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N Corniche des Cévennes

II LE COEUR DE LA MISE EN VALEUR DU TERRITOIRE 2.1 A U CENTRE , LE BAT

2.1.1 L’habitat diffus

Le point de déploiement de la mise en valeur de l'espace est le mas qui peut être :

- isolé. C'est le cas quand l'exploitation met en valeur un replat de terrain de taille réduite ne pouvant supporté qu'un foyer, en particulier dans les hauts versants et sur les épaulements. C'est également le cas pour les fermes construites au XIXème siècle lors de la croissance démographique maximale et qui sont situées en général sur l'ubac. Le groupe social de base est la famille, regroupant autrefois plusieurs générations.

- groupé en un hameau. C'est le cas le plus général, les reliefs favorables ayant été fortement investis, en particulier sur les adrets. Le groupe social de base est alors une unité comportant plusieurs foyers ayant entre eux des relations étroites.

2.1.1.1 Le mas

Situé au coeur de l unité de vie domestique, le mas est composé des parties suivantes :

- un corps central à usage d'habitation. Il s'étage en général sur plusieurs niveaux, la pente du terrain étant mise à profit pour avoir deux rez-de- chaussée superposés, avec une cave et parfois des écuries à l étage inférieur, et le cadre de la vie familiale (une vaste salle, la cuisine, 1 ou 2 chambres) à l étage supérieur. Le dernier niveau, quand il existe, est une grange ou autrefois, une magnanerie pour l'élevage du ver à soie.

- des petits édifices annexes indépendants à vocation agricole, adjacents ou non au bâtiment principal : le four individuel pour cuire le pain, la citerne, la réserve de fagots de bois et éventuellement la porcherie, ainsi que parfois une "clède", celle-ci étant construite presque toujours à l'écart à cause des risques d'incendies.

Il emprunte en général au site les éléments de sa construction, ce qui fait qu'il est particulièrement bien intégré dans le paysage. Avec la spécialisation de l'agriculture, à partir de 1960, des bâtiments agricoles modernes ont été ajoutés au mas : bergerie, grange, etc. S ils sont fonctionnels, ils ne sont pas forcément bien adaptés au style du pays cévenol.

Une des actions majeures du PNC dans sa zone centrale est d'aider les exploitants à construire des bâtiments le moins dommageable possible pour l'esthétique du paysage.

Associé au mas et quelquefois même à l'intérieur, le cimetière familial des protestants est un élément original des paysages cévenols. Il peut être situé dans un pré, une vigne ou un potager. L'emplacement des sépultures est marqué souvent par une simple lause. Des cyprès sont venus soulignés cette présence au XIXème siècle.

Également associés au mas, des écarts , clèdes et bergeries, sont les dépendances indispensables au bon fonctionnement des systèmes de production qu il déploie.

La bergerie est construite dans le domaine d'altitude, loin de la massière. Elle peut faire fonction de grangette, quand elle est associée aux prés de fauche les plus éloignés des habitations et sert à stocker le foin. Plusieurs grangettes peuvent ainsi jalonner le parcours du bétail afin de minimiser le travail lié à son alimentation.

La bergerie, quand elle est située dans les landes d'altitude, a pu par le passé constituer un véritable mas annexe. Le berger y passait l'été à garder ses bêtes et à cultiver son pourtour. C'est ainsi qu'il a développé des prés de fauche à la tête du talweg pour les irriguer, et qu'il a construit des terrasses pour les cultures vivrières. Il s est ainsi créé un modèle réduit, à une heure de marche environ des habitations principales. A la fin de l'été, le berger descendait les récoltes à la ferme.

La clède est un petit bâtiment de pierre qui sert à sécher les châtaignes pour en faire de la "blanchette" (ou châtaigne séchée). Elle permet de conserver le fruit, petit et cloisonné, qui est principalement destinée à l'alimentation du bétail. La clède, qui peut être associée au mas, est plus généralement située en pleine châtaigneraie, ce qui permet d'éviter le pénible transport des châtaignes fraîches.

La localisation de ces écarts, liés au fonctionnement du système rural cévenol traditionnel, permettent de comprendre en partie l'évolution des paysages. Historiquement, il est fort probable qu'ils aient été :

- des orbites de colonisation agricole à partir desquelles ont pu se faire la mise en valeur des pâturages et le développement consécutif de l'élevage, ainsi probablement que l'aménagement de la châtaigneraie qui a pu s'étendre à partir des écarts, parfois hors de son domaine de prédilection grâce au travail des bergers ;

- des points de repliement lors des guerres de religion, les Cévennes étant à cette époque une montagne refuge.

2.1.1.2 Le hameau

Il est constitué du groupement d'exploitations. Même s'il est probable qu'il y avait à l'origine de la constitution du hameau des liens de parenté étroits entre les foyers le constituant (parentelle, affrérement) (LEROY- LADURIE, 1969), cette filiation s'est complexifiée au cours du temps, à la suite de mariages, héritages, etc.

Il n'en demeure pas moins que le hameau constitue une entité cohérente de mise en valeur de l'espace et, par suite, de construction du territoire. Il est vraisemblable que les travaux les plus lourds comme l'aménagement et la gestion de la châtaigneraie ou la construction de terrasses ont été réalisés par le biais de groupes qui pourraient être lignagers et liés au hameau (SABATIER (CNEARC), com. pers.).

Le hameau comporte des éléments communs aux mas qui le composent comme les voies d'accès, les dispositifs d'irrigation et les conduites d'eau, ou autrefois, l'aire à battre. Généralement, le fonctionnement de ces éléments est soumis à une réglementation. Par exemple, le droit d'eau s'aliène en même temps que la terre.

Quand le hameau se densifie en développant des activités artisanales, industrielles ou commerciales, il peut créer un embryon de structure urbaine qui attire des commerces et des services et constitue alors un bourg, lieu d'échanges et de rencontres entre les quartiers environnants, ancré dans la ruralité.