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La variation du niveau de l‟intensité : le cas de /a/ dans /pa/ dans les deux modes de

7 Étude du niveau de l’intensité

7.1. La variation du niveau de l‟intensité : le cas de /a/ dans /pa/ dans les deux modes de

Dans l‟objectif d‟étudier l‟existence éventuelle d‟indices tonals dans la variation du niveau de l‟intensité (NI), nous avons défini les courbes du NI relatif dans Excel, celles qui reposent sur les Moy Inter des décalages entre le NI initial (0%) et celles des autres phases de /a/.

La figure 64 illustre les courbes du NI absolu de /a/ sur les quatre tons, normalisées au niveau du temps en voix modale (marquées en couleurs foncées) et en voix chuchotée (marquées en couleurs claires). Elles sont définies à partir des Moy Inter du NI.

L‟observation de cette figure nous fait remarquer que les courbes en voix modale sont situées plus haut au long de l'échelle des valeurs que celles en voix chuchotée. Cela nous indique qu'en voix modale, quel que soit le ton concerné, le NI de la voyelle /a/

est toujours supérieur à celui en voix chuchotée. Nous trouvons d‟ailleurs que les courbes en voix modale s‟inscrivent dans une étendue d‟environ 20 dB, et les différences entre les courbes au niveau de la forme sont relativement importantes dans ce mode de phonation. En voix chuchotée, les courbes s‟inscrivent dans une étendue de 15 dB, et leurs différences de forme sont moins importantes par rapport à la voix modale.

Suite à la comparaison des courbes du NI, nous avons déduit un pattern que ces courbes respectent et conservent malgré le mode de phonation employé. Dans ce pattern, T1 et T4, qui sont au trait [+U], sont liés aux NI similaires à 20% de la voyelle

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alors que dans la même phase, T2 et T3, qui sont au trait [-U], sont liés aux NI plus bas que ces premiers. Cette tendance de distinction entre les courbes en fonction des traits [+/-U] persiste dans toutes les phases de la voyelle. Dans la phase 80% de la voyelle, le NI de T1 se distingue de celui de T4, étant plus élevé que ce dernier tandis que le NI de T2 se distingue de celui de T3, étant plus élevé que ce dernier. Dans la même phase, T1 et T2, qui sont au trait [h], ont tendance à être liés à des NI similaires tandis que T3 et T4, qui sont au trait [l], ont tendance à être liés à des NI similaires.

Les NI de T3 et T4 dans cette phase sont plus bas que les NI de T1 et de T2.

Figure 64 : Courbes du niveau de l‟intensité de /a/ normalisées au niveau du temps, dans /pa/ sur les quatre tons en voix modale et en voix chuchotée, définies à partir des moyennes interindividuelles du niveau de l‟intensité.

Les figures 65 et 66 illustrent respectivement les courbes du NI relatif dans /a/ en voix modale et celles en voix chuchotée. Elles nous permettent d‟observer plus directement les contours de variation du NI.

Dans la figure 65 qui présente les courbes du NI relatif en voix modale, nous avons remarqué que les courbes du NI de T1 et de T4 atteignent leur sommet à 20% de la voyelle, ensuite chutent en arrivant à différents niveaux vers la fin de la voyelle. La courbe T1 termine à un niveau plus haut, -5 dB par rapport au NI initial, et la courbe T4 à un niveau plus bas, -12 dB par rapport au NI initial). Par ailleurs, nous avons observé les courbes T2 et T3 stagnantes entre 0% et 20% de la voyelle, maintenues au même niveau que le NI initial. Ces deux courbes descendent à partir de 20% de la

Courbes de l'intensité de /a/ sur les quatre tons en voix modale et en voix chuchotée

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courbe T2 termine au niveau -6 dB par rapport au NI initial, et la courbe T3 au niveau -16 dB par rapport au NI initial. En général, en voix modale, nous constatons que toutes les courbes ont une forme naturellement descendante entre 20% et 100% de la voyelle, à l'exception de la courbe T2 qui connaît une stagnation située entre 40% et 80% de la voyelle.

Figure 65 : Courbes du niveau de l‟intensité de /a/ par rapport au niveau initial de l‟intensité dans /pa/

sur les quatre tons en voix modale.

La figure 66 illustre des tendances suivantes dans la variation du NI relatif en voix chuchotée : d‟un côté, les courbes T1 et T4 atteignent leur sommet à 20% de la voyelle et ensuite baissent graduellement à deux niveaux légèrement différents l‟un de l‟autre à la fin de la voyelle : la courbe T1 finit à un niveau relativement élevé ( -10 dB par rapport au NI initial), et la courbe T4 à un niveau plus bas (-12 dB par rapport au NI initial). D‟un autre côté, les courbes T2 et T3 atteignent leur sommet (qui est légèrement plus bas que le sommet de T1 et de T4) à 20% de la voyelle et continuent à descendre, cheminant à différents niveaux vers la fin de la voyelle. La fin de la courbe T2 est plus haute que les fins des autres courbes au niveau de la valeur tandis que la fin de la courbe T3 est plus basse que les fins des autres courbes. La courbe T2 est à -9 dB par rapport au NI initial, et la courbe T3 est à -12 dB par rapport au NI initial.

Nous en déduisons ainsi qu‟en voix chuchotée, toutes les courbes présentent une forme descendante entre 20% et 100% de la voyelle, à l'exception de la courbe T2 qui connaît une quasi-stagnation entre 40% et 80% de la voyelle.

-20 -15 -10 -5 0 5

Ecart (dB)

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Courbes de l'intensité par rapport au niveau initial de l'intensité dans /a/ sur les quatre tons en voix

modale

T1 T2 T3 T4

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Figure 66 : Courbes de l‟intensité de /a/ par rapport au niveau initial de l‟intensité dans /pa/ sur les quatre tons en voix chuchotée.

Des analyses Two-Way ANOVA ont été effectuées sur les divergences au NI dans chaque phase de la voyelle /a/, avec ton et mode de phonation comme facteurs analysés et sujet comme variable aléatoire.

Tableau 57 : Significativité des effets du ton et du mode de phonation sur le niveau de l‟intensité dans chaque phase de la voyelle /a/, normalisé au niveau du temps.

Le tableau 57 présente les résultats de ces analyses ANOVA. Il montre que le facteur mode de phonation a un effet significatif sur le NI dans l‟ensemble du timbre de /a/ (p

< 0,0001) tandis que le facteur ton a un effet significatif sur le NI à partir de 20% de la voyelle (p < 0,0001).

-20 -15 -10 -5 0 5

Ecart (dB)

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Courbes de l'intensité par rapport au niveau initial de l'intensité dans /a/ sur quatre tons en

voix chuchotée

T1 T2 T3 T4

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Le mode de phonation *** *** *** *** *** ***

Le ton ns *** *** *** *** ***

* = p ≤ 0,05

** = p ≤ 0,01

*** = p ≤ 0,001 ns = p > 0,05 Phase

Facteur

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Tableau 58 : Significativité dans les divergences au niveau de l‟intensité entre les tons en voix modale, dans le contexte /pa/, normalisé au niveau du temps.

Nous sommes particulièrement intéressée par l‟effet du ton sur les divergences du NI.

Le tableau 58 montre davantage de détails de l‟effet du ton sur les divergences au NI dans /pa/ en voix modale. Dans ce tableau, les différents types de contrastes tonals sont représentés par différentes couleurs. Entre chaque paire de tons dans la comparaison, les contrastes du trait [U] sont marqués en rose, les contrastes du trait [h/l] sont marqués en vert et les contrastes qui incluent les deux types de trait sont marqués en violet. Cela, dans l‟objectif d‟avoir une vision plus claire sur les rapports entre les divergences significatives et les types de trait tonal concernés.

L‟observation de ce tableau nous permet de constater que dans ce contexte en voix modale, lorsque le ton varie, la majorité des divergences observées au NI sont significatives. Entre les tons qui sont en contraste du trait [U] (c‟est-à-dire entre T1 et T2 et entre T3 et T4), les divergences sont significatives dans toutes les phases de la voyelle /a/. En revanche, entre les tons qui sont en contraste du trait [h/l] (c‟est-à-dire entre T1 et T4 et entre T2 et T3), les divergences au NI sont moins souvent significatives. Plus précisément, ces dernières sont significatives entre 60% et 100%

de la voyelle. Entre les tons qui sont en deux types de contrastes (c‟est-à-dire entre T1 et T3 et entre T2 et T4), les divergences au NI entre T1 et T3 sont significatives à partir de 20% de la voyelle alors que celles entre T2 et T4 sont significatives entre 0%

et 60% de la voyelle.

0% T1 T2 T3 T4 20% T1 T2 T3 T4 40% T1 T2 T3 T4

T1 * ns ns T1 *** ** ns T1 *** *** ns

T2 ns * T2 ns *** T2 ns ***

T3 ns T3 ** T3 ***

T4 T4 T4

60% T1 T2 T3 T4 80% T1 T2 T3 T4 100% T1 T2 T3 T4

T1 *** *** * T1 *** *** *** T1 *** *** ***

T2 ** *** T2 *** ns T2 *** ns

T3 *** T3 *** T3 ***

T4 T4 T4

* = p ≤ 0,05

** = p ≤ 0,01

*** = p ≤ 0,001 ns = p > 0,05

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Tableau 59 : Significativité dans les divergences au niveau de l‟intensité entre les tons en voix chuchotée, dans le contexte /pa/, normalisé au niveau du temps.

Le tableau 59 montre davantage de détails de l‟effet du ton sur les divergences au NI dans /pa/ en voix chuchotée, donnés par les analyses One-Way ANOVA (effectuées avec ton comme facteur analysé, et sujet comme variable aléatoire). Dans ce tableau comme dans le tableau 58, les différents types de contrastes tonals sont représentés par différentes couleurs afin d‟avoir une vision claire sur les relations entre les divergences significatives et les types de trait tonal concernés.

En observant ce tableau, nous avons constaté que dans ce contexte en voix modale, lorsque le ton varie, peu de divergences significatives ont été observées au NI. Elles se trouvent d‟ailleurs à partir de 40% de la voyelle. Entre les tons qui sont en contraste du trait [U] (c‟est-à-dire entre T1 et T2 et entre T3 et T4), les divergences significatives au niveau de l‟intensité entre T1 et T2 se trouvent uniquement à 40% de la voyelle alors que celles entre T3 et T4 se trouvent à 60% de la voyelle. En revanche, entre les tons qui sont en contraste du trait [h/l] (c‟est-à-dire entre T1 et T4 et entre T2 et T3), les divergences au NI entre T2 et T3 sont significatives entre 60% et 100% de la voyelle alors que celles entre T1 et T4 sont significatives seulement à 80% de la voyelle. Quant aux tons en contraste avec les deux types de traits (c‟est-à-dire entre T1 et T3 et entre T2 et T4), les divergences au NI entre T1 et T3 sont significatives entre 40% et 100% de la voyelle tandis que les divergences au NI entre T2 et T4 sont significatives seulement à 80% de la voyelle.

La figure 67 présente les corrélations entre le niveau de l‟intensité et F0 dans les deux modes de phonation dans ce contexte, avec des valeurs distribuées sur un plan NI-F0. L‟observation de cette figure nous amène à constater que dans les deux modes de phonation, les corrélations entre le niveau de l‟intensité et F0 semblent positives et

0% T1 T2 T3 T4 20% T1 T2 T3 T4 40% T1 T2 T3 T4

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linéaires. Pourtant, la valeur de R2 de la courbe de tendance linéaire en voix modale est de 0,6476, plus élevée que celle en voix chuchotée qui est de 0,2369. En d‟autres termes, les corrélations NI-F0 sont plus ou moins fortes en voix modale alors que celles en voix chuchotées sont des corrélations faibles. Cela reflète qu‟en voix modale, les courbes de l‟intensité ont plus de possibilité d‟être prises comme des « indices secondaires » du pitch tonal dans la perception ; alors qu‟en voix chuchotée, leur potentialité d‟être « indices tonals secondaires » est à remettre en cause.

Figure 67 : Les corrélations entre le niveau de l‟intensité et F0 dans le timbre de /a/ en voix modale et en voix chuchotée,avec l‟effet du ton neutralisé.

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