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III VALIDATION D’HYPOTHESES D’ORGANISATION SPATIALE SUR L’EXEMPLE D’UN PETIT TERRITOIRE

N Corniche des Cévennes

III VALIDATION D’HYPOTHESES D’ORGANISATION SPATIALE SUR L’EXEMPLE D’UN PETIT TERRITOIRE

Pour rendre compte de l'organisation spatiale du territoire de la commune de Gabriac, une carte d'occupation du territoire a été établie suivant des critères morphologiques qui ont une signification naturelle et sociale. Elle a été réalisée à partir de l'interprétation de photographies aériennes I.R.C., fournies par l'I.F.N qui, par le jeu de la texture et de la fausse couleur, permettent de détecter les éléments de paysage. Le résultat de l interprétation photographique est reporté sur le fond cartographique au 1/2 500 des documents cadastraux de la commune. Cette échelle est suffisamment grande pour analyser finement les rapports entre le territoire et les pratiques rurales. Dans un premier temps, il a été établi autant de cartes qu il y a de sections communales (4 pour Gabriac). Puis, ces cartes ont été numérisées, géoréférencées et assemblées sous Arc/info, pour aboutir à une carte d'occupation du territoire figurant le paysage de la commune (Cf. Carte 6). Cette carte est établie selon une légende à 8 postes de nomenclature susceptible d'éprouver les hypothèses d'organisation spatiale émise lors de la modélisation spatiale. La mise en oeuvre du SIG permet de mettre en oeuvre des procédures simples de vérification des relations spatiales entre les éléments de paysage, du type : inclusion, adjacence ou orientation.

Selon le découpage qui a été proposé pour la Vallée Française dans le chapitre 2, la commune de Gabriac (852 ha) présente un paysage bien individualisé correspondant au bassin versant du valat de Font Bonne d Aire Ventouse, mis en valeur par trois quartiers (Gabriac, La Falguière et Soulatges), et un bout de paysage au nord, mis en valeur en autres par deux quartiers de Gabriac (Prunet, Marsillargue).

La châtaigneraie est largement dominante sur la commune où elle occupe 593 ha, soit 70% de la superficie. Elle constitue la matrice des paysages de Gabriac. L'espace cultivé, friches comprises, occupe 113 ha, soit 13% de la superficie totale, ce qui traduit la vocation agricole de Gabriac par rapport au reste des Cévennes. Les agriculteurs, au nombre de 4, ont des systèmes de production orientés sur l'élevage intensif de chèvre, pour la production de pélardon, ce qui nécessite d'accès à des prairies irriguées et mécanisables et, dans une moindre mesure, aux châtaigneraies. Le tableau suivant présente le détail des surfaces par types d'occupation du sol :

Tableau 3 : Répartition des types d'occupation du sol de la commune de Gabriac

TYPE D'OCCUPATION DU SOL surface (ha) % de la superficie totale

Cultures 98 11

Friches 14 2

Vergers de châtaignier 47 5,5

Châtaigneraies abandonnées 416 49

Châtaigneraies espacées + maquis 55 6

Chêne vert + maquis 142 17

Pin 4 0,5

Mélange Châtaignier Pin 76 9

Verger de châtaignier Châtaigneraie en déprise Cultures

Friche ou Sarothame Chêne vert ou Maquis

Pin

Pin + Châtaignier Chêne vert + Châtaignier

Route Piste Lieu-dit Cours d'eau Légende : ORGANISATION SPATIALE DE LA COMMUNE DE GABRIAC 0 300 600 m

N

© G.I.P. RECLUS, D. Gautier, 1995 Habitations Soulatges la Falguière Gabriac Gabriac Massilargue

Au niveau global, l'organisation du territoire de la commune est caractérisée par deux principes d'organisation spatiale majeurs qui jouent à deux niveaux : une opposition des versants principaux au niveau du paysage, et des modèles centre-périphérie, au niveau du quartier, qui s'insèrent dans cet environnement.

L'opposition des versants est marquée entre un ubac humide recouvert de châtaigniers et un adret sec recouvert de chênes verts et de maquis. Le détail de l'organisation spatiale différenciée par versants peut être connue grâce à la mise en oeuvre d'une analyse spatiale sous SIG, combinant la couche d'occupation du sol à un modèle numérique de terrain. En jouant sur les expositions, ce dernier permet d'obtenir les surfaces occupées par les types d'occupation du sol sur chaque versant (Cf. Cartes 7 et 8).

Tableau 4 : Répartition des types d'occupation du sol sur Gabriac selon l'exposition

Versant exposé au nord Versant exposé au sud TYPE D'OCCUPATION DU SOL surface (ha) en % de lasuperficie

du type surface (ha)

en % de la superficie du type Cultures 79 81 19 19 Friches 4 28 10 72 Vergers de châtaignier 39 83 8 17 Châtaigneraies abandonnées 363 87 53 13

Châtaigneraies espacées + maquis 31 56 24 44

Chêne vert + maquis 36 26 106 74

Pin 3,5 90 0,5 10

Mélange Châtaignier Pin 76 100 0 0

TOTAL par versants 631,5 220,5

;; ;; ;;;;; ;;;;; ;;;;; ;;;;; ;;;;; ; ; ;;; ;;; ;;;

Mélange châtaigneraies + pin Pin

Chêne vert + maquis

Châtaigneraies espacées + maquis Châtaigneraies d'abandon Vergers de châtaignier Friches Cultures ;;;;; ;;;;; ;;;;; ;;; ;;; ;;; ;;;;; ;;;;; ;;;;; ;;;;; ;;;;; ;;;;; ;;;;; ;;;;; ;;;;; ;;; ;;; ;;;

Fig. 20 : Comparaison de la répartition des types d'occupation du sol sur Gabriac, selon l'exposition des versants

Territoire global Versants

La majorité de l'espace de Gabriac (74%) est située sur versant exposé au nord, donc relativement humide, ce qui explique la prédominance de la châtaigneraie constatée au niveau d'organisation du paysage, et la vocation agricole de la commune. 81% des prairies sont localisées en versant nord du fait des possibilités d'irrigation, tandis que 72% des friches sont situées sur en versant sud pour les raisons inverses. Par ailleurs, le pin, bien qu'écologiquement moins exigeant que le châtaignier, ne se diffuse qu'en versant nord. Considérons désormais l'organisation respective de chaque versant. Sur les versants exposés au nord, les châtaigneraies encore exploitées ou abandonnées représentent 64% de la superficie. Les maquis et chênaies vertes, en mélange ou non avec des châtaigneraies espacées, ne représentent que 11% de la surface des versants nord. Ils sont localisés sur les milieux rocheux. A l'inverse, sur les versants exposées au sud, les châtaigneraies exploitées ou d'abandon ne représentent que 28% de ces versants. Les chênaies vertes et maquis, en mélange ou non avec des châtaigneraies espacées, représentent 59% de cette superficie. Les châtaigneraies espacées sont, dans ce cas, localisées dans les combes, à la recherche de l'eau.

Ces oppositions de versants sont une contrainte naturelle qui s impose aux hommes et dont ils jouent. Les fermes autrefois avaient des parcelles disséminées dans tous les types de milieu, sur les replats (cultures et vergers), sur l ubac humide (châtaigneraies) et sur l adret (vigne et bois de chêne vert). Cela conférait à l exploitation cévenole des possibilités de multi-usage de l'espace et une autonomie économique relative. Le paysage est en partie l héritage de cette mosaïque d'exploitations de polyculture-élevage. Il été marqué dans toute son étendue par l action de l homme. Aujourd'hui la viticulture et l'exploitation du chêne vert ont pratiquement disparu à cette altitude. Les versants exposés au sud ne sont pratiquement plus exploités que pour l'élevage extensif.

Au niveau d'organisation spatial du quartier, les centres de mise en valeur de l'espace sont disposés avec régularité dans ce milieu biophysique, essentiellement sur l ubac plus favorable, du fait de la présence et de l'abondance de la ressource hydrique, mais également sur l adret (Soulatges). Cela tend à valider l'hypothèse, formulée lors de la modélisation, selon laquelle le fait humain, qui s'exprime dans l'espace par le modèle de quartier, est prégnant.

Les quartiers ont pour coeur les hameaux, centres de vie et d'activités, autour desquels se déploient en auréoles les terrasses de culture, les prairies et les vergers encore entretenus. Ces relations spatiales peuvent être vérifiées sous SIG. Toutes les habitations sont incluses ou au moins contiguës à une clairière de prairies. Celles qui sont entourées de friches ou de châtaigneraie sont abandonnées ou en résidence secondaire, mais fonctionnaient suivant le même principe. Pour ce qui est des vergers encore exploités, 90% de leur nombre total sont adjacents au coeur du quartier. Le modèle élémentaire centre périphérie, fondamental dans la mise en valeur du territoire cévenol, n'est donc pas absurde. Ce modèle élémentaire s inscrit dans le territoire en s adaptant aux conditions locales (recherche des replats de terrain et micro concavités) et est

inséré dans de la châtaigneraie ou des formations végétales peu anthropisées, sensibles aux potentialités du milieu biophysique. Le motif du quartier se déforme localement. Outre les terres à proximité immédiates des hameaux qui sont exploitées en permanence, l homme recherche des replats de terrain mécanisables, parfois loin de son lieu de vie, pour y installer des prés de fauche qui sont autant d irrégularités dans les principes d'organisation spatiale.

Les structures spatiales observées sur Gabriac permettent également de vérifier quelques hypothèses sur les dynamiques spatiales récentes. La contraction de l'espace exploité au détriment de l'espace de mise en valeur extensive se traduit par la dominance des châtaigneraies abandonnées. Sur l'ensemble des peuplements où le châtaignier est dominant, soit 593 ha, 47 ha seulement sont encore l'objet d'une exploitation, soit 8% de la surface en châtaigneraie, ce qui prouve son degré d'abandon alors même que le territoire est encore exploité par des agriculteurs. Le reste de la châtaigneraie, situé sur les versants, se convertit progressivement en taillis à la suite de l'abandon ou des coupes pour le tanin. L'évolution des surfaces en prairie montre une dynamique inverse : sur les 98 ha de prairies exploitées, 28% ont été créés depuis 1970 par défrichage de la châtaigneraie et sont disjoints du coeur du quartier. Ils correspondent à la mutation de l'agriculture cévenole qui s'est mécanisée à cette époque et à la création de la coopérative de pélardon de Moissac.

L'analyse spatiale de la mise en valeur du territoire de Gabriac permet de valider localement les hypothèses d'organisation établies lors de la composition du modèle de quartier. Le modèle centre-périphérie de mise en valeur agricole est bien prégnant au niveau du quartier. C'est le principe fondamental de la mise en valeur de l'espace par l'agriculture. Il s'insère dans un environnement contraignant où le système de pente joue à plusieurs niveaux, par l'exposition solaire au niveau du paysage et par les contraintes topographiques au niveau local. Les nouvelles formes du quartier rural, avec un abandon de la mise en valeur des espaces extensifs au profit des terres exploitables en prairie, ont pu être vérifiées sur Gabriac. Enfin, l'analyse spatiale a montré comment les systèmes de pente contraignent ce modèle de quartier, au niveau d'organisation du paysage, en orientant la répartition des éléments de paysage.

ANALYSE DU FONCTIONNEMENT