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N Corniche des Cévennes

IV LES MARGES DE LA MISE EN VALEUR DU TERRITOIRE 4.1 L A CHENAIE DE C HENE BLANC ET ROUVRE

5.3 L A CHATAIGNERAIE A BOIS

5.3.3 L'état actuel des connaissances techniques

5.3.3.1 La roulure

C'est une fente en arc de cercle, formant parfois un cercle continu, qui se produit entre deux cernes. Elle peut être due à des blessures (feu, pâturage, etc.) et c'est alors un décollement ; ou aux contraintes du bois, en particulier lors du séchage, et c'est alors une fissuration. Elle peut également être due à des à-coups de croissance. Le type de station (climat, sol, exposition) détermine le risque d'un arbre d'être atteint de roulure.

L'Endothia ne ferait pas directement de dégât sur le bois, mais pourrait provoquer à terme de la roulure, par le traumatisme qu'elle crée (THIBAULT, com. pers.). La roulure peut apparaître à tout âge de l'arbre, mais sa fréquence augmente avec l'âge et le diamètre. Elle survient préférentiellement entre 10 et 20 ans, mais elle s'observe parfois sur des sujets jeunes ayant subi des traumatismes. Une solution technique au problème de la roulure serait d'exploiter le bois à 10 ans, mais l'arbre ne produit alors rien d'autre que de la petite charpente. Une autre solution suggérée par CARLES (1973) serait de faire du taillis de châtaignier sous futaie de pin, le microclimat installé dans le sous-étage des pins étant favorable à un accroissement régulier du châtaignier sans roulure.

Ce problème de la roulure est déterminant pour l'avenir du bois de châtaignier en Cévennes puisque, selon les estimations du C.R.P.F., 30 à 60% des grumes seraient atteintes dans la châtaigneraie cévenole.

5.3.3.2 La variabilité génétique

D après nos enquêtes, les châtaigniers en Cévennes n'ont pas été sélectionnés pour la production de bois. Ils présentent une forte variabilité génétique et de faibles aptitudes à la production de bois. La sylviculture du châtaignier en Cévennes doit donc chercher à favoriser les souches les plus belles et en introduire de nouvelles.

5.3.3.3 La fertilité du sol

Les essais réalisés par le C.R.P.F. montrent que les éléments minéraux jouent un rôle important dans la résistance mécanique du bois. En Limousin, où toute la production végétale de la châtaigneraie était exportée, le sol s'est appauvri, provoquant une baisse de la production de bois jusqu'à gommer l'effet génétique de la variété (RANGER, NYS & BOUCHON, 1990).

Pour la châtaigneraie cévenole, l'histoire de l exploitation du peuplement serait plus importante que la qualité de la station et expliquerait davantage les problèmes de roulure (THIBAULT, com. pers.).

5.3.3.4 La sylviculture

A ces problèmes de qualité du bois, les techniques de sylviculture tentent d'apporter des réponses. La première certitude des forestiers est que la culture en taillis n'est pas défavorable pour la production de bois de qualité. Elle n'introduit pas de contrainte dans le bois. Son seul problème est la production d'un bois de diamètre inférieur à celui d'une futaie.

Pour qu'il n'y ait pas de contrainte, en particulier à la crosse des brins, il faut réaliser des cépées équilibrées. Une sylviculture envisageable serait de faire des éclaircies par cépées et non par brins, ce qui favoriserait les belles cépées au détriment des souches de faible valeur. Cette sylviculture serait particulièrement adaptée à l'hétérogénéité génétique des taillis en Cévennes et permettrait de favoriser les plus beaux taillis.

Ayant fait le choix d'une sylviculture en taillis, il se pose alors deux problèmes en Cévennes :

- la conversion des vieux vergers en taillis à haute densité ; - le rajeunissement des vrais taillis de production.

La châtaigneraie cévenole était historiquement un verger planté à écartement de 10-12 m. Pour les vergers convertis en taillis à la suite des coupes pour les extraits de tanins, les souches rejettent généralement mal car les peuplements sont âgés ; les brins sont gros car les arbres sont éloignés les uns des autres et l'éclairement est fort. La production de biomasse est importante, mais les arbres sont trapus et ne sont pas exploitables pour du bois d'oeuvre. Ils sont également sensibles à la roulure. Cependant, dans les

secteurs où les arbres présentent une bonne vigueur, les vergers peuvent être denses à la suite de la plantation ou d une régénération naturelle et devenir de bons producteurs de bois d oeuvre.

En ce qui concerne les vieux taillis datant d'une exploitation ancienne, des essais de balivage ont été réalisés par le CRPF dans le Viganais pour essayer de les convertir en futaie sur souche productrice de bois d'oeuvre. Ces essais ont été réalisés en faisant varier l'âge et la densité d'éclaircie des cépées. Ils ont été un échec, car les éclaircies moyennes à fortes se traduisent par une descente de cime, un développement des gourmands, des rejets de souche et un envahissement de la parcelle par des fougères ou des genêts.

Devant ces difficultés de conversion des vieux vergers et des taillis traditionnels en taillis de qualité, la recherche forestière s'oriente vers une sylviculture dynamique réalisée sur des souches jeunes. Il faut favoriser la régénération. Dans un verger de châtaignier à l'abandon, le nombre de semis est relativement important. Toutefois, les facteurs de la germination sont complexes et difficilement maîtrisables, comme par exemple l'accumulation de feuilles qui est apparemment favorable à la germination. Il faut déterminer où la régénération est acquise pour appliquer une sylviculture adaptée à la production de bois (AUMASSON & GUERIN, 1995).

Un taillis de production de qualité, susceptible de rapporter de l'argent à son exploitant, doit être conduit de façon dynamique avec une croissance rapide sur des sujets jeunes. Une solution pourrait être une densité de 5m x 5m avec 7-8 brins par cépées, ramenés à 4-5 dans les 15 ans en 2 à 3 opérations d'éclaircie.