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N Corniche des Cévennes

IV LES MARGES DE LA MISE EN VALEUR DU TERRITOIRE 4.1 L A CHENAIE DE C HENE BLANC ET ROUVRE

4.6 L ES MILIEUX ROCHEU

4.8.3 La lande de genêt à bala

Elle présente un moutonnement sombre avec de longues tiges dressées caractéristiques, parsemé de fleurs jaunes de mai à juillet, puis de gousses pendant l'été. Elle est parfois mélangée avec la bruyère cendrée.

Sa présence est liée à des sols non calcaires, profonds et remués. Elle est localisée dans les secteurs concaves et les bas de versants où l'enneigement est faible.

Elle colonise les terres délaissées par les cultures, les bords des chemins, les lisières, les trouées dans la châtaigneraie. Elle se répand très rapidement grâce à l'efficacité de la dissémination des graines et à leur durée de vie dans le sol. Le couvert végétal de la lande se ferme donc rapidement ; mais elle supporte mal l'enneigement et est sensible aux incendies surtout après les périodes de froid.

Bien que fermée au début et empêchant l'installation d'autres plantes, la lande de genêt à balai ne vit pas plus d'une quinzaine d'années. Le dépérissement des pieds provoque spontanément des ouvertures dans la lande. Comme elle occupe un sol relativement riche et profond, la dynamique forestière s'y développe rapidement quand le feu ne la dévaste pas.

Les landes à genêts (purgatif et à balai) étaient autrefois utilisées par les agriculteurs comme engrais azoté. Elles fournissaient du petit bois pour la boulange. Aujourd'hui, elles ne sont plus exploitées que par l'élevage quand elles ne sont pas trop denses.

Ce sont des éléments de paysage caractéristiques de la déprise agricole qui deviennent typiques des paysages cévenols. Ils font la joie des touristes par leur floraison spectaculaire, en même temps que le désespoir des agriculteurs qui y voient une manifestation de leur perte de contrôle sur

l'espace. Atout esthétique pour les uns, perte identitaire pour les autres, les genêts sont des éléments de paysage qui posent un problème de gestion de la ressource, non en terme de conflits pour son appropriation, mais de divergences de points de vue sur le paysage.

4.9 LA HETRAIE

La hêtraie est localisée dans le haut des vallées, dans un secteur dévolu à la pratique de l'élevage. A cet étage, elle se distingue généralement bien des autres éléments de paysage : les peuplements de résineux et les landes. Ses couleurs sont tranchées : son feuillage est vert pâle au printemps, plus sombre en été, jaune et roux en automne ; en hiver, ses branches sont gris rougeâtre.

La présence du hêtre est liée à l'humidité de l'atmosphère, tandis qu'il est indifférent à la nature du sol. Il se trouve à l'étage des brouillards, au-delà de 1000 mètres environ, et plus bas sur les versants exposés au nord et dans les creux de vallées. Le problème de sa présence dans les vallées cévenoles est la sécheresse estivale du climat méditerranéen qui lui est défavorable, même si le total des précipitations annuelles est élevé dans le haut des vallées.

Dans les secteurs où il est présent, il forme des groupements presque purs. Il exerce une concurrence sévère sur les autres arbres, et ses plantules peuvent subsister à l'ombre de son propre feuillage qui est très dense.

Il est parfois en mélange avec le sapin pectiné avec lequel il partage les mêmes exigences écologiques. Toutefois, le sapin est facilement dominé par le hêtre qui le cantonne souvent dans des secteurs défavorables (expositions froides, éboulis, versants convexes) ; il a été défriché et exploité pour son bois. Il ne constitue pas en Cévennes des taches bien perceptibles dans le paysage. Dans la mesure où il est intimement lié au hêtre, la hêtraie sapinière est, par extension, assimilée à de la hêtraie.

La dynamique de la hêtraie est corrélée à la pression pastorale. Devenue dominante dans les hautes vallées voici 5.000 ans environ, la hêtraie a subi un défrichement important et a été transformée en pâturages dès le XVIIIème siècle, puis en châtaigneraie. Son histoire est une suite d'avancées et de reculs selon les fluctuations des activités humaines. A l'apogée des Cévennes, au XIXème siècle, il ne reste plus que des lambeaux de hêtraie.

Depuis, la tendance s'est à nouveau inversée. Libérées par le recul de la pression pastorale, les landes sont d'abord peuplées de pins qui créent une ambiance forestière et un sol où le hêtre peut se développer.

V - LA CHATAIGNERAIE

Les paysages cévenols sont marqués par la présence de la châtaigneraie qui en constitue l'élément dominant, englobant l'espace de mise en valeur intensive (cultures, prés, vergers) autour des habitations. Depuis mille ans, la châtaigneraie a constitué l'élément charnière du système cévenol, sur lequel s'est appuyée l'économie paysanne pour développer des spéculations agricoles ou artisanales (Cf. Annexe 1). Aujourd'hui, elle n'a plus le même type de fonctionnement qu'autrefois et constitue, dans sa grande majorité, un élément hérité de systèmes ruraux passés. Elle forme, en combinaison avec les autres éléments, des paysages qui peuvent être considérés comme en déshérence. Ces paysages, produits d'une histoire riche, véhiculent une forte valeur culturelle, liée en grande partie à la châtaigneraie.

Des producteurs et des associations continuent toutefois d'entretenir cette châtaigneraie ou la réhabilitent. Même si leurs actions sont localisées et ont un impact faible sur les paysages, il est important que notre analyse s'intéresse à leurs actions. Il s'agit peut être des prémisces d'une réhabilitation des châtaigneraies, qui constituerait une nouvelle forme du modèle de mise en valeur du territoire cévenol actuellement dominant.