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4 Les critères d’évaluation de la connaissance produite

Les critères d’évaluation de la connaissance produite dépendent de nos choix épistémologiques (David, 1999 ; Gohier, 2004). Du fait de notre posture interprétativiste, les critères de validité et de fiabilité de la connaissance produite dépend des précautions prises par le chercheur et sa rigueur dans la conduite des travaux (Gohier, 2004 ; Drucker-Godard et al., 2007). Contrairement au paradigme positiviste qui se positionnement dans une démarche de tests et de démonstration, il est ici question de légitimation des connaissances produites (Avenier et Gavard-Perret, 2008). Il s’agit alors, à travers la double subjectivité de notre recherche (La Ville, 2000), de s’assurer de la traçabilité et de la transparence de la construction des connaissances. Afin de minimiser les lacunes de notre travail, différents auteurs proposent des critères différents. Par exemple, pour Thiétart (2007), il peut s’agir de la fidélité, de la validité interne et externe, de la validité du construit. Il existe d’autres critères comme la crédibilité, la fiabilité, la saturation, etc. (Giordano, 2003, p.33). Concernant notre recherche, nous relevons

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quatre critères permettant l’évaluation des connaissances produites : la validité du construit (A), la crédibilité (B), la transférabilité (C) et la fiabilité (D).

A - La validité du construit

Ce critère est spécifique aux sciences sociales puisque les objets de recherche renvoient à des concepts souvent abstraits non directement observables. « Ce sont des formes abstraites qui ont généralement plusieurs significations différentes d’où la difficulté à trouver des règles qui permettent de les désigner » (Drucker-Godard et al., 2007, p. 265). La validité du construit peut être obtenue lorsque le chercheur a vérifié que la démarche de sa recherche, ainsi que les outils de collecte et d’analyse des données utilisés, permettent de répondre clairement à sa question de recherche (Drucker-Godard et al., 2007).

Nous avons ainsi mis en avant des propositions de recherche articulées visant à définir un modèle de recherche. Nous avons précisé notre grille de codage et nous avons défini plusieurs niveaux de code pour être le plus précis possible. Nous avons présenté différentes preuves afin d’établir une « chaîne d’évidence » (Yin, 2003), à savoir un modèle de recherche explicité, des concepts référencés dans la littérature, une méthodologie précise et des verbatim en exemple ; permettant aux personnes extérieures à notre recherche de comprendre la construction des connaissances (Drucker-Godard, 2007). Nous avons également eu recours à différentes sources de données à la fois primaire et secondaire (Miles et Huberman, 2003), à savoir les entretiens semi-directifs mais également l’étude de documents présents sur les sites internet des métropoles.

B - La crédibilité

Le critère de crédibilité renvoie à un souci de validité interne (Gohier, 2004). La crédibilité « consiste à s’assurer de la pertinence et de la cohérence interne des résultats générés par l’étude ; le chercheur doit se demander dans quelle mesure son inférence est exacte et s’il n’existe pas d’explications rivales » (Drucker-Godard et al., 2007, p. 278-279). Selon Ayerbe et Missonnier (2006), la validité interne d’une recherche qualitative suppose d’une part, des résultats « justes », « authentiques » et « plausibles » par rapport au(x) terrains(s) d’étude et d’autre part, des résultats liés à la littérature antérieure. Il s’agit donc de vérifier que les connaissances produites ne sont pas biaisées par des interprétations du chercheur trop éloignées de celles des acteurs.

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de la littérature (Yin, 1994), ce qui nous a permis d’affiner progressivement notre analyse des données et d’éviter certains oublis conceptuels. Nous avons ensuite décrit et explicité de manière détaillée la stratégie de recherche et les outils d’analyse des données, ce qui contribue à rendre plus transparent le cheminement permettant l’élaboration des résultats, ou tout du moins à les livrer à la critique et à rechercher une saturation du terrain (Yin, 1994).

Nous avons également soumis nos travaux à la discussion à d’autres chercheurs lors de conférences, de workshop mais également au sein de notre laboratoire de recherche afin de veiller à corroborer nos interprétations (Gohier, 2004). Ces discussions nous ont permis d’améliorer notre méthodologie, nos éléments théoriques et empiriques.

C - La transférabilité

La transférabilité signifie « l’application, même limitée, à d’autres contextes » (Gohier, 2004, p.7). Selon cet auteur, elle repose sur l’échantillonnage théorique et la description du contexte. Pour Yin (2003), les études de cas reposent sur une généralisation analytique, dans un objectif d’enrichissement théorique. Nous avons fait le choix d’une étude de cas multiple, et avons détaillé le choix de ces cas. Nous avons également interrogé des acteurs plus centraux au niveau des organismes publics tels que la DREAL qui possède des informations sur un territoire plus large que la métropole. Ainsi, plus la méthode de recherche est précise, plus elle pourra être reproduite à un autre contexte. Nous pouvons ainsi envisager un terrain différent comme les régions ou les communautés urbaines.

D - La fiabilité

La fiabilité « consiste à établir et vérifier que les différentes opérations d’une recherche pourront être répétées avec le même résultat par des chercheurs différents et/ou à des moments différents » (Drucker-Godard et al., 1999, p. 275). Dans les recherches qualitatives, cette fiabilité est liée à la capacité du chercheur à présenter sa recherche consciencieusement afin d’en assurer son caractère reproductible. Le chercheur doit être transparent en définissant ses choix épistémologiques et méthodologiques, ce que nous avons présenté dans ce chapitre. La fiabilité renvoie à la cohérence entre l’objet de recherche et les résultats produits (Gohier, 2004). La synthèse qui suit offre une vision simplifiée du design de la recherche avec les choix opérés.

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Synthèse du chapitre 4

Ce chapitre a permis de présenter le design de la recherche en explicitant nos choix épistémologiques et méthodologiques (section 1) ainsi que notre méthode de recherche employée avec ses critères d’évaluation des connaissances produites (section 2). Ce design est présenté dans le tableau 11.

Tableau 11 : le design de la recherche

Objet de la recherche Comment le développement durable est-il pris en compte au sein des métropoles françaises ?

Cadre théorique

Approche pluridisciplinaire de la littérature autour de deux thématiques : le contrôle de gestion de la performance globale et le management public, avec comme perspective d’ensemble la théorie de l’hypocrisie organisationnelle.

Positionnement

épistémologique Interprétativiste.

Démarche choisie Etude de cas multiple de huit métropoles : Nice, Marseille, Lyon, Brest, Rouen, Lille, Nantes, Nancy. Méthode de collecte des

données

Triangulation des données primaires et secondaires avec comme instrument principale de collecte : l’entretien semi-directif.

Méthode d’analyse des données

Analyse de contenu thématique assisté par le logiciel NVivo 12. Traitement qualitatif et quantitatif des données recueillies lors des entretiens.

Résultats attendus Exploration empirique de 4 propositions de recherche.

156 Introduction

La performance globale dans les collectivités territoriales : un concept encore peu connu

Première partie : construction d’un cadre théorique pour la recherche

Chapitre 1

Peut-on parler de pilotage dans une collectivité territoriale ?

Chapitre 2

Quels outils permettent l’intégration du développement durable dans les outils de

pilotage ?

Chapitre 3

Le développement durable dans les organisations publiques : entre communication, recherche de légitimité et

hypocrisie organisationnelle outils permettent l’intégration du développement durable dans les systèmes

de dans les systèmes de pilotage ?

Deuxième partie : l’étude empirique de la prise en compte du développement durable au sein des métropoles françaises

Chapitre 4

Le positionnement épistémologique et les choix méthodologiques : une étude de

cas multiples

Chapitre 5

Présentation des résultats et discussion partielle

Chapitre 6

Discussion générale et proposition des configurations des métropoles

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Chapitre 5. Présentation et discussions

partielles des résultats

L’objet de recherche est la prise en compte du développement durable au sein des métropoles françaises, et plus précisément s’il est inscrit dans la politique générale de la métropole. Ainsi, ce chapitre présente les résultats de nos entretiens suivant la répartition géographique des métropoles.

Ce chapitre est décomposé comme suit :

La section 1 présente les résultats des métropoles méditerranéennes, à savoir celle de Nice- Côte d’Azur et Aix-Marseille-Provence.

La section 2 présente les résultats des métropoles situées dans le Nord, à savoir Lille (la MEL) et Grand-Nancy.

La section 3 met en avant les métropoles du Nord-Ouest, qui sont Rouen, Brest et Nantes. La section 4 présente la métropole au statut particulier, c’est-à-dire à la fois une métropole et un département. Il s’agit de la métropole du Grand-Lyon.

Enfin, la section 5 présente les différents outils qui ont été mis en avant lors des différents entretiens.

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Section 1 - Les métropoles méditerranéennes

Nous proposons de présenter dans les paragraphes suivants l’étude de la métropole Nice Côte d’Azur (§ 1), celle d’Aix-Marseille-Provence (§ 2), ainsi qu’une synthèse de la région PACA (§ 3), avec d’autres acteurs publics.