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CHAPITRE I LES PAYS DE L’UEMOA : UNE SITUATION

3. Le rôle moteur du coton dans l’UEMOA

Le coton est l’illustration du rôle primordial que peut jouer l’agriculture dans la région à la fois parce que l’UEMOA en est un des principaux exportateurs mondiaux et que la filière est un puissant facteur de modernisation de l’agriculture.

3.1. 3.1. L’UEMOA est un des premiers exportateurs mondiaux

Le coton est cultivé dans sept pays : Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger et Sénégal. Environ deux millions de petits producteurs cultivent en général moins d’un hectare de coton manuellement ou en culture attelée. La culture du coton est bien adaptée aux zones de savanes dont elle constitue, avec l’élevage, la principale richesse agricole.

La récolte est exportée sur le marché mondial à l’exception d’une partie de la production de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, ces deux pays possédant des industries textiles.

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Le prix du coton des pays de l’UEMOA dépend du cours du dollar (dans la mesure où l’ensemble des transactions est réalisé dans cette monnaie).

La zone franc dans son ensemble est devenue, après les Etats-Unis et l’Ouzbékistan, la troisième puissance exportatrice de coton au monde avec environ 15 % du marché. Le Mali, le Bénin et le Burkina Faso font partie des dix premiers exportateurs mondiaux.

Tableau 19 : Campagne cotonnière 1997-1998 Surface

(ha)

Coton-graine (tonnes)

Fibres (tonnes)

Rendement agricole

(kg/ha)

Rendement à l’égrenage

Bénin 380 000 359 000 150 780 940 42,0 %

Burkina-Faso 280 000 338 000 141 960 1 210 42,0 % Côte d’Ivoire 244 000 337 000 146 884 1 380 43,6 %

Guinée Bissau 4 328 4 351 1 863 1 005 42,8 %

Mali 497 000 522 000 219 240 1 050 42,0 %

Sénégal 55 800 40 000 16 800 720 42,0 %

Togo 137 000 175 000 71 800 1 280 41,0 %

Total UEMOA 1 598 128 1 775 351 749 327 1 084 42,2 % Total zone franc 2 234 128 2 271 851 949 527 1 017 41,7 % Source : Compagnie française de développement des fibres textiles (CFDT), rapport annuel 1998.

L’augmentation de la production a été continue depuis les années soixante.

A la fin des années quatre-vingt, pour la première fois, la production de la zone franc a dépassé celle du reste de l’Afrique subsaharienne. Pour la campagne 1997, elle en représente près du double.

3.2. 3.2. L’organisation de la filière du coton

• Une filière intégrée

Le système d’intégration de la filière coton qui prend en charge toute la production de coton, du labour de la terre à la commercialisation, n’existe qu’au Mali et au Burkina-Faso.

La production est le plus souvent organisée autour de sociétés cotonnières nationales (sociétés d’Etat ou sociétés d’économie mixte1) qui fournissent les intrants, conseillent les agriculteurs et leur achètent le coton-graine (le coût des intrants est déduit du prix versé aux paysans).

Les sociétés cotonnières traitent et vendent la fibre sur le marché international.

Les producteurs sont organisés en groupements pour la vente du coton-graine.

Le prix d’achat du coton-graine est fixé pour la campagne, soit par l’Etat, soit à l’issue d’un processus de négociation entre les producteurs et les sociétés cotonnières. L’agriculteur connaît par avance le prix d’achat du coton et décide de la surface à ensemencer.

1 La Compagnie française de développement des fibres textiles (CFDT) - dont l’Etat français est actionnaire à 64 % - est elle-même actionnaire minoritaire de ces sociétés d’économie mixte.

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Le prix de revient de la fibre est variable selon les sociétés cotonnières. Il dépend du prix d’achat du coton-graine aux producteurs, des performances globales des sociétés, mais également des coûts d’évacuation de la fibre qui peuvent être très élevés pour les pays enclavés, mal reliés aux terminaux portuaires. C’est particulièrement le cas du Burkina-Faso.

• Les résultats obtenus par la culture du coton sont satisfaisants

Les revenus directs distribués dans les régions de production sont importants. Ainsi, pour la campagne 1996-1997, on estime qu’environ 340 milliards de francs CFA ont été distribués dans les campagnes lors de l’achat du coton par les sociétés cotonnières. Après paiement des intrants, cela représente un revenu direct de plus de 200 milliards de francs CFA.

Par ailleurs, cette activité est une source non négligeable de recettes fiscales.

C’est en grande partie grâce au coton que le Mali ou le Bénin ont renoué avec la croissance.

3.3. 3.3. Le coton, vecteur de modernisation de l’agriculture

L’introduction, puis la large diffusion de la culture du coton dans les campagnes sahéliennes ont été un puissant facteur de modernisation de l’agriculture, notamment par la diffusion à large échelle de la mécanisation et l’utilisation d’intrants, d’engrais et de pesticides qui profitent également aux autres cultures (les régions cotonnières sont celles où le maïs a connu l’essor le plus soutenu).

Les producteurs de coton exploitent de petites surfaces. Les revenus qu’ils tirent de cette culture ne leur permettent pas de faire l’avance d’une année sur l’autre de l’achat des intrants et des pesticides, de plus ils sont encore mal adaptés aux techniques de vente directe (négociation pour la vente de coton graine).

3.4. 3.4. La question de la privatisation des sociétés cotonnières La réussite de la filière coton a fait l’objet d’un débat entre :

- d’une part, la Banque mondiale, favorable à une « libéralisation de ce système d’organisation au travers d’une ouverture à la concurrence et de la privatisation des sociétés cotonnières » ;

- d’autre part, la Compagnie française de Développement des fibres Textiles (CFDT), soutenue par la Coopération française, qui défend l’idée de filière intégrée, estimant que « les risques liés à la libéralisation ne sont pas toujours maîtrisés ».

La Banque mondiale exerce toutes sortes de pressions et, en particulier, conditionne le financement de l’ajustement à la mise en oeuvre de réformes dans les filières coton.

Celle-ci a enregistré un premier succès en Côte-d’Ivoire où la Compagnie ivoirienne de développement textile (CIDT) vient d’être vendue par lots. Pour défendre la privatisation, la Banque mondiale fait valoir la modicité du prix payé aux producteurs par les filières étatiques, qui disposent d’un monopole d’achat.

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Pour la CFDT, le succès de la filière est lié à cette intégration, tandis que sa privatisation conduirait au démantèlement de la filière.

Alors que la plupart des pays africains francophones, sous la pression des institutions de Bretton Woods, privatisent les sociétés cotonnières d’Etat1 par vente au plus offrant, l’Etat burkinabé a choisi de céder, à un prix modéré, 30 % des actions de la Sofitex2 aux producteurs. L’Etat devient ainsi actionnaire minoritaire.

La filière contribue pour 60 % aux recettes d’exportation du Burkina, et distribue 500 millions de FF de revenus à 200 000 producteurs.

Associer les producteurs à la filière coton constitue, comme le montre l’exemple du Burkina Faso, une solution au moins aussi satisfaisante qu’une privatisation hâtive telle qu’elle a été pratiquée au Bénin. En effet, cette libéralisation, qui a concerné les secteurs de la distribution des intrants et de l’égrenage, s’est traduite par des dysfonctionnements de la filière.

Il en est résulté une stagnation de la production de coton-graine aux environs de 350 000 tonnes, une chute des rendements agricoles et une baisse de la qualité du coton produit.

Quel que soit le mode de gestion choisi, il est essentiel que les producteurs y soient associés.

4. La participation de la population locale aux projets de lutte contre la