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Au début, le développement durable a été introduit dans les organisations dans un but de communication. Dans les entreprises privées, le terme de RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) est employé pour montrer que l’entreprise prend en considération les enjeux du développement durable. Le concept de RSE apparaît dans les travaux de Carroll (1979), qui définit la RSE comme ce que la société attend des organisations en matière économique, légale, éthique et discrétionnaire. En effet, face aux catastrophes, telles que le naufrage de l’Erika, les entreprises doivent rassurer les actionnaires, mais également les clients potentiels qui sont de plus en plus soucieux de l’écologie et du social (travail des enfants, par exemple). En France, la loi NRE (loi sur les Nouvelles Régulations Economiques) de 2001 fixe l’élaboration d’un rapport sociétal, puisque « la diffusion d’informations s’inscrit dans la réduction de l’asymétrie d’information et elle est destinée à réduire les conflits d’intérêt » (Capron et Quairel-

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Lanoizelée, 2009, p.20). Le rapportage permet alors de rendre des comptes. Cependant, deux visions s’opposent : la vision américaine et européenne puisque les deux cultures sont différentes. En effet, « la notion de performance de la responsabilité sociétale a une signification différente aux Etats-Unis et en Europe continentale. Dans le premier cas, elle est étroitement associée à la performance financière et dans le deuxième cas elle est reliée à la notion de performance globale » (Moquet, 2010, p.82). La performance globale quant à elle peut se définir « par la réunion de la performance financière, de la performance sociale et de la performance sociétale » (Germain, Trébucq, 2004). Comme le montre la figure 15, elle est tridimensionnelle (Reynaud, 2003).

Figure 15 : la représentation de la performance globale

Source : Reynaud, 2003

La performance globale ne peut exister sans performance environnementale, sociale et économique. La performance sociale est ici interne à l’organisation, ce sont les agents qui sont impactés. La performance à mesurer est donc multidimensionnelle (Maurel et Tensaout, 2014b ; Issor, 2017). Aussi, ces auteurs présentent un modèle de la performance globale montrant bien les liens de causalité entre les pratiques, les performances intermédiaires (financière, environnementale et sociale) permettant d’atteindre la performance globale (figure 16).

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Figure 16 : le modèle conceptuel de la performance globale

Source : Maurel et Tensaout, 2014b, p.80

Nous pouvons constater que les pratiques sociales, sociétales et environnementales et les pratiques d’entreprises qui influencent la performance économique et financière. En effet, l’élaboration d’un bâtiment à énergie positive peut permettre de réduire les coûts liés à l’énergie de la collectivité. Chaque performance intermédiaire est inter-reliée aux autres et l’agrégation de toutes ces performances permet de pouvoir envisager d’atteindre la performance globale. Les différences de vision entre les européens et les anglo-saxons peuvent s’expliquer dans un premier temps par une divergence de conception de l’individu dans la société. Aux Etats-Unis, l’individu est considéré comme responsable, il n’a pas à réclamer de protection et il agit en fonction de ses intérêts en ayant confiance dans le marché comme instrument régulateur. Il est donc méfiant vis-à-vis de l’Etat. A l’inverse, l’individu européen est un être social, qui dépend des autres et s’intègre dans un enchevêtrement de responsabilités individuelles et collectives. L’accent est mis sur la responsabilité collective. L’opposition peut également s’expliquer par la différence de conception de l’intérêt général : aux Etats-Unis, le bien commun existe dès qu’existe la communauté. En revanche, pour les européens le bien commun est une construction politique nécessitant un débat et reposant sur la croyance en la capacité des individus à transcender leurs appartenances et leurs intérêts pour former une société politique (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2010, p.30-31). Ceci peut expliquer pourquoi la littérature américaine est plus orientée vers le calcul des coûts du développement durable et comment réduire ces coûts. A l’inverse, les européens recherchent la mesure de la performance globale, et sur les avantages à court et long terme des rendements (Bartolomeo et al., 2000). Notre recherche se positionne au sein de la littérature européenne, c’est-à-dire la recherche de la performance globale. Nous pensons qu’il ne faut pas considérer uniquement les coûts pour mener des politiques publiques

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prônant un territoire durable, et que chaque pilier du développement durable doit être pris en considération lors de l’élaboration d’un projet territorial.

Pour de nombreux auteurs, le contrôle de gestion est amené à devenir un contrôle de gestion environnemental (Henri et Journeault, 2010 ; Renaud, 2015). Nous présentons dans les prochaines sections les outils pouvant être utilisés pour mener un contrôle de gestion environnemental. Il convient de distinguer trois types d’outils : ceux visant le reporting et donc la comptabilité environnementale, le calcul des coûts (comptabilité environnementale de gestion) et les indicateurs avec les tableaux de bord (Eco-contrôle). Les composants du contrôle de gestion environnemental sont présentés dans la figure 17.

Figure 17 : Les composants du contrôle de gestion environnemental

Source : tiré de Renaud, 2015, p. 71

Le reporting est à l’intersection de la comptabilité environnementale et l’éco-contrôle. Pour Henri et Journeault (2010), l’éco-contrôle permettrait d’améliorer la performance environnementale et financière des organisations. Le rapport de développement durable serait donc un outil de cet éco-contrôle. La comptabilité environnementale de gestion fournit des informations pour la prise de décisions (Antheaume, 2013). Le contrôle de gestion environnemental aurait un rôle de reporting environnemental, mais également de contrôle interne de la performance et d’émergence de nouveaux objectifs à travers les retours d’expériences (Renaud, 2015).

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§ 2 - La prise en compte des informations financières :