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CHAPITRE I LES PAYS DE L’UEMOA : UNE SITUATION

2. L’intégration dans l’économie mondiale

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Bien que l’Afrique subsaharienne demeure prioritaire dans l’affectation de l’aide publique au développement - elle en reçoit la plus grande part, 15 milliards de dollars en 1997, soit 32,0 % de l’aide totale - et que les huit pays membres de l’UEMOA reçoivent environ 20 % de l’aide versée à cette région, on ne peut que constater la baisse générale de l’aide au développement amorcée depuis 1994.

Tableau 3 : Ventilation pour les huit pays de l’UEMOA des versements nets d’APD - 1995

(en millions de dollars)

1980 1986 1993 1994 1995 1996 1997 Total Afrique subsaharienne (ASS) 14 646 19 457 19 919 20 235 18 043 16 749 16 217 Total UEMOA 2 688 3 795 3 733 4 438 3 691 3 371 2 704 UEMOA/ASS 18,3 % 19,5 % 18,7 % 21,4 % 20,5 % 20,1 % 16,7 % Source : Rapport 1997 du CAD de l’OCDE.

La France, pour sa part, a maintenu son aide, comme en témoigne le tableau suivant qui décrit l’effort accompli en faveur des pays en développement, au travers de sa contribution qui reste relativement stable en valeur absolue depuis 1990, mais qui traduit également la baisse réelle observée précédemment si l’on prend en compte l’APD mesurée en pourcentage de la richesse nationale :

Tableau 4 : Evolution de l’aide publique française au développement en valeur absolue

(en millions de francs et en pourcentage du PIB)

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 TOTAL 36 178 41 661 43 781 44 819 47 004 42 139 38 119 36 808 34 724 En % du PIB 0,60 0,62 0,63 0,63 0,64 0,55 0,48 0,45 0,41 Source : Ministère de l’Economie, des finances et de l’industrie - 1998.

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Au moment où la constitution de blocs et de zone de coopération régionale est considérée comme une alternative à une mondialisation effrénée, l’UEMOA apparaît comme une réponse à cette logique.

2.1. 2.1. La marginalisation progressive de l’Afrique subsaharienne Plus de trente ans après leur indépendance, les économies africaines restent polarisées sur les économies européennes qui représentent plus des deux tiers de leurs échanges commerciaux. Leur croissance économique repose en effet pour l’essentiel sur les recettes des exportations. Or, à la différence de la majorité des pays en développement, l’Afrique sub-saharienne n’a pas modifié la structure de ses exportations au cours des trente dernières années. Son poids dans le commerce mondial a baissé de plus de la moitié entre 1970 et 1990 ; la chute des exportations en valeur constante s’est accompagnée, au cours de la période 1980-1990, d’une baisse de 50 % des importations par tête.

Le degré de marginalisation de l’Afrique sub-saharienne dans le commerce mondial se vérifie aujourd’hui par le très bas niveau de ses exportations. Celles-ci représentaient 3,3 % du total mondial en 1950, et 2,9 % en 1960 ; elles n’en représentent plus que 0,8 % en 1995, selon les statistiques de la CNUCED.

Tableau 5 : Part de l’Afrique subsaharienne dans le commerce mondial 1950-1995 (en pourcentage)

1950 1960 1970 1980 1985 1990 1995 Exportations :

- Ensemble des pays en

développement 33,0 23,9 18,9 29,0 25,2 23,7 27,7 Afrique subsaharienne 3,3 2,9 2,4 2,5 1,7 1,2 0,8

Importations :

- Ensemble des pays en

développement 28,9 25,2 18,8 24,0 23,2 22,2 29,1 Afrique subsaharienne 3,1 3,0 2,3 2,2 1,5 1,1 0,9 Source : CNUCED, Handbook of international trade and development statistics, 1997.

Ce résultat tient essentiellement à l’érosion très nette de ses parts de marché.

Sur ses trente principales exportations non pétrolières, la part de marché de l’Afrique subsaharienne est tombée de 20,8 % à 9,7 % en 1996, soit une perte annuelle de l’ordre de 11 milliards de dollars au cours des trente dernières années1. Elle a ainsi perdu des parts de marché sur ses principales cultures d’exportation : arachides, cacao, huile de palme et d’arachide, banane, caoutchouc. Elle ne les a maintenues que pour le café, le coton, le tabac et le thé.

Outre la perte de ses parts de marché, l’Afrique subsaharienne a subi un deuxième choc important sous forme d’une baisse de la demande mondiale de ses produits d’exportation : sur la période 1960-1990, le commerce mondial des produits autres que les combustibles a augmenté à un rythme annuel de 11,8 %, alors que le taux de croissance des types de produits qu’exporte l’Afrique subsaharienne reculait d’environ 4,5 points. Celle-ci a donc souffert d’un double

1 Finances et développement - décembre 1996.

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problème : une baisse des parts de marché de ses principales exportations et une diminution de l’importance de celles-ci dans le commerce mondial.

Le coût des transports internationaux (fret et passagers) contribue pour sa part au fléchissement relatif des exportations, dans la mesure où de nombreux pays d’Afrique subsaharienne ont opté pour des politiques anti-concurrentielles, réservant, par exemple, une certaine proportion du commerce aux sociétés nationales de transport maritime dans le but de favoriser le développement des flottes nationales et d’économiser des devises. Mais les statistiques semblent montrer qu’aucun de ces deux objectifs n’a été atteint. En 1990-91, pour un tiers des pays d’Afrique sub-saharienne, les paiements nets aux fournisseurs étrangers au titre du transport et des assurances ont absorbé plus de 25 % de la valeur des exportations ; ce chiffre atteignait 42 % pour les dix pays enclavés (dont le Burkina-Faso, le Mali et le Niger), soit presque 25 points de plus que la moyenne des autres pays de la région pour la même période. Ainsi, une large part des recettes en devises qui pourrait être consacrée à l’investissement productif, sert à payer les services de transport international.

La marginalisation de l’Afrique subsaharienne s’exprime également par la faiblesse des investissements étrangers. Si l’on considère l’Afrique tout entière, elle n’a reçu en 1996 que 5 milliards de dollars sur un flux total d’investissements directs dans le monde qui s’est élevé à 340 milliards de dollars - soit 1,4 % du total dont l’essentiel est allé aux pays pétroliers - Nigeria ou Angola - ou à l’Afrique de l’Est. Sur ces 5 milliards de dollars, quatre pays membres de l’UEMOA seulement en ont reçu une infime partie : le Sénégal (45 millions de dollars), la Côte d’Ivoire (21 millions de dollars) le Mali (23 millions de dollars) et le Togo (1 million de dollars)1.

Tableau 6 : Flux des principales ressources non créatrices d’endettement (comparaisons 1980-1994 en millions de dollars US)

Pays de l’UEOMA Dons

Investissements étrangers directs nets

Profit sur investissements

directs

Diasporas 1980 1994 1980 1994 1980 1994 1980 1994

Bénin 41 108 4 5 3 0 77 73

Burkina-Faso 88 212 0 1 9 0 150 80

Côte d’Ivoire 27 683 95 17 188 65 0 0

Guinée Bissau

Mali 104 221 2 45 0 14 59 94

Niger 51 225 49 1 11 0 6 10

Sénégal 78 476 15 67 34 38 75 73

Togo 15 73 42 0 0 6 10 12

Source : World Bank, World debt tables, 1996 et Global Finance Development, 1997. - tiré de : Yves Ekoue Amaïzo. De l’indépendance à l’interdépendance - mondialisation et marginalisation - une chance pour l’Afrique ? L’IIarmattan, 1998.

L’Afrique subsaharienne n’apparaît donc pas, aux yeux des investisseurs étrangers, comme une opportunité, mais plutôt comme un

1 U. N. World Investment Report - 1998.

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risque : l’absence d’un environnement institutionnel, juridique, politique et économique stable est sanctionnée par une indifférence généralisée des opérateurs privés internationaux comme nationaux. On note cependant des transferts en provenance des diasporas vers leur pays d’origine, pour le Mali, le Burkina-Faso, le Bénin et le Sénégal, ce qui traduit une certaine confiance ; il est vrai que les montants transférés relèvent plus de l’investissement de subsistance que d’un investissement de développement à long terme.

Les économies des pays de l’UEMOA sont également tributaires de la mauvaise gestion de la période post-coloniale : gaspillages, goût du luxe, clientélisme politique, népotisme, corruption... Cette situation a été, selon le professeur Hugon « longuement entretenue par des gouvernements uniquement préoccupés de leur maintien au pouvoir, pour la jouissance des richesses à l’intérieur du cercle étroit de leurs partisans. Ces comportements qui les marginalisent par rapport à leurs propres populations, contribuent en même temps à la marginalisation de l’Afrique sur la scène mondiale »1.

2.2. 2.2. Des échanges intra-régionaux faibles

Si les pays de l’UEMOA ont été, comme les autres régions d’Afrique, marginalisés sur la scène économique mondiale, ils n’ont pas pour autant développé les échanges entre eux alors qu’un des objectifs prioritaires de l’UEMOA est la création d’un grand marché unique de 67 millions d’habitants.

L’examen de la part des flux intra-zone par rapport à l’ensemble des échanges commerciaux de la région, et de la répartition de ces flux selon les pays, met en évidence le caractère peu intégré de l’UEMOA sur le plan commercial. Alors même que les importations représentent 20 % du PIB de l’Union, ce qui traduit une ouverture significative, le commerce intra-régional dit

« formel », constitue moins de 7 % du total et ne dépasse vraisemblablement pas plus de 15 %, une fois pris en compte les échanges « informels ».

Cet écart serait dû aux échanges frontaliers informels qui échappent aux statistiques.

a) Le poids des échanges informels

Des études récentes montrent que, d’une façon générale, ces échanges informels sont plus importants avec les pays voisins n’appartenant pas à la zone franc qu’avec ceux de l’UEMOA. Les pays limitrophes hors zone franc tirent profit des situations économiques et monétaires divergentes entre la zone franc et ses voisins : convertibilité de la monnaie, fiscalités indirectes plus ou moins fortes, politiques divergentes des prix aux producteurs pour les cultures de rente.

Ce sont des réseaux commerciaux très organisés qui tirent parti de ces divergences. Ainsi, les échanges informels sont particulièrement développés entre le Sénégal et la Gambie, entre le Bénin ou le Niger et le Nigeria, entre le Togo et le Ghana.

1 Philippe Hugon ; L'économie de l'Afrique ; Editions de la Découverte - 1993.

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b) Des échanges inégalement répartis

Les échanges commerciaux entre les pays de l’UEMOA sont inégalement répartis :

- la Côte d’Ivoire et le Sénégal vendent plus qu’ils n’achètent aux pays de la zone ;

- les pays enclavés (Mali, Burkina Faso, Niger) achètent plus qu’ils ne vendent aux pays de la zone.

Les échanges des pays de l’UEMOA avec la Guinée Bissau sont faibles.

Les échanges intra-régionaux (exportations et importations) font apparaître des écarts statistiques très importants d’un pays à l’autre de l’Union.

Tableau 7 : Part du commerce intra-communautaire en valeur avant et après la dévaluation de janvier 1994

Avant (en %) Après (en %)

Sénégal 6,5 3,8

Burkina Faso 32,4 19,4

Mali 23,4 16,7

Togo 4,2 4,9

Bénin 4,6 6,5

Côte d’Ivoire 1,6 1,2

Niger 15,6 11,0

Total 8,8 6,4

Source : Centre d’études et de formation aux technologies économiques (CEFTE). « Programme d’appui régional à l’intégration des pays de l’UEMOA » (PARI) - novembre 1997.

Si les niveaux d’intégration commerciale sont très différents d’un pays à l’autre, ils sont restés relativement stables jusqu’à la dévaluation. L’effet mécanique de la dévaluation a été de réduire la part du commerce intra-communautaire dans la mesure où les importations et les exportations en valeur à l’extérieur de la zone, exprimées en franc CFA, ont été augmentées du taux de la dévaluation.

Tableau 8 : Echanges intra-régionaux en pourcentage du total des échanges de l’UEMOA - 1996

Bénin Burkina Faso

Côte

d’Ivoire Mali Niger Sénégal Togo Pourcentage des importations

des pays dans les importations

totales UEMOA 7,0 % 22,9 % 1,1 % 28,8 % 13,0 % 3,7 % 7,1 % Pourcentage des exportations

des pays dans les exportations

totales UEMOA 1,5 % 18,7 % 11,1 % 24,1 % 7,5 % 13,5 % 16,7 % Source : Centre d’études et de formation aux technologies économiques (CEFTE). « Programme

d’appui régional à l’intégration des pays de l’UEMOA » (PARI) - novembre 1997.

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Ce sont le Mali et le Burkina Faso qui importent la plus grande quantité de marchandises de la zone UEMOA. De manière générale, à l’exception de ces deux pays, la tendance des importations régionales est en baisse. Et, la part des importations de la zone dans les importations totales reste inférieure à 20 % pour ces pays, les plus intégrés. La Côte d’Ivoire importe à peine 1,1 % de marchandises des pays de l’Union : ses importations viennent généralement de plus loin (Nigeria, Asie, Europe). Le Sénégal achète moins de 6 % de ses importations dans l’UEMOA.

A l’exportation, l’asymétrie est toute aussi évidente. Ainsi pour le Burkina Faso, l’UEMOA représente environ 18,7 % des exportations en 1996, alors que pour le Sénégal et la Côte d’Ivoire les exportations à l’intérieur de l’UEMOA ne représentent que respectivement 13,5 % et 11,1 % des exportations en 1996.

c) Les freins aux échanges intra-régionaux

La faible complémentarité des économies africaines, le manque de technicité et de compétitivité des entreprises et le coût relativement élevé de la main-d’oeuvre expliquent la faiblesse des échanges intra-zones.

Les habitudes commerciales ont orienté des échanges commerciaux des colonies vers les métropoles au détriment des échanges intra-africains. Cette situation est largement reflétée par les réseaux de communication qui sont plus orientés vers le littoral que transversaux, ce qui constitue un véritable frein aux échanges. Il en résulte généralement dans chaque pays un manque d’informations sur les produits industriels disponibles dans les pays voisins. Quant aux politiques économiques menées, elles se sont traduites par des coûts d’achat des matières premières importées trop élevés en raison de droits de douane souvent prohibitifs.

D’autres freins, d’ordre structurel, technique et administratif concernent l’inadaptation des voies et moyens de transport entre les différents pays ; l’insuffisance et l’incommodité du réseau de télécommunication entre Etats ; la similitude des unités de production installées dans chaque pays et se livrant concurrence ; les mentalités et les habitudes de consommation ; la perméabilité des frontières et l’épineux problème de la fraude.

Quant aux obstacles d’ordre technique, il faut retenir : l’insuffisance ou le manque de coordination des politiques de développement entre les Etats-membres ; la faible compétitivité des produits de l’UEMOA ; la faiblesse de l’esprit d’initiative de la plupart des dirigeants d’entreprise ; l’insuffisance de formation des cadres aux techniques du commerce international ; les problèmes liés au financement du commerce dans la sous-région (garantie, risque de non-paiement, etc.).

Sur le plan administratif, il faut noter les tracasseries administratives et douanières dont sont constamment victimes les opérateurs économiques ; les différences d’interprétation abusive du système de la licence d’importation ou de déclaration préalable d’importation ; etc.

Le faible développement actuel de l’intégration régionale dans l’UEMOA est en particulier le produit du double handicap auquel sont confrontés les Etats enclavés par rapport aux Etats côtiers. Leur agriculture connaît des conditions

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naturelles plus défavorables, et leurs industries, du fait des marchés intérieurs plus réduits et du coût supérieur des intrants importés, ont du mal à affronter la compétition avec celles des pays côtiers. Leur avantage comparatif principal - le coût plus bas de leur main-d’oeuvre - a été trop rarement valorisé.

2.3. 2.3. Les conséquences de la crise financière en Asie

Constituées principalement de matières premières agricoles ou minières, les exportations des pays de l’UEMOA commencent à subir le contrecoup de la crise économique et financière asiatique.

Cette crise se manifeste par une réduction des recettes d’exportation en liaison avec la baisse des cours et avec la disparition de débouchés pour les productions locales. Elle se manifeste également par une concurrence accrue sur les marchés de matières premières des pays asiatiques tirant avantage d’une dévaluation compétitive.

a) Les produits les plus touchés par la crise

La chute des cours des matières premières n’a pas touché tous les produits.

Le cacao, les phosphates, le café robusta ont bénéficié de cours internationaux favorables.

Tableau 9 : Evolution des cours (en dollars) des principales matières premières exportées par l’Afrique entre 1997 et 1998 (11 mois)

Baisse des cours supérieure à 20 %

Cuivre - 27 %

Nickel - 32 %

Bois - 34 %

Pétrole - 32 %

Café arabica - 28 %

Baisse des cours entre 5 et 20 %

Aluminium - 15 %

Coton - 16 %

Caoutchouc - 8 %

Or - 11 %

Stabilité ou appréciation des cours

Cacao + 6 %

Café robusta + 5 %

Thé - 1 %

Phosphates 0 %

Source : FMI et Marchés tropicaux - 22 janvier 1999.

Pour l’UEMOA, la baisse des cours concerne plus particulièrement le coton, les bois tropicaux, le caoutchouc.

Le coton représente la plus grande part des exportations de l’UEMOA vers l’Asie. La baisse de la demande asiatique s’explique pour deux raisons :

- la Chine a réduit ses importations qui sont passées de 13 % du commerce mondial du coton, pendant les campagnes 1995-96, à 7 % en 1996-97 ;

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- les pays ayant connu une forte dévaluation de leur monnaie depuis l’été 1997 ont diminué leurs achats de coton. C’est le cas de la Thaïlande, de la Corée et de l’Indonésie.

Pour ne citer qu’un exemple, l’Indonésie, un des pays les plus touchés par la crise, a pratiquement cessé ses importations de coton depuis le début de l’année 1998. Les filatures locales payent le coton importé trois à quatre fois plus cher qu’elles ne le payaient avant la crise. Au cours de la dernière campagne, l’Indonésie importait 46 000 balles de coton, dont près du tiers en provenance de l’UEMOA.

Les pays les plus touchés par la crise du coton sont le Mali, le Bénin et le Burkina Faso. A court terme, l’incertitude prévaut sur le marché du coton. Le tassement de la demande mondiale et la hausse constante des parts de marché des fibres synthétiques exercent une pression à la baisse sur les cours.

Comme pour le coton, le marché mondial des bois tropicaux s’est réduit.

La Côte d’Ivoire exporte des bois vers l’Asie de l’Est mais en moindre quantité que le Gabon ou le Cameroun, et est moins affectée par la baisse des prix.

Les cours du caoutchouc naturel ont fortement baissé au cours de l’année 1997. L’Asie représente plus de 49 % de la consommation et plus de 90 % de la production mondiale. Les cours sont légèrement remontés durant le premier trimestre 1998, après les incendies qui ont ravagé plusieurs régions d’Asie du Sud-Est. En dépit de ce redressement, les prix sont restés à un niveau très faible.

Les exportations de caoutchouc de la Côte d’Ivoire représentent 2 % de ses échanges extérieurs.

Tableau 10 : Part dans les exportations totales des pays considérés - 1997 (sauf pour la Guinée)

Bénin Burkina Côte d’Ivoire Mali Togo

Cacao & dérivés 33 % 2 %

Coton 51 % 51 % 3 % 48 % 24 %

Caoutchouc 2 %

Bois 8 %

Café robusta 7 % 3 %

Or 7 % 33 %

Phosphates & dérivés 26 %

Autres exportations 49 % 42 % 47 % 19 % 45 %

Source : Direction du Trésor « Ouverture commerciale et intégration régionale dans les pays de la zone Franc », mars 1998.

b) Un impact différent selon les pays de l’UEMOA

L’évolution contrastée des cours des différentes matières premières ainsi que la plus ou moins grande concentration des exportations se traduisent par des impacts différents sur les pays exportateurs.

Le Burkina Faso et le Niger ont été moins touchés par la crise que les autres pays de l’UEMOA, tandis que le Mali et le Togo, plus tournés vers les pays asiatiques, ont davantage ressenti l’impact de la crise. En effet, le Mali concentre

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essentiellement ses échanges sur la Thaïlande (et seulement 0,8 % sur le Japon), tandis que les exportations du Togo vers l’Asie représentent 10,6 % de ses exportations totales.

Tableau 11 : Répartition des exportations du Mali et du Togo vers les différents pays de l’Asie de l’Est - 1995-1997 (en % des exportations mondiales

de ces deux pays africains)

Pays de destination Part des exportations du Mali du Togo

Japon 0,8 % 2,5 %

Thaïlande 20,5 % 1 %

Indonésie 1,6 % -

Malaisie 2,3 % 1,8 %

Philippines 0,5 % 2,9 %

Hong-Kong - 0,3 %

Singapour - 2,1 %

Total 25,7 % 10,6 %

Source : Marchés tropicaux n° 180, du 22 janvier 1999.

Au Sénégal, le secteur des conserveries de poisson a été durement touché par les dévaluations asiatiques, en particulier par la Thaïlande qui propose des conserves de poissons à des prix défiant toute concurrence. En octobre 1998, trois conserveries ont été obligées de mettre leur personnel au chômage technique, ce qui a concerné trois mille salariés. Ces arrêts forcés de production ont entraîné l’impossibilité pour les filières thonières d’absorber les pêches de thon quotidiennes, alors que ce secteur représente le premier poste d’exportation du Sénégal, avec 165 milliards de francs CFA de recettes en devises en 1998.

Globalement, on peut ainsi constater que les pays de l’UEMOA ont été relativement épargnés par la crise asiatique en 1998 ; c’est le cas notamment de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao (40 % de la production mondiale) et sixième producteur de café, qui a bénéficié de cours favorables sur ces deux produits.