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IV LA DEMARCHE D’ANALYSE

4.2 L ES ETAPES DE LA DEMARCHE

Les étapes logiques de l'analyse, qui constitue la trame de la thèse, sont synthétisées par le schéma suivant :

État des lieux

Rapports entre l'organisation du territoire et les pratiques Dynamiques de mise en valeur du territoire Modélisation d'un motif élémentaire d'organisation spatiale

Fig. 5 : DÉMARCHE D'ANALYSE DES RAPPORTS ENTRE L'ORGANISATION DU TERRITOIRE

ET LA GESTION DES RESSOURCES RENOUVELABLES

Validation des hypothèses

d'organisation spatiale Analyse du fonctionnement des éléments de paysage Aspects spatiaux du fonctionnement des éléments de paysage Analyse spatiale (hypothético-déductive)

Analyse géographique et agronomique (inductive) 1

2

3

4 5

4.2.1 Un état des lieux

La phase de modélisation de la gestion du territoire rural est précédée d'une entrée dans le système rural par l'analyse des paysages. Cela permet de se focaliser d'emblée sur le rapport que l'homme rural entretient avec son espace et les ressources qu'il gère. La lecture du paysage permet, nous l'avons dit, de déceler les traces des activités humaines passées et présentes, ainsi que les contraintes qui ont pesé sur ces activités. Puisque l on a affaire à une phénoménologie, il s agit de rendre le système intelligible en isolant dans l organisation du paysage des éléments identifiables, reconnaissables, stables qui sont généralement les discontinuités (BRUNET, 1967 ; THOM, 1983). L analyse des paysages aboutit à la détermination des discontinuités de l espace et des parties stables de ces discontinuités qui constituent les régularités spatiales. C'est, pour nous, la première étape de la formulation d'hypothèses.

Choix d'une entité spatiale pertinente pour la problématique Identification d'un ensemble géographique cohérent au niveau régional Identification des objets qui apparaissent à chaque niveau d'organisation

Fig. 6 : L'ÉTAT DES LIEUX (phase 1 de la démarche d'analyse)

Cette première étape conduit à identifier un ensemble géographique cohérent au niveau régional qui est le domaine de modélisation spatiale. A l'intérieur de ce domaine, les niveaux d'organisation territoriale sont identifiés par découpage de l'espace. Il n'y a pas a priori de niveau d'organisation spatiale privilégié. Certains niveaux s'imposent facilement, soit du fait de leurs structures spatiales, soit du fait de leur fonctionnement interne. D'autres sont à construire quand on veut prendre en compte les relations qui se tissent entre les acteurs intervenant sur un territoire donné. Chacun des niveaux a sa cohérence propre et présente un intérêt pour la résolution de la problématique.

Parmi l'ensemble des entités spatiales détectées, la modélisation porte sur le motif élémentaire d'organisation spatiale qui permet de rendre compte au mieux des rapports entre les pratiques rurales et l'organisation du territoire au niveau local. Ce motif spatial, fondamentalement hétérogène, est la plus petite unité isoschème(9) qui se répète dans les paysages. Il est

suffisamment cohérent pour être considéré comme un système en lui-même.

4.2.2 La modélisation spatiale

Le motif choisi est un premier point d'ancrage reliant l'homme à son territoire et aux représentations qu'il en a par le paysage. Sa modélisation spatiale n'explique pas tous les rapports de l'homme à son espace. Elle permet de détecter des régularités spatiales et de formuler des hypothèses d'organisation spatiale qui expliquent la gestion des ressources renouvelables. La modélisation du motif élémentaire d'organisation spatiale doit être suffisamment générale pour s'appliquer à l'ensemble du domaine d'étude. C'est la notion d'archétype qui sera précisée. D'autre part, la construction du modèle doit être telle qu'il puisse :

- être décliné en fonction des effets locaux, contingents ou nouveaux par rapport aux mécanismes généraux modélisés ; ce sont les écarts aux modèles (DURAND-DASTÈS, 1992) ;

- être déconstruit en unités spatiales de même structure et de même fonctionnement, qui peuvent être des parcelles d'usage, résultant d'une même combinaison de potentialités écologiques et de pratiques rurales, ou des éléments de paysage si elles sont dotées d'attributs physionomiques permettant de les diagnostiquer ;

(9) Le terme isoschème définit un espace dont tous les lieux concourent à une même structure

géographique (BRUNET, 1967). Il est employé de préférence à homogène, car l'espace est fondamentalement hétérogène.

- être combiné pour reconstruire le territoire, les changements de niveaux d'organisation conduisant à l'apparition de nouveaux motifs d'organisation spatiale et à l'expression de la diversité régionale.

L'organisation du territoire trouve une partie de son expression dans la mise en évidence des relations spatiales entre les niveaux d'organisation (décomposition, recomposition), ces relations permettant de passer du motif modélisé aux paysages et aux éléments qui le composent. La validation des hypothèses d'organisation spatiale formulées lors de la modélisation nécessite une analyse spatiale de petits territoires ruraux.

Schématisation d'un motif élémentaire d'organisation spatiale Désagrégation du motif Éléments de paysage Paysages Agrégation des motifs et changements de niveaux Écarts au modèle Écarts au modèle Écarts au modèle Analyse de petits territoires ruraux Motifs élémentaires de paysage

Formulation d'hypothéses

sur les régularités spatiales

traduisant les liens entre le territoire et les pratiques

Validation d'hypothéses

sur les régularités spatiales

Déduction

Induction

Fig. 7 : LA MÉTHODE D'ANALYSE SPATIALE (phase 2 de la démarche d'analyse)

4.2.3 Analyse du fonctionnement des éléments qui composent le modèle

Raccordée à la modélisation de l'organisation spatiale d'un motif, l'analyse du fonctionnement des éléments qui composent cette organisation permet de recueillir une information à la fois fine et diversifiée. Celle-ci traduit la diversité régionale et la complexité des rapports qu'entretient l'homme avec le territoire. Elle contribue à l'explication des pratiques rurales. Cette information, recueillie par élément de paysage, permet de comprendre les principes de fonctionnement et d'évolution de chacun d'eux, ainsi que d'expliciter les facteurs biophysiques et humains qui expliquent leur mode de gestion. Les aspects spatiaux de ce fonctionnement doivent être précisés afin de relier les éléments de paysage au motif d'organisation.

Ainsi, les deux types d'analyse, l'une spatiale, l'autre fonctionnelle, sont en quelque sorte tranverses et se raccordent. L'analyse spatiale permet de structurer l'analyse fonctionnelle grâce à l'identification des éléments de paysage identifiés lors de la modélisation, à la formulation des rapports qu'ils entretiennent entre eux et avec les autres niveaux d'organisation spatiale. En retour, l'information recueillie sur le fonctionnement des éléments de paysage permet d'expliciter les divers paramètres, biophysiques et humains combinés, qui concourent à la mise en place du modèle local et à ses déclinaisons, en fonction de faits structurels et contingents. Les hypothèses d'organisation spatiale formulées par la modélisation peuvent être validés lors de cette phase. De nouvelles hypothèses d'organisation spatiale peuvent émerger.

4.2.4 Les rapports entre l'organisation spatiale et les pratiques rurales

La modélisation de l'organisation spatiale permet d'établir des relations spatiales entre les éléments qui composent le motif modélisé. L'analyse du fonctionnement de ces éléments permet de détecter les lieux et les niveaux spatiaux d'exercice des pratiques rurales. Le raccordement de ces deux analyses, dans une quatrième phase de la démarche, permet d'établir des liens entre l'organisation du territoire et les pratiques de gestion des ressources renouvelables qui combinent l'usage de plusieurs éléments de paysage dans le temps. Ces pratiques peuvent être "territorialisées" grâce au modèle d'organisation établi en phase 2, combiné avec un calendrier annuel des pratiques en un modèle spatio-temporel. Puis, elles peuvent être mises en correspondance, afin d'appréhender les enjeux territoriaux de la gestion des ressources renouvelables.

4.2.5 Les dynamiques de mise en valeur de petits territoires ruraux

Les hypothèses de mise en valeur du territoire ayant été validées ou étayées par la confrontation de la théorie aux données de terrain, un certain nombre d'applications peuvent être conduites pour appréhender les dynamiques de petits territoires ruraux à la suite d'une modification des pratiques de gestion des ressources renouvelables. Ces application sont motivées par une demande locale des habitants d'un territoire concernant la gestion de leur espace de vie, par une demande sociale de portée plus générale comme la gestion dite "des paysages". Elles débouchent sur des actions de gestion de l'espace, qui peuvent intégrer des préoccupations pour le devenir des paysages si tel est l objectif appliqué de la recherche.