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Pour apporter des réponses à nos questions, une analyse de contenu a été menée. C’est une méthode permettant d’analyser toute forme de communication, « c’est-à-dire tout transport de significations d’un émetteur à un récepteur, contrôlé ou non par celui-là » (Bardin, 2013, p.36). Elle intervient après la retranscription des entretiens. D’après Gavard- Perret et Helme-Guizon. (2008), l’analyse de contenu permet de comparer les réponses en termes de centres d’intérêts de groupes différents (en particulier ici les supérieurs hiérarchiques et les subordonnés). Les grands thèmes reviennent de façon récurrente dans chaque entretien et sont tirés de la grille d’entretiens. Il s’agit ici de codes descriptifs qui « ne suggèrent aucune interprétation, mais simplement l’attribution d’une classe de phénomènes à un segment de texte » (Huberman et Miles, 2003).

Il existe plusieurs types d’utilisations de l’analyse de contenu, dont les principales sont de :

 Dévoiler des différences culturelles dans les communications publi-promotionnelles.

 Identifier les attitudes, intentions, croyances, stéréotypes.

 Comparer les réponses en termes de centres d’intérêts, d’opinions.

 Confronter le langage de groupes distincts pour en faire apparaitre les similitudes et différences.

 Comparer des supports.

 Construire des typologies sur la base des différences et des similitudes dans les propos des individus (Gavard-Perret et Helme-Guizon., 2008, p.253).

Nous procédons à une analyse de contenu thématique consistant à disposer d’une même grille d’analyse pour chaque entretien. Toutes les séquences portant sur le même thème sont comparées entre elles (Blanchet et Gotman, 2007). La méthode utilisée pour mener cette analyse sera conforme à ce que propose Combessie (2007) : « Le premier objectif est de

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découper le texte en extraits tels que, à la question "de quoi parle ce passage ?", on puisse répondre d'un mot ou par un titre très bref. Ces mots clefs identifient les unités thématiques élémentaires du texte ». Nous utiliserons le guide d’entretien pour débuter ce travail de classification thématique, puisque : « Dans le cas des entretiens semi- directifs, le guide d'entretien propose déjà des mots clefs. Une lecture attentive du texte doit faciliter l'émergence de thèmes plus précis, nouveaux thèmes et sous-thèmes. » Nous avons ainsi décomposé notre guide d’entretien autour de trois thématiques principales : les projets de développement durable, le pilotage du développement durable et la gouvernance et le pilotage. Ces thématiques sont décomposées en questions principales et questions secondaires pour préciser la question principale si le répondant n’a pas été assez précis. Chaque thématique est décomposée en trois thèmes chacune. Le thème se dégage à partir de la revue de littérature (Bardin, 2013). Cette organisation permet de ne pas traiter la totalité du corpus (Gavard-Perret et Helme-Guizon, 2008), et permet donc de ne prendre en considération uniquement les informations pertinentes par rapport aux thèmes prédéfinis. Un seul découpage est donc envisagé. L’analyse thématique consiste au « comptage d’un ou plusieurs thèmes ou items de signification dans une unité de codage préalablement déterminée » (Bardin, 2013, p.77).

L’analyse de contenu repose sur une activité de « codage » du corpus de données textuelles. « Le codage consiste à découper les données (observation directe, discours, textes, images) en unités d’analyse, à définir les catégories qui vont les accueillir, puis à placer (ranger ou catégoriser) les unités dans ces catégories (Grawtiz, 1996) » (Allard-Poesi, 2003, p.246). La qualité du codage et donc la qualité de l’analyse de contenu reposent sur la rigueur et la créativité (Miles et Huberman, (2003). Le chercheur doit faire preuve d’une certaine rigueur en définissant les unités d’analyses et les catégories. Le codage des données qualitatives a deux fonctions : une fonction d’administration de la preuve et une fonction heuristique (Bardin, 2013).

Nous présentons ainsi le processus d’analyse de contenu (A), puis nous reviendrons sur les unités d’analyse choisies (B). Enfin, nous précisons les techniques de codage employées (C) et nous expliquerons les grands codes de notre grille (D).

A - Le processus de l’analyse de contenu

L’analyse de contenu est décomposée en trois étapes : la pré analyse, l’exploitation du matériel et le traitement des résultats permettant l’inférence et l’interprétation (Bardin, 2013 ; Gavard- Perret et Helme-Guizon, 2008, p.254).

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La première étape (préanalyse) permet une lecture dite « flottante », c’est-à-dire que le chercheur décide de faire des choix à l’aide d’indices, d’indicateurs. Ainsi, le chercheur parvient à déterminer le découpage du corpus, les catégorisations et les codes des unités. Cette phase nous a permis de préciser notre cadre théorique, notamment notre limite concernant l’idéologie que représente la performance globale. Nous avons alors mis en perspective la notion d’hypocrisie organisationnelle même si les concepts de légitimité et de communication étaient déjà ancrés dans notre revue de littérature. Lors de cette phase nous avons donc progressivement construit notre grille d’analyse. Ce qui nous a permis de nous prémunir contre le risque de circularité : « si l’on aborde un matériau avec des cadres théoriques prédéfinis, alors la tentation est de ne voir dans le matériau que ce qui confirme (éventuellement infirme, mais c’est rare) ce cadres théoriques » (Ayache et Dumez, 2011, p.34). Cette première étape permet au chercheur de s’éloigner du cadre théorique.

La deuxième phase est l’exploitation du matériel qui a pour objectif de procéder au codage des données. Nous nous sommes appuyés sur le logiciel NVivo. Nous avons utilisé la 10ème version puis la 12ème version étant donné que notre collecte de données a duré trois ans. Ce logiciel est plus ergonomique que le codage manuel et permet de gagner du temps. Il a permis le traitement et le croisement des données mais ne peut se substituer au chercheur.

Enfin, la troisième phase de traitement des résultats permet de produire des inférences et interprétations. Cette phase est répartie entre la déconstruction et la reconstruction des données (Gavard-Perret et Helme-Guizon, 2008). Il s’agit « dans un premier temps de détacher certains éléments de leur contexte, de les isoler des autres éléments du corpus (…) puis par des regroupements (…), de proposer un nouvel assemblage des données, porteur d’un sens nouveau, celui dégagé par l’analyste (p. 256).

B - Les unités d’analyse retenus et leur traitement

L’analyse de contenu peut porter sur le contenu des données qualitatives mais également sur le contenant selon que l’analyse se porte sur des « signifiés » ou des « signifiants » (Bardin, 2013). L’unité d’analyse peut être une unité « physique » ou une unité de « sens ». L’unité physique (contenant/signifiant) correspond à une unité liée à un texte, au temps ou au lieu en particulier. Les données sont étudiées selon leur forme. L’unité de sens (contenu/signifié) s’intéresse au sens des données. Elle peut « correspondre à une portion de phrase, une phrase entière ou un groupe de phrase suivant le matériau codé » (Allard-Poesi, 2003, p. 254).

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Au sein de notre recherche nous avons utilisé trois unités de sens différentes (Allard-Poesi, 2003, p.255) :

 Le sens d’un mot ou d’un groupe de mots selon leur signification dans le contexte étudié ;

 Le sens des croyances des répondants, c’est-à-dire les relations de causes à effets ou d’influence entre des phénomènes ;

 Le sens d’un ou des paragraphes lorsqu’ils révèlent un événement particulier.

L’analyse de contenu de nature thématique mobilise des unités de sens qualitative et quantitative (Miles et Huberman, 2003). Les techniques qualitatives et quantitatives sont utilisées de manière complémentaire afin d’améliorer l’interprétation mais également de trianguler les méthodes d’analyse (Miles et Huberman, 2003). L’analyse qualitative permet de regrouper et de classer les unités de sens similaires dans des codes et d’interpréter les relations qu’elles entretiennent (Allard-Poesi et al., 2007). L’analyse quantitative repose sur les fréquences d’apparition des unités de sens (Bardin, 2013), appelé item dans les tableaux présentant les résultats. La répétition « révèle les centres d’intérêts, les préoccupations des auteurs du discours » (Allard-Poesi et al., 2007). Nous avons eu une approche du corpus horizontale en recherchant les thèmes revenant d’un entretien à l’autre. Le discours individuel est donc déconstruit afin d’extraire dans chacun les parties communes (Gavard-Perret et Helme- Guizon, 2011). Notre stratégie d’analyse se rapproche du « pattern matching » (Yin, 1994), c’est-à-dire que les résultats obtenus sont examinés au regard des modèles imaginés par le chercheur et en fonction de la littérature mobilisée. Nous présentons dans les paragraphes suivants les techniques de codage mobilisées.

C - Les techniques de codage employées

Le processus d’élaboration des codes s’apparente à de la « cuisine » du chercheur (Allard-Poesi, 2003, p.273). Comme pour cuisiner, nous devons présenter notre recette à travers les types de codes générés (1), la manière dont ils ont été construits et leurs objectifs (2). Nous présenterons également la grille les codes de premier niveau (3).

1 - Les différents types de codes utilisés

Le code regroupe différentes unités de sens ayant une signification proche (Allard-Poesi et al., 2007). Il est nécessaire de définir des règles de découpage du corpus afin de préciser les unités

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à prendre en compte, notamment les mots, phrases, paragraphes… (Gavard-Perret et Helme- Guizon, 2008).

Allard-Poesi (2003, p. 269) a relevé différents types de relations entre les unités (X) et les codes (Y) dans la littérature. Notre codage renvoie à des relations d’inclusions (X est un type de Y), de cause à effet (X est le résultat et /ou la cause de Y), de raison (X est une raison pour faire Y), d’attribut (X est un attribut de Y). Cependant certaines unités de sens peuvent renvoyer à plusieurs catégories (Ayache et Dumez, 2011).

2 - Le processus de construction

La grille de codage s’est construite au fur et à mesure des allers-retours entre la théorie et l’empirique. La construction de la grille est donc la manifestation de la logique abductive. Le logiciel NVivo 12 nous a permis de construire plusieurs niveaux de « nœuds ». Ce logiciel permet de hiérarchiser les nœuds, ainsi les codes de premier niveau correspondent aux « nœuds parents ». Cette hiérarchisation nous a permis de présenter les dimensions et sous-dimensions du construit étudié, permettant de faire face à un volume important de données. Les thèmes de notre guide d’entretien nous ont permis de définir des méta-catégories explicatives (sous les thèmes). Ce sont des regroupements de catégories rendant compte de récurrences (Huberman et Miles, 2003). C’est un type de codage de second niveau.

Nous avons également enrichi cette grille de codage avec des codes émergents, venant compléter les concepts amenés, visant à nourrir la discussion. Ce codage émergent a été utilisé avant le processus interprétatif à visée explicative impliquant de rechercher des « associations constantes » (Miles et Huberman, 2003, p. 311).

3 - Présentation des codes de premier niveau

La grille de codage se structure autour de sept codes principaux permettant de hiérarchiser les codes de niveaux inférieurs. Ces codes ont été élaborés afin de répondre à plusieurs objectifs :

 Un objectif lié à notre compréhension des différents cas cités ;

 Un objectif lié à la première question de recherche pour mettre en évidence l’utilisation ou non d’outils de pilotage spécifiques aux collectivités (différents de ceux du privé) ;

 Un objectif lié à la deuxième question de recherche et qui prend en considération l’utilisation de ces outils et la prise en compte des parties prenantes.

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Le premier code, intitulé « Code 1. Eléments de contexte » L’étude de cas se veut une méthode d’étude contextuelle. Les éléments de contexte sont importants pour interpréter les résultats puisqu’ils peuvent les influencer. Ce code a permis de générer d’autres codes de niveaux inférieurs, de manière inductive, notamment l’historique du territoire, la situation géopolitique (certains répondants s’y sont référés naturellement).

Le deuxième code intitulé « Code 2. Développement durable » a été construit suite à la revue de littérature montrant les différentes définitions et représentations du développement durable. Ce concept dépend de la personne qui le définit. Et de cette définition dépend la mesure de la performance globale. Nous cherchons ici à mettre en perspective les différentes définitions de ce concept mais également à connaître la place de ce concept au sein de la politique publique. Est-ce que le développement durable est pris en compte lors de l’élaboration de la politique publique générale de la métropole ?

Le troisième code est intitulé « Code 3. Actions internes ». Comme explicité dans la revue de littérature, si la métropole à un rôle pédagogique, il faut qu’elle montre l’exemple. Pour ne pas qu’il y ait d’écart entre les discours et l’action, il convient de s’interroger si des actions de développement durable au sein même des services internes de la métropole existent. Au sein de ce code, nous pouvons nous interroger s’il existe également un suivi de ces actions internes. Le quatrième code se nomme « Code 4. La Communication ». Nous avons présenté le rôle essentiel du dialogue et de la communication par rapport aux démarches de développement durable. Il s’agit de s’interroger sur l’existence d’une communication en interne et/ou en externe. Au sein de ce code nous nous interrogeons sur la prise en compte de l’opinion du citoyen. Est-elle prise en compte au niveau de la politique générale de la métropole ? Quels sont les outils mis en œuvre afin de communiquer avec les citoyens ? Quels sont les supports de la communication et quels en sont les destinataires ? Autant de questions auxquels nous pourrons apporter une réponse.

Le cinquième code intitulé « Code 5. Pilotage » est le code permettant de répondre principalement à notre première question de recherche, c’est-à-dire l’existence ou non d’outils de pilotage de la performance globale au sein des métropoles. Les critiques du NPM amènent à penser que les outils issus du privé ne peuvent être directement calqués au public. Ainsi, il convient de s’interroger sur l’existence d’outils spécifiques aux collectivités. Nous pouvons nous demander si les agents parlent de performance et si les parties prenantes (en particulier les citoyens) sont impliquées dans l’élaboration des outils, c’est-à-dire s’il y a co-construction.

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Le sixième code vient préciser le code précédent. Il s’agit du « Code 6. Outils ». Etant donné la classification des outils de pilotage décomposée en budget, coûts et tableaux de bord, nous nous demandons si les agents introduisent le développement durable dans le calcul des coûts et du budget. Notre revue de littérature nous amène à préciser que le tableau de bord est un outil essentiel pour le pilotage de la performance globale. Nous précisions alors le code outils en code de niveaux inférieurs plus précis concernant la construction des tableaux de bord, le types d’indicateurs, l’utilisation du tableau de bord, si l’agent connaît le Sustainability Balanced Scorecard. Nous précisons également au sein de ce code les outils règlementaires mais également volontaires utilisés au sein des métropoles.

Enfin, le septième code est intitulé « Code 7. Gouvernance », permettant de préciser si les parties prenantes sont impliquées dans les projets et les décisions de développement durable. Des codes de niveaux inférieurs mettent en avant la volonté politique, les liens avec les autres organismes publics tels que l’ADEME, l’organisation interne de la métropole, notamment la gouvernance entre la métropole et les communes.

Cette grille de codage semi-structurée nous a permis de rapprocher l’étude empirique avec le cadre conceptuel et théorique (Dumez, 2010). Notre grille de codage ne constitue qu’un codage parmi tant d’autres (Allard-Poesi, 2003), résultant de la double subjectivité du chercheur et de celle des répondants. Ainsi, nous présentons dans les paragraphes suivant, les critères d’évaluation de la connaissance produite.