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Prévention de maladies professionnelles

2 CHAPITRE I : Vers une maîtrise des risques industriels axée sur la formation

2.2 Maîtrise des risques industriels

2.2.2 Prévention de maladies professionnelles

Nous n’allons peu ou pas parler de maîtrise mais de prévention concernant les maladies professionnelles. Non pas que le terme ne puisse être employé mais bien pour connoter la démarche qui est une démarche de prévention. Si l’on cherche à limiter (i.e., mitiger) le risque de maladie professionnelle, on s’aperçoit rapidement que des actions de protection (e.g., chimiothérapie ou radiothérapie) ne sont pas compatibles avec l’éthique. On cherchera donc à prévenir l’apparition de maladies professionnelles même si le problème est fort complexe.

17 A titre d’illustration, lors de ce travail d’évaluation des risques effectué sur le terrain, suite à un accident grave

ayant entrainé la perte d’un avant bras d’un opérateur sur un Mill (i.e., deux gros cylindres métalliques ayant pour fonction d’écraser le gomme de caoutchouc), il avait été décidé de mettre en place une ligne de vie (i.e., sécurité) au dessus de la machine ayant pour fonction d’arrêter puis d’inverser la rotation des cylindres. Cette mesure corrective avait pour objectif de stopper l’inertie de la machine et ne supprimait pas le risque d’écrasement mais limitait celui de sur-accident (i.e., écrasement du corps de l’opérateur par inertie de rotation). Cette modification a été décidée sur la machine où l’accident avait eu lieu ainsi que de le généraliser à tous les postes de travail semblables de l’usine. Cependant lors d’une visite que nous avons effectuée six mois après la modification nous avons pu constater que la mesure était bien effective sur le poste de travail de l’accident mais que rien n’avait été fait sur les autres postes. Cette non prise en compte du changement aurait pu coûter une vie sur un accident déjà identifié comme tel est caractéristique d’une absence de contrôle suite à la décision d’un plan d’action.

La prévention des maladies professionnelles prend en compte l’exposition du travailleur avec le danger. Cette démarche d’exposition est aussi fréquemment utilisée pour les accidents du travail. Cependant, pour les maladies professionnelles, se posent de nouveaux éléments par rapport à la prévention des accidents du travail. Il convient de prendre en compte la cinétique des dangers pour connaître les conséquences sur les individus. Par exemple, une chute de plain-pied aura des conséquences immédiates sur le travailleur alors qu’une exposition à un produit Cancérigène, Mutagène ou toxique pour la Reproduction (CMR) mettra des années avant de provoquer des conséquences visibles sur la santé du salarié. Cette démarche est la même pour les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS). Les conséquences de la sollicitation d’une articulation peuvent prendre des années pour se manifester.

Le deuxième point est la difficulté de faire le lien entre une maladie et une exposition professionnelle antérieure. Si pour certaines maladies, ce lien ne pose pas problèmes (e.g., plaques pleurales caractéristiques de l’exposition à l’amiante), pour certaine pathologie celui- ci est réellement problématique (e.g., cancers).

Il convient au préalable d’identifier les dangers, mais cette démarche peut être beaucoup plus difficile que pour les accidents du travail car la cinétique d’impact des dangers peut être très lente. Ainsi, un fois de plus, le retour d’expérience est essentiel pour la prise en compte des risques de maladies professionnelles. Grâce aux enseignements du passé, il sera possible de protéger au mieux les salariés. Cependant, dans le cas d’utilisation de nouveaux produits (e.g., développement d’un nouveau médicament) ou de nouveaux procédés (e.g., utilisation des nanotechnologies), il est indispensable d’identifier au plus tôt l’action ou la substance successible d’être dangereuse afin de mettre en place les mesures de prévention et de protection appropriées. Dans ces cas, la caractérisation des dangers sur d’autres espèces animales (e.g., rat, lapin, etc.) est utile mais comment considérer l’extrapolation des résultats à l’homme ?

L’idée n’est pas de présenter l’ensemble des méthodologies industrielles pour la prévention des maladies professionnelles mais de mettre en exergue un certain nombre de points communs à l’ensemble des méthodologies de prévention, à savoir notamment la réduction du danger à la source.

Ainsi, il est important de distinguer les produits chimiques des autres sources de nuisances (e.g., bruit, travail répétitif, stress au travail, etc.).

En ce qui concerne les substances chimiques, la méthodologie employée (dite de l’Hygiène Industrielle) est proche de celle de l’évaluation des risques au poste de travail. Elle repose également sur une boucle d’amélioration continue en six points, à savoir : identification des

dangers, évaluation des risques, hiérarchisation des risques, maîtrise du niveau de risque, mise en place d’un plan d’action et contrôle et réévaluation périodique.

Nous avons indiqué précédemment que le concept de nuisances professionnelles était utilisé. Pour rappel ces nuisances sont :

• Celles qui sont d’origine chimique. • Celles qui sont d’origine biologique. • Celles qui sont d’origine physique.

• Celles qui sont liées à l’organisation du travail.

Des méthodes stabilisées et spécifiques à des sous-catégories de nuisances existent à l’exception de certaines sous-catégories des nuisances liées à l’organisation de travail. Ainsi des éléments tels que le stress au travail sont des nuisances bien réelles mais la difficulté est au niveau de la mise en place d’une méthode fiable de mesure de celui-ci.

Nous ne détaillerons pas ici l’ensemble des méthodes utilisées en hygiène industrielle mais nous nous focaliserons simplement sur quelques éléments comportementaux. A l’image des accidents du travail, la démarche d’évaluation des risques est indispensable afin de définir les actions à mettre à place. Le risque construit par l’exposition des salariés au danger nous indiquent deux directions pour le réduire. D’une part diminuer le danger. L’idéal étant de le supprimer par exemple en arrêtant l’utilisation d’une substance ou en modifiant une technologie. Mais bien souvent, de part la réalité du procédé cette option n’est pas possible et il convient d’essayer de substituer le danger (e.g., remplacer une substance par une autre). Le deuxième levier que nous possédons vis-à-vis de cette approche est de supprimer l’exposition (e.g., confiner la substance, empêcher l’accès à la machine, etc.). Dans ce cas également, il est parfois impossible de supprimer l’exposition (e.g., obligation pour l’opérateur d’être en contact avec la substance ou la machine), il convient alors de la réduire ; d’abord par des actions collectives et en dernier seulement par des actions individuelles (e.g., EPI18.).

En conclusion, tout comme les accidents du travail, il semble indispensable de définir les comportements de sécurité que doivent mettre en place les opérationnels. Nous n’avons pas choisi de nous arrêter plus longuement sur la prévention des maladies professionnelles mais il est évident que beaucoup de travail reste à faire dans ce domaine.