• Aucun résultat trouvé

5.6- Violence, et certains troubles psychosociaux

« La violence et les autres problèmes psychosociaux au travail s’alimentent mutuellement ».

David Gold Joannah Caborn Programme SOLVE (SOLVE, un programme global

de formation et d’action de l’OIT)

5.6.1- Violence et stress, le couple infernal du travail infirmier : lien linéaire ou circulaire ?

La dyade stress/violence constitue, selon les constats de toutes les études et enquêtes faites sur les RPS, les risques les plus fréquents au travail. Que la violence soit l’incident déclencheur du stress, ou que le stress soit, plutôt lui, le facteur initiateur d’un épisode de violence externe ou interne au sein de l’organisation de travail, leur coexistence affecte incontestablement le bien-être du travailleur. (INRS, 2015). Il s’agit, en fait, d’une spirale, où les facteurs se chevauchent et les effets s’enchevêtrent, rendant, ainsi, difficile la détermination du degré d’implication de chacun d’entre eux. Pour, M. Debout, la confrontation du travailleur à des actes de violence à répétition (injures, humiliations, …), pourrait entrainer chez lui un état de stress aigu qui finira par s’installer. A ces deux facteurs psychosociaux, viennent se greffer d’autres ressentis psychologiques, comme le sentiment d’impuissance, d’insécurité, d’humiliation et, parfois, de culpabilité, constituant ainsi le lit d’une éventuelle dépression ou autre pathologie mentale. (Debout, 1999).

Dans le domaine du travail, le stress peut survenir de façon aigue, comme il peut être chronique. Dans ce dernier cas, (stress chronique), il se traduit par une réaction du corps à une situation stressante qui perdure, comme par exemple, le cas d’un travailleur, qui subit tous les jours des demandes et des exigences professionnelles dépassants ses capacités. On désigne, aussi, par état de stress chronique, la situation où, le professionnel est fréquemment heurté à des incidents violents quelle qu’en soit la forme, et même les plus « insignifiantes » d’entre elles (des

d’injures ou des humiliations répétées…). Par cet effet de répétition, elles finissent par épuiser ses capacités, et user le travailleur, voire le consumer. (INRS, 2011, 2015).

5.6.2- Violence en relation spirale avec les pathologies mentales :

Aborder cette notion de violence, en général, ou dans le domaine du travail, nous amène inéluctablement, à réfléchir sur ses origines et sur le caractère « normal » ou pathologique, qu’elle revêt. Et de là, la question qui se pose : la violence est-elle toujours pathologique ? Pour répondre à cette question, C. Dejours, suppose que, bien que le lien entre violence et pathologies mentales soit très étroit, il n’y a cependant pas d’évidence. Il explique ceci en disant que certaines personnes font usage de la violence en toute conscience, et considèrent que le recours aux actes violents est tout à fait légitime, sinon une vertu, ou une qualité qui est l’expression de courage et de virilité. Il ajoute que : «la violence est une conduite possible chez tous les êtres humains, qu’elle prenne la forme explosive de la crise de colère ou qu’elle se différencie dans les formes innombrables et raffinées du sadisme maitrisé. » (Dejours, 2012, p.30).

La violence peut, parfois, être expliquée par un trouble de comportement ou une pathologie mentale déstabilisant son auteur et l’amenant à un passage à l’acte. En revanche, aborder la violence sous l’angle de la victimisation, la violence aurait, selon le recensement des écrits, des conséquences néfastes sur les personnes qui la subissent, que ce soit dans le monde du travail ou ailleurs. (OMS, 2014).

5.6.3- Violence et syndrome anxio-dépressif

Les troubles anxieux, constituent l’une des manifestations du stress et de la violence. L’anxiété, est un état émotionnel négatif, qui est constitué de trois composantes d’après Glouzmann : la perception d’un danger imminent mais « sans objet apparent », conduit à une position d’attente face à ce danger, ainsi qu’un sentiment de désorganisation en rapport avec un sentiment d’impuissance envers ce danger. L’anxiété, s’exprime par des symptômes physiques ; (nausées, palpitations, précordialgies, transpiration et difficultés à respirer, gastralgies, douleurs abdominales), et psychiques, (des difficultés mnésiques, l’hyperréactivité au bruit et troubles de la concentration. Elles sont aussi aigues ou chroniques. (Glouzmann, 1995).

5.6.3.1- Anxiété

Le DSM IV (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) et CIM-10 (classification internationale des maladies), présentent une classification qui répertorie l’anxiété en plusieurs entités, que nous pouvons citer ici comme (attaque de panique, trouble anxieux généralisé, les phobies, Le stress post traumatique ou syndrome psycho-traumatique.).

Pour la « North American Nursing Diagnosis Association » (NANDA),l’anxiété peut être favorisée par plusieurs facteurs que nous pouvons énumérer comme : « Stress, changement de l’état de santé, risque de mort ». Dans le contexte particulier qui nous intéresse, c’est le stress et le risque de mort qui engendrent cet état d’anxiété, appelé état de stress post traumatique, ainsi que les symptômes qui en découlent. (NANDA, 2010, p.324)

Albert et Chneiweiss, utilisent l’analogie suivante : pour comparer stress et anxiété : « on réalise qu’il en est du stress et de l’anxiété, comme ces faux amis que l’on rencontre dans l’apprentissage d’une langue, ils se ressemblent en apparence mais ils ont un sens différent …véritables faux semblants de la psychologie du XXe siècle. ». (Albert et Chneiweiss, cité dans

Djedid et Mameri, 2017, p. 32). Suite à un burn out, les sujets peuvent ou non développer une anxiété, et cela dépendra de leurs capacités d’adaptation, face aux contraintes qu’ils affrontent au travail. Ce qui implique, en conséquence, la nécessité d’une prise en charge spécifique, en fonction des individus et de leur lieu de travail. (Djedid et Mameri, 2017, p. 46).

5.6.3.2- Dépression

Une étude danoise reprise par le Nouvel Observateur, a démontré que les personnels exposés à des violences voire, des menaces, sur leur lieu de travail, de la part d’usagers de service, sont particulièrement exposés à la dépression et aux troubles inhérents au stress.

Cette surexposition à la dépression est estimée selon une étude parue sur l’Epidemiology and Community Health, à 45% chez le personnel féminin, et à 48% chez les hommes. Et ce, par rapport à d’autres personnels qui ne sont pas exposés à la violence dans leur travail.

Par ailleurs, la surexposition à la dépression augmente en rapport avec la fréquence des agressions et des violences subies, selon Joanna Wieclaw, Jens Peter Bonde, de l'hôpital de l'université d’Aarhus, au Danemark. (Boukortt, 2016).

Pour rappel, la dépression est une perturbation psychique qui affecte essentiellement, l’humeur ou la thymie. Sa symptomatologie s’articule autour de trois maitres signes : Altération pathologique de l’humeur, inhibition psychomotrice, en plus des signes somatiques. Par la suite, il y a installation des idées noires et d’une idéation suicidaire, qui envahissent le sujet et s’imposent comme la seule issue pour mettre fin à la souffrance (Zeitter, 1998, p.7).

Résumé

Le présent chapitre s’intéresse essentiellement, et dans un premier temps, à relater les écrits de la littérature sur les différents types du stress, à savoir ; le stress aigu, le burn out, le bore out, le brown out, ainsi que le stress post-traumatique. Dans un deuxième temps, nous avons tenté de vérifier s’il existe dans la littérature, des études qui exploreraient les liens entre la violence au travail, notamment dans le domaine de soins, et certaines variables d’intérêt, ce qui nous servira d’étayage dans l’interprétation et la vérification des hypothèses de notre recherche.

6- STRATEGIES DE COPING CHEZ LES INFIRMIERS

FACE A LA VIOLENCE ET AUX SITUATIONS

STRESSANTES

Défense et coping: «Un continuum des mécanismes d’adaptation, allant de la défense […] au coping». (Ionesco, 1991).

Face à la souffrance et à la détresse psychologique, vécues au travail, les infirmiers, mettent en place des stratégies de coping et des moyens de défense, pour s’adapter à des situations stressantes multiples. Ces stratégies diffèrent d’un individu à un autre, en fonction de sa perception du stress, son interprétation de la situation stressante, sa personnalité, ses défenses, …etc.).

Dans ce chapitre, nous allons examiner, dans un premier temps, et selon une revue de la littérature, certains éléments théoriques clés, en rapport avec les stratégies de coping, principalement selon le modèle de Lazarus et Folkman, (1984), mais aussi selon d’autres chercheurs qui se sont penchés sur cette question, comme Endler et Parker (1990), qui ont conçu le CISS, et sur lequel nous-nous sommes basés pour explorer les stratégies de coping chez les infirmiers de notre population d’étude. Dans un second temps, nous allons affiner notre recherche, en nous concentrant, plus, sur l’utilisation du coping par les infirmiers, à travers des recherches effectuées dans plusieurs pays. Nous chercherons à mieux comprendre le coping chez ces professionnels de santé, et ses spécificités, tout en prenant en considération la dimension culturelle. Nous consacrons, également, une petite partie théorique pour les stratégies de défense telles qu’analysées par l’approche psychodynamique du travail de C. Dejours. L’apport de cette approche, ne pouvant qu’enrichir et compléter celui de l’approche transactionnelle de Lazarus et Folkman, malgré la différence entre les deux modèles,

Cette base théorique nous aidera à repérer les types de coping déployés par ces infirmiers, et les liens possibles avec la violence, le stress, ainsi qu’avec les troubles psychosociaux, comme la dépression, l’anxiété, le burn out …, dans un domaine de travail stressant, notamment dans les services des urgences, objet de notre étude.

Outline

Documents relatifs