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Nous pensons selon notre hypothèse générale que la perception de la violence externe, est liée et modulée par plusieurs facteurs, tels que les conditions du travail, le climat organisationnel, le stress, la nature de la communication et de la relation au sein des services de soins, notamment ceux des urgences. Nous allons donc tenter de mieux comprendre ces facteurs et les liens qui les unissent. Et tenter également d’apprécier certaines conséquences de cette violence sur la santé physique, psychologique, et professionnelle, de cette population infirmière, et nous supposons à ce titre, que certaines stratégies de coping et de défense ont un impact sur la minimisation de la violence externe (par les usagers de soins).

Nous allons essayer, à l’aide d’une analyse psychosociale, et avec une lecture dynamique de vérifier les hypothèses que nous présentons ci-après, à travers notre population à l’étude, afin de mieux comprendre les fondements et certains des aboutissants de ce phénomène.

Nous examinerons, les principaux axes suivants

1) Les caractéristiques sociodémographiques et socioprofessionnelles qui peuvent rendre les infirmiers plus sensibles et vulnérables à l’exposition de la violence. (En particulier le jeune âge des des infirmiers et le service d’urgence comme lieu spécifique de soins).

2) La perception négative du climat organisationnel dans les services de soins (urgences et hospitalisation), et son rapport avec la violence.

3) La perception négative et le vécu des infirmiers de certains types du stress, du burn out, et du stress post-traumatique, chez les infirmiers, et leurs liens avec la violence. 4) La défaillance de la communication et la déterioration des pratiques relationnelles de

soins chez les infirmiers, et leurs liens avec la survenue de la violence.

5) Le choix et le degré d’efficacité des stratégies de coping, et de defense, face aux risques psychosociaux vécus par l’infirmier en milieu de soins.

A la lumière de ces grands axes, quatre hypothèses phares, vont nous aiguiller dans notre recherche.

➢ Pour la première hypothèse

Nous supposons que dans une première phase d’exploration du pénomène de la violence, nous allons vérifier, si la violence est liée à des caractéristiques démograpiques et socio-professionnelles des infirmiers à l’étude. La vérification de cette hypotèse, nous permettra de mieux comprendre les liens qui pourraient exister notamment entre la variable âge des infirmiers et le phénomène de violence au travail infirmier. Etnous supposons également que le service d’urgence, comme lieu de soins central dans notre étude est réputé en Tunisie et ailleurs, comme étant le service de soins le plus exposé à la violence et aux risques psychosociaux, en comparaison aux autres services de soins. Nous allons donc vérifier entre autres cette hypothèse dans notre étude.

➢ La deuxieme hypothèse

Nous supposons que la perception du climat organisationnel au sein des services de santé, tel que perçue par les infirmiers est liée d’une certaine manière à l’emergence de la violence entre les infirmierset les usagers de soins. Et ce, en se basant sur le modèle de Jones et James (1979), et adapté par Gagnon et al. (2005).

Il convient de rappeler que la nature et la structure d’un climat organisationnel donné, sont déterminantes, soit positivement ; (en offrant un climat valorisant et favorable à assurer un travail et un service de qualité). Soit, négativement, en contribuant à travers un mode de structure et de fonctionnement ; (rigide, dégradant ou sans soutien et sans reconnaissance, envers les travailleurs). Ce qui pourrait entrainer des difficultés d’appartenance, d’implication et de satisfaction chez les professionnels, et par conséquent ces difficultés peuvent, favoriser, ou majorer, le stress et la violence (entre les collègues ou avec les usagers de soins), en milieu hospitalier.

Nous supposons que, plus un climat organisationel est perçu comme négatif, plus le stress auprès des infirmiers augmente, et par conséquence, ces derniers deviennent plus sensibles à la violence, de la part des patients et de leurs familles.

Une sous hypothèse sous-jacente que nous pouvons formuler ici est que la violence est liée d’une part, à des caractéristiques socio-démograpiques et socio-professionnelles des infirmiers, et d’autre part aux spécificités du service d’urgences comme un lieu de soins central dans notre étude et qui est réputé en Tunisie et ailleurs, comme étant le service de soins le plus exposé à la violence et aux risques psychosociaux,

➢ Pour la troisieme hypothèse

Nous supposons que le stress, constituant un des risques psychosociaux, (RPS), est étroitement lié à la violence, (qu’il se situe en amont ou en aval de cette violence), et il constitue un des

Par ailleurs, nous estimons qu’à travers les perceptions de stress que se font les infirmiers, face aux contraintes de leur travail et leurs réactions face à la violence seraient variables. En effet nous-nous basons sur l’approche interactionniste de Lazarus et Folkman, (1984), pour vérifier cette hypothèse. Un stress perçu comme elevé, peut avoir un lien, avec une situation de violence, lors d’une interaction infirmier-patient/famille.

Nous allons vérifier dans cette lignée si le stress qu’il soit aigue, chronique (épuisement profesionnel), ou post-traumatique entretiennent des liens avec la sensibilité des infirmiers à la violence subie par les usagers de soins.

Une sous-hypothèse, que nous estimons pertinente, est en rapport avec le lien entre burn out, comme syndrome évolutif du stress au travail (épuisement professionnel), et la qualité des pratiques relationnelles de soins, envers les patients, mais aussi, sur la santé des infirmiers, qui en souffrent. Nous-nous sommes référés à l’inventaire de Maslasch ; (MBI), et au modèle de caring, sur les pratiques relationnelles de soins (PRS), par le biais de l’échelle des interactions infirmiers-patient/famille, de Watson, (1979, 1988), et adaptée par Cosette, et al, (2006), pour comprendre la perception de ces variables par les infirmiers ainsi que les liens qui s’établissent entre elles.

➢ Pour la quatrième hypothèse

Elle portera sur la perception que les infirmiers ont des pratiques relationnelles de soins, en termes d’importance ; (pratiques privilégiées), et en termes de fréquence ; (pratiques actuelles), ou encore l’écart entre les deux. Bien que cette dimension relationnelle des soins soit souvent considérée comme abstraite, voire invisible (Wolf, 1989), des données théoriques et empiriques ont permis sa conceptualisation, et son évaluation, en se basant sur le modèle de caring, dans un cadre interactionnel entre infirmiers/patients, inscrit dans un contexte propre à la discipline infirmière. (Roch, 2008). Cette perception des PRS, nous orientera vers la qualité relationnelle de soins, comme variable influençable par le climat social au travail, et le stress et elle est de ce fait, susceptible, d’entrainer d’une part, une dégradation au niveau relationnel, et communicationnel, et d’autre part, d’altérer la qualité de service et de soins envers le patient. Partant de cette base, nous supposons qu’une relation de soins détériorée, et non acceptée par les usagers de soins, peut aboutir à la survenue de la violence.

➢ La cinquième hypothèse

Il s’agit d’une hypothèse portant plutôt sur un registre d’adapatation et de régulation face à des situations stressantes, dont la violence. L’hypothèse tentera de vérifier à quel degré le choix des coping, telles que mobilisés par les infirmiers, peuvent jouer un rôle régulateur, face à la violence et aux situations stressantes en milieu de soins. Nous-nous appuierons sur le modèle d’Endler et Parker (1990), tel que tiré du modèle de Lazarus et Folkman (1984) par le biais de l’inventaire (CISS). Nous estimons, donc, que le choix d’un coping centré sur « l’émotion », ou sur « l’évitement », pourrait être incohérent avec une situation de violence, dans un contexte de soins aux urgences. Et nous supposons que le coping centré sur le problème est plus approprié, s’il est utilisé dans ce contexte particulier de soins.

Une sous-hypothèse, qui semble s’imposer d’elle-même est celle en rapport avec le rôle que peuvent jouer aussi les stratégies de défense, qu’elles soient individuelles ou collectives face à la violence et aux situations stressantes

Ainsi, nous pensons que l’ensemble de ces variables, quoi qu’elles semblent complexes, vu leurs imbrications, nous éclairera sur nos interrogations, et nous apportera des éléments de réponses pertinents, (une fois elles seront testées), pour mieux comprendre ce phénomène et pouvoir le prévenir.

Nous présentons ci-après les hypothèses et leur opérationnalisation

1. Evaluer les liens entre caractéristiques sociodémographiques et socioprofessionnelles et la perception, qu’ont les infirmiers du stress, de l’organisation du travail et de la violence par les patients et leurs familles.

H1 : Les infirmiers les plus jeunes, peuvent être plus touchées par la violence, que les autres. H2 : Les infirmiers travaillant dans les services des urgences, peuvent être plus confrontés à la violence par les usagers de soins (patients et familles), que les infirmiers travaillant dans les autres services « d’hospitalisation ».

2. Déterminer l’impact du climat organisationnel (avec ses dimensions composites), sur certains risques psychosociaux dans le travail infirmier

H1 : Un climat organisationnel perçu comme négatif, peut rendre les infirmiers plus sensibles à la violence et peut aussi induire un stress perçu plus elevé chez les infirmiers,

H2 : Un climat organisationnel perçu comme négatif est lié à une déterioration des pratiques relationnelles de soins (PRS).

3. Déterminer les liens entre les différents types du stress, et la violence, dans le travail infirmier, notamment aux urgences.

H1 : Un stress perçu comme elevé, à travers les scores de l’inventaire de JSS est lié à une plus grande sensibilité à percevoir la violence des patients et de leurs familles.

H2 : Un stress perçu comme elevé, est lié à un degré elevé de burn out et à des scores élevés du stress post-traumatique (QSPT).

4. Déterminer l’impact d’une défaillance au niveau de la communication et des pratiques relationnelles de soins, sur une plus grande sensibilité et exposition à la violence par les patients et leurs familles, notamment aux urgences.

H1 : Une mauvaise communication, en termes de manque d’informations ou de qualité de communication, peut aboutir à des situations de violence entre les infirmiers et les usagers de soins.

H2 : Des pratiques relationnelles de soins insuffisantes et déteriorées, peuvent conduire à être confronter à plus de situations de violence, et à d’autres risques psychosociaux en l’occurrence, le stress, le burn out...

5. Déterminer le choix de coping le plus utilisé par les infirmiers et son degré d’efficacité pour faire face à la violence et aux situations stressantes en milieu de soins.

H1 : Le choix de coping, centré sur « l’émotion », et « l’évitement », par les infirmiers, peut être moins efficace (comparativement au copingcentré sur le problème), pour faire face à des situations de violence perpétrée par les patients et leurs familles.

H2 : Des stratégies de coping peuvent être renforcées chez certains infirmiers par des stratégies de défense individuelles et/ou collectives pour se protéger contre la violence subie à leur égard.

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