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CHAPITRE I LES PAYS DE L’UEMOA : UNE SITUATION

4. Un premier bilan des privatisations dans l’UEMOA

• En Afrique subsaharienne

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Selon un rapport de 1997 de la Banque Mondiale sur le développement du secteur privé, 362 restructurations (dont 16 % de liquidations) ont eu lieu avant 1991, alors que six ans après, en 1997, ce sont au total 2 728 entreprises publiques qui ont été restructurées - soit environ 25 % des entreprises publiques -, pour un montant total de 2,8 milliards de dollars.

Nombre d’entreprises restructurées sont de petite taille et les transactions incluent également de nombreuses liquidations d’entreprises non opérationnelles.

• Dans l’UEMOA, les programmes de restructuration n’ont pas tous démarré en même temps : parmi les pays précurseurs de la fin des années soixante-dix, on trouve : le Bénin, le Niger, le Sénégal, et le Togo. Cette avance ne s’est cependant pas poursuivie, le Sénégal n’ayant restructuré, à la fin 1997, qu’environ un tiers de ses entreprises publiques faisant partie du programme de privatisation, un deuxième groupe de pays (Côte d’Ivoire, Mali) s’est engagé dans un processus de restructurations à la fin des années quatre-vingts, en général sous la pression des Institutions de Bretton Woods. Dans ces pays, peu de progrès ont eu lieu jusqu’au début des années quatre-vingts-dix, sauf au Mali, enfin, le Burkina-Faso, qui a entrepris ces réformes dans la première moitié de la décennie, a montré un fort engagement politique dans le processus de privatisation.

Entre 1991 et 1997, ce sont environ 240 milliards de FCFA qui ont ainsi été mobilisés, dont 144 milliards pour la seule année 1997, dus pour 105 milliards à la cession à France-Télécom de certaines parts de l’Etat dans le capital de CI-Télécom (Côte d’Ivoire). Pour 1998, les recettes sont estimées à 35 milliards de FCFA (voir en annexe n° 5 le bilan des privatisations dans l’UEMOA).

Sur 327 entreprises publiques restructurées de 1980 à 1996, 52,1 % des entreprises partiellement ou totalement vendues appartenaient au secteur manufacturier. L’agriculture, la finance, les hôtels, le tourisme, le commerce représentent, à eux quatre, 27,7 % de toutes les transactions. L’Etat s’est encore peu désengagé des mines et des transports.

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• Les privatisations concernent plus particulièrement le secteur manufacturier

Sur 327 entreprises publiques restructurées de 1980 à 1996, 52,1 % des entreprises partiellement ou totalement vendues appartenaient au secteur manufacturier. L’agriculture, la finance, les hôtels et le tourisme, le commerce, représentent, à eux quatre, 27,7 % de toutes les transactions.

Le désengagement des services, qui constitue la partie importante du programme de restructuration des entreprises publiques, a été amorcé dans la phase actuelle dans de nombreux pays, alors que ce secteur était souvent exclu des programmes jusqu’en 19951.

• Des performances à prouver

Aucune étude systématique n’a encore été menée sur les performances de l’après-privatisation en UEMOA. Les premiers éléments disponibles à partir d’une étude réalisée par la Banque Mondiale en 1995 laissent cependant apparaître des résultats mitigés. Au Sénégal, la performance des entreprises sénégalaises privatisées s’est détériorée. Au Mali, qui s’engagea plus tard (1988) sur la voie des restructurations, les résultats sont jugés hétérogènes pour les entreprises publiques vendues jusqu’en 1993. Ces résultats sont cependant à nuancer dans la mesure où les Etats ont souvent commencé par privatiser les entreprises les moins performantes.

En UEMOA comme en Afrique subsaharienne, les gouvernements ont souvent tenté de réformer les entreprises publiques en leur donnant une plus large autonomie de gestion tout en conservant le capital. Selon la Banque Mondiale, les contrats de performance ainsi que les tentatives faites en vue d’améliorer l’efficacité des entreprises en les maintenant sous le contrôle de l’Etat ont souvent échoué.

Les plus importantes des entreprises publiques n’ayant été restructurées que récemment, il est normal que leur impact en terme d’efficacité économique et d’emplois soit pour le moment assez faible. Des recherches entreprises par la Banque Mondiale montrent que, si pour quelques entreprises privatisées, les performances ont été médiocres globalement, l’impact des privatisations est encourageant pour les entreprises. Les nouveaux investissements réalisés dans de nombreuses entreprises privatisées ont même permis une amélioration des résultats débouchant parfois sur des créations d’emplois.

La réussite des restructurations en UEMOA dépend en grande partie des entreprises comme de la mobilisation des salariés et de leur formation. La modernisation et le développement des infrastructures doivent également jouer un rôle important.

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1 Plusieurs entreprises du secteur des télécommunications ont déjà fait l’objet de privatisation des actifs ou de la gestion, (SONATEL au Sénégal, SOTELMA au Mali, CI-Telecom en Côte d'Ivoire...).

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Depuis leurs indépendances des années soixante, les pays de l’UEMOA ont connu des mutations profondes.

Comme de nombreux autres pays africains, ils ont eu à faire face, durant les années quatre-vingts, à une crise économique et financière sans précédent, exacerbée par la détérioration des termes de l’échange et le poids de la dette extérieure.

En réponse à cette crise caractérisée par d’importants déséquilibres macro-économiques, ils ont entrepris des programmes d’ajustement et des réformes structurelles. En dépit de leurs coûts sociaux, ces actions ont permis de rééquilibrer les soldes budgétaires et commerciaux et de renouer avec la croissance.

Cependant aussi encourageants soient-ils, ces résultats ne peuvent occulter les problèmes structurels : charge de la dette, faiblesse du tissu productif, stagnation de l’investissement, inégalités sociales.

Pour relever les défis du développement, les huit pays de l’UEMOA se sont engagés sur la voie de l’intégration régionale qui doit leur permettre d’affronter la concurrence internationale et de s’insérer dans l’économie mondiale.

Les réformes entreprises en matière juridique, fiscale, douanière, les efforts d’adaptation à l’intégration régionale, les programmes sectoriels dans les domaines des transports, de l’énergie, des télécommunications ont une importance cruciale. Ils visent à assurer une plus grande compétitivité des économies et à restaurer la confiance des investisseurs.

Les chantiers ouverts par l’UEMOA sont nombreux. Des progrès ont d’ores et déjà été réalisés mais ils sont fragiles et doivent être consolidés. Ils doivent également prendre en compte les problèmes sociaux. Pour cela ils doivent bénéficier à la fois du soutien des populations, principale richesse du continent africain, et de la communauté internationale. La France dont la politique de coopération connaît de nouvelles orientations a un rôle à jouer dans ce sens.

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