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Utilisation de l’engagement

3 CHAPITRE II : Des dangers aux comportements de sécurité

3.2 Modélisation : De la représentation du risque à la mise en place d’un comportement de

3.2.3 L’engagement ou l’influence du comportement sur le comportement

3.2.3.5 Utilisation de l’engagement

La théorie de l’engagement est selon Joule (2001) l’une des théories de psychologie sociale des plus utiles pour l’action et particulièrement utilisée pour le vaste domaine de la prévention. Ainsi, la lutte contre le tabagisme (Joule, 1991 ; Priolo, 2005), la lutte contre le SIDA (Masson-Maret, Joule et Juan de Mendoza, 1992 ; Joule et Peyrolle, 1996), la sécurité routière (Taylor et Booth-Butterfield, 1993), et même la lutte contre les accidents du travail (Joule et Beauvois, 1998).

Cette théorie présente l’avantage d’être particulièrement adaptée à la démarche de « Recherche Action » que nous souhaitons entreprendre. Il est intéressant de noter que Kurt Lewin, père de cette démarche est aussi le précurseur de cette théorie.

Nous avons donc à notre disposition, un moyen a priori efficace pour modifier les comportements.

Dans le cadre de notre modélisation, nous pouvons donc considérer que nous avons deux leviers pour la modification comportementale. Le premier concerne « le fond » au travers du traitement cognitif et émotionnel du risque (ces informations nous renseignent sur la façon de concevoir l’information et les messages de nos formations). Le second se rapporte à « la forme » notamment en faisant réaliser préalablement aux individus des « actes comportementaux ».

La figure 25, reprend notre modèle précédent en illustrant l’apport de la théorie de l’engagement, à savoir la réalisation d’un comportement en présence d’un attributeur, dans des conditions engageantes pouvant amener directement à produire un nouveau comportement.

Il présente notamment comment un comportement passé peut avoir un effet direct sur le comportement futur tout comme le précisent Bentler et Speckart (1979) et Triandis (1980). Il convient de noter que cette influence du comportement passé peut également jouer sur la représentation du risque qui à son tour pourra modifier les comportements. C’est ce que suggèrent Otten et Van der Pligt (1992) pour qui un comportement antérieur risqué peut conduire à faire des évaluations élevés du risque pour des situations futures aux conséquences négatives. Selon eux, il existerait donc une relation entre comportement passé et évaluation du risque, cette dernière pouvant agir sur les comportements futurs.

Figure 25 : De la perception du danger à la mise en place de comportements de sécurité Notre objectif de modification des comportements va pouvoir être assisté grâce à ce travail de modélisation. Ainsi, afin de modifier les comportements, deux leviers peuvent être utilisés : soit modifier les représentations de l’objet risque et les réponses associées, soit modifier les comportements afin d’en faire produire de nouveaux.

Nous allons maintenant conclure et discuter sur les apports et les limites de ce modèle.

Action sur le danger oui Vulnérabilité perçue Action non pertinente non non non oui Identification DANGER Gravité perçue Valeurs et principes sociaux

•Défense des valeurs •Positionnement social •Influence des acteurs sociaux •Coutumes et valeurs culturelles Spécificités individuelles •Acquis émotionnels •Connaissances •Capacités •Traits de personnalité PEUR oui REDUCTION DE LA PEUR REPONSE REPRESENTATION DU RISQUE Menace perçue Optimisme Comparatif Deni Comportement Intention Efficacité perçue oui oui non non

Efficacité perçue > Menace perçue

oui Autres mécanismes d’ajustement

Efficacité des recommandations Auto-efficacité non Comportement Conditions Engageantes

3.2.4 Conclusion

Dans une première partie portant sur la modélisation de la représentation de l’objet risque, nous avons proposé une première formalisation portant sur trois dimensions nous semblant capitales, à savoir, l’identification du danger, la vulnérabilité perçue ainsi que la gravité perçue. Nous avons développé ce modèle dans une optique d’opérationnalisation. Celui-ci, ne pouvant en aucun cas refléter la complexité du traitement de l’information que nous avons par ailleurs détaillé dans cette partie. Nous avons également présenté certaines dimensions pouvant pondérer la représentation du risque.

Dans une deuxième partie, nous avons présenté des réponses associées à la représentation du risque. Nous avons détaillé une réponse émotionnelle susceptible d’être éveillées et nous avons évoqué les stratégies que les individus peuvent mettre en place afin de réduire leurs émotions. Nous avons décrit le chemin nous intéressant, celui menant à l’action. Dans le cadre de notre modélisation, nous nous sommes arrêtés sur le poids des prédicteurs du comportement, ce qui nous a amené à prendre en compte les comportements passés dans notre modèle.

Nous avons terminé avec la présentation d’une théorie utile pour l’action, à savoir la théorie de l’engagement. Celle-ci s’intéresse particulièrement aux actes antérieurs des individus en vue de modifier les comportements futurs.

Pour conclure, nous pouvons considérer que ce modèle va pouvoir nous aider dans notre projet de conception de formation. Cette approche nous permet donc de prendre en compte deux leviers d’action pour la modification comportementale. Premièrement, une approche guidée par la réflexion et la représentation du risque, et secondement, une approche guidée par les actes passés et le contexte.

La représentation du risque est un phénomène complexe qui ne peut en aucun cas se résumer à un modèle prenant en compte quelques variables. La complexité du raisonnement humain ne peut prétendre à être formalisée par un seul modèle. Ainsi, les limites de notre modèle sont nombreuses, il est notamment simplificateur et nos recherches ne peuvent en aucun cas se prétendre exhaustives.

Par illustration, nous pouvons souligner que nous avons bien du mal à expliquer qu’un individu fasse preuve d’une extrême prudence, par exemple en ce qui concerne la couverture du risque maladie l’affectant lui et sa famille, et qu’il soit en même temps peu sensible aux risques associés à ses excès de vitesse lorsqu’il est au volant. Sans doute les mécanismes psychologiques d’évaluation des risques sont-ils très différents dans les deux cas (Picard, 1999). Ceci constitue une limite de plus à notre modèle. Il faudrait très certainement

considérer qu’il n’existe pas un mais plusieurs modèles. Cependant, notre modèle nous a permis de nous interroger sur les dimensions récurrentes ou qui présentent une importance dans la représentation du risque et les réponses associées.

3.3 Conclusion et nouvelles perspectives pour la mise en place de