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La variation du niveau de l‟intensité : le cas de /i/ dans /pi/ dans les deux modes de

7 Étude du niveau de l’intensité

7.2. La variation du niveau de l‟intensité : le cas de /i/ dans /pi/ dans les deux modes de

dans les deux modes de phonation

Dans l‟étude de l‟effet du ton sur le NI dans ce contexte, la même méthodologie a été appliquée ici, comme dans la section précédente.

La figure 68 illustre une comparaison entre les courbes du NI absolu de /i/ en voix modale et celles en voix chuchotée. Nous avons remarqué, dans cette figure, que les courbes en voix modale sont situées plus haut, sur l'échelle des valeurs, que les courbes en voix chuchotée. Cela signifie que le NI de /i/ en voix modale est toujours supérieur à celui en voix chuchotée. La variation du ton semble avoir peu d‟effet sur cet écart entre les courbes.

Nous avons également remarqué que les courbes du NI en voix modale s‟étendent dans une zone qui couvre environ 16 dB. A l‟intérieur de cette étendue, les différences

R² = 0.2369 R² = 0.6476

40 50 60 70 80

100 150 200 250 300

Niveau de l'intensi(dB)

F0 (Hz)

Corrélations entre le niveau d'intensité et F0 dans le timbre de /a/ en voix modale et en voix

chuchotée

VC VM Linéaire (VC) Linéaire (VM)

186

de forme entre les courbes sont relativement importantes. En voix chuchotée, les courbes se limitent à une étendue de 14 dB. De plus, leurs différences de forme sont moins remarquables.

Suite à la comparaison de ces courbes, nous avons déduit un pattern de variation du NI en fonction du ton. Ce pattern ignore la différence entre les deux modes de phonation.

Dans ce pattern, T1 et T4, qui sont au trait [+U], sont liés aux NI similaires de 0% à 40% de la voyelle alors que dans la même phase, T2 et T3, qui sont au trait [-U], sont liés aux NI similaires. Les NI de T2 et de T3 dans cette phase sont plus bas que les NI de T1 et de T4. Cette tendance de distinction en fonction des traits [+/-U] persiste dans toutes les phases de la voyelle. À 80% de la voyelle, le NI de T1 se distingue de celui de T4, étant plus élevé que ce dernier, et le NI de T2 se distingue de celui de T3, étant plus élevé que ce dernier. Dans cette phase, T1 et T2, qui sont au trait [h], ont tendance à être liés aux NI similaires et ce, par rapport aux NI dans les autres phases. T3 et T4, qui sont au trait [l], ont tendance à être liés aux NI similaires et ce, par rapport aux NI dans les autres phases. En outre, nous avous remarqué que dans la même phase, c‟est-à-dire à 80% de la voyelle, les NI de T3 et de T4 sont toutefois plus bas que les NI de T1 et de T2.

Figure 68 : Courbes du niveau de l‟intensité de /i/ normalisées au niveau du temps, dans /pi/ sur les quatre tons en voix modale et en voix chuchotée, définies à partir des moyennes interindividuelles du niveau de l‟intensité.

Courbes de l'intensité de /i/ sur les quatre tons en voix modale et en voix chuchotée

187

Dans la même étude, nous avons également défini les courbes du NI relatif selon les Moy Inter des décalages entre le NI initial (0%) et le NI des autres phases de /i/, sont illustrées respectivement dans les figures 58 et 59.

La figure 69 montre qu‟en voix modale, les courbes du NI de T1 et de T4 atteignent leur sommet à 20% de la voyelle, avec la courbe T4 qui chute ensuite à un niveau bas (équivalent à -7 dB par rapport au NI initial) vers la fin de la voyelle. Quant à la courbe T1, elle est maintenue au même niveau que celui de son sommet jusqu‟à 80%

de la voyelle, et connaît ensuite une chute à un niveau de -3 dB par rapport au NI initial. En même temps, nous avons observé les courbes T2 et T3 se maintenir au même niveau de 0% à 20% de la voyelle. Depuis 20% de la voyelle, la courbe T3 chute tout au long du timbre vocalique par atteindre un niveau très bas vers la fin, équivalent à -10 dB par rapport au NI initial. La courbe T2 connaît également une chute entre 20% et 40% de la voyelle et ensuite une ascension entre 40% et 80% de la voyelle, en arrivant à son sommet dans la phase de 80% de la voyelle, 2 dB plus haut que le NI initial. Elle rejoint la courbe T1 à la fin de la voyelle. De manière globale, les courbes présentent une forme naturellement descendante entre 20% et 100% de la voyelle /i/ en voix modale, à l'exception de la courbe T2. Cela n‟est toutefois pas le cas en voix chuchotée.

Figure 69 : Courbes de l‟intensité de /i/ par rapport au niveau initial de l‟intensité dans /pi/ sur les quatre tons en voix modale.

-20 -15 -10 -5 0 5

Ecart (dB)

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Courbes de l'intensité par rapport au niveau initial de l'intensité dans /i/ sur les quatre tons en voix

modale

T1 T2 T3 T4

188

À partir de la figure 70 qui présente les courbes du NI relatif en voix chuchotée, nous avons observé que les courbes T1 et T4 chutent de 4 dB de 0% à 20% de la voyelle. À partir de 20% de la voyelle, cette chute continue et les courbes finissent par atteindre deux différents niveaux à la fin de la voyelle. La courbe T1 chute à -9 dB par rapport au NI initial et celle de T4 à -12 dB. Quant aux courbes T2 et T3, elles chutent de 5 dB de 0% à 20% de la voyelle et continuent de descendre de 20% à 100% de la voyelle cheminant à différents niveaux. Plus précisément, la fin de la courbe T2 est à -8 dB par rapport au NI initial et la courbe T3 à -12 dB. En général, en voix chuchotée, les courbes ont une forme naturellement descendante entre 20% et 100% de la voyelle, à l'exception de la courbe T2 qui remonte légèrement entre 60% et 80% de la voyelle.

Figure 70 : Courbes de l‟intensité de /i/ par rapport au niveau initial de l‟intensité dans /pi/ sur les quatre tons en voix chuchotée.

Nous avons effectué, d‟ailleurs, des analyses Two-Way ANOVA sur les divergences au NI dans chaque phase de la voyelle /a/, avec ton et mode de phonation comme facteurs analysés et sujet comme variable aléatoire.

Tableau 60 : Significativité des effets du ton et du mode de phonation sur le niveau de l‟intensité dans chaque phase de la voyelle /i/, normalisé au niveau du temps.

-20 -15 -10 -5 0 5

Ecart (dB)

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Courbes de l'intensité par rapport au niveau de l'intensité dans /i/ de /pi/ sur les quatre tons en

voix chuchotée

T1 T2 T3 T4

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Le mode de phonation *** *** *** *** *** ***

Le ton ** *** *** *** *** *** ns = p > 0,05

Facteur Phase * = p ≤ 0,05

** = p ≤ 0,01

*** = p ≤ 0,001

189

Le tableau 60 présente les résultats de ces analyses ANOVA. Selon ce tableau, le facteur mode de phonation a un effet significatif sur le NI dans l‟ensemble du timbre de /i/ (p < 0,0001). En outre, le facteur ton a également un effet sur le NI (p = 0,0016 à 0% de la voyelle, et p < 0,0001 entre 20% et 100% de la voyelle).

Tableau 61 : Significativité dans les divergences au niveau de l‟intensité entre les tons en voix modale, dans le contexte /pi/, normalisé au niveau du temps.

Concernant l‟effet du ton sur NI, le tableau 61 en présente davantage de détails, et ce, dans /pi/ en voix modale. Les différents types de contrastes tonals sont représentés ici par différentes couleurs.

En observant ce tableau, nous avons pu constater que dans ce contexte en voix modale, lorsque le ton varie, la majorité des divergences observées au NI sont significatives.

Entre les tons qui sont en contraste [+/-U] (c‟est-à-dire entre T1 et T2, et entre T3 et T4), les divergences sont significatives dans toutes les phases de la voyelle /i/. Elles sont à un niveau supérieur de significativité à partir de 20% de la voyelle (p < 0,0001).

En revanche, entre les tons qui sont en contraste [h/l] (c‟est-à-dire entre T1 et T4 et entre T2 et T3), les divergences sont moins souvent significatives. Plus précisément, les divergences au NI entre T2 et T3 sont significatives entre 60% et 100% de la voyelle alors que les divergences au NI entre T1 et T4 sont significatives entre 80% et 100% de la voyelle. Quant aux tons en contraste avec les deux types de traits (c‟est-à-dire entre T1 et T3 et entre T2 et T4), les divergences au NI entre T1 et T3 sont significatives à partir de 20% de la voyelle tandis que les divergences au NI entre T2 et T4 sont significatives entre 0% et 60% de la voyelle.

0% T1 T2 T3 T4 20% T1 T2 T3 T4 40% T1 T2 T3 T4

T1 ** ns ns T1 *** *** ns T1 *** *** ns

T2 ns *** T2 ns *** T2 ns ***

T3 ** T3 *** T3 ***

T4 T4 T4

60% T1 T2 T3 T4 80% T1 T2 T3 T4 100% T1 T2 T3 T4

T1 *** *** ns T1 *** *** ** T1 *** *** ***

T2 ** *** T2 *** ns T2 *** ns

T3 *** T3 *** T3 ***

T4 T4 T4

* = p ≤ 0,05

** = p ≤ 0,01

*** = p ≤ 0,001 ns = p > 0,05

190

Tableau 62 : Significativité dans les divergences au niveau de l‟intensité entre les tons en voix chuchotée dans le contexte /pi/, normalisé au niveau du temps.

Le tableau 62 présente l‟effet du ton sur NI dans /pi/ en voix chuchotée, avec les différents types de contrastes tonals représentés par différentes couleurs. Ce tableau repose sur les analyses One-Way ANOVA du NI effectuées avec ton comme facteur analysé et sujet comme variable aléatoire.

Ce tableau nous amène à constater que, dans ce contexte en voix chuchotée, lorsque le ton varie, peu de divergences au NI sont significatives. Les divergences significatives en fonction du ton apparaissent davantage entre les tons en contraste avec les deux types traits (c‟est-à-dire entre T1 et T3, et entre T2 et T4). Plus précisément, les divergences entre T1 et T3 sont significatives entre 60% et 80% de la voyelle /i/ tandis que celles entre T2 et T4 sont significatives seulement à 20% de la voyelle.

Selon les résultats de l‟analyse des corrélations entre le niveau de l‟intensité et F0, dans ce contexte, les corrélations NI-F0 sont positives, toutefois à différents niveaux de linéarité dans les deux modes de phonation. Les corrélations sont comme celles illustrées dans la figure 71. À partir de cette figure, nous constatons que la valeur de R2 de la courbe de tendance linéaire en voix modale est de 0,8592, plus élevée que celle en voix chuchotée (0,396). Cela démontre des corrélations NI-F0 fortes en voix modale et des corrélations assez faibles en voix chuchotée. Ainsi, nous pensons qu‟en voix modale, les courbes d‟intensité pourraient être prises comme des « indices tonals secondaires » dans la perception alors qu‟en voix chuchotée, leur potentialité à être des

« indices tonals secondaires » est à mettre en question.

0% T1 T2 T3 T4 20% T1 T2 T3 T4 40% T1 T2 T3 T4

T1 ns ns ns T1 ns ns ns T1 ns ns ns

T2 ns ns T2 ns * T2 ns ns

T3 ns T3 ns T3 ns

T4 T4 T4

60% T1 T2 T3 T4 80% T1 T2 T3 T4 100% T1 T2 T3 T4

T1 ns * ns T1 ns * ns T1 ns ns ns

T2 ns ns T2 ns ns T2 ns ns

T3 ns T3 ns T3 ns

T4 T4 T4

* = p ≤ 0,05

** = p ≤ 0,01

*** = p ≤ 0,001 ns = p > 0,05

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