• Aucun résultat trouvé

N Corniche des Cévennes

II LES VARIATIONS DANS L'ORGANISATION DU QUARTIER 2.1 A L ’ ECHELLE LOCALE

2.1.2 Variations du quartier engendrées par les pratiques modernes (Fig 15)

2.1.2.1 Pratiques agricoles

De vastes espaces sont actuellement abandonnés bien qu ils soient encore appropriés par la société locale et ses prolongements dans l émigration qui considère la terre comme un capital ou un lien affectif avec leur territoire. L émigration et le vieillissement de la population locale ont provoqué une baisse de l activité agricole avec, pour corollaire, une extension de l espace approprié mais non exploité, à partir des secteurs les moins accessibles, et donc une contraction de l espace mis en valeur.

C est dans ce contexte de sous-exploitation de l espace, simultanément en intensité de mise en valeur et en étendue spatiale, qu interviennent les processus de retour à la terre. A partir de 1965 et jusqu en 1980, des urbains rompent avec leur mode de vie pour s installer en Cévennes en investissant le plus souvent dans des activités agricoles. Les exploitations qu ils achètent sont souvent les moins accessibles, situées dans les lieux reculés en haute vallée, et parfois aussi dépourvues de ressources en eau. Certaines nouvelles exploitations se sont avérées non viables, étant soit des sous-ensembles incohérents d un système de production, soit inadaptées aux projets de l exploitant. Jouxtant de vastes espaces de parcours, d autres exploitations projetaient le développement d élevages extensifs peu ou pas gardés, mais elles se sont heurtées au poids culturel de la maîtrise foncière. Les difficultés à louer de la terre aux locaux, en particulier par baux oraux, ont parfois fait avorter de nouvelles installations par impossibilité d obtenir un statut d agriculteur.

Les nouveaux arrivants en Cévennes ont finalement apporté peu de modifications à l organisation de l espace cévenol. Beaucoup d exploitations se sont arrêtées faute de moyens de production ou de dispositions pour le métier d agriculteur dans cet environnement physique contraignant. Celles qui s affirment et durent ont adopté le schéma typique de l agriculture cévenole combinant une mise en valeur agro-sylvo-pastorale de l espace à des activités de rapport, parfois novatrices, mais en nombre relativement limitées (canards gras, dindons courants, petits fruits, etc.). Elles contribuent, avec les exploitations des résidants de longue date, à l entretien d une partie de l espace et à l inertie temporelle de l inscription spatiale du quartier, les clivages techniques et sociaux ayant tendance à s estomper entre anciens et nouveaux habitants qui finissent par s assimiler au territoire.

2.1.2.2 Pratiques non agricoles

Toutefois, l entretien de l espace par la mise en valeur agricole ne concerne plus qu'une faible partie du territoire. Le manque de bras et les difficultés de maîtrise foncière se conjuguent aux nécessités de rentabilité économique qui privilégient la production sur des espaces restreints, totalement maîtrisés et, si possible, mécanisables, au détriment d une exploitation combinée de toutes les ressources des versants.

Le centre du modèle de mise en valeur est toujours exploité, même si certaines parcelles partent en friche, mais les activités rurales se dispersent selon deux axes qui privilégient la mise en valeur des replats de terrain :

- le coeur du quartier, d exploitation intensive, perle sur les versants, dans les auréoles périphériques, en des prairies, le plus souvent irrigables et mécanisables ;

- il s allonge dans les fonds de vallées qui deviennent alors un lieu de confrontation des pratiques rurales, l activité agricole (prairies, vergers) entrant en concurrence avec l activité touristique qui truste le bord des rivières pour y implanter des structures d accueil, campings, ranchs, etc.

Les auréoles périphériques sont, quant à elles, touchées par la déprise, due au dépeuplement, à la contraction de l espace agricole et au blocage foncier. Les nouveaux modes de mise en valeur de cet espace sont, outre l'élevage extensif généralement non gardé : les résidences non agricoles, le plus souvent secondaires ; les reboisements privés, en petites parcelles dans la châtaigneraie, ou publics (O.N.F.) ; et les activités de cueillette ou de promenade.

Enfin, l entretien et le re-aménagement de certains axes routiers traversant les Cévennes, comme la Corniche des Cévennes, entraînent l ouverture privilégiée de certains quartiers qui peuvent alors développer des activités rurales et, en particulier, l accueil des touristes.

1 2 3 1 2 3

Modèle haut de pente

Modèle versant

Modèle bas de pente Ensoleillement

Habitat Clède, Grangette

Cultures sur terrasses

Domaine des prés et des vergers Boisements privés ou domaniaux Contraction de l'espace agricole

Châtaigneraies

Landes, friches ou boisements divers Voie d'accès au centre du quartier

Limite d'extension altitudinale de la châtaigneraie

Cours d'eau + + + + + + _ _ _ + _

- Contraction de l'espace agricole qui . se concentre sur le centre du quartier . investit les terres mécanisables

. s'étire le long des rivières où il entre en concurrence avec le tourisme

- Déprise des auréoles périphériques réinvesties par . les résidences secondaires

. des taches de boisements naturels . les reboisements

. le tourisme diffus

Hameaux agrégés sur un pan de versant

exposé au sud Hameaux agrégés par

convergence de bassins-versants

Hameaux disposés en arête sur les hauts d'un versant exposé au nord

Ensoleillement 1 2 3 1 2 3

Ensoleillement 1 2 + + 1 2

2. Par exploitation commune ou complémentaire des ressources

Quartier-"haut" à dominante pastorale Quartier-"bas" à dominante sylvestre

Duplication d'un quartier dans l'exploitation différenciée d'un versant

Agrégation de quartiers par l'exploitation commune de la ressource hydrique

Modèle de complémentarité Exemple de complémentarité : Trabassac

Quartiers ruraux qui s'industrialisent (laine, soie) avec la construction de moulins à eau (XVIIème siècle)…

… et s'associent dans l'exploitation commune de la ressource hydrique…

… pouvant conduire à l'émergence d'un village rue au niveau de la vallée Moulin La Roquette La Devèze Le Villaret Trabassac-haut Trabassac-bas VALL ÉE PRINCIPALE