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3 La production et la perception des tons lexicaux

3.1. L'anatomie du larynx, les gestes articulatoires liés aux traits tonals et la conséquence

3.1.1. Anatomie du larynx et gestes laryngales liés aux traits tonals

Le larynx est situé dans la gorge et relie le pharynx à la trachée. Il fait partie du système respiratoire, et inclut la partie entre l‟épiglotte (la base de la langue) et la trachée. C‟est un tube formé d‟une armature cartilagineuse qui contient des organes mobiles. La figure 8 illustre les organes qui forment la cavité du larynx et la figure 9 le larynx par une vision schématique.

À la base trachéale du larynx se situe le cartilage cricoïde, qui a une forme d‟anneau.

Cette base soutient toute armature cartilagineuse au-dessus de celle-ci. Elle se déplace notamment avec les mouvements verticaux du larynx, dans la respiration par exemple.

En revanche, elle ne peut ni comprimer ni dilater sa taille.

Le cartilage thyroïde correspond extérieurement à la « pomme d‟Adam ». Il contient deux lames quadrangulaires qui se séparent en arrière, et enrobent le tube du larynx.

L‟angle entre les deux lames est différent selon le sexe. Ces lames possèdent des cornes dans leur partie postérieure. Les petites cornes en bas de chaque côté forment l‟articulation crico-thyroïdienne, et les grandes cornes sont liées aux muscles qui fixent la position du larynx dans le cou. Les muscles crico-thyroïdiens participent à la phonation, et sont responsables du contrôle de la fréquence fondamentale (Gay et al., 1972).

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Les cartilages aryténoïdes se situent au-dessus du cartilage cricoïdien, avec leur partie inférieure reposant sur le chaton cricoïdien. Les plis vocaux s'y insèrent. Ils sont davantage visibles sur la figure 9. Ces cartilages contiennent la muqueuse qui recouvre la paroi et les plis vocaux, les ligaments vocaux et les muscles thyro-aryténoïdiens. Les muscles cricoaryténoïdiens (aussi appelés les muscles vocalis) déterminent l‟adduction des plis vocaux. Les muscles crico-thyroïdiens, avec les muscles thyro-artynénoïdiens, ajustent la tension des plis vocaux.

L‟os hyoïde, présent dans la figure 8 mais absent dans la figure 9, « représente la clé de voûte de l‟appareil hyoïdien », et participe à la respiration, à la déglutition et à la phonation (Bensimon et al. 2005). Les données cinéradiographiques collectées par Vaxelaire (1993) et Vaxelaire et Sock (1997) ont montré qu‟il existe une corrélation étroite entre le mouvement du larynx et celui de l‟os hyoïde. Cette corrélation a été reconfirmée par les données cinéradiographiques de Vaxelaire (2007), puis par celles de Bouarourou (2014). Ces auteurs ont montré que ces deux structures se déplacent en parallèle, suivant une trajectoire d‟élévation et d‟abaissement diagonale, quelle que soit le contexte segmental ou prosodique. Les auteurs considèrent en conséquence ces deux entités comme des composantes d‟une seule unité fonctionnelle.

(Image manquante pour protéger le droit d’auteur)

Figure 8 : La cavité du larynx (Lamby in Fant et Scully 1975, cité in Calliope et Fant 1989 : Fig. II. 6.).

57 (Image manquante pour protéger le droit d’auteur)

Figure 9 : Représentation schématique du larynx (Ranke et Lullies 1953, cité in Calliope et Fant 1989 : Fig. II. 5.).

À l‟extrémité supérieure du larynx se trouve l‟épiglotte, un cartilage qui protège l‟entrée du système respiratoire. Il est capable de se rabattre ou de se lever selon le besoin physiologique. Ce cartilage est visible dans les figures 8, 9 et 10.

De plus, dans la cavité au-dessus des plis vocaux se situe une paire de replis tendus horizontaux, se formant dans l‟angle de la thyroïde. Ce sont les bandes ventriculaires qui portent également le nom des « fausses cordes vocales ». Elles sont illustrées dans la figure 10. Selon l‟observation du comportement des bandes ventriculaires de Bailly (2009), elles sont capables de s‟étendre, de se rapprocher, de se mettre en contact, de vibrer périodiquement ou non, et de se mettre en accord ou non avec les activités des plis vocaux. Brièvement, selon le mode de phonation employé, leur état et position peuvent être modifiés. Cela modifie spontanément la forme de la partie supraglottique de la cavité du larynx.

58 (Image manquante pour protéger le droit d’auteur)

Figure 10 : Vue en coupe du larynx dans le plan coronal. D‟après Voice Center, Eastern Virginia Medical School (Bailly 2009 : Fig. 1.5 (d) ).

Deux types d‟articulations du larynx permettent à l'individu de réaliser divers modes de phonation. Ils se produisent respectivement au niveau crico-thyroïdien et au niveau crico-aryténoïdien. La combinaison de ces deux articulations permet de réaliser des ajustements très variés au niveau de la longueur, de la hauteur et de la tension des plis vocaux (Ardran et al. 1966).

L‟articulation crico-thyroïdienne consiste en un mouvement de bascule du cartilage thyroïde sur le cartilage cricoïde. Le muscle crico-thyroïdien relie l‟antérieur de l‟arc cricoïdien aux lames thyroïdiennes. Lorsqu‟il se contracte, les lames thyroïdiennes sont tirées vers l‟avant et vers le bas. Cela a pour effet d‟allonger les plis vocaux. Selon Prades et al. (2001) et Takano et al. (2006), l‟articulation crico-thyroïdienne présente trois niveaux de liberté dans les mouvements d‟abduction et d‟adduction glottales : une bascule antérieur-postérieur, un déplacement antérieur-médial d‟aryténoïdes à la base du cartilage cricoïdien, et une rotation axiale.

L‟articulation crico-aryténoïdienne consiste en une série de mouvements très variés que les cartilages aryténoïdes produisent à travers un contrôle des mouvements des muscles liés à ces derniers. Plus précisément, la structure du joint crico-aryténoïdien lui permet de réaliser des bascules et tournements. Les cartilages aryténoïdes sont capables de se prolonger vers l‟avant ou vers l‟extérieur. Ils sont responsables de l‟ouverture/fermeture de la glotte et de la tension des plis vocaux (von Leden et Moore 1961).

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Comme il est mentionné précédemment dans le modèle de géométrie des traits réalisés par les gestes laryngaux de Halle et Stevens (1971) et de Bao (1990, 1999) (cf. Section 2.2.), les gestes laryngaux consistent en ceux des plis vocaux et ceux concomitants de la glotte. Les gestes des plis vocaux permettent de réaliser les traits r (les stagnations du pitch dans un registre) à travers des mouvements du cricothyroïde, et les traits c (les cibles du pitch à atteindre dans le mouvement) à travers des mouvements des muscles vocalis. Quant aux gestes glottiques résultant de la configuration des plis vocaux, ils permettent de réaliser les traits [spread glottis] indiquant l‟aspiration d‟un segment, et les traits [constricted glottis] le degré de fermeture de la glotte.

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