échanges entre les populations de la sous-région.

Les pays de l’Union disposent également d’importantes ressources minières, notamment de l’or (Mali, Burkina-Faso et Côte d’Ivoire), des phosphates (Sénégal, Togo et Guinée Bissau), de l’uranium (Niger), du pétrole et du gaz naturel (Côte d’Ivoire). Elles sont pour l’essentiel exportées.

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