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N Corniche des Cévennes

I SCHEMA D'ORGANISATION DU QUARTIER 1.1 L' ESPACE DE MISE EN VALEUR INTENSIVE

1.2 L' ESPACE DE MISE EN VALEUR EXTENSIVE

Autour du coeur du quartier exploité intensivement, s'étalent des terres d'exploitation extensive mais néanmoins essentielles au fonctionnement de l'économie domestique : la châtaigneraie sur les versants proches, les landes et les bois dans les secteurs de moindres potentialités agricoles, ces terres étant l'objet de pratiques extensives (pâturage, récoltes, cueillettes, etc.).

1.2.1 La châtaigneraie de versant

Les habitations et les terres cultivables sont enserrées dans la châtaigneraie cultivée de façon semi-extensive. Cette châtaigneraie de versant est, avec l'élevage extensif, et depuis le XIIIème siècle le fondement de l'agriculture cévenole, en combinaison avec une activité artisanale et commerciale (soie, ressources d'appoint). Elle est limitée dans son extension par des contraintes bioclimatiques. Son aire naturelle s'étend entre 300 et 900 mètres d'altitude. Au-delà, elle cède la place à des landes à genêts, bruyères ou fougères.

Cette châtaigneraie est diversement entretenue et exploitée. Les paysans ont mis à profit, entre les XIIIème et le XIXème siècles, les accidents de relief pour construire des murets à partir des blocs de pierre en place. Ce faisant, ils ont maîtrisé la gravitation de l'eau ; ils ont retenu la terre et l'eau nécessaires à l'arboriculture du châtaignier, et conduit l'eau excédentaire vers une tranchée naturelle (valat) ou artificielle, évitant également un déchaussement des racines de l'arbre.

La châtaigneraie des versants est exploitée pour :

- la récolte de ses fruits, avec des clèdes disposées çà et là pour le séchage de la châtaigne ;

- le pâturage du petit bétail ; - le bois.

C'est un élément charnière de la mise en valeur de l'espace cévenol. Géographiquement située entre le coeur du quartier et ses marges, elle sert d'interface entre les modes d'exploitation intensif et extensif, et combine dans un même espace l'arboriculture, l'élevage et, ponctuellement, l'agriculture, pour constituer un véritable système agroforestier qui assure les fonctions suivantes : - production de calories pour l'alimentation humaine et l'entretien du bétail

grâce au fruit ;

- fourniture de bois par un entretien annuel des arbres (rejets, bois mort) ; - transfert de fertilité entre les parcelles par déplacement du troupeau ;

- régulation du régime hydrique en alimentant les eaux souterraines ou le débit d'étiage des valats grâce au système racinaire

- production économique de châtaignes, de piquets de vigne ou de tanin. Elle a été remplacée localement par des plantations de résineux plantés lors des reboisements de l après-guerre.

Les pratiques d'exploitation des châtaigneraies de versant sont le plus souvent limitées au greffage et à la plantation de l'arbre, ainsi qu'à la mise en place fréquente de murettes. Il n'est pas encore prouvé que la châtaigneraie ait toujours été liée à un système d'irrigation et qu'elle ait été l'objet d'une culture attentive sur l'ensemble de l'espace qu'elle a occupé au plus fort de son expansion, c'est-à-dire au XIXème siècle. Il est par contre vraisemblable que l'aménagement de la châtaigneraie soit directement lié à l'histoire de la démographie en Cévennes, avec ses phases de conquête et de déprise, et aux accidents climatiques comme tend à le prouver l'étude de P. ROLLAND (1992) sur la haute vallée du Galeizon.

Dans l'espace de la châtaigneraie semi-extensive, il n'y aurait non pas une, mais plusieurs auréoles de mise en valeur centrées sur le mas et distinctes les unes des autres par leur mode de mise en valeur. Les châtaigneraies les plus éloignées des mas ont été plantées vers 1850 lors de l'occupation maximale du territoire (Cf. Annexe 1). La plantation et l'exploitation de la châtaigneraie ont suivi les mouvements des poussées démographiques qui ne sont pas forcément linéaires.

Actuellement, les châtaigneraies de versant encore entretenues et exploitées sont situées à proximité des lieux habités, quand les conditions du milieu et la structure foncière le permettent.

1.2.2 Les pâturages de sommet

Sur les serres, au dessus des habitations, les landes et parcours sont mis en valeur par du pâturage extensif. Ce sont des terrains en pente et sans culture, qui sont parfois d'usage communautaire (communaux, sectionaux).

Ces terres pastorales sont des secteurs qui ne peuvent pas être plantés en châtaigniers car elles sont généralement à des altitudes supérieures à la limite bioclimatique de cet arbre, ou sur des versants rocheux. Elles n'ont pas été touchées par l'extension de la surface irriguée car il est difficile d'y amener l'eau. Le degré d'artificialisation de ces pâturages est assez faible. Ils sont modelés par un pâturage multilinéaire et maintenus à l'état de pâturage par le passage fréquent du feu dans les landes. Cette mise en valeur des sommets est effective avec certitude depuis 1550 où elle constituait des "hermes" (MESTRE, 1992). Elle date probablement de bien plus longtemps.

En combinaison avec ces espaces de mise en valeur extensive, des formations végétales peu artificialisées gagnent du terrain au gré de la déprise des activités humaines et en fonction de l'étagement altitudinal de la végétation (Cf. Annexe 2) :

- l'étage méso-méditerranéen est colonisé par les groupements à chêne vert ; - l'étage du chêne sessile est couvert de taillis de châtaigniers qui se fait

recolonisé par du chêne blanc et des pins ;

- en altitude, le groupement de la hêtraie-chênaie, de l'étage montagnard inférieur, évolue vers la chênaie mais plus fréquemment vers la lande à genêt purgatif.